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Critiques de Céline Minard (456)
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Bastard Battle

J’aime beaucoup les auteurs transgenres, pas au sens sexuel mais au sens littéraire du terme. Ces auteurs capables de changer totalement de style et de contexte d’un livre à l’autre, de surprendre le lecteur en l’embarquant là où il ne s’y attend pas.



Céline Minard – une Rouennaise ! – est de ceux-là. Après le formidable Faillir être flingué où elle revisitait magistralement le western, puis le hold-up libatoire de Bacchantes, c’est au cœur de la guerre de Cent Ans qu’elle nous plonge avec Bastard Battle.



Et pas n’importe quelle plongée : alors que la faiblesse du roi laisse le champ libre à tous les seigneurs locaux pour affirmer leur puissance, c’est dans la région de Chaumont, entre Champagne et Bourgogne, qu’Aligot de Bourbon dit Le Bastard tente d’exercer la sienne.



À la tête de son armée de salopards, il attaque les villes puis pille, étripe, viole, écartèle, lacère, éviscère avant de festoyer sur les restes encore fumants de ses victimes vaincues. Âmes sensibles, passez votre chemin…



Jusqu’à ce que son élan soit un jour stoppé par une bande de mercenaires bien décidés à mettre fin à son ascension meurtrière, emmenés par la grande Vipère-d’une-toise, qui manie la hanicroche comme personne, experte du « pas du bracelet de jade et jeu de pieds du canard mandarin. »



Racontée par le scribe Denysot-le-Clerc, cette version des Sept Samouraïs transposée en 1437 est jubilatoire. Dans une langue mélangeant librement les époques et parfois l’invention, Céline Minard nous plonge dans un récit épique aux accents tarantinesques qui ne peut que se régler dans le sang.



Car vous êtes prévenus : « Croyez bien que sur votre charrette, vous repartirez les pieds devant et les coilles au bec. »

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So Long, Luise

« De danser, d'épuiser la peine du monde, la perte, nos cœurs brisés de douleur, nos retrouvailles flamboyantes, de danser l'annonce du règne solaire de l'année nouvelle au fond de sa coque de neige brûlante. »



Dès les premières lignes, j'ai su que le roman allait me plaire, je fus accrochée immédiatement par les quelques phrases de l'incipit. Un auteur capable de faire parler une femme (d'un certain âge) des petites fleurs, du cadre bucolique de l'endroit et finir son paragraphe par le mot merde, hop je suis dedans. L'ambiance j'entends. Surtout quand la narratrice ajoute « particulièrement si cette dernière n'est pas humaine mais un tortillon luisant égrené d'un chevreuil ou le paquet noir d'un sanglier. » Alors là j'ai pensé : il y a du potentiel, je vais me régaler avec ce personnage pas commun. Je me suis dit M... ! mince (pour éviter une redite) elle en a sous le pied si elle continue dans cette veine. Et ce fût le cas. Un livre qui parle d'amour dans des termes chantants, oniriques, fougueux et ...des livres, le top !



« - Vous faites quoi dans la vie ? - Laquelle ? »



Cette femme âgée va me transporter dans ses mondes qui la bercent -« alors que nous sommes au cœur d'une immense fourmilière, sans un champignon creusé par la bouche d'une larve royale à la morale douteuse, tu agis comme en ville. Tu demandes un cric et une manivelle (...) »-  pour crier cet amour qui la porte depuis des décennies. So long, Luise. Elle est incroyable cette narratrice, un peu folle aussi, mais surtout folle d'amour. Elle a vibré dès le premier regard, dès le premier frôlement de peau pour Luise, une australienne peintre. Elle est écrivaine. Elle lui laisse ce livre. « See you later, Luise. With love. » Love, ce mot résume mon ressenti après cette lecture. L'amour de la bonne chère autant que de la chair, jusqu'à frissonner entre cuir et chair. Elle dévore la vie sans retenue, comme un ogre, tire des boulets de feu sur l'hypocrisie des 'amis' ou des éditeurs, et aime à la folie, passionnément ou pas du tout.

Une particularité : l'auteur aime les mots et n'hésite pas à ouvrir la palette pour en créer quand le besoin nait. C'est bien fait car on la suit. Je l'ai suivie.
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So Long, Luise

Une femme écrivain, arrivant au crépuscule de sa vie, reprend un texte qu'elle écrit depuis de nombreuses années. C'est son testament, pour Luise, sa compagne peintre de toute une vie. Elle évoque leur rencontre, leurs errances, leurs vies, la jalousie, les petits arrangements avec ses contemporains, comme les belles jactances qui permettent de subvenir à leurs besoins, ou sa supercherie de langue.





La première chose que l'on remarque en lisant So long, Luise, c'est l'écriture vivante, riche et dynamique, "rejouissive", de Céline Minard. Jouant avec les proximité sonores et sémantiques, son discours nous malmène ou nous séduit, et toujours il nous surprend. Mélange de souvenirs, sentences d'expérience, ou conseils pragmatiques sur comment nourrir les nains ou réduire à l'impuissance les erdmenmendle, So long Luise est un petit bijou de truculence explosive, une réflexion sur le travail d’écriture, et sur l’amour ! Malheureusement, je me suis perdue au milieu de ces fêtes du corps et du verbe, cette apologie de la vie et de l'amour, et peinant à retrouver mon chemin au milieu des pixies et autres créatures fabuleuses qui peuplent le quotidien de cette femme fantasque, je n'ai pas su retrouver mon chemin. Dommage, mais je lirai bien un autre de ses textes !
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Faillir être flingué

Oui… mais non ! J’étais enthousiaste en débutant ce livre. J’imaginais que le roman mêlerait dans une même mélopée aventure et description lyrique des paysages américains. Je m’attendais à ce que le mythe de la conquête de l’Ouest soit revisité par une auteure à la voix singulière et au style recherché. Les premiers chapitres sont prometteurs puisqu’ils donnent une large part à la divination et à la sorcellerie. L’auteur introduit de nombreux personnages, au risque de perdre son lecteur : un moribond, un fugitif, une chamane sans tribu, une famille qui traverse l’Amérique dans une carriole tirée par des bœufs, une orpheline chinoise, des tribus de Pawnees et de Dakotas, un trappeur dépouillé, etc. Après un prologue d’une centaine de pages, ces personnages vont se retrouver dans une ville rudimentaire qui compte un saloon, un barbier et une sorte d’auberge mais où tout reste à faire. Et là… l’épopée sur fond d’espaces grandioses s’achève, le roman prend des airs d’album de Lucky Luke avec par exemple, le personnage d’une tenancière de saloon à la détente facile. Alors oui, pourquoi pas une parodie de western mais il faut avouer que n’est pas Larry McMurtry qui veut. J’ai préféré les chapitres « sauvages » d’une grande beauté à ceux se déroulant dans une ville qui semble bâtie en décors de carton-pâte. Le roman devient cocasse mais perd son sens et sa singularité, renie son ambition première.
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Le Grand Jeu

Une femme s'isole dans un refuge high tech, épuré, accroché dans la montagne. La fatigue, la faim font partie de ce qu'elle appelle "[mon] traitement." Elle n'est pourtant pas malade : "Je ne me suis pas détachée par erreur , ni par lassitude, ni par aveuglement. Je travaille à mon détachement. Je suis en pleine santé."

Elle entend confronter son corps et son esprit aux éléments, s'entraîner tant physiquement que mentalement et répondre à cette question : comment vivre ?

Elle a tout prévu, tout organisé et s'emploie à tirer le meilleur parti de son espace, cultivant, pêchant, explorant, interrogeant ses relations aux animaux. Tout prévu, sauf la présence d'une nonne ermite. Impossible de l'ignorer. à la moitié du livre s'enclenche donc une nouvelle dynamique qui culminera dans un finale à la fois logique et extrême, Le grand jeu.

Récit de la découverte progressive d'une pratique, Le grand jeu est un roman qui en déroutera plus d'un mais qui m'a enthousiasmée au plus haut point. C'est encore dans un nouvel espace que nous entraîne Céline Minard. On y retrouve son goût d'un vocabulaire précis, celui lié à tous les sports d'escalade et d'équilibre, son style aiguisé.

Ponctué de nombreuses interrogations, le texte incite son lecteur à la réflexion et lui offre de vivre, par procuration ,une expérience ontologique de retraite dans une nature extrême. On en ressort transformé.

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Plasmas

Céline Minard ne laisse personne indiffèrent. Comme dit l’autre : ça passe ou ça casse.

Je vais dans une petite librairie dont le nom évoque une chanson romantique des années 60. Il y a là 3 jeunes libraires aux goûts très différents. Je n’aurais pas lu Plasmas si l’une des libraires, celle qui aime les pavés magnifiques ( genre Et quelque fois j’ai comme une grande idée ou Confiteor) , ne me l’avait pas conseillé. C’était une suggestion ultra-bienveillante mais ce coup là ça a cassé. Pas entre nous, bien sur, mais par rapport au bouquin.

C’est une inconditionnelle de Minard dont je n’avais rien lu. Elle m’a donc dit : « La plupart de mes lecteurs n’ont pas aimé ou pas compris, mais vous , ça va aller, c’est incroyablement bien écrit et tout se relie à la fin dans une apothéose géniale. Ce livre est pour vous »

Nous aurons une petite discussion. Demain ou mercredi, je crois qu’elle est là mercredi.



Alors comment dire : il s’agit bien d’un recueil de nouvelles, elles ont des points communs dystopiques, uchroniques post-apocalyptiques indéniables

Mais c’est du concentré de nouvelle ultra-compact, mega-travaillé , d’une sophistication et d’une technicité redoutable.

Et en même c’est une cosmo-vision poétique qui transcende les genres. J’avoue avoir pas mal wikipedié au début ; puis j’ai arrêté.



On fait un énorme effort pour entrer dans un monde qui implose en quelques lignes fulgurantes. C’est un peu frustrant.

On commence à comprendre son petit métavers , on danse avec les primates,communique avec les poulpes, clone de petits chevaux et découvre la pierre de Rosette du futur et pfff, on en est expulsé. Après tous ces efforts adaptatifs c’est rude.

Du coup je ne note pas ce livre. Je ne veux pas d’histoire. J’aime ma librairie.
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Faillir être flingué

Un roman d'aventures très émouvant ! Avec une multitude de personnages bien ficelés , Céline Minard nous offre un western moderne aux couleurs très variantes, très décalées, plaisantes et captivantes à la fois, au point qu'on ne veuille lâcher Faillir être flingue un seul instant. Quand on commence la lecture de Faillir être flingué, il est certain que l'atmosphère sadique du western nous frappe d'un seul coup avec une intrigue qui se développe dans une petite ville en construction où convergent la plupart des gens ayant soif du nouveau mais une fois le décor planté, peu à peu, on se détache de ces considérations stéréotypées….





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Faillir être flingué

♣ Au début, c'est bizarre.

Qui sont-ils, tous ces voyageurs qui vadrouillent dans la plaine infinie ?

D'où viennent-ils ?

Et surtout où vont-ils ces cow-boys, marchands ambulants, indiens pawnees, chamanes, voleurs de chevaux, pionniers et autres pélerins du grand Ouest ?

S'ils semblent parfois perdus dans l'immensité de ces terres sauvages, le lecteur l'est au moins autant qu'eux ! Balloté par Céline Minard d'un personnage à l'autre, presque noyé dans une multitude de destins individuels, il peine à deviner ce qui l'attend, derrière l'horizon.

Toutes ces rencontres un peu désordonnées lui donnent le tournis.

Pour jouir enfin d'une vision d'ensemble sur la belle fresque américaine qui lentement se dessine, il faut prendre patience, encaisser les cahots du récit sans chercher à dêmeler précipitamment sa trame embrouillée, et surtout se laisser porter par une écriture puissante, parfois déconcertante, empreinte de poésie et de symbolisme, lâcher sa bride comme on lâcherait celle d'un pur sang impétueux.

Malheur cependant au lecteur distrait, ou à celui qui aurait interrompu trop longtemps sa lecture : celui-là aurait bien du mal à se remettre en selle ! Il risquerait fort de décrocher, de mélanger les nombreux protagonistes de cette aventure et de finir à terre, éreinté par les ruades de l'histoire, sans même aller à son terme. Pour moi, il s'en est fallu de peu.

Faillir être désarçonné.

Heureusement, j'ai tenu bon...



♦ Au milieu, c'est bizarre aussi !

Voilà que tout ce petit monde converge vers une minuscule bourgade, quelques tentes, un barbier et un maigre bétail agglutinés autour d'un saloon, au beau milieu de nulle part. L'auteur délaisse peu à peu son lyrisme et ses belles descriptions des vastes étendues (mais pas son agréable écriture elliptique !), pour nous offrir le récit d'une naissance : la naissance d'une ville, d'une micro-société cosmopolite, qui préfigure celle de toute une nation.

Au bout de l'errance donc, la rencontre.

Après le hasard des itinéraires particuliers à travers la plaine, après la loterie des diverses trajectoires, l'évidence du rassemblement, la coïncidence des retrouvailles.

Enfin les pièces du puzzle s'assemblent, comme si toutes les routes, toutes les pistes caillouteuses, tous les chemins de traverse ne pouvaient nous conduire qu'ici.



♠ A la fin, c'est toujours bizarre.

La ville est en plein essor, chacun a trouvé sa place et c'est bientôt le vrai western qui reprend ses droits ! Des tribus indiennes campent au Sud, des bandits rôdent au Nord, des chasseurs de primes surgissent tandis que les joueurs de poker s'abreuvent de whisky et que la tenancière du saloon astique sa pétoire.

On se marre bien, mais on se demande un peu où sont passés les grands espaces et les jolies pages de nature-writting, teintées de magie et de chamanisme, qui illuminaient le début du roman...

Qu'importe, l'impression générale reste plus que positive, et le savant mélange des genres proposé par Céline Minard confère encore plus de piquant à ce western "à la française", inattendu et singulier.

Avec cette curieuse aventure, elle revisite brillamment le mythe fondateur de la nation américaine, et n'a rien à envier

aux maîtres du genre, ses alter ego masculins "from USA", desquels elle se démarque même par sa fantaisie et son originalité !

Inclassable, décousu mais très réussi.



♥ Bizarre comme j'aime, quoi !
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Faillir être flingué

Le western, c’est le Bien. Mais le western moderne, celui qui s’est débarrassé des clichés du genre, celui qui parvient à harmoniser nostalgie et originalité, c’est encore mieux. Avec « Faillir être flingué », Céline Minard nous en offre un très joli échantillon plein de trouvailles insolites et de drôlerie. A vrai dire, son style décalé et ses personnages gentiment délurés m’ont beaucoup fait penser aux excellent « Racontars arctiques » de Jorn Riel. Si l’action se déroule au milieu des plaines desséchées de la Frontière, bien loin des splendeurs glacées du Groenland, on y retrouve la même poésie imprégnant les êtres comme les choses, la même folie douce tempérée de tendresse, et parfois les mêmes pointes de cruauté. Car la Frontière n’est pas un lieu propice à la douceur de vivre : mieux vaut avoir le cuir solide pour supporter les nuits à la belle étoile, la férocité des éléments et l’agressivité des autres hommes. Le cuir solide et aussi beaucoup d’humour, car dans ces territoires hostiles, l’humour est comme l’eau vive, il sauve et désaltère.



Niveau personnages, le récit de Minard ne semble pas faire dans l’originalité au premier abord. Ils semblent tous sortis d’un bon vieux western à l’ancienne : la patronne de saloon forte en gueule, la petite famille de pionniers recherchant une meilleure existence, le gros dur au passé mystérieux, la belle chamane indienne, etc. Tous convergeant vers une petite ville en formation, semblable à toutes les petites villes que l’on peut voir dans des centaines de westerns. Mais au fur et à mesure que l’histoire déroule ses méandres, Céline Minard parvient à donner à chacun une petite touche de singularité, une étincelle d’excentricité qui les humanise et nous donne l’impression d’avoir affaire à de vraies personnes en chair et en os. Détail attendrissant et qui m’a fait mourir de rire : le gros dur viril du récit n’a qu’une obsession en tête… Ouvrir un établissement de bains ! (Et un beau attention ! Avec eau chaude, eau froide, baignoire personnelle et boissons à volonté.) Le tout donne un livre charmant, une belle hymne à l’esprit pionnier et à l’aventure. Une jolie découverte que je conseille très fort aux amateurs du genre.

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Bacchantes

« Un vin exceptionnel doit être ouvert, décanté et apprécié dans des conditions elles-mêmes exceptionnelles. » (p. 20) Un typhon se rapproche de Hong Kong. Tout le monde se confine pour laisser passer le cataclysme. Mais l'inspectrice Jackie Thran est sur le pied de guerre pour gérer un braquage pour le moins original. Un groupe de femmes en talons aiguilles a infiltré la plus grande cave du monde et piégé les bunkers enterrés qui abritent des bouteilles inestimables. Et elles sont facétieuses, ces braqueuses : elles jouent avec les grands crus, les malmènent et elles ont des exigences farfelues. Ethan Coetzer, le propriétaire de la cave, est prêt à tout pour sauver sa superbe collection et savourer encore un précieux verre. « On devrait toujours boire comme ça. [...] Conscient. Nu. Dévalisé. » (p. 67) Mais que veulent-elles, ces femmes que la police tente d'identifier le plus vite possible ? Pourquoi avoir choisi cette cave ?



Férocement drôle et fulgurant comme un coup de feu, ce très court roman ne s'embarrasse pas de fioritures. Il va au plus court, au plus percutant. Céline Minard réinvente la figure antique/mythologique des prêtresses dédiées au dieu du vin. Comme elles, faites fi des conventions et des carcans : libérez-vous, osez tout. Et jetez-vous sur ce roman qui vous surprendra jusqu'au dernier mot !
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So Long, Luise

A première vue et pour peu qu'on ne soit pas trop vigilant, on aurait vite fait de croire qu'on lit les ultimes écrits d'un genre de Tatie Danielle qui aurait versé dans la littérature, vieille femme cynique et indigne s'il en est. Ce serait aller un peu vite en besogne et enterrer la narratrice de ce singulier So Long, Luise dans un costume qui finalement ne lui va pas aussi bien qu'on aurait pu le croire. Et puis, enterrer, enterrer, faut le dire vite car si elle nous assure vivre ses derniers moments (et on n'a pas de raison d'en douter), son écriture est, elle, bien vivante ; plus que ça même : enlevée, corsée, survitaminée !



Célébration de la nature, des mots, de l'amour et du monde fantasmagorique, Céline Minard, ou plutôt XXX comme son personnage – auteure au succès international – est anonymement désigné, nous entraîne dans un univers totalement déjanté où les femmes se réapproprient leur droit à la même sexualité débridée que les hommes, sans honte et quand bon leur semble, où la supercherie de toute une vie ne leur fait pas froid aux yeux, où elles continuent à hanter les stands de tir à 80 berges passées et où elles n'hésitent pas à flinguer les jeunots qui seraient assez naïfs pour voir en elle des proies facilement dépouillables.



Se foutant de tout ce qui se fait en matière de conventions littéraires, Céline Minard nous balance son texte comme l'on sauterait à l'élastique, sans élan, et nous invite à la suivre dans un trip intime, déjanté et amoureux qui dresse le bilan d'une existence bien remplie sous une plume truculente, au vocabulaire riche et à la verve érudite et poétique balançant constamment entre bacchanales et monologue amoureux pour un dernier échange avec Luise, le grand amour, la peintre de talent, la compagne de presque toujours.



Après m'être bêtement trouvée incapable d'entrer dans Faillir être flingué il y a quelques mois, je ne regrette pas de m'être entêtée à lire cette écrivaine, même si je me suis malheureusement parfois perdue dans ce délirant labyrinthe folklorique pourtant crée avec magnificence mais peut-être était-ce voulu, ce legs littéraire étant finalement réservé à Luise, on peut au mieux le lire par dessus son épaule tout en regrettant de ne pas être à sa place. Pas tous les jours qu'on croise un telle déclaration-testament.

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Faillir être flingué

Il faut de la persévérance pour entrer dans ce livre. En effet, pendant plus de 100 pages, l'auteur déroule de multiples destins individuels, apparemment sans rapport entre eux, et qui ne se rejoindront que bien plus tard. J'avoue qu'au début, j'ai eu bien du mal à m'y retrouver entre tous ces personnages, moi qui ait beaucoup de mal à mémoriser les noms. Heureusement, vers la page 120, tout le monde finit enfin par se retrouver et la lecture devient plus facile, même si l'écriture elliptique n'est pas toujours facile à suivre. Je n'ai pas non plus aimé la façon de révéler le passé des personnages systématiquement à contretemps ( à moins que je n'ai raté les signes annonciateurs). Malgré tout le talent de l'auteur, difficile pour lui de rivaliser avec le cinéma quand il s'agit de western. Malgré des descriptions talentueuses, ce sont des images de cinéma qui s'imposaient en permanence à moi. Alors à choisir, j'aurais préféré un bon film.
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Faillir être flingué

Quelle idiote velléité d’avoir voulu bouder ce western à la française.



Sur le papier cela ne pouvait pas fonctionner, bin ouais, qu’est-ce qu’on y connait nous aux pétards à six pruneaux, aux plaines à pertes de vues sans supermarché et aux maxi-bouses de bisons ? Mais cette culture des armes à feu, ce passif gigantesque d’extermination des autochtones cette liberté immense, l’habitude des cavalcades et du bétail ce n’est pas nous.



Le western peut être à la rigueur italien, si on aime la sauce spaghetti, mais avec les mais paumes tournées vers le haut et pouces rejoignant les autres doigts poignets balancés avec ferveur d’avant en arrière, ce n’est pas très pratique pour flinguer à tout-va n’est-ce pas ?



Évidemment le tord-boyaux au saloon là on peut rivaliser mais je n’y croyais pas, j’ai freiné des quatre fers d’abord chaque fois que je le voyais passer, puis je faisais de mon mieux pour l’ignorer à chaque fois que j’allais fourrager dans ma PAL…



Et puis le lasso du hasard a fini par faire le boulot à ma place. Un petit finalement pourquoi-pas quasi défaitiste à déposé entre mes mains une sacrée pépite littéraire.



Je crois que tout y est.

Les codes sont embrassés et revisités avec une agilité qui captive. La plume ne souffrant d’aucune traduction hasardeuse est d’une grâce folle et d’une poésie intense. Les éléments historiques ont été savamment étudiés pour que le décor soit plus que convaincant.

Et puis cette maîtrise du récit mélangeant avec audace moment précieux et intensité d’action, puis amène sûrement tout ces éléments vers un final magistral, qu’on n’attend pas.

J’ai continué de freiner des 4 fers, à en faire des étincelles sur la piste tant je voulais savourer chaque page.



Un vrai bon western à la patine étudiée qui vous rappellera peut-être L’inénarrable Lonesome Dove pour sa grande sensibilité et ses beaux personnages, Les Marches de l’Amérique pour le détour en chariot au cœur d’une l’Amérique rustique et sauvage qui sort de la poussière, et Au Loin pour sa poésie envoutante.



Coup de cœur !

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Faillir être flingué

J’ai beaucoup entendu parlé de ce roman avant de le lire, je n’en avais entendu que du bien et je comprends pourquoi, l’auteur maîtrise sa plume et a dû bien s’amuser à jouer avec les clichés du western. J’ai été embarquée dès les premières lignes et je n’ai pas décroché. Une aventure incroyable et des personnages qui le sont tout autant, un rythme, une atmosphère c’est un roman très réussi et surprenant.



Un récit sur la vie sauvage avec la nature hostile et très bien décrite, les animaux sauvages et magnifique, les cow-boys, les indiens et leurs chamanes, c’est aussi un récit sur les rapports humains, sur la construction d’une ville nouvelle. Tout ça avec de l’humour et de la dérision. On s’attache aux nombreux personnages venus d’horizons différents tous portés par l’espoir d’une vie meilleure. Il y a des scènes captivantes et des descriptions de paysages incroyables. J’ai vraiment adoré l’esthétique de ce roman de grands espaces.



Le final est totalement inattendu et confirme la virtuosité de l’auteur que je découvre avec ce roman, j’ai d’ailleurs grandement envie de découvrir d’autres livres de Céline Minière.



VERDICT



Pour les férus d’aventures, de grands espaces et de far-west n’hésitez même pas vous serez sous le charme. A offrir , à faire découvrir… Coup de coeur.
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Le Grand Jeu

Pas vraiment un grand jeu pour moi...me suis senti un peu perdu plusieurs fois dans ces multiples sorties en montagne en cherchant les meilleurs passages , pas ceux du livre, mais ceux de l'alpiniste qui cherche sa voie...me suis senti totalement égaré dans les réflexions trop intellectuelles et puisantes voir épuisantes de l'auteur quand elle se lance dans son grand je....bref me suis ennuyé malgré un grand talent dans l'écriture , un scénario original et un début de roman très séduisant ...à vous de voir.
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Le Grand Jeu

On est quelques-uns a à avoir cru, au vu de Faillir être flingué, que Céline Minard allait devenir l'une de nos principales romancières avec un style et une originalité que très peu pouvaient égaler. Là-dessus, voici qu'arrive Le grand jeu, qui laisse sans voix, mais pas pour la bonne cause. Qu'est-ce donc que ce livre qui accorde aussi peu d'attention à la narration ? Certes, d'autres écrivains ont su nous passionner en ne décrivant que des impressions ou sensations sans avoir à leur disposition un récit digne de ce nom. Mais dans le grand jeu, il y autre chose qui gêne et c'est le ton. L'histoire de cette recluse volontaire à haute altitude est celle d'une fichue égoïste qui a l'air de penser que rien ne vaut le coup en dehors de ce qui tourne autour de sa petite personne. On cherche en vain un peu d'ironie de Céline Minard vis-à-vis de ce personnage imbu de lui-même et qui a décidé que la fréquentation de la société représentait bien trop d'efforts d'autant qu'elle était plutôt méprisable (la société). Sans doute commet-on l'erreur de confondre Céline Minard avec son "héroïne" mais la romancière l'a bien cherché et on ne peut décemment lui reprocher de chercher la sympathie du lecteur. Qui plus est, la majeure partie du livre est assommante, sans enjeux, avec des descriptions à n'en plus finir des difficultés rencontrées par cette aventurière du moi hypertrophié et ses bonheurs devant son potager. Ah oui, elle rencontre tout de même une étrange ermite au nom chinois avec qui elle partage des soirées bien arrosées. Et puis ? Rien du tout. Tous les chemins mènent au rhum mais ils sont bien escarpés. Le grand jeu n'est pas une purge parce qu'il n'a pas le temps de l'être, il est trop court. Mais c'est tout juste.
Lien : http://cin-phile-m-----tait-..
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Faillir être flingué

Dans ce livre Céline Minard reprend tous les stéréotypes du western dit spaghetti à sa manière et en fait une sorte d'histoire hors du temps, entre le mythe et le récit colporté. Elle décrit des vies bien concrètes dans un style atypique, à la fois réaliste et poétique, et construit son texte comme on déroule un rouleau de papier, déchiffrant et lisant à la fois les évènements qui surviennent. Elle donne ainsi à son récit une sorte de mystique quelque peu étrange qui redonne à un genre un peu vieilli le caractère original de son passé. J'ai été prise dés le début par le charme de son écriture et me suis laissée portée jusqu'à la fin par ce côté a-typique qui redonne de la couleur aux mots et aux situations, peut-être un peu trop léger parfois par rapport à certaines situations décrites mais qui nous replonge en plein dans la légende de l'ouest. On en redemanderait !
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Faillir être flingué

Des destins d'hommes et de femmes se croisent sur l'immensité des plaines américaines. Face à une nature hostile, seule l'entraide peut assurer la survie. Mais chacun porte aussi en lui ses secrets...



Après un début difficile à lire en raison du grand nombre de personnages, le lecteur se laisse emporter par les magnifiques scènes qui lui sont offertes !



C'est toute la fragilité de l'homme que dévoile l'auteur en s'attachant à des être tout à la fois hors norme et ordinaires. La contrebassiste qui arrive à soigner les âmes et les corps avec son instrument, l'indienne qui détient la magie des plantes ou encore l'homme aux poches pleines d'or...



Elle nous offre des aventures uniques, des duels, des course-poursuites, mais aussi de la comédie...humaine ! à lire !
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Plasmas

🦠Chronique🦠



« Elle allait parler. Elle allait leur dire… »



Même si on connaissait la suite. Même si on vivait à travers les mensonges. Même si le trouble allait durer assez longtemps.



Elle leur dirait.



Que les papillons parlent. Que la nature est capable de tempête. Que regarder des acrobates peut devenir hypnotique. Que se fondre dans le décor, c’est dépasser la simple observation. Que muter, c’est la nouvelle forme de survie. Que la métamorphose est poésie.



Elle allait parler du Vivant. Sous toutes ses formes, sous tous ses genres, sous tous ses états. Elle allait leur dire que la nature est fascinante, adaptable, exceptionnelle. Elle allait parler technique, urgence écologique, génétique. Il y aurait des extinctions, de l’hybridation, des recombinaisons.



Elle leur dirait.



Que leur fin est proche. Elle dessinerai des nouvelles perspectives, de nouveaux monstres, des nouveaux imaginaires. Elle parlerai mutations, complexités, frontières plus ou moins floues. Elle insufflerait de la vie. La vie, la ténacité du vivant, le phénoménal instinct de survie. Elle renverserai les codes, les règles, les tubes à essais. Elle détruirai tout de l’espoir, et pourtant il viendrait. Sous toutes ses formes, dans tous ses états, et ferai genre, le fou, mais habiterait tous les mots qu’elle aura choisi de dire.



Que l’apocalypse n’est pas si terrible. Qu’il nous reste les étoiles, les océans et les forêts. Qu’on se console de voir la nature faire ses merveilles. Sans nous, mais qu’importe. La beauté mérite des sacrifices. La beauté est vie. La vie est Beauté.s. Que si nous avons été bête de ne pas le voir, la nouvelle génération métamorphosée, elle, aura le don d’aimer chaque mouvement, chaque voltige, chaque vibration. Qu’elle aura la capacité d’adaptation. Qu’elle aura le pouvoir de changer.



Elle allait leur dire…



Qu’avec des Si, on refait et défait un monde. On refait et défait une espèce, un genre, des Plasmas. Qu’avec des Si, l’univers prend d’autres dimensions, d’autres chemins, d’autres vies. Ce n’est que jeux de matières et d’états, de temps ou de hasards, mais toujours cette vie qui prend le dessus, envers et contre tout.



Alors, maintenant, c’est peut-être à moi de dire



Que c’était fascinant. Terriblement intrigant. Céline Minard nous sublime les instants de vie. Des vies imaginaires, des vies redéfinies, des vies inconnues, des vies extraterrestres. Chaque détail, chaque mouvement, chaque infini éclate en nos yeux, en nos cœurs, en nos esprits. L’émotion est vive. La plume est magnifique. C’est une explosion d’images phosphorescentes. C’est de la poésie lumineuse. C’est cela, que j’aimerai lui dire à Céline Minard, que dans ces jours sombres, je vais garder la phosphorescence de sa poésie, le magnétisme de ces textes, la vibration émotionnelle, comme un fait considérable. Comme un fait exceptionnel. Comme un fait déterminant.



Ce qui s’appelle

Un coup de cœur infini, et au-delà…
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Le Grand Jeu

Exercices d'attention, d'isolement, de sobriété et d'ivresse, d'escalade, d'épuisement d'un lieu, d'autosuffisance, d'écoute, d'équilibre, de pêche à la truite, de jardinage ... et j'en passe, ce sont à ces exercices très exigeants que va s'adonner la narratrice durant quelques mois, isolée dans un chalet de forme cylindrique qu'elle s'est fait construire en pleine montagne. Il faudrait y ajouter l'exercice de style que constitue ce récit lui-même.



La vie comme un jeu donc, qui ne serait intéressant que si on le pousse aux extrémités. Donc il y a aussi l'exercice du questionnement sur la bonne méthode de jouer. Questions sans réponse. Il y a de l'obsession à gogo dans tout cela, peut-être bien de la paranoïa. La solitude n'est pas totale : un autre être traine dans les parages et peut foutre en l'air l'expérimentation. L'Autre est-il fréquentable ?



Comme pour "Exercice de style" de Queneau ou "La vie mode d'emploi" de Perec, il y a un côté hypnotisant dans le récit de Céline Minard et ici, comme chez son aîné, fan de mots-croisés et de défis littéraires ("La disparition"...), il y a une totale maîtrise de la langue qui sert le projet littéraire et philosophique. D'où vient que j'ai trouvé cette fois l'exercice un peu vain ?
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