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Citations de Charles-Ferdinand Ramuz (531)


Mes idées me viennent des yeux, _ si j'ai des maîtres, ce sont les peintres.
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Charles-Ferdinand Ramuz
La seule vraie tristesse est (dans) l'absence de désir.
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LA VIEILLE

Elle était déjà bien vieille
quand les vieux d'à présent étaient petits,
elle est d'un autre temps, elle est restée, et puis
elle s'est oubliée.

Elle est du temps passé où les femmes portaient
des coiffes de dentelles,
et des fichus brodés, des jupes de milaine
avec beaucoup de plis.

Elle est du temps où on parlait encore patois,
où les gens allaient à la ville,
une fois par année, aux fêtes de la Dame;
et, montant à la cathédrale
avec des graines dans leur poche, ils faisaient le tour de la grosse cloche.

Elle est d'un temps si vieux qu'on ne s'en souvient plus.
Mais, elle, elle s'en souvient, elle ferme les yeux
pour mieux s'en souvenir;
et elle est là, assise au soleil sans rien dire,
songeant à son passé, à ceux qui sont partis
et à sa solitude.
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Ils riaient. Une fois, elle se mit à pleurer. Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Il dit:
- Qu'as-tu?
Elle répondit:
- Je ne sais pas
- Est-ce que je t'ai fait du chagrin.
- Ho! non.
- Alors quoi?
- C'est parce que je t'aime.
Mais l'idée de Julien était qu'on n'avait pas besoin de pleurer parce qu'on aime. On n'a qu'à se prendre et s'embrasser. Les femmes n'ont pas la tête bien solide. Elles pleurent pour le bonheur, elles pleurent pour le malheur. Il voyait qu'Aline n'était pas faite comme lui. Il eut un peu pitié d'elle.
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Tu vois comment on est, nous autres. Pas commodes, pas tant polis. C'est qu'on vit trop haut et trop à l'ombre, nous autres, parce qu'il y a trop de montagnes et qu'elles sont trop près de nous; ça nous donne mauvaise mine, on est comme des pommes de terre qui sont restées trop longtemps en cave; ça nous donne aussi l'humeur triste (...)
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Charles-Ferdinand Ramuz
On est en état de poésie…


On est en état de poésie et puis soudain
[…]

on n’y est plus.
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Le bonheur résulte chez l'homme d'une réussite partielle. L'homme amoureux connait pour un temps le bonheur. L'étudiant qui vient de passer ses examens connait le bonheur pour un temps. L'homme d'affaires qui vient de réaliser une belle affaire, un moment, connait le bonheur. Le bonheur n'est que comme le prolongement sonore d'un état heureux où nous avons été et qui nous empêche d'entendre un instant les dissonances qui sont au-dedans de nous. Telle circonstance heureuse survient et c'est sa masse seule qui nous cache momentanément les parties de nous-mêmes qu'elle n'intéresse pas ; mais peu à peu la masse se dissipe et, en se dissipant, les découvre à nouveau. Alors aussi apparaissent les vides ; et peut-être que tout est vide, et c'est ce qui est insupportable.
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[...]
c'est que la montagne a ses idées à elle ,
c'est que la montagne a ses volontés .
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Il y a maintenant huit veuves et trente-cinq orphelins au village, mais elles vivent, et eux aussi ; c’est comme ça. L’arbre qu’on fend par le milieu se cicatrise. Le cerisier qui est blessé élabore une gomme blanche dont il recouvre sa blessure.
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Ils écoutent encore, il n'y a rien que ce bruit au-dedans de vous qui va mourant et laisse venir à sa suite l'immense silence qui est sur le monde comme si le monde n'était plus; comme si on n'était plus au monde, comme si on était suspendu bien au-dessus de la terre dans le grand désert où les astres en tournant sont silencieux.
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Entre temps, la paix avait été signée, mais pas avant que Paris n'eût été mis à feu et à sang par la Commune, et il y avait eu encore cela qu'après s'être battus contre l'ennemi, les français s'étaient battus entre eux. Des cadavres étaient entassés tout le long des quais de la Seine ; les feuilles des arbres, nouvellement sorties, avaient été coupées par la mitraille comme avec des ciseaux.
Les jeunes gens d'aujourd'hui ne pensent plus à ces choses et, quand on les leur raconte, elles ne les intéressent pas. Mais, nous autres qui avons vécu là-dedans, quel frisson, quand on y repense!... Ils brûlaient les livres, ils brûlaient les tableaux. Ils arrosaient les maisons avec du pétrole ; ils mettaient le feu aux maisons.
Tout cela pourtant fut vite oublié ; les morts pouvaient dormir tranquilles. Quant aux vivants, ils étaient tout heureux de reprendre leurs habitudes, en attendant le moment où elles leur déplairaient de nouveau, parce que tout est balancement, tout est recommencement dans le monde.


Page 150
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Le vieux Théodule était dans son pré, disent-ils ; tout à coup, il la voit qui vient. Elle venait comme sur une balançoire ; elle s'est arrêtée devant lui un petit moment... Il s'avance, mais elle repart ; alors il a marché à côté d'elle et, à mesure qu'elle avançait, il avançait... A ce moment, elle se trouvait être dans le beau milieu de la rivière, de sorte qu'elle venait sans empêchement, le menton en l'air. L'eau la soutenait bien, elle se laissait faire, elle montait et descendait comme sur une balançoire, pendant que sa jupe gonflée s'élevait plus haut que l'eau et son tablier était dessus... On n'a eu qu'à la laisser venir jusqu'au pont...
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On a commencé à cheminer entre ces tronçons de colonnes comme dans un corridor de cave, qui était fait par la lanterne, que la lanterne creusait, que la lanterne perçait devant vous à mesure qu'on avançait ; puis la lanterne l'ôtait de devant vous, alors tout le noir vous croulait dessus. On était pris dedans, on l'avait qui vous pesait sur les épaules, on l'avait sur la tête, sur les cuisses, autour des mains, le long des bras, empêchant vos mouvements, vous entrant dans la bouche ; et on le mâchait, on le crachait, on le mâchait encore, on le recrachait, comme la terre de la forêt. On se débattait ainsi un moment, comme quand on a été enterré vif, puis la lumière de la lanterne vous ressuscitait à nouveau...
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Charles-Ferdinand Ramuz
... - et montée de la vie, parce qu'un poète est venu, et il écrit autour de lui son livre ; il fait partir la cloche dans le ciel, il fait partir sur la terre des hommes, après qu'il les a posés là et il a posé le pays.
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Il y en a tant qui sont déjà morts quand la mort de la chair vient les prendre. Ils sont morts dans leur coeur depuis longtemps déjà, quand arrive la mort du corps; et c'est sur ce coeur que je veille, afin qu'il dure jusqu'au bout.
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Et, là, il était arrivé devant ce qui, en temps ordinaire, était toute une vaste vue ouverte sur la vallée, toute une perspective de hautes montagnes, de pâturages, de forêts, de rochers, de névés, de glaciers solitaires avec le double versant des pentes qui se rejoignaient bien plus bas dans les profondeurs ; mais il n’en restait rien dans la perfection de la nuit qui n’avait même plus de couleur, qui était seulement la négation de ce qui est ; il n’en restait qu’une faible lueur, quelque chose comme une émanation ou une vague phosphorescence.
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Il faisait rose. Il faisait rose dans le ciel du côté du couchant. Quand on était au pied de l'église, on voyait que sa croix de fer était noire dans ce rose.
En haut du grand clocher de pierre, il y avait la croix de fer ; d'abord, elle a été noire dans le rose, ce qui faisait qu'on la voyait très bien, puis elle s'est mise à descendre.
On voyait la croix descendre, à mesure qu'on montait ; on l'a vue venir contre les rochers, le long desquels elle glissait de haut en bas ; elle est venue, ensuite, se mettre devant les forêts, noires comme elle, et elle n'a plus été vue.
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Bientôt les vents de mars s'élancèrent d'au-delà les montagnes, bondissant par-dessus le lac qu'ils ont remué en passant. Alourdis d'eau, ils vinrent heurter les nuages dans un grand choc qui fendit le ciel; le ciel croula avec un grand bruit. Le soleil éclata, les primevères fleurirent.
Il y a comme une voix qui encourage à vivre à cet endroit de l'année. Elle est dans l'oiseau qui crie, dans le jour, dans les bourgeons qui se gonflent. Le printemps saute sur un pied par les chemins. On voit les vieux qui viennent sur le pas de leur porte, ils hument l'air comme un qui a soif, ils font trois pas dans le jardin.
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-Ne va pas. Parce que, toi aussi , tu seras maudite. Ne va pas où il cherche à t'entraîner. C'est plein de trous dans ce pierrier, c'est plein de pierres qui basculent; c'est tout en replis, tout en fissures... Ne va pas, Thérèse, ne va pas!
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Ce jour-là, quand je t'ai vue,
j'étais comme quand on regarde le soleil ;
j'avais un grand feu dans la tête,
je ne savais plus ce que je faisais,
j'allais tout de travers comme un qui a trop bu,
et mes mains tremblaient.

Je suis allé tout seul par le sentier des bois,
je croyais te voir marcher devant moi,
et je te parlais,
mais tu ne me répondais pas.

J'avais peur de te voir, j'avais peur de t'entendre,
j'avais peur du bruit de tes pieds dans l'herbe,
j'avais peur du bruit de ton rire dans les branches ;
et je me disais : "Tu es fou,
ah ! si on te voyait, comme on se moquerait de toi !"
Ca ne servait à rien du tout.

Et, quand je suis rentré, c'était minuit passé,
mais je n'ai pas pu m'endormir.
Et le lendemain, en soignant mes bêtes,
je répétais ton nom, je disais : "Marianne..."

Les bêtes tournaient la tête pour entendre ;
je me fâchais, je leur criais : "Ca vous regarde ?
allons, tranquilles, eh ! Comtesse, eh ! la Rousse..."
et je les prenais par les cornes.

Ca a duré ainsi trois jours
et puis je n'ai plus eu la force.
Il a fallu que je la revoie.
Elle est venue, elle a passé,
elle n'a pas pris garde à moi.
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