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Critiques de Charles Dantzig (199)
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Dictionnaire égoïste de la littérature française

L'égoïste du titre convient finalement bien à ce dictionnaire qui peut se lire comme un essai sur la littérature ou être compulsé à petites doses au gré des découvertes qu'il propose, dont nombres appartenant à la face « cachée » de la littérature française. Autant dire d'illustres inconnus pour moi.

Aussi, je trouve que l'auteur se fait avant tout plaisir à lui-même, en retournant fouiner dans des textes divers et variés, en recopiant des citations qui l'ont marqué. Mais la qualité première en est de faire réfléchir. Je n'ai pas toujours saisi le fond de la pensée de l'auteur, mais j'ai souvent souri ou levé le sourcil. Des réflexions quasi philosophiques, des rapprochements insolites feront les délices de qui aime lire tout court, à l'image de cette page entière consacrée aux « idées », que je compte reprendre en citation.
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Pourquoi lire ?

Petite déception quand même, d'où la note moyenne que j'accorde à ce livre. J'en attendais plus. La lectrice, amoureuse des livres, ne se retrouve pas dans ce texte. J'y trouve trop de pages inutiles. L'amour ou le désamour des livres auraient pu être analysé plus rapidement, et le livre amputé de quelques chapitres ou paragraphes n'en aurait pas souffert. J'ai trouvé quelques citations qui m'ont parlée mais trop peu à mon goût. J'ai vu, j'ai lu, je ne regrette pas le temps passé à cette lecture, mais ce livre ne laissera pas dans mon esprit une trace indélébile.
Lien : http://araucaria20six.fr/
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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

Tout juste un mois après les terribles événements qui ont changé la France et ont insufflé un élan citoyen incroyable, Le livre de poche sort ce recueil de textes. 60 écrivains unis avec la même volonté de défendre la liberté d’expression.



L’ensemble des acteurs du livre a donné de son temps et de son argent pour que vive cette belle initiative dont les bénéfices seront reversés à Charlie Hebdo. 5 euros, ce n’est rien pour un tel recueil.



Dans un délai incroyablement court, l’éditeur a réussi à rassembler cette meute d’auteurs, regroupés sous une même bannière et brandissant leurs stylos comme arme. Leur intelligence et leur liberté de penser aussi.



60 textes forcément inégaux, certains se contentant d’une ou deux maigres lignes, d’autres de plusieurs pages. De l’analyse au cri de ralliement, du souvenir au texte très personnel… il y a de tout dans ce recueil.



L’éditeur a eu la bonne idée d’entrecouper les textes des auteurs actuels, d’extraits de Voltaire, Diderot ou encore Hugo. Pour prouver que le sujet de la liberté d’expression n’est pas neuf et qu’il faut défendre cette liberté jour après jour contre l’obscurantisme.



Sans vouloir détailler tous les textes proposés, j’ai une pensée plus particulière pour les mots de Maxime Chattam qui résonnent cruellement par rapport à son roman en cours d’écriture, pour Ian Manook et son texte si touchant, pour Frédérique Deghelt qui pense à la mère de ces terroristes, pour Dominique Fernandez et Marc Lambron qui nous font prendre conscience à quel point cet événement a touché le monde entier, pour Fabrice Humbert et Romain Puértolas avec leur belle idée de parler du sujet à travers une fiction (grave ou drôle), pour Katherine Pancol et son poème enjoué, pour BHL et son texte très juste, pour Eric-Emmanuel Schmitt et son mordant manuel du fanatique…



Quoi que vous cherchiez, et même si vous ne cherchez rien, vous en trouverez un bout dans ce livre. Une lumière contre l’obscurité qui tente de nous éteindre. Voilà ce qu’est ce recueil. Continuons à allumer de telles lumières.
Lien : https://gruznamur.wordpress...
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Proust Océan

Ce récit aurait pu être intitulé Miscellanées proustiennes, tant le propos est varié. Bien sûr il est question de l’oeuvre, mais aussi de l’écrivain, et bien entendu de la relation entre le narrateur et l’auteur de la Recherche.



Les thèmes abordés sont multiples.



Les portraits de personnages, qui sont souvent composites et que l’amateur d’histoire peut rattacher à telle ou telle personnalité ou même à plusieurs.

l’antisémitisme, et l’affaire Dreyfus, replacé dans le conte politique de l’époque

L’opinion de têtes d’affiche littéraires sur l’oeuvre de Proust, comme Céline, Cocteau, Gide …

Le style si unique, avec une analyse précise, comme la triple adjectivation, qui rapproche Proust de Racine, ou l’utilisation de conjonctions, :

« Les conjonctions dans Proust sont l’ajout de maïzena dont la cuisinière précautionneuse fait un ajout ultime pour maintenir la sauce »

De cette liste non exhaustive , on retient la preuve de l’admiration sans borne de Charles Dantzig pour l’oeuvre, et une connaissance solide à la fois de la biographie et du roman.



Ecrit avec une certaine familiarité, parfois matérialisée par des traits humoristiques, le récit se lit avec plaisir, et sans doute encore plus si l’on a lu la Recherche. Mais il pourrait aussi susciter une envie de découvrir ce classique indémodable.



Merci à Netgalley et aux éditions Grasset



336 pages grasset 21 septembre 2022

#ProustOcéan #NetGalleyFrance


Lien : https://kittylamouette.blogs..
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Pourquoi lire ?

"""J’ai rencontré beaucoup moins de grands lecteurs amers de n’avoir pas écrit que de petits écrivains amers de n’être pas lus."""



Dans ce court essai (moins de 200 pages) au titre accrocheur, Charles Dantzig décline son amour des mots, des livres et des auteurs.



Des mots d'auteur, il s'en commet beaucoup, dans Pourquoi Lire ?. Ils raviront les amateurs de citations. Mais les autres ? Au regard des avis laissés par les Babelionautes, on notera que l'abus de Dantzig peut provoquer un agacement. Dantzig refuse le label littérature à certains genres littéraires. Il parle de bons et de mauvais lecteurs. Cela ne m'a pas gêné. J'ai trouvé dans Pourquoi Lire ? de beaux portraits d'auteurs, un petit plaisir sucré, une récréation, une envie de lire "L'encyclopédie capricieuse du Tout et du Rien", et quelques remarques pertinentes sur les puissants et les dictateurs.



"On ne lit pas un livre pour une histoire, on lit un livre pour danser avec son auteur.", écrit Dantzig. Moi j'ai dansé. C'était bien agréable. A vous de voir si vous voulez rester vos fesses collées sur un tabouret de coin de salle.

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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

J'ai enfin lu Nous sommes Charlie, après (déjà!) Toutes ces années.

Je me souviens...

Ces soixante textes, certains brefs et d'autres plus longs, me ramènent encore à ce jour funeste, cette matinée maudite du 07 janvier 2015. Matinée de mort, cauchemar éveillé, et ce chagrin, ce chagrin!

Philippe Lançon, Chloé Verlhac, Riss et Patrick Pelloux sont passé avant.

J'avais laissé ce poche collectif noir sur l'étagère huit années entières avant d'enfin, tout de même, de l'ouvrir et de l'enfin lire.

Toute la sidération, l'incompréhension, la colère et la réaction me sont revenues intactes car à peines enfouies et toujours prêtes à ressurgir.

Ces soixante-là ont unis leurs voix, leurs mots, leurs cœurs pour parler et dire... Dire NON à la peur et à l'indicible. Tous.

Soixante voix qui, au final, n'en font qu'une riche et variée dans une cantate à la Liberté.

Horusfonck est Charlie, encore et toujours, à jamais.
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Masculin / masculin : L'homme nu dans l'art..

Catalogue de l'exposition « Masculin / Masculin » qui s'est achevée dimanche au musée d'Orsay sur le thème du "nu masculin".



Je n'ai pas été vraiment emballée par cette exposition bien que le thème m'ait paru très prometteur. En effet, l'histoire de l'art montre combien c’est majoritairement la femme qui a été représentée nue une fois le voile de l’Histoire retombé sur l’Antiquité, l'art consacrant même le nu féminin au XIXème siècle comme le symbole irréfutable de sa soumission à l'homme. Or, auparavant, le nu féminin avait pour rôle essentiel de sublimer son objet : la femme vue comme un idéal de beauté, de maternité et d’amour.



Le nu masculin, s'il a été moins prépondérant, a tout de même été présent dans l'art profane et sacré, dans la sculpture comme dans la peinture ou la photographie et ce, de l'Antiquité jusqu'à l'art contemporain par lequel l'homosexualité pouvait notamment s'exprimer et s'affirmer.



C'est ce que je reprocherais à cette exposition : avoir généralisé le nu masculin dans l'art en le raccordant quasi systématiquement à l'homosexualité masculine. A cet égard, j’ai sans doute mal compris le nom de l’expo, ne voyant pas dans la répétition du mot « masculin » l’annonce de cet angle de réflexion, cependant, tout me laisse supposer que Guy Cogeval, commissaire de l’exposition, doit être cul et chemise avec Pierre et Gilles, des "artistes'" qui à force de poser dans les mags mondains et de participer aux soirées de la jet-set ont visiblement réussi à s'acoquiner avec qui il fallait pour que leurs "oeuvres" du dernier kitch aient pu non seulement être exposées en si grand nombre (en effet , pas une seule salle n'a pu épargner à ses cimaises l’honneur de s'en voir gratifier) mais encore pour que l'affiche même de l'expo leur soit consacrée !



Pour le visiteur, ce qui au départ avait goût de coïncidence devient vite, pour cause de redondance, un soupçon pas très bienveillant à l'adresse du sieur Cogeval et de ses acolytes. Ne manquait plus que le prix des "oeuvres" sur les cartouches. Bref, j’étais loin de l’exposition que j’avais imaginée avec, en fil rouge, l’évolution artistique du nu masculin.

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Dictionnaire égoïste de la littérature française

Pour quelque mystérieuse raison, j'attribuais à Charles Dantzig les traits de Michel Schneider. Ce qui prouve à quel point je suis ignorante des potins littéraires télévisuels ou autre. C'est un tort, car les visages des écrivains leur servent souvent d'affiche publicitaire. Et on les voit sur les jaquettes, dans les vitrines, dans les magazines et à la télé, ajoutant un élément de séduction pour attirer l'attention du lecteur et faire monter les tirages. J'en viens à me demander si Marc Lévy aurait autant de succès avec les traits de Michel Simon ou de Fernandel?



Mais non, Charles Dantzig, dont le nom sonne furieusement polonais, est un fils de notables, né à Tarbes. Son âme le rebelle le pousse à se vautrer dans la littérature plutôt que de faire médecine comme papa.

Puis, toujours par provocation, il balance en 2005 un gros paveton de 962 pages chez Grasset, un dico allant de "Action" à "Zoo" qui lui permet de dresser, façon collage surréaliste, une vaste fresque à la gloire de la littérature française. Une gloire dont s'enorgueillit l'auteur du Dico en question.



A lire dans le désordre, évidemment, en commençant par nos auteurs préférés, puis en zigzagant d'un article à l'autre. On s'amuse bien, on apprend plein de choses, souvent on s'irrite et on s'indigne de tant de mauvaise foi et de témoignages à charge. Anatole France est sa bête noire, Duras est emmerdante, Beauvoir a un style bovin, Chateaubriand est prétentieux et mesquin, Rousseau est fourbe et méchant, Sagan et Colette sont des paresseuses.....



Bref, Dantzig ne se prive pas pour tirer dans le tas, ce qui lui donne l'air de cracher dans la soupe.



Un petit choix de citations:

"Céline a le style même du chauffeur de taxi: il écrit à coups de klaxon."

Marguerite Yourcenar: "Ses romans sont froids comme une maison de campagne un vendredi soir de février." "Elle avait sa beauté, à la fin de sa vie, reçue à l'Académie française avec son air de vieux labrador enroulé dans un torchon."

Marie-Noël: "Si l'ange de la cathédrale de Reims sourit, c'est parce qu'il vient de lire un livre de Marie-Noël."



Charles est plus indulgent avec les poètes: Cendrars, Paul-Jean Toulet, Racine, sauf ceux qui écrivent des poèmes d'amour (et ça fait du monde!)



Dans "A quoi ressemblaient-ils?", il conclut par:

"Dans l'ensemble, les peintres sont plus beaux que les écrivains."



Et Michel Schneider est plus beau que Charles Dantzig.









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Pourquoi lire ?

Une belle phrase pour introduire cette chronique :

“La lecture est cet instant d’éternité simultanément ressenti par quelques solitaires dans l’espace immatériel un peu bizarre qu’on pourrait appeler l’esprit”



Et une phrase parfaite :

“Les bons lecteurs, on devrait les enfermer pour lire ! On leur verserait un salaire et ils ne feraient que ça, sauver la littérature en la lisant ! “



Absolument ! je ne comprends pas d’ailleurs que ça n’existe pas encore … (quoique j’apprécie moyennement la catégorisation du “bon lecteur”)



Le livre



Paru en 2010, l’essai “Pourquoi lire ?” théorise les réflexions de Dantzig sur la lecture, avec beaucoup d’humour. Un gros problème qui s’est posé à la rédaction de cette critique a été le choix des citations. J’aurai bien réécrit tout le livre ! Car il est rempli de phrases savoureuses sur la lecture, qui m’ont souvent frappé par leur vérité (ou en tout cas j’y ai reconnu mon expérience de lectrice). Mais justement, c’est un peu le problème car comme il le dit lui-même :



“On pourrait imprimer un avertissement au dos des livres: “ATTENTION ! Les lectures qui vont trop dans le sens de vos pensées ou de vos goûts peuvent être dangereuses.”



En réalité, je n’ai pas vraiment l’impression d’avoir lu quelque chose de vraiment neuf mais au milieu de tous les essais que j’ai lu sur la lecture, celui-ci brille par son humour et la pertinence de ses réflexions !



J’ai cependant été gênée par certaines affirmations péremptoires et critiques gratuites, montrant la partie snob et élitiste de la conception dantzigienne de la littérature.



Par exemple :



“Le charme de la littérature est souvent créé par le lecteur en état d’enfance. Beaucoup y restent. Ce sont ceux qui transforment les romans en best-sellers. Et les femmes restées des gamines rêvant d’amour mènent à 300 000 des nunucheries qui pansent la douleur d’avoir pour mari un goujat qui mange les coudes sur la table, et les hommes restés des adolescents à idées quittent les émissions de foot sur TF1 pour les romans d’anticipation écrits par des cons apocalyptiques”. Un peu d’exagération peut-être ? de provocation ?



Au final, il survole énormément de sujets qui touchent à la littérature (80 courts chapitres), mais sans vraiment approfondir. Au-delà de son amour pour la lecture, je me demande si tout de même cet essai n’est pas uniquement un exercice de style, une provocation envers les non-lecteurs, qu’il n’essaye pas de comprendre. Il ne relativise jamais ses propos, nous les assénant. Certes, beaucoup sont justes. Néanmoins j’aurais aimé des arguments, des exemples et non pas juste des assertions. Il se contente d’attaques parfois attendues et faciles, mais si elles peuvent, d’une certaine façon, paraître légitimes. Au final, c’est uniquement SA vision de la littérature.



Voilà pour la forme du texte, passons au fonds.



Car finalement, Pourquoi lire ?



Puisque



“Lire est déraisonnable. Il y a des choses bien plus importantes, disent les importants. C’est vrai. Et, le sachant, nous continuons en sifflotant ces lectures qui nous privent de la gloriole et de la fortunette.” ?



Et bien parce que



- “On lit pour voir chez les autres les défauts que nous nous cachons à nous-mêmes.” Admettons. C’est la fonction catharsique de la littérature.



- “Je retournai au bonheur des bonheurs, lire. Ah, voilà une autre raison de lire, sans doute. Lire, c’est beaucoup plus intéressant que se distraire.” Cela dépend, car la littérature est parfois / souvent considérée comme une distraction. Attention au discours élitiste Mr Dantzig !



“Oui, on lit par protestation contre la vie. La vie est très mal faite. On y rencontre sans arrêt des gens inutiles. Elle est pleine de redites. Ses paysages sont interminables. Si elle se présentait chez un éditeur, la vie serait refusée.” Bien d’accord ! La vie réelle est si triste, monotone; alors que la littérature est si riche ! Mais elle ne remplacera jamais la rencontre avec une personne réelle, aussi “inutile” soit-elle. Et d’ailleurs, y-a-t-il vraiment des gens inutiles ? Attention au gouffre du snobisme !



“On lit pour comprendre le monde, on lit pour se comprendre soi-même. Si on est un peu généreux, il arrive qu’on lise pour comprendre l’auteur. Je crois que cela n’arrive qu’aux grands lecteurs, une fois qu’ils ont assouvis leurs deux premiers besoins, la compréhension du monde et la compréhension d’eux-mêmes. Lire fait chanter les momies, mais on ne lit pas pour cela. On ne lit pas pour le livre, on lit pour soi. Il n’y a pas plus égoïste qu’un lecteur.”



“Quand on a beaucoup lu, c’est qu’on lit par amour. On commence par être amoureux des personnages ; on le devient de l’auteur ; on l’est enfin de la littérature.”. L’amour est le véritable terme qui nous convient, à nous lecteurs, quand on parle de la littérature !



Par extension, il pose la question de ce qu’est la lecture et la littérature :



” …ne peut-on pas dire qu’une lecture est réussie lorsqu’il nous en reste des phrases ? Elles sont comme des foulards dans un tiroir, aux couleurs toujours fraîches, conservant à jamais dans leurs plis l’odeur délicieuse d’une pensée, d’une émotion.” Une belle évocation poétique de la lecture.



“La lecture n’est pas contre la vie. Elle est la vie.[…] Elle maintient, dans l’utilitarisme du monde, du détachement en faveur de la pensée. Lire ne sert à rien. C’est bien pour cela que c’est une grande chose. Nous lisons parce que cela ne sert à rien. Quand on pense qu’on peur réussir une carrière dans le CAC40 sans avoir jamais rien lu de sa vie ! C’est pourquoi il faut être gentil envers les puissants qui lisent. Ils pourraient faire autre chose. ”



J’aime beaucoup la conclusion et j’y penserai à l’occasion …



“Quand on lit, on tue le temps. Pas dans le sens “passer le temps”, ça c’est quand on lit en bâillant pour vaguement occuper un après-midi à la campagne, non, mais quand on fait une lecture sérieuse, une lecture où on est absorbé par le livre. Elle donne l’impression que le temps n’existe plus. [...] et voilà pourquoi les grands lecteurs ont le sentiment d’être toujours jeunes. Ils n’ont pas été usés de la même façon par un emploi du temps, c’est-à-dire un temps employé à autre chose qu’à obéir au sens commun. [...] Chaque nouvelle lecture a été une plongée dans un bain frais, un moment où on a, pas tout à fait illusoirement, vaincu le temps.” Le lecteur hors du temps … voilà un bon titre de roman ! : La littérature, ou la voie de l’éternelle jeunesse …



Pour conclure



“Lire, lire, c’est très bien, mais il y a aussi des moments où il est bon de ne pas le faire“. Ah bon ?



Car



“Pourquoi continuer à lire un livre? C’est un des effets dévastateurs de l’espoir. Si un livre est mauvais, il ne devient jamais bon.”
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Dictionnaire égoïste de la littérature française

Il y a des livres à lire et d'autres à picorer. C'est le cas de ce dictionnaire de la littérature égoïste. Egoïste est d'ailleurs le mot qui convient car Dantzig aime autant parler de lui que des auteurs qu'il dévoile et quand il les descend au pas de charge, il se met en scène dans le rôle du critique érudit. Cependant, ce dictionnaire est une mine de culture et d'érudition et il y a des idées qui font mouche. Une fois mis de côté tout ce que je n'aime pas chez Dantzig j'y ai trouvé de quoi contenter ma curiosité sur la littérature.
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Pourquoi lire ?

Une question que chaque amoureux de la lecture s'est forcément posée un jour, sans pour autant devoir trouver à tout prix aux livres une utilité, mais juste pour mettre des mots sur cet état particulier dans lequel nous met la lecture. Charles Dantzig nous donne une réponse très personnelle et tranchée, et en aucun cas une vérité universelle ! Autant de lecteurs, autant de raisons et de pratiques. Voilà pourquoi les pistes tracées par l'auteur nous semblent parfois pertinentes, et parfois nous font bondir. L'auteur nous fait part de son expérience depuis qu'il est en âge de lire, qui nous fait réfléchir à la nôtre et nourrit notre propre réflexion. Lire pour s'évader, pour traverser l'espace et le temps, pour mieux se connaître ou mieux connaître l'auteur, pour faire bien dans un dîner ou parce-que l'on s'ennuie, pour s'isoler, lire sur la plage, dans son bain ou dans un train... Le ton est humoristique et plaisant à lire par petits bouts, pour avoir le temps d'y réfléchir et de déguster le texte, illustré de gravures et de photographies.
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Dictionnaire égoïste de la littérature française

Ca a commencé comme une lecture plaisante. « Dictionnaire égoiste » était clair quant à la subjectivité probable de l’ouvrage, c’était aussi partir à la découverte d’un auteur que je ne connaissais nullement.

Je lisais au hasard, ouvrant le bouquin ça et là, sa structure permettant de le lire à la volée, fut-ce en attendant une correspondance prochaine. Au départ c’était plaisant, des formules qui faisaient mouche, un franc-écrire. Oui oui hochais-je en lisant par exemple que la pudeur peut être une forme supérieure de tact, en évoquant le Marius de Pagnol. Encore Oui à la page Utilité « La littérature ne sert à rien. Quant elle sert, elle meurt aussitôt après l’usage. » Suivi de la démosntration par certains livres de Loti dont la victoire a été leur défaite.

Puis ça s’est, je ne sais comment, dilué, ça tenait du bavardage et ne le lisais plus que quand je ne me sentais pas apte pour des lectures exigeantes. Cela tenait aussi parfois que les sujets traités ne me tenaient pas trop à cœur ou à mémoire. Bref je lisais comme on prend le café.

Et puis, le causeur est devenu imbuvable. Il y avait bien eu ces énormités sur Borgès, les fadaises sur le pseudo de Trotski, son autoconviction de savoir caractériser et enfermer les auteurs en une seule formule, ou leurs personnages « les personnages de Balzac sont des tics (sic) » et le voilà parti pour tout un paragraphe ceux de «Marivaux des papillons, Tchekhov des vapeur de thé Nabokov des vices Cocteau des ombres chinoises Beauvoir des poupées de ventriloque ( !??) »

Passe encore, mais on finit par tomber sur son déblatérage sur Rimbaud, et là on est passé dans un autre dictionnaire, celui de la bêtise, de l’infatigable Carrière et son acolyte. Par quoi commencer ? « Un enfant n’a pas d’humour » On en reste muet. « Tout le monde a plus ou moins de génie à quinze ans. L’important est d’en avoir à cinquante ans » Tout le monde… cinquante…important… on chercherait en vain la justification de ces termes péremptoires. Il « cesse de l’être par ses fugues » quoi donc, et bien figurez-vous que notre adolescent est qualifié de « bourgeois de province idéaliste », si si, j’ai du le relire 10 fois et en me pinçant derechef. Et si vous ne saviez comment qualifier « L’amour est à réinventer » il vous propose « rigolo et inepte ».

Et lui qui condamne à juste titre l’emploi abusif et fainéant de « donc » qui lie assertion et conclusion sans justification autre que grammaticale, nous dit tranquillement que si Rimbaud est « un poète officiel de l’Education Nationale » c’est qu’il a gagné des concours académiques. Lui n’écrit pas « donc » Il écrit « d’où » on notera. On notera aussi que pour le coup il sort le frein à main et finit la phrase par « peut-être »

Peut-être vais-je m’obstiner à ne plus aller de l’avant, ou plutôt de l’arrière, dans ce dictionnaire à tout le moins personnel.

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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

Ce 7 janvier 2015, il y a eu un événement horrible, innommable et profondément choquant. Mais heureusement face à cela, on a vu une levée, une solidarité forte qui s’est opposée clairement aux actes de barbarie qui se sont produits . Et ce livre est né!60 écrivains unis sous la bannière de Charlie Hebdo… Pour ne jamais oublier ce jour si noir, pour rappeler à nos cœurs que tant de sang a déjà été versé pour nos libertés…



C’est avec une certaine émotion que j’ai lu ses textes, le cœur serré, les larmes au bord des yeux. Chaque auteur voit cet événement avec son expérience, et c’est intéressant de voir les mots qui en découlent. Les textes de certains sont plus vifs, d’autres plus philosophes, et du coup, ce recueil de textes est un fort et émouvant imbroglio d’émotions fortes et vibrantes. Personne n’a pu rester insensible face à cette barbarie, et chacun le démontre avec plus ou moins de force.



J’ai particulièrement été touchée par le texte de Christel Noir, je me suis sentie proche des mots de Fredéric Lenoir, j’ai aimé le ton de la poésie de Katherine Pancol, l’humour inversé de Eric Emmanuel Schmitt, et je me dis qu’il faudrait suivre les conseils avisés de Claude Halmos. Je ne cite qu’eux, mais en fait chaque auteur a su me faire ressentir une émotion, je n’ai gardé que les plus fortes, ce recueil a de quoi vous prendre aux tripes, c’est certain!



En plus, d’être un formidable élan de compassion et de solidarité de la part de ses auteurs contemporains , tous plus intéressant les uns que les autres, nous avons la chance de relire, de redécouvrir des textes forts de Victor Hugo, Diderot, Voltaire, qui sans leur courage et leur soif de liberté, n’en serions pas surement là aujourd’hui, à prôner haut et fort la Liberté d’expression.



Je voulais donc remercier les éditions Le livre de poche pour cette belle initiative.


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Encyclopédie capricieuse du tout et du rien

Idée originale de l’auteur de lister tout ce qui lui passe par la tête, tout ce qui fait une vie : des lieux, des gens, des sentiments, des situations………………

et la liste est longue, le livre fait 840 pages.

Tellement longue, la liste, qu’elle est à déguster à doses homéopathiques.

C’est ce que j’ai fait, puisque j’ai ouvert ce livre il y a bien des mois de cela.

Et je ne suis pas mécontente de l’avoir enfin terminé et de le refermer définitivement.

Certes, il y a des choses intéressantes, mais le plus souvent, Dantzig est tellement péremptoire, caustique, voire méprisant que j’ai pris tout avec recul et un certain agacement.

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Pourquoi lire ?

Ce livre m'a à la fois plu et révolté... ce qui est tout de même assez rare, il faut bien le remarquer.



On va commencer par les points positifs: il évoque admirablement les différents aspects de la pratique de la lecture, on se retrouve dans beaucoup de ses chapitres. De plus, c'est très bien écrit, on sent rapidement que l'auteur a une connaissance énorme de la littérature et qu'il maitrise son sujet. Il nous donne envie de lire de nombreux livres qu'il cite en nous en parlant comme un passionné.

Il est plutôt agréable à lire car on peut lire un chapitre à la fois en même temps qu'un autre livre.



Cependant, il y a des points négatifs que l'on ne peut négliger et qui m'ont fortement gênée. Il explique dès le début que son livre est fait aussi pour faire réagir et qu'il sait que tout le monde ne sera pas d’accord avec lui. Il a raison de le spécifier car certain de ses propos sont très désagréables.

C. Dantzig est un grand lecteur de classiques (en pléiade s'il vous plait et en plusieurs exemplaires) et a une connaissance très poussée de la littérature. Il le montre d'ailleurs dès que l'occasion se présente et même dès qu'elle ne se présente pas. Il cite des livres que tout le monde ne connait pas en montrant que n’importe quel lecteur un minimum passionné est censé l'avoir lu plusieurs fois. On se sent bête et pris de haut.



De plus, il critique aussi certaines formes de littérature comme par exemple les romans policiers (qui ne sont pas de la littérature pour lui) ou bien les adultes qui lisent Harry Potter.

Il critique bien sur les livres "plaisir"-évasion-sentimental comme les Levy et autres. Ce qui me contrarie le plus dans ce discours, c'est qu'il "oubli" ou néglige tout une partie de la littérature et une bonne partie du public: ceux qui lisent par plaisir, pour oublier leur quotidien, s'évader... et qui ne s'y retrouveraient pas en lisant Baudelaire, Vian ou Voltaire.



Enfin, il se moque des libraires qui ne connaissent pas les livres qui lui semblent indispensables et les insulte presque. Ce monsieur a peut-être eu la chance d'être "éduqué" à lire des classiques rapidement dès son plus jeune âge mais ce n'est surement pas le cas de tout le monde (même des libraires). Malgré toute la bonne volonté du monde, un libraire ne peut pas tout connaitre et tout avoir lu (surtout avec la multitude de livre qui sort tous les mois). La littérature, pour moi, c'est aussi et surtout un échange, une discussion. Le livre se fait autant avant l'édition qu'après la lecture, quand on en parle entre nous. Alors au lieu de critiquer les personnes qui ne connaissent pas tout, il faudrait mieux en profiter pour échanger et faire découvrir aux autres des livres indispensables.



Bref, comme vous l'aurez compris, ce livre m'a beaucoup perturbé. Je vous invite à en parler avec moi en m’envoyant un message ou en réagissant sur mon blog : http://aurelivre.blogspot.com/ car j’ai besoin d’autres avis et je pense que ce livre est aussi fait pour que l’on en parle.


Lien : http://aurelivre.blogspot.co..
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Pourquoi lire ?

Pourquoi lire ?, le nouvel essai de Charles Dantzig, est de ceux qu’on lit en prenant des notes, comme il aime lui-même à le faire, pour noter des petites phrases qu’on aura plaisir à relire ou pour noter des points de désaccord, car il y en a nécessairement. Plus que d’un essai, il s’agit d’une compilation d’articles, sorte de « Dictionnaire égoïste de la lecture ».



Ce n’est pas un hasard si je fais allusion à un précédent titre de Charles Dantzig, car il faut prévenir d’emblée les lecteurs du Dictionnaire égoïste de la littérature française, qu’ils savent déjà l’essentiel du rapport que Charles Dantzig entretient avec la lecture. Le dictionnaire contenait en effet déjà beaucoup d’articles sur ce sujet. Et si Charles Dantzig dans Pourquoi lire ? n’a pas repris ces articles à l’identique, il en a néanmoins repris les idées et les anecdotes, jusqu’à donner l’impression de dangereusement radoter. On savait donc déjà qu’il a désiré savoir lire très tôt, qu’il a lu des livres réputés difficiles très jeune, qu’il adore à l’étranger visiter les librairies, qu’il lit même en marchant et déteste donc les sondeurs de la rue de Rennes, etc.



En lisant ce nouvel essai, plutôt qu’aux anecdotes personnelles de Charles Dantzig, je me suis donc surtout intéressée à ses considérations plus générales sur lecture qui isole, qui sépare du monde et qui, quand elle est pratiquée à haute dose, suscite souvent l’hostilité. Mais ce ne sont pas là des idées véritablement révolutionnaires. Ce qui malgré tout rend ce recueil sympathique, c’est qu’il y est question d’une passion et que Charles Dantzig y rend hommage à ceux qui la partagent avec lui, les autres grands lecteurs, qui sacrifient des heures, peut-être des années de leur vie à cette activité parfaitement inutile, un temps à jamais perdu pour la vie pratique ou le monde des affaires.



Toutefois, ce que Charles Dantzig ne dit pas explicitement mais que l’on devine tout de même entre ses lignes, c’est que pour lui toutes les lectures ne se valent pas. Il est lui-même surtout un lecteur de classiques. Et si dans l’un des articles du recueil, il nous dit lire également des romans de vampire, il avoue finalement ne pas véritablement apprécier ces lectures, qui lui permettent surtout ne pas paraître trop pédant en délaissant totalement la littérature populaire. Mais la plupart du temps, il ne cache pas son mépris pour la littérature de genre. Il n’hésite d’ailleurs pas à traiter Stephen King de « plouc millionnaire », à affirmer que devoir lire un polar serait pour lui une torture, ou encore à traiter les adultes lecteurs de romans pour la jeunesse d’ « arriérés volontaires ».



Finalement, je ne retiendrai de cet essai que quelques bons mots, quelques formules qui, reconnaissons-le, sont assez bien trouvées. Mais j’ai refermé ce nouveau livre de Charles Dantzig avec l’impression d’avoir relu son Dictionnaire égoïste, plutôt que d’avoir lu un nouvel essai. A réserver donc aux amnésiques ou aux justement pas trop bons lecteurs, qui parcourront ce recueil sans s’apercevoir qu’ils ont déjà lu tout ça ailleurs !
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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

De Jacques Attali à Voltaire en passant par Denis Diderot, Bernard Pivot, Katherine Pancol, ce recueil regroupe les écrits de soixante auteurs sur les évènements de janvier 2015. Ceux-ci ont le plus souvent été composés à chaud, avec les tripes. Cet engagement se ressent de manière variable mais avec une intensité plutôt étonnante.



En elles-mêmes les compositions sont variées : fictions, lettres, citations, articles de presse mais elles véhiculent le même message, sans pour autant verser dans des répétitions ou un pathos malvenus. Il est toutefois recommandé d'éviter la lecture "d'une seule traite" qui laissera un sentiment de lassitude. Le recueil doit être compris dans la même perspective que le célèbre Indignez-vous ! de Stéphane Hessel. Il s'agit ici d'un éloge de la République, des valeurs qui lui sont attachées, des idées des Lumières, de l'esprit français. Chacun à sa manière tente d'apporter sa pierre à l'édifice mais la philosophie est la même : être fier de nos valeurs et les défendre.



Certains textes sont de véritables pépites. A cet égard, la fiction humoristique de Romain Puértolas est une véritable bombe de table. Ce fruit d'une imagination fertile est immédiatement suivi par un hommage à un autre Charlie composé par Serge Raffy. Au titre des découvertes intéressantes, l'analyse faite par Maxime Chattam doit être signalée, car il nous apprend au passage une nouvelle qui attristera ses fans.



Écrire est une forme d'engagement... mais qu'en est-il des actes ? S'il est impératif de saluer cette initiative littéraire (profits reversés au journal, délais de parution très courts) il est difficile de donner un avis sur la suite. A lire les quelques pages de ce corpus, tout le monde est d'accord sur la nécessité d'agir. Mais concrètement, nos chers penseurs ne nous livrent pas forcément leur manière d'agir. Écrire et participer aux rassemblements républicaines, certes... mais encore ? Cette impression de manque (aisément compréhensible) porte toutefois un grand préjudice à cette initiative, pourtant emplie d'une bonne dose d'émotion.
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Nous sommes Charlie : 60 écrivains unis pour ..

Ce recueil est parut suite aux attentats du journal "Charlie Hebdo" . Je ne reviendrai pas sur ce dramatique événement, nul ne peut ignorer ce qu'il c'est passé, vu le soulèvement populaire national et international.



Les bénéfices de ce roman vont directement au journal, alors oui on sait que depuis ils ont ramassé suffisamment d'argent pour tenir plusieurs années donc je n'insisterai pas sur ce point. Par contre la lecture de ce roman est un combat pour la liberté d’expression. Liberté qui nous est chère. Liberté qui m'est essentielle. Liberté qui me permet de me sentir moi-même et de dire ce qu'il me passe par là tête, même si ce sont des inepties.



Donc ce recueil regroupe les textes de 60 auteurs. Dont, parsemés, des extraits de Beaumarchais, Diderot, Hugo et voltaire qui se sont battus aussi, autre époque et combat égal.



Tous les autres ont réagit et fait parler leurs plumes, leurs armes, leurs cœurs. Pour certains ce sont des courriers ou un constat, des réactions car nul ne pouvait rester muet sinon tout était perdu (pourquoi d'ailleurs mettre cette phrase au passé !) . Pour d'autres c'est ce qu'ils savent faire de mieux, un conte une histoire (j'ai une préférence pour cette forme de manifestation).

Alors j'ai des auteurs de prédilection bien évidement. L'histoire Fabrice Humbert me touche particulièrement ( en même temps j'ai un attachement pour cet auteur.) Une grande tendresse pour le texte de Ian Manook car je vois ma grand-mère dans les traits de sa mère. Sans oublier Romain Puertolas qui me fait sourire malgré l'horreur et ça chapeau Monsieur !



Et malgré les 3 mois de passés je peux vous garantir que l'émotion reste la même en lisant ces lignes. Les larmes ne sont pas loin.





Je terminerai cette chronique par une citation de la réaction de Frédéric Beigdeger car elle me fait penser à la dernière boucherie au Kenya qui vient de perdre ses étudiants .

"A ce violent malaise que cette sensation procure, aux larmes du chagrin, à la culpabilité d'être plus troublé par ces morts si proches que par les milliers de victimes à deux heures de chez nous. Si, ne soyons pas hypocrites, c'est une règles journalistique bien connue, les massacres géographiquement éloignés nous perturbent moins que deux ou trois morts dans notre ville, notre pays. Pourtant, une certaine souffrance est là. A des degrés divers selon sa sensibilité, son empathie, son fatalisme."
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Proust Océan

« Dans très longtemps, quand cet Océan se sera retiré faute de lecteurs, ou à cause de je ne sais quelle catastrophe intellectuelle causée par les Financiers, il restera d’À la recherche du temps perdu ou bien rien, pas même le nom, ou bien une sorte de tête en pierre très usée tombée d’une statue dont le corps aura disparu, grumeleuse, le nez rogné, les traits effacés, ressemblant plus à un pamplemousse qu’à une tête, et on ne saura pas si l’on a affaire à un homme ou à un lion. Dans le vent de la durée, l’œuvre s’emploie à redevenir caillou. »

D’ici à ce que cette sombre prédiction advienne, on peut toujours et encore s’abreuver à la source, mais aussi plonger avec délices dans cet ouvrage complexe et détaillé, concocté par un véritable amoureux et exégète de la littérature proustienne.

Je fais partie de ceux et celles qui ont commencé, abandonné et ultimement lu Du côté de chez Swann, sans parvenir à continuer l’aventure. Et donc, en me plongeant dans Proust Océan, je m’assurais en quelque sorte d’apprivoiser la « bête », cette écriture et ce style qui me donnent tant de mal.

Charles Dantzig réussit, avec esprit et finesse, à décortiquer cette somme littéraire hors du commun. Il m’a entraînée à sa suite dans un voyage autour de Proust, empreint de la beauté de ses mots et de ses longues phrases descriptives, lesquelles dans ce contexte didactique, me sont devenues aisées à appréhender. Aux extraits des romans, l’auteur y ajoute ses analyses, ses émotions ressenties à la lecture, de la première à la dernière, et offre un portrait émouvant de Marcel Proust, l’homme derrière l’écrivain.

Charles Dantzig bouscule les lieux communs et houspille avec insolence les mauvais lecteurs et les insensibles à la prose de Proust, dans une formidable sommation à lire sans relâche.

« À la recherche du temps perdu est la plongée sous-marine entre deux phrases qui seraient : « Longtemps, je me suis couché de bonne heure. » et « Je suis devenu écrivain. »

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Pourquoi lire ?

Il y a de cela un demi-siècle (Il n'est pas rafraîchissant de se rappeler des souvenirs aussi lointains !), tous les jours de la semaine je me rendais de la caserne de la pépiniére au ministère de la Marine. Un parcours d'environ 15 minutes que je faisais à pied, avec sur la tête le célèbre bachi à pompon rouge de la Marine Nationale, et tenant à la main un livre dans la lecture duquel j'étais plongé. Cette déambulation iconoclaste ne devait pas passer inaperçue. Ces deux institutions n'existent plus en tant que telles aujourd'hui, la première est devenue un cabinet d'avocats et la seconde une vitrine du Centre des monuments nationaux. Sur le trajet, dans le prolongement de la rue royale, l'église de la Madeleine expose toujours sa majestueuse façade visible depuis la place de la concorde. Ces lieux sont pour moi, associés à l'activité de lire en marchant. L'église de la Madeleine semble avoir été posée là comme un clin d'oeil à Proust. Elle évoque pour moi les mêmes sensations nostalgiques que la célèbre pâtisserie dont parle l'auteur d'à la recherche du temps perdu…



  Ce souvenir m'est revenu instantanément à l'esprit en commençant la lecture du premier chapitre du livre de Charles Dantzig « Pourquoi lire ? ». Belle entrée en matière que de partager dès les premières lignes un moment de vie avec un auteur. C'est un peu pour cela que nous lisons, du moins pour la part égoïste de nos motivations ; retrouver dans une histoire où chez un personnage, notre vécue personnel à travers des sentiments, des idées ou des évènements décrits par l'auteur comme nous aurions pu le faire si nous disposions de son talent. Charles Dantzig commence donc avec beaucoup d'humour à nous parler de ses lectures en marchant :



« Plus d'un horodateur de Paris a été ému de m'entendre lui dire “Pardon monsieur !” Après que je m'étais cogné à lui en lisant un livre. » Ceci est le point de départ de son questionnement, lire est-il un acte aussi naturel que la marche où répond-il à des motivations spéciales ? Pourquoi lire ?



  Cet essai, écrit avec talent, érudition et humour est l'occasion pour l'auteur de nous livrer ses réflexions autour de la lecture, de ses bienfaits, de ses dangers, de ses limites. Il nous livre aussi quelques anecdotes, en tant que lecteur ou écrivain et nous fait part de ses préférences littéraires. Cela donne un patchwork de textes assez courts et plaisants à lire où se mêlent des conseils de lectures, des pensées philosophiques, des critiques assez virulentes à l'égard de certains auteurs et des mises en garde :



« Attention, les lectures qui vont trop dans le sens de vos pensées ou de vos goûts peuvent être dangereuses. » (page 18)



« Pour moi, je voulais de l'imprimé qu'on pût souligner et dans les marges duquel on put suspendre des annotations… Un bon lecteur écrit en même temps qu'il lit. » (page 22). « Victor Cousin, le philosophe, disait : “Je monte à l'échafaud, quand je me couche.” Enfant, adolescent, jeune homme, j'étais comme lui. Je le suis encore. Arrêter d'écrire, de lire, de s'amuser, pour ça ! Il faudra me pousser vers la tombe, mon squelette freinant des talons dans le gravier pendant que mes métatarses tourneront les pages d'un livre et que, claquant des mâchoires, je protesterai : “Je n'ai pas fini ! Je n'ai pas fini !”. (page 128).



  Charles Dantzig décline ainsi toutes les raisons qui nous poussent à lire où à ne pas lire : lire pour se contredire, lire pour se consoler, lire pour s'isoler, pour le vice, pour rajeunir, pour changer le temps.



“Pourquoi lire ? Pour devenir moins borné, perdre des préjugés, comprendre. Pourquoi lire ? Pour comprendre ceux qui sont bornés, ont des préjugés et aiment ne pas comprendre.” (page 81).



  En tout près de quatre-vingts questions auxquelles l'auteur tente une réponse et nous invite aussi à réfléchir à nos propres motivations. Mais la grande question est de savoir si la lecture est civilisatrice, contribue-t-elle à pacifier le monde, à rendre les hommes meilleurs ? L'auteur n'en est pas convaincu :



“Plus je lis, moins j'ai l'impression d'être civilisé. La lecture des grands auteurs me montre que je n'ai jamais cessé d'être un barbare, un ignare, un imparfait… Je manque de paix intérieure, la lecture ne me l'a pas apportée.” Un pessimisme que je ne partage pas même si j'admets que l'histoire ne manque pas d'exemples de criminels cultivés et grands lecteurs. L'éducation et la culture restent à mon sens les meilleurs alliés de la civilisation.



  Se demander pourquoi lire revient à se poser la question de savoir à quoi sert la lecture. Au terme de ce livre j'ai envie de répondre ceci : la lecture ne nous transforme pas, mais elle nous aide sans doute à devenir ce que nous sommes vraiment. Atteindre les limites que la nature nous a assignées, voilà une belle et raisonnable ambition, peut-être la seule qui vaille.



  Charles Dantzig né en 1961 à Tarbes est un écrivain et éditeur français. Son livre “Pourquoi lire ? Lui a valu l'obtention du prix Jean Giono pour l'ensemble de son oeuvre. Il est aussi l'auteur du remarquable ‘Dictionnaire égoïste de la littérature française'.





Bibliographie :





— ‘Pourquoi lire ?', Charles Dantzig, Grasset (2010), 249 pages.



— ‘Dictionnaire égoïste de la littérature française', Charles Dantzig,, Grasset (2005), 962 pages.
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