Chiaraa Valentin

– Liz, Liz, arrêtez votre baratin. Dites-moi la vérité, il n’y a personne d’autre ?
– Non, me concède-t-elle.
– Combien de temps ?
– Au moins les quinze jours d’immobilité, on verra au-delà, si ça se passe bien.
– Des déplacements ?
– Probable, mais pas certains vu qu’il est tenu au repos
– Des consignes particulières ? Un certificat de confidentialité ? Des détails que je dois connaitre ? Un nom ?
– Si vous êtes d’accord, Michèle, je vous envoie le contrat par mail, et une fois signé, je vous communique le contrat de confidentialité et tout ce que vous venez de me demander.
– Je peux vous demander un truc, Liz ?
– Bien sûr, demandez.
– Je veux une réponse sincère. Vous avez tous les détails en main, donc, si on vous proposait cette mission à vous, vous accepteriez ?

Méfie-toi ma belle, je le connais, bien. Mieux que personne peut-être, et je te connais toi. Il n’y a pas 36 issues à une relation entre vous, le clash ou le mariage, il n’y aura pas de juste milieu. Et je peux t’assurer que dans les deux cas, ça va faire des étincelles.

Surtout qu’il n’y met pas du sien. Il me cherche toute la journée, il me déshabille des yeux tout le temps, j’ai envie de lui arracher ses vêtements, de le lécher, de le mordiller, de le déguster et de le prendre sur son canapé blanc.

Pardonne moi, je suis fou, fou d’avoir fait ça, fou d’avoir dit ça, fou de toi. Pardonne-moi. J’étais là quand tu as discuté avec Pierre, je t’ai entendu, tu es triste sans moi et je suis malheureux sans toi, reviens-moi, tu me manques. Je t’...
Je pose un doigt sur sa bouche :
– Chut, ne va pas plus loin, tu mentirais.
Il prend ma main et me tire vers lui, il supplie :
– Mon cœur, mon amour, dis-moi ce que je dois faire, je le ferais, pour toi, mais pardonne moi.

Ma voiture, le seul objet que je possède dont je sois fière. Assise au volant, je me sens belle, désirable, j’ai l’impression d’être quelqu’un.
Et là, j’ai le mec le plus canon qui existe qui me dit que ça l’émoustille. J’espère que le siège arrière est assez large.
Je ne lui ai pas dit laquelle est la mienne et je le laisse chercher et tenter de deviner.
– Des indices, Tu aimes les grosses ou les petites ?
– M’enfin ! Tu ne peux pas me demander ça en pleine rue, c’est intime… Bon t’as gagné ! J’aime les grosses.

Quelques minutes passent et notre professeur de sciences occultes débarque dans l’amphi.
Oui, débarque, le mot n’est pas galvaudé. Une entrée fracassante, digne d’un sketch de film burlesque en noir et blanc, lorsque Buster Keaton se prend les pieds dans la marche et semble prêt à se vautrer, mais… non !
Il se redresse, il est grand très grand, et là, je le reconnais, c’est l’homme qui est sorti de la coccinelle, celui avec un aura sombre. Il change complètement l’atmosphère de la salle.
Il ressemble plus à un professeur de science, un genre de savant fou, les cheveux bruns totalement hirsutes, une blouse grise, une tache d’encre sur le devant.
Il me déçoit un peu, je m’attendais à rencontrer Severus Rogue, et je me retrouve face au Docteur Brown. Si on transforme sa cox pourrie en DeLorean, le tableau est complet.

Là, tout de suite, c’est l’heure de mon premier cours de krav-maga dans la salle près de chez moi. Ce que j’apprécie particulièrement dans ce sport de combat, c’est qu’il ne faut pas être le plus fort, mais plutôt le plus malin. Réflexe, logique et précision, pas besoin de muscles. Mon niveau est plutôt bon, mais dans le club où j’étais, on ne passait pas de “ceinture” pour évaluer notre pratique. Donc, le prof m’a demandé de combattre contre ses élèves pour se positionner sur mon programme d’entraînement.

Mon self-control s’étiole à chaque seconde que je passe près d’elle. La montée des escaliers est une véritable épreuve. Son cul, qu’elle balance sous mon nez à chaque pas, me rend dingue. Avec une meuf lambda, j’aurais balancé les sacs de bouffe au sol et elle serait déjà autour de ma queue. Mais pas avec elle, pour elle, je veux plus. Je sais, je vais vite en besogne, mais elle sera mienne, entièrement, complètement. Elle ne le sait peut-être pas encore, mais nous sommes faits pour être ensemble.

Dans ce brouhaha, ces mots décousus que je capte, une sensation de bien-être, celle d’être rentrée à la maison m’envahit. Pourquoi avoir voulu changer ce que je suis ? C’est cette vie qui me plaît, cette vie que je connais. Jamais je ne pourrai être comme toutes ces filles de bonne famille qui ne rêvent que d’un mari, deux gosses et un chien, je me suis leurrée en pensant qu’avoir une vie normale me satisferait. On n’échappe pas à ce que l’on est, on n’échappe pas à qui l’on est.

Il semble sur le qui-vive, mais pas stressé, froid, méthodique dans ces gestes, précis dans ses mots. Après avoir vérifié que personne ne l’observe, il communique une info très importante, probablement la seule intéressante de la soirée. S’il n’a pas vu que j’avais suivi la conversation, quelqu’un s’en est aperçu. Sa façon de me dévisager comme s’il voulait me dévorer offre un délicieux frisson à mon corps. Son interlocuteur disparaît aussi discrètement qu’il est arrivé.