Chaque fois qu'il était question d'évacuer les lieux, Mado affichait une détermination à ne pas bouger qui raidissait Marie et l'attachait encore plus à la villa. Je me demandais alors si les deux femmes ne rivalisaient pas dans cet entêtement mortel parce que aucune d'elles ne voulait laisser à l'autre le bénéfice de veiller sur la maison, de porter la gloire d'y avoir résisté, ou d'y être morte. J'en parlai à Jamilé, qui par ses réponses me parut elle aussi engagée dans cette absurde course à l'héroïsme, surtout lorsqu'elle marmonna que si quelqu'un devait rester, ce n'était ni Marie ni Mado mais bien elle, qui n'avait nulle part où aller.