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Citations de Céline Minard (279)


Au point où il en était, avec pour tout bien ses vêtements et le fusil qui lui servirait à fendre le crâne de l'enfant de salaud qui ne vaudrait pas une balle quand il le retrouverait, à ce point-là, iln'espérait plus qu'une chose : que l'orage crève et qu'il soit aussi violent que sa colère !
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Personne dans l'Ouest ne recommandait les maquignons et les vachers pour leur honnêteté innée mais présenter ce genre de bête à la vente ou à l'échange c'était friser l'insulte.
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Stevens était accroupi sous un teck, la tête dans les bras repliés, il reniflait.
— Qu’est-ce qui se passe ?
— Il a gagné.
— J’avais cru comprendre. C’est la perte des multinationales qui vous met dans cet état ? Ou celle du trésor de la couronne ?
Il se tassait sur lui-même comme un tatou pris au piège, recroquevillé sur une mâchoire invisible, secoué de désespoir. C’était pitoyable.
— Seriez-vous mauvais joueur, Stevens ?
Il refusait de répondre et regardait les flots clairs dans lesquels montait une lune jaune. Comme s’il l’avait lâchée à contrecoeur sur une feuille de lotus, il essaya de la rattraper du bout des doigts. Vraiment romantique.
— Mais qu’est-ce qui vous prend ?
— J’ai tout perdu, laissa-t-il échapper dans un souffle.
— Certes.
— Vous ne comprenez pas.
— Mais si, mais si. On ne va pas revenir là-dessus, vous n’y pouvez rien. C’est comme ça. C’est tombé sur vous et puis voilà.
— Ce n’est pas ça major, je...
— Oui ?
— Je vous ai perdue.
— Pardon ?
— J’ai tout joué avant vous, je vous le jure. J’ai joué tout ce à quoi je pouvais penser, j’ai joué les palaces, les numéraires, les comptes suisses des plus grosses fortunes mondiales, j’ai joué les ambassades, les couvents réhabilités quatre étoiles, les plus belles Maserati du monde, les nations, les Etats, un par un, tous les Etats, tous les territoires. Absolument tous. J’ai même joué les centres spatiaux avec leurs satellites. Et Challenger. J’ai tout perdu. J’ai joué Lawson, j’ai joué Waterfull et je les ai perdus. Alors je me suis joué. Et je me suis perdu. Alors — je vous ai jouée. Et — je vous ai perdue.
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- [...] Laissez-moi tenter quelque chose avec elles. Tout de même, je suis plus concerné que vous.
- Justement. Vous l'êtes trop. Les émotions sont mauvaises conseillères.
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N'hésitez pas, capitaine, vous en mourez d'envie, donnez l'ordre, déployez vos hommes, balancez les roquettes, faites nous sauter la pelouse qu'on en finisse, que ça pète, craque, pisse, baigne, que ça déchire, que la beauté nous accompagne !
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Le présent. Une impasse ouverte sur l'infini des deux côtés.
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J'essayais de prendre pour moi, pour mon compte, à l'endroit du monde et au moment de l'Histoire où j'ai ma place, les mots d'un homme dont la langue n'a plus cours. J'essayais de déduire de son langage la forme de sa vie. De reconstituer, à partir des traces qu'il avait voulu laisser, ce qu'il n'aurait pas pensé à noter. Le vibrato de son temps. J'essayais d'entendre sa voix, sa voix humaine. Le déplacement d'air, les ondes qu'il avait produites en prononçant ces paroles avant de les écrire.
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Il est difficile de faire justice soi-même sans être en butte au jugement collectif qui veut tout réguler.
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Est-ce que l'accueil est un pacte de non-agression ou est-ce qu'il y faut autre chose? Est-ce que le plaisir peut être défini par l'absence de douleur?
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On emprunte un chemin : on le rend quand on arrive à destination.
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Est-ce que refuser l'autorité à celui qui l'exige par la menace, c'est précisément s' approprier ce qu' il demande? Est-ce pour cette raison qu'il est impossible d'ignorer une menace? Plus encore qu'une promesse.
L'autorité:le grand jeu de l'humanité ? (p.49)
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J'ai investi cet environnement et ces conditions qui me permettent de n'être pas dans l'obligation de croiser tous les matins un ingrat, un envieux, un imbécile. Qui me laissent le loisir de penser à tout autre chose, dans une action utile et mécanique.
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Le cheval encaissa son poids en creusant le dos, rua et partit devant lui comme une flèche, Bird agrippé à pleines mains à sa crinière, les jambes collées à ses flancs, les talons dans son ventre. Il le laissa courir, freiner, hennir, virer, sauter. Il le laissa vivre sous lui et déployer toutes ses ruses. Bird Boisverd savait qu'on ne pouvait pas faire connaissance autrement.
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Le masque chauve se pencha sur les débris de sa lance selon l’angle d’inclinaison qui marque au théâtre la nostalgie ou l’incrédulité.
J’essorai et rengainai mon sabre sur le pas de la porte dont les battants se refermèrent une dernière fois à ce quatorzième étage, accompagnant mon retour dans l’habitacle d’un soupir satisfait.
Nous encaissâmes le décrochement hydraulique de l’ascenseur qui reprenait et poursuivait sa descente, brièvement entravée. Le sol n’eut pas le temps de devenir collant. Et malgré la présence des deux femmes au-dessus de l’homme au complet sombre allongé derrière moi, je descendis au rez-de-chaussée sans avoir été dans l’obligation de me retourner une nouvelle fois.
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Il n’était pas menaçant. Ses yeux luisaient d’une excitation déclinante, sur le point de passer au compte des souvenirs. Il était repu. La fatigue commençait à l’atteindre. Mais par habitude et parce qu’il s’était trouvé face à moi sur le sommet qu’il cherchait à atteindre mais que l’ascension lui cachait, debout et non plus accroché, pesant sur le plan brutalement inversé de la paroi, brièvement désorienté, il ne vit pas qu’il pouvait se détourner et choisit de dérouler un pas dans ma direction.
Le sabre sortit du fourreau sans que j’eusse l’impression d’y porter la main.
La coupe horizontale, appuyée par mon genou instantanément relevé, trancha son pied dans l’épaisseur et fit s’envoler dans la lumière du jour nouveau, des esquifs de fourrure vers la vallée.
La coupe verticale trancha son crâne et son visage en deux parties égales, dédoublant le sourire d’étonnement et les deux rangées de dents découvertes par le rictus de la mort qu’il avait eu le loisir d’observer au cours de la nuit et qu’il reprenait à son tour avec l’habileté caractéristique de son espèce.
Une canine un peu faible se détacha sous le choc, et vint rouler sur la roche jusqu’au bord du gouffre où elle s’arrêta. J’entendis au travers du mince bouillonnement du sang versé, le tintement de cette perle contre la pierre, comme dans une alcôve un collier brisé, suivi du sifflement de fouet de mon sabre essoré dans l’espace.
Les dernières éclaboussures saluèrent avec moi l’éclat du jour que j’accueillis dans les formes, les pieds joints, les épaules tombées, les genoux fléchis. Sabre au fourreau dans la ceinture
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Il s'approcha du bar sans la regarder directement. Elle s'occupait d'un type. Il s'adressa au barman et lui commanda une pinte de whisky vieilli en fût. Celui-ci le regarda d'un air soupçonneux et lui fit signe d'attendre. Il avait un torchon sale sur l'épaule et la propension répandue chez les imbéciles de prendre pour obscénité les demandes inhabituelles. Un mineur ou un chercheur d'or sale comme un peigne était accoudé à côté de Zébulon. Il sirotait doucement verre sur verre en regardant dans le miroir ce qui se passait derrière lui. Il avait une poche gonflée et une poche vide. Et puisque Zébulon s'était tourné vers lui pour suivre des yeux le barman, il lui dit qu'il avait bu la poche droite et qu'il boirait la poche gauche et qu'après cela, il retournerait dans ses montagnes sans rien demander de plus à la vie. Zeb lui répondit que c'était la sagesse même.
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« L’espoir est fou ou il n’est rien du tout. »
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Uiush était coquet.
Il tenait pour un grand avantage la présence en nombre de cyanobactéries et de symbiotes chlorophylliens dans la parure corporelle. C’était, à ses yeux, la marque et le sens d’une fourrure de choix. Ainsi que le signe de son intimité avec le monde. Plus il était vert et moiré, plus il était feuille parmi les feuilles, accroché par la corne de ses griffes à sa branche, accordé aux ambiances de son hôte. L’arbre le portait comme il portait ses papillons, ses coléoptères, ses algues et ses virus sanitaires. Gracieusement. Il s’attachait à ne pas le chatouiller, à ne pas peser plus qu’un hamac aux attaches relâchées, à ne jamais érafler l’écorce. Et surtout, à ne pas le prendre de vitesse.
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Ce petit lézard gris, vert, palpite encore de la vie précipitée d'un après déjeuner consacré aux mousses et aux lichens, châtain, châtain clair, du corps chéri qui se berçait, longues cuisses de sauterelle débordant de part et d'autre, dans un hamac usé jusqu'à la corde.
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Je me suis allongée, les mousquetons à la main, la figure sous l'eau tiède et j'ai attendu là que la chaleur tombe. J'ai regardé une sauterelle à tête plate explorer le dos de ma main posée devant moi. Elles étaient aussi détachées de mon corps l'une que l'autre, je les observais toutes les deux avec la même curiosité. La sauterelle, plus stylée qu'un origami, pliée dans une impondérable feuille verte, ma main, une machinerie de poulies, de fibres, de tubes souples palpitants, un théâtre.
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