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Critiques de Christian Bobin (1260)
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La plus que vive

Ce matin, j'ai laissé "réparer les vivants" sur ma table de chevet. Je venais juste de le terminer. J'avais le coeur serré, comme un vide à combler.

Un petit livre était là, dans ma chambre. Il m' attend depuis longtemps, patiemment, coincé entre les autres. Fluet, discret, humble...

Aujourd'hui, il m'a tendu les bras. Il savait que c'était le bon moment.

Je l'ai lu tranquillement, savouré chaque passage.

"La plus que vive" est une réponse à ce vide que la mort creuse souvent.

Un hymne à l'amour, à la vie, au rire.

Lorsque Christian Bobin a perdu sa compagne Ghislaine, il a d'abord pensé qu'il n'écrirait plus, comme un enfant qui boude et qui en veut au monde entier parce qu'on lui a enlevé ce qu'il aime.

Puis, il a écrit ce livre parce que c'est dans l'ordre des choses.

Parce que l'écriture, c'est un baume, une nécessité, une délivrance.

Les mots étaient là...vivants et magnifiques !

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La nuit du cœur

♫Je veux m'échouer tendrement

Sur un paradis perdu

Je veux retrouver mon double

Je veux l'origine du trouble

Je veux caresser l'inconnu

Et je veux déranger les pierres

Changer le visage de mes nuits

Faire la peau à ton mystère

Et le temps j'en fais mon affaire♫

-Paroles: Carla Bruni /

Musique: Julien Clerc - 2008 -

----♪---♫---🕍----🌟----🕍---♫---♪----

Primo la marche,

Second dos de l'escalier...

"Un poète gravit quatre à quatre les marches de mon cerveau pour me donner en main propre de mes nouvelles"

"Dans cette lenteur, des jambes de jeune homme me sont données avec de la lumière

plutôt qu'avec du sang dans les veines .[...]

on glisse au-dessus des eaux de pierre bien plus qu'on ne marche"

"Je suis entré dans l'abbatiale en tenant la main de mon père mort."

"Mon père en silence m'expliquait ce que je voyais..."

"J'ai atteint à Conques, le centre muet du vrai langage"



Sur le Chemin, il m'a fallu emmener ce livre avec moi...

Je ne voudrais pas déranger ses pierres

bonnes Nouvelles ou belles Prières...

Alors...Je vous retranscris ces mots sans voix🙏

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La folle allure

Les poches pleines, de l’or à profusion, c’est peut-être la fière allure.

Nul besoin d’avoir l’allure badine et de courir vite.

Nul besoin d’une allure de guimauve ou de dandy.

La bonne allure, c’est la folle allure. Celle qui vous fait pousser des ailes pour l’amour de la vie.

La folle allure, pas de demi-mesure, aimer, pas un peu moins, pas un peu, juste aimer et se le dire à temps.

La folle allure, ce serait bien de sauter dans des flaques de mots auréolés de soleil, la folle allure ce serait bien de découdre la vie pour n’en faire que des premières fois.

Christian Bobin, l’ami des mots, le poète, le magicien, le philosophe, une seule devise, celle d’être gai(e). Transformer la poussière en lumière. Transformer la platitude en explosion flamboyante. Laisser le gris sous la terre, calquer du rose sur les joues, sortir les cœurs de la tamise, jouer du tam tam avec les âmes, rire sans raison, écouter son ange dans sa petite tête, tenir la main aux papillons, être un dormeur éveillé en apesanteur. C’est l’effet Bobin et ça, c’est une folle allure assurément.

Un bien fou les livres de Bobin !

L’antidote du malheur.
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Pierre,

ODP, Au Tableau… noir !

Je sors ma craie et pour une fois, je n’ose pas poser mes mots sur l’ardoise. Puis vient un rayon de soleil qui éclaire le tableau et m’autorise à tracer juste un modeste trait de liaison entre le poète et le peintre centenaire.

Quand Christian Bobin écrit à Pierre Soulages, cela ne ressemble pas à la carte postale envoyée le dernier jour des vacances à sa tata qui pique. Il ne dit pas qu’il a eu beau temps, qu’il a visité tous les lieux communs et apprécié toutes les spécialités locales. Le poète ne rapporte pas un cadeau acheté à l’arrache au Duty Free avant d’embarquer. Lui, il écrit. Tellement bien que je ne vais que digresser pour ne pas enlaidir cet hommage.

Christian Bobin partage dans sa lettre son émerveillement et son amitié pour cet artiste qu’il part rejoindre un soir de Noël. Il nous fait profiter de son voyage en train entre Le Creusot et Sète à quelques heures du réveillon. Ce n’est pas la suite du crime de l’Orient-Express. Pas davantage une aventure dans le Transsibérien. Je n’aime pas Noël, je sais à peine placer Le Creusot sur une carte et, désolé pour les sétois, mais c’est pas sémoi. La beauté de ses cimetières peut néanmoins attirer les morts qui recherchent un joli point de vue et la compagnie de Brassens ou Valery pour occuper l’éternité. Pour les vivants, il reste l'odeur enivrante d'oeuf pourri du Bassin de Thau. Et bien, pourtant, à aucun moment de ce trajet, je n’ai eu envie de me jeter sous le TER.

La lecture de ce court texte a fait suite à ma visite du Musée Soulages à Rodez que je ne peux que conseiller. Et puis il y a de très bonnes cantines à proximité. Fondue au noir ! Ce fut une révélation. Certains ont vu la vierge, d’autres des ovnis, moi, je pense avoir vu l’Outrenoir. J’ai longtemps été hermétique à l’œuvre de ce peintre car je ne manque jamais de préjugés quand il s’agit d’abstraction. Il a fallu que je me retrouve face à ses tableaux pour comprendre que c’était le reflet de la lumière sur la toile qui faisait l’œuvre, que les stries qui couvraient la surface n’étaient pas là par hasard mais qu’elles chorégraphiaient l’effet miroir. En résumé, pour une fois, comme la lumière, j’ai réfléchi.

Le livre de Christian Bobin est un très bel hommage à son ami et son écriture bienveillante est comme le ronronnement d’un chat qui dort sur vos genoux pendant que vous lisez… à condition bien sûr que cette bestiole ne soit pas la mienne et ne vous plante pas ses griffes dans la peau par sadisme félin…bécile.

Un plein d'émotions et un train à ne pas rater. Pensez à vous éloigner de la bordure des quais, comme le dit la madame, et des apparences.



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Une petite robe de fête

Bobin n’est pas le genre d’auteur dont on parle de façon anodine, genre « T’as lu son recueil de textes ‘Une petite robe de fête’ ? C’est bien, hein ? »

NON !

Car rédiger une critique sur ce livre, comme tous ceux de cet auteur, est une tâche difficile, voire insurmontable.

Comment décrire la profondeur de sa pensée ? Comment arriver à atteindre le silence qui est au cœur de l’être, de l’auteur comme du lecteur ? Comment cerner sa propre solitude et son désir d’amour ? En cela, Bobin parle de lui, de moi, de nous...Il dit l’inexprimable.

Il parle de la lecture aussi, et je m’y retrouve. Il parle de la fatigue, du travail, de l’enfance, et je m’y retrouve. Et nous nous y retrouvons, c’est incontestable.



Loin de moi l’idée de raconter chaque petit texte en détail ; car mon propre ressenti sera différent de celui de chacun.

Je peux juste affirmer que ses mots se savourent et qu’ils atteignent le cœur si celui-ci est prêt à les accueillir. Et ses phrases se déroulent en empruntant à la poésie, elles s’enveloppent les unes sur les autres, emmenant au passage le lecteur dans leur cheminement. Une fois entré dans cette spirale de mots magiques, d’images lumineuses, on ne veut plus en sortir, car ces mots, ces images nous ont fait toucher l’essentiel.



Une dernière phrase, celle de Bobin, qui à elle seule résume tout ce que j’aurais voulu dire :

« Les livres aimés se mêlent au pain que vous mangez. Ils connaissent le même sort que les visages entrevus, que les journées limpides d’automne et que toute beauté dans la vie : ils ignorent la porte de la conscience, se glissent en vous par la fenêtre du songe et se faufilent jusqu’à une pièce où vous n’allez jamais, la plus profonde, la plus retirée. Des heures et des heures de lecture pour cette légère teinture de l’âme, pour cette infime variation de l’invisible en vous. »



Silence et respect.

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La plus que vive

À travers ce très court texte, Christian Bobin rend hommage à Ghislaine, la femme qu'il a aimée, décédée à l'âge de quarante-quatre ans. La perte qu'évoque l'auteur est de celles qu'on s'interdit de pleurer, car pleurer reviendrait à prendre conscience de la rupture irrévocable d'un lien qu'on voulait éternel, et il est des souffrances qu'un coeur d'Homme ne peut soutenir... L'écriture est tendre, mais au regard des critiques que j'ai lues, je m'attendais à un roman plus empreint de poésie. Je regrette également de n'avoir pas mieux connu cette jeune femme, car ce qu'en dit l'auteur, à savoir qu'elle était aimante, libre et rayonnante, ne m'a pas permis de me la figurer, si bien qu'à regret, je suis restée un peu à distance de ce récit.

Je suppose ceci dit que là était le choix de Christian Bobin, qui a opté pour une approche plus philosophique de cette "chose" qu'est la mort, et qui par instants, est la cause de souffrances tellement indicibles. l'auteur aborde différents thèmes tels que la vie, la mort, l'éternité, la place que tient une mère auprès de son enfant, et celle que tient également un père, sur ce dernier point je n'adhère pas, mais tout point de vue a le mérite d'exister. J'ajouterai que l'analyse qu'il a faite de la jalousie me parait très juste, il expose avec une telle clarté le pathétique de ce sentiment, que je m'en trouverais guérie comme par enchantement si je l'étais de manière déraisonnable.

Monsieur Bobin est un auteur que je relirai, et même si je n'ai pas réussi à prendre la mesure du chagrin dont cet ouvrage est l'objet, et ce pour des raisons déjà évoquées, cet auteur, qui s'interdit de verser des larmes, est de ces Hommes qui, à l'instar de Henri Calet, pourrait confesser, "Ne me secouez pas, mon corps est plein de larmes"...

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La plus que vive

Un livre qui se dévore, et qui nous dévore...

Un cœur se met à nu pour nous parler de la splendeur de l'amour, un amour passé, et toujours présent, Vivant, malgré la mort. Une mort qui n'est pas séparation mais absolu. L'absolue pureté de l'amour nous est ici relatée avec des mots qui, par-delà la description, nous empoignent profondément.

La plus que vive est véritablement un livre bouleversant qui insiste sur la nécessité du rire.

Ici, le manque rejoint la joie insufflée de et par l'être aimée toujours là... Alors, l'amour nous est dévoilé... Nous touchons ici à ce qu'est la noblesse de l'amour......
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L'épuisement

« La poésie c’est suivre son cœur en allant à la fête. »



Cette petite phrase résume à elle seule l’effet Bobin. Ouvrir un de ses livres, c’est vêtir sa petite robe de fête. C’est un rendez-vous nécessaire avec le soleil.



Si l’épuisement guette, plongez dans ce petit livre de Bobin, le magicien conteur du soleil levant.



Comme un funambule dans la toile de la Beauté, comme un baladin dansant dans les jupes de la vie, Bobin expire le souffle de ce que la vie offre de meilleur. L’épuisement guette, personne n’est à l’abris dans la machine infernale de notre société, Bobin offre ici un excellent palliatif pour voir la vie en rose. C’est au cœur du pessimisme et du malheur qu’il renverse la tendance pour nous offrir un uppercut qui résonne comme le plus beau chant qui soit: la vie qui bat dedans et dehors, la vie partout, la vie elle et seulement elle.



Il se penche ici sur divers sujets pour faire jaillir de cet épuisement un regard empreint de bienveillance et de musicalité. De la solitude, il fait jaillir l’essence du bonheur, ses quarante-trois ans à l’époque deviennent un trois ans et quarante ans, si les chômeurs sont épuisés c’est à cause de la trop grande présence du travail que corrobore notre société, si les vieux n’ouvrent plus les yeux c’est parce qu’ils ont oublié l’enfant qui sommeille en eux.



Et toujours l’amour :

« L’amour est le réel désencombré de nos amours imaginaires. »



Et aussi l’écriture :

« L’écriture c’est le cœur qui éclate en silence. »



Et évidemment des enfants : « J’aime les enfants de trois ans. Je les vois comme des fous ou des aventuriers du bout du monde. Il n’y a que l’enfance sur cette terre. »



Lire Bobin, c’est respirer la vie, c’est respirer mieux. C’est comme un enfant de trois ans, mettre ses doigts dans tout et le porter à sa bouche pour se nourrir l’âme et le corps. Lire Bobin, c’est prendre le temps de voir la vie autrement, plus doucement, de s’en imprégner tout entier. Lire Bobin, c’est un repos nourricier. C’est une danse dans le vent. C’est une caresse qui dure et dure. Et ça, ça vaut de l’or.



J’aime cet écrivain et j’aime me pelotonner dans ses lignes. J’en ressens une quiétude exceptionnelle, un éblouissement chaleureux. J’en avais tellement besoin. J’ai trouvé cela et plus encore grâce à ce livre.
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La folle allure

Chaque fois que je lis un livre de Christian Bobin j'ai la douce impression d'en ressortir grandie. Je me sens bien. Je suis apaisée. La folle Allure peut se lire comme un roman. C'est d'ailleurs un roman. L'histoire de Lucie qui s'exerce toute sa vie à être libre. Nous l'accompagnons à une folle allure dans ses choix, dans ses renoncements, dans ses audaces, dans sa quête du bonheur à travers des aventures à haut risques. Elle est entourée de personnages singuliers. Ceux qui la comprennent et ceux qui sont déroutés par ses agissements.

Mais la folle allure peut se lire comme un ouvrage philosophique et nous pouvons nous imprégner de certains extraits faisant office de canevas. Un canevas sur lequel une scène apparaît comme chaque fois qu'une brodeuse s'applique à compter les points qu'elle va poser.

L'allure s'impose et le texte est à la fois court par le nombre de caractères et dense par son contenu.

Une vie peut s'appréhender de tellement de façons!

Je me souviens avoir écouté Christian Bobin dans une interview. Il disait quelque chose ressemblant à ceci: Ce matin je me suis réveillé sous un tonnerre d'applaudissements. (une pluie battante). Même le roi soleil n'avait pas un tel accueil à son lever. Voilà. Tout est dit. Différentes manières de vivre sa vie. Que ce soit lentement ou à une folle allure....

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Tout le monde est occupé

Bobin nous livre ici un petit conte tout joli, un peu fou, tout en apesanteur dans les lignes de l’amour et de la liberté.



C’est l’histoire d’une jeune femme, Ariane qui tombe enceinte dés qu’elle est amoureuse. Un baiser lui donne le ventre rond. L’amour la rend légère comme une plume. De ses amours éphémères naîtront trois enfants au prénom digne d’un Louis de Funès, je nomme donc Manège, Tambour et Crevette. Des prénoms un peu fous qui rendront hommage à travers ces enfants à la joie de vivre, aux instants présents, à la faculté d’aimer toujours quoi qu’il arrive.



Christian Bobin et ce, je l’ignorais fait également dans les romans, il est ici au-delà du conteur, il devient tisseur d’histoire où s’imbriquent ses jolis mots, ses pensées câlines. Lire Bobin, ça reste pour moi l’assurance de me reposer la tête, d’entendre des papillons dans mon cœur se taquiner la meilleure place au chaud.



C’est bon d’avoir un livre qui vous serre dans ses bras, dans ses lignes. C’est précieux. C’est Bobin.
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Le Très-Bas

Une petite critique pour un grand livre.

1°)C'est trop court, on voudrait prolonger ce moment de grâce.

2°)Est-ce de l'hypnose ou une transe, je ne sais pas, mais j'ai lu ce livre sans sentir le repas qui brûlait, ni voir le chien à mes pieds avec sa laisse.

3°)Cette Terre-Mère nous aime d'un amour insensé, de cet amour bienveillant qui fait de tous les êtres vivants ses enfants. C'est cet amour que François a reçu et qu'il donne en abondance. P. 38 " François, le serviteur et l'ami du Très-Bas, vécut dans la douceur jusqu'à l'âge de près de vingt ans."

4°)François son enfance, sa vie, le choix qu'il a fait de fuir l'amour des siens pour aimer encore et toujours plus Dieu et la Création.

5°) Les phrases de Chrstian Bobin sont toutes plus belles, les unes que les autres et il y aurait tant de choses à dire mais c'est à chacun de suivre l'ange, l'enfant et le chien.

Il est certain que je ne vais pas m'arrêter en si bon chemin et je vais continuer à découvrir cet auteur et son monde. Et voici un très bel extrait :

"Je reviens à Dieu dont tu n'es qu'une image - décevante comme toutes les images. Celui-là fait un père bien plus léger que toi. Il me regarde aller aller et venir. Il est dans ces absences, bien moins meurtrier que toi.Il me laisse, dans sa présence, bien plus de jeu. Il ne croit pas comme toi à l'argent, au devoir, au sérieux. D'ailleurs il passe tout son temps dans la compagnie futile des enfants, des chiens et des ânes." p. 106-107
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L'homme-joie

Je dormais mal ce matin-là. Des pensées vers ceux que j'aimais et que je savais souffrants m'avaient ôté le sommeil. L'homme-joie m'a tendu ses pages et je m'y suis plongée. Sans à priori, sans savoir, sans espoir. Et le soleil s'est levé. Un ciel bleu, une gitane, un oiseau, un peintre, un musicien m'ont sortie de mon angoisse.



Des mots alignés forment des phrases simples et profondes qui vont à l'essentiel. Christian Bobin écrit à propos d'une exposition des peintures de Soulages: « ce qu'on voit nous change. Ce qu'on voit nous révèle, nous baptise, nous donne notre vrai nom ». Comme il a raison ! Ce matin l'homme-joie m'a montré le chemin, celui de l'âme et de la beauté de toute chose. Le regard qui efface les peurs et permet d'espérer.

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La grande vie

La grande vie, comme souvent les livres poétiques de Christian Bobin, c'est un feu d'artifice de mots, de phrases, de pensées, de toute une métaphysique intérieure de leur auteur. Et comme dans tout feu d'artifice, il y a quelques pétards mouillés, très vite oubliés par les fleurs incandescentes que Bobin place dans le ciel étoilé du lecteur. Pas De bouquet final non plus, mais une simple et belle phrase qui le vaut bien largement : "La poésie c'est la grande vie".



Dans ce livre précisément très poétique, Bobin offre la vedette aux fleurs, aux oiseaux, aux arbres, à la nature sans laquelle la poésie serait un hiver sans fin, et, naturellement aux livres et à l'écriture. Quand il les évoque, on est forcément admiratif devant ces courtes phrases, ces comparaisons étoilées, ce mélange de sensibilité personnelle et de faits dans lesquels chacun peut souvent se retrouver.



C'est de la très belle écriture, sur la vie, le devenir de l'homme, l'espérance, l'éternité, une succession de fulgurances qui ne peuvent qu'éblouir le lecteur.
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La grande vie

Christian Bobin, lauréat du prix Goncourt de la poésie pour l’ensemble de son œuvre, n’est plus là, hélas, pour nous régaler de sa prose poétique, ces fragments si délicats et tellement universels. Alors, en attendant la sortie posthume chez Gallimard en février 2024 de son livre intitulé « Le murmure », il nous reste son œuvre, considérable, à découvrir ou redécouvrir



La grande vie s’ouvre sur une déclaration d’amour à une grande poétesse disparue :

« Chère Marceline Desbordes-Valmore, vous m’avez pris le cœur à la gare du Nord et je ne sais quand vous me le rendrez. C’est une chose bien dangereuse que de lire. »

Christian Bobin nous parle de ces petits rien qui font la vie, mais la mort aussi habite ses pages.

« Les familles où un enfant a disparu sont comme la galerie des glaces à Versailles, la nuit, quand aucun pas n’y résonne : un incendie de miroirs vides »



La nature n’est jamais loin qui se pare de lumières et de beauté. On croise ainsi les grands sapins « est-ce qu’ils lisent le journal ? » se demande le poète, puis il y a les fleurs du cerisier aux bras maigre ou encore cette rivière qu’on traverse « en sautant sur des pierres ». Le poète n’hésite pas à s’adresser à un merle.

Chaque fois, ce sont de petits instantanés de vie que nous offre le poète et ses mots palpitent comme un oiseau blotti dans la paume de la main. C’est tendre, et parfois, traversé de chagrins.

Bobin cite aussi les personnages qui l’ont marqué. Il y a, bien sûr, son ami le peintre Soulage dont les noirs sont d’une profondeur insondable. Et puis on croise Ronsard, Kierkegaard, Robert Antelme et même Marilyn qui « affolait les hommes mais aussi bien les femmes ou le soleil. »

Christian Bobin évoque souvent le livre et l’écriture, qui sont au centre de sa vie.

Il aborde des thèmes universels comme l’enfance, la vieillesse et la mort mais toujours la poésie est là

« La poésie, c’est la grande vie »

Christian Bobin est un contemplatif qui sait si bien nous entrainer dans ses méditations, c’est pour cela qu’on l’aime.





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La part manquante

Telle une voix off d’un journal intime, Christian Bobin, au fil des pages, nous parle tout bas des Choses de la Vie. Amour, solitude, enfance, écriture, lecture et …D.ieu.

11 textes pour se questionner, un peu de philo, juste ce qu’il faut.

Ses mots s’écoulent en prose poétique, font rejaillir des sensations à jamais inassouvies.

Certains font ricochet sur les eaux troubles de nos tourments. D’autres forment une flaque sur le bitume de nos plaies refermées. Tous s’infiltrent dans notre passé refoulé.

Christian Bobin s’adresse surtout à la femme qui enfante, patiente, se lamente… et se contente.

Voir son enfant grandir, lui sourire et puis un jour le voir partir.

« La part manquante », est-ce donc la frustration de constater que, finalement, la Vie ne nous laisse pas choisir ?

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La plus que vive

Très beau texte de Christian Bobin qui livre à ses lecteurs ses pensées, souvenirs, inquiétudes et espérances à la suite du décès de sa compagne survenu très brutalement à l'âge de 44 ans.



Même dans la douleur s'apaisant, c'est toujours par sa très belle écriture que Christian Bobin rend hommage à celle qu'il aimait, sans emphase, simplement, avec les mots du coeur, ceux qu'il sait prononcer et écrire à la perfection. Il relate ainsi des tranches de vie, des sensations vécues à deux, de courtes promenades de cinq minutes qui contiennent deux vies, leurs partages, leur amour et respect mutuel.



Il communique aussi sur son questionnement à propos de la mort et de ses conséquences, d'abord ce sentiment de "fini", de "plus jamais" que nous ressentons chacun lors des séparations d'êtres chers. Il s'interroge sur l'au-delà, ce mystère total pour nous les vivants qui sommes en attente de le découvrir ou non.



Christian Bobin sait employer tous les mots qui vont parfaitement traduire ses ressentis et interpeller nos perceptions sur la mort, n'hésitant pas à révéler la vison des "cercueils pourris" à côté desquels va gésir sa compagne. Son réalisme devant la mort est saisissant, il nous renvoie vers des images de la nature, de la neige, ce linceul blanc qui peut tout engloutir avant la renaissance printanière.



Même pour l'évocation douloureuse de cette séparation, le style de Bobin porte bien au-delà des mots et chacun peut donc le ressentir plus ou moins intensément selon sa sensibilité personnelle.
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Le muguet rouge

Cela m'est de plus en plus difficile d'écrire quelques mots sur une oeuvre de Bobin car il y aurait tellement de positif à exprimer que cela pourrait revenir à le plagier, même sans avoir la capacité du choix des mots avec lesquels il exprime toute une symphonie de sentiments et d'émotions.



Alors, de ce dernier livre, je retiens les fleurs, les herbes coupées et leur senteur suave et toutes ces saveurs poétiques que Christian Bobin semble exprimer sans forcer. On a l'impression que son écriture est celle d'un premier jet, il est le magicien des mots et des sentiments, incontestablement.



Par moments, ses phrases courtes me font penser à celles de Sylvain Tesson qui est aussi capable de jouer avec les mots, même si le contexte est radicalement différent.



Bobin voit une nourriture pour la terre dans les poèmes, il l'exprime avec délicatesse, abordant une grande variété de thèmes qui se fondent en un seul, l'écriture, celle des poètes comme Nerval, des philosophes comme Descartes, la sienne, pénétrante, envoûtante et, quand il évoque la mort et cet au-delà mystérieux, on ne peut que vivre pleinement cette "écriture qui est résurrection"
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Un bruit de balançoire

Inconditionnelle depuis longtemps de l'univers et du style de Christian Bobin...

Contrairement à un grand nombre de lecteurs qui ont été "captifs" de cet auteur, avec "Le Très-bas", j'ai débuté la connaissance de cet écrivain,

avec un texte qui m'avait bouleversée: " Autobiographie au radiateur"...

depuis j'ai poursuivi avec ténacité "mon addiction" !!!

Je me suis ainsi précipitée une nouvelle fois sur ce tout dernier opus...dont la maquette est très réussie, et des plus lumineuses!



Couverture des plus sobres, blanche avec , en creux , une phrase de l'auteur, manuscrite (en gris argenté-bleu...occupant le centre du premier plat...) ,s'ensuivent toujours de la main de C. Bobin, sur papier de couleur, quelques pages expliquant le noyau de ce nouvel ouvrage...et le but recherché quant à l'écriture, .qui au-delà de ce texte entièrement constitué de lettres [ Lettres à sa mère, à l'ami, à un nuage, à un pauvre bol...à son âme, à la poétesse, Marina Tsvetaeva, etc.] m'a fait rencontrer avec bonheur, le moine-poète-calligraphe, Ryokan...



Ensuite, je me suis laissée porter par la petite musique de l'auteur. Comme

toujours la POESIE est omniprésente, poésie infinie des choses

paraissant insignifiantes , au commun des mortels... mais transfigurées, sublimées par la plume de l'écrivain... Je n'ai pas envie d'ajouter plus de bavardages à ce moment de lecture, très particulier, et très décalé...Je laisse la parole à Christian Bobin, qui signifie mieux que quiconque ce qu'il souhaite transmettre et atteindre , dans son écriture !



" Je rêve d'une écriture qui ne ferait pas plus de bruit qu'un rayon de soleil heurtant un verre d'eau fraîche. Ils ont ça , au Japon. Un de leurs maîtres du dix-neuvième siècle, Ryôkan, est venu me voir. Vous verrez : il n'a qu'une présence discrète dans le manuscrit. Il se cache derrière le feuillage de l'encre comme le coucou dans la forêt.

C'est que je crois qu'il est vital aujourd'hui de prendre le contrepied des tambours modernes : désenchantement, raillerie, nihilisme. (...)

Ryôkan, je ne le connaissais pas il y a deux ans. Et puis je le découvre et je

revois des pans de ma vie : moi aussi j'avais trente ans, aucune place dans

le monde (...)

Je n'ai pas écrit un livre sur Ryôkan mais un livre avec lui. C'est simple: je ne crois qu'au concret, au singulier. Aux maladresses de l'humain- pas au prestige des machines. Les livres sont des âmes, les librairies des points d'eau dans le désert du monde.

Les Lettres manuscrites sont comme les feuilles d'automne: parfois un enfant ramasse l'une d'elles, y déchiffre l'ampleur d'une vie en feu, à venir. Ce qui parle à notre coeur-enfant est ce qu'il y a de plus profond. J'essaie d'aller par là. J'essaie seulement. "
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La grande vie

Il m’est bien difficile de parler de ce livre, ou de ce long poème. Difficile de le raconter, ou même de le résumer.

Ce livre m’a échappé, en même temps qu’il m’a ébloui.

Aucune explication à donner, car il fait appel à nos sens. Il nous transporte, il nous exalte, il nous charme.

Je l’ai lu comme tous les autres livres, mais avec « La grande vie », j’ai eu la sensation d’être un voleur de nuit en train de détrousser son laborieux quotidien.

Si vous voulez une preuve de l’existence de l’Ange, celui juché sur nos épaules, qui nous accompagne, nous aime, nous soigne, et nous console, lisez « La grande vie ».

Sous la plume de Christian Bobin, je suis prêt à croire en Dieu.

Avec lui, la beauté et la grâce sont là, sous notre nez, et nous passons devant sans les voir. Il suffirait de s’arrêter, de prendre un peu de son temps pour admirer le merle noir, les ailes des libellules gorgées de bleu ; pour rire des jaseries du geai, pour suivre « cette lumière qui danse pieds nus sur l’eau captive » ; pour sentir la main d’un fantôme bienveillant sur notre épaule ; pour voir Marylin et Marceline, et s’incliner devant elles ; pour sentir notre corps devenir plus léger, plus épuré…

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Noireclaire

Un nouveau petit livre de Christian Bobin qui m'a profondément touchée.

J'ai songé en le lisant aux livres de Antonio Moresco. La forme et le style d'écriture ne sont pas les mêmes. Mais Christian Bobin comme Antonio Moresco prête une telle attention aux êtres et aux choses, aux "petite lumières" qui les habitent, qu'il parvient à abolir la frontière entre la vie et la mort.

Une simple phrase et tout est dit :



"Le manque est la lumière donnée à tous."
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