La formidable armée iranienne, réputée être un rempart indestructible capable de défier n'importe quelle tempête, s'est écroulée à la première vague révolutionnaire. L'Artech qui, en 1979, dispose de trois corps d'armée, de 300 000 hommes, de l'armement le plus sophistiqué de l'époque, l'armée de la «cinquième puissance militaire au monde » n'aura finalement été qu'une digue de sable face à la déferlante populaire. Même la Garde des immortels, pour tant forte de 20 000 combattants aguerris, a été, malgré sa bravoure, emportée comme un fétu de paille. Le monde qui s'était laissé abuser, ou rassurer, par les parades des corps d'élite ou les rodomontades du général Khosrodad s'esclaffe : «ce n'était donc que cela », « une armée à la mexicaine », « une armée de carnaval! »
Mais le Chah ne veut pas se contenter de trôner paresseusement sur une pétromonarchie rentière. Se méfiant de ce pétrole qui a fait sa fortune, il s'intéresse à de nouvelles ressources la mer, le solaire, la géodésie, la multiplication microbienne et, déjà, la puissance nucléaire. À la fin des années 1970, non sans déplaire à Washington, le Chah a pris la décision de lancer son pays dans l'aventure atomique : il envisage alors la construction de près de vingt centrales nucléaires. À ses yeux, c'est offrir à l'Iran un gage d'indépendance énergétique et une source supplémentaire de prestige international. L'abondance de pétrodollars permet d'accélérer le développement du projet.
Il fit rire encore une fois.