Un canal oublié, de Givors à La Grand-Croix
de Christian Epalle, Atramenta, 2012
Le livre du canal de Givors !
Musique : Goliwog's Cakewalk de Claude-Achille Debussy (22 August 1862 -- 25 March 1918) par US Air Force Band (Domaine public)
Les mots que nous écrivons ne nous appartiennent pas...
Seul le foudroiement, le battement de cœur qui les a posés dans le geste d'écrire est à nous.
Je suis "Umaine" sans H, je pense. Car le H me rappelle le mot "haine". UMAINE signifie s'unir par les mains et cela est une sublime union.
Tous les vrais paysans savent que la rigueur de l'hiver à venir est directement en rapport avec l'épaisseur des pelures d'oignons. Ces végétaux semblent avoir une prescience du temps à venir et s'habillent en conséquence. Plus la peau des oignons est dure et épaisse, plus l'hiver sera froid, et inversement.
C'est ainsi que commencent les jours heureux, dans un quotidien renouvelé
Ô barracudas, cessez de me dévorer chaque fois que j’ai le dos tourné !
Barthélemy-Alléon de Valcours, ingénieur et ancien navigateur, fut, en 1749, le premier promoteur du canal de jonction entre le Rhône et la Loire. Faute d’appui en haut lieu, son projet fut abandonné dès 1751.
François Zacharie, maître horloger à Lyon, né en 1709 et père de sept enfants, vit en ce projet des montagnes d’or. Il fut donc l’initiateur des travaux. Après avoir lancé des études en 1745, il obtint, le 6 septembre 1761, malgré de fortes oppositions, des lettres patentes qui lui accordaient de construire, à ses frais, le premier tronçon de Givors à Rive-de-Gier et la concession de l’ouvrage pour quarante années.
Ainsi commença l’épopée tumultueuse du canal de Givors, qui fut aussi appelé, en ses débuts, canal des Deux-Mers, pour finir, en 1970, sous le bitume de l’autoroute A47. À travers une collection de cartes postales anciennes, de photographies des vestiges actuels, des ressources IGN et d’archives, nous allons faire revivre en image le canal pour en remonter le cours, de Givors jusqu’à La Grand-Croix.
Rien. Le néant.
Le noir absolu.
Pas d’odeur ni de goût, aucun son, aucune couleur, le vide.
Le temps n‘existe pas, tu n’existes pas.
Soudain un point. Blanc, perçant, minuscule, comme une étoile solitaire dans un ciel ténébreux. Une lumière attirante, irrésistible, inévitable. Le signal de départ.
Et aussitôt une explosion astronomique. Une onde de choc. Une pulsion vitale. Une spirale étourdissante. Tout s’ébranle dans les atomes de ta chair. Tes sens s’allument. Un cœur qui bat. Tu existes.
Tu soulèves les paupières. Les parois laiteuses autour de ta couchette drapée de blanc t’éblouissent. Des vagues de lumières se déversent à travers tes iris olive et viennent saturer sans ménagement tes nerfs optiques. Ça pique. Comme si tu n’avais pas ouvert les yeux depuis longtemps. Combien de temps ? Tu n’en sais rien. Un jour ? Plusieurs ? Des semaines ? Des mois ? Une vie ? Tu te réveilles d’un sommeil sans commencement. Une naissance…
La navette StarLite file sur les voies orbitales telle une comète accélérée par le champ d’attraction terrestre. Seul le crépitement du moteur ionique résonne dans l’habitacle. Mon père est d’humeur sombre et mon frère, PasKal, bien trop concentré sur sa conduite sportive pour prononcer une parole. Je n’ose le déranger de crainte qu’il perde le contrôle de l’engin. Il prend des risques insensés : à chaque changement de cap, il manque de sortir du champ de guidage électromagnétique.
— Hé ! Tu vas trop vite là ! Tu vas nous foutre en l’air ! Ralen…
Je n’ai pas le loisir de finir ma phrase qu’une carcasse métallique surgit en pleine trajectoire. Le vaisseau se cabre, heurte le panneau solaire d’un satellite désaffecté qui fait voler en éclats la vitre blindée du cockpit…
ERR0005. Voile noir.
Monseigneur Épalle, qui était un excellent évêque, ami de ses prêtres et de ses frères, fit une observation au capitaine sur la parcimonie avec laquelle il nous traitait. « Ah ! vous vous plaignez, lui répondit celui-ci. Ignorez-vous donc que c’est par générosité que je vous donne mille petites friandises le dimanche. Pour vous faire connaître nos positions respectives, je ne vous donnerai que ce qui vous est strictement dû, et désormais, le dimanche, vous serez traités aussi mal que les jours ouvrés. Vous vous contenterez de galettes dures, de morue, de bœuf et de jambon salés. » Puis il grognait entre ses dents : « voyez donc, le poisson salé n’est pas assez bon pour ces c… de Français. Salt fish is not good enough for pigs french. »
Peu à peu [les Naturels] prirent goût à ce petit commerce et vinrent offrir à nos gens leurs plus belles armes, leurs bracelets de dents humaines. Ils se hasardèrent même, quoique timidement, à proposer la vente d’un petit enfant. Les matelots se gardèrent bien de l’acheter, mais ils s’intéressaient à la petite créature qu’on mettait en vente, et les Sauvages, pour mieux exciter les Européens à conclure le marché, faisaient lever le petit enfant, montraient ses bras, ses jambes, sa tête, comme pour dire qu’il était bien constitué. Nous éprouvâmes un vif sentiment de pitié pour ce petit malheureux que nous ne pouvions délivrer, et qui probablement servirait à régaler les Sauvages dans quelque fête de cannibales.