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Citations de Christiane Singer (664)


le miracle de l'amour
c'est d'être debout dans la nuit
plein de silence
dans le fracas de l'insignifiance
plein de louange
au milieu de la haine
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Pareille richesse ne se peut épuiser en une seule relation
aussi privilégiée, aussi forte soit-elle.
Bien davantage: c'est la plénitude tout à l'entour
qui profite à cette union première et la nourrit.
Si l'un des amants ne supporte pas que l'autre vibre,
vive et aime en dehors de sa présence,
s'il se met à rêver d'être la seule source de son bonheur,
il peut avoir au moins une certitude :
celle de devenir très vite la seule source de son malheur.
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Une maladie est en moi. C'est un fait. Mon travail va être de ne pas être, moi, dans la maladie.
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Le sens de la souffrance, c'est de traverser. Nous vivons dans une époque tellement poltronne qui nous protège, qui nous apprend surtout à ne pas souffrir, à rester en surface, à ne pas entrer dans les choses. (...) La passion nous offre une chance de traverser le mur des apparences. (...) On a tout à fait tort quand on dit que l'amour est aveugle. Je crois qu'il faudrait dire bien davantage que l'amour est visionnaire, c'est-à-dire qu'il voit dans l'être aimé la divinité qui l'habite.
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Ce que j'appelle amour est entier dans cette phrase d'un rabbin rescapé d'un camp de la mort : “La souffrance a tout calciné, tout consumé en moi, sauf l'amour.” Si cette phrase nous atteint de plein fouet, c'est que nous sentons bien combien nous sommes loin des représentations, du décorum de l'âme. L’amour est ce qui reste quand il ne reste plus rien. Nous avons tous cette mémoire au fond de nous quand, au-delà de nos échecs, de nos séparations, des mots auxquels nous survivons, monte du fond de la nuit comme un chant à peine audible, l'assurance qu'au-delà des désastres de nos biographies, qu'au-delà même de la joie, de la peine, de la naissance et de la mort, il existe un espace que rien ne menace, que rien jamais n’a menacé et qui n’encourt aucun risque de destruction, un espace intact, celui de l’amour qui a fondé notre être.
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Dans une société où les uniques mesures d'évaluation sont celles d'un matérialisme courtaud et où le mercantilisme détermine les représentations des âges de la vie, il est clair que la vieillesse a peu d'atouts. N'est socialement admissible que celle qui continue activement de consommer : biens, cures, soins gériatriques, voyages organisés, distractions, culture, etc...
Économiquement faible, elle incarne le mal absolu. La royauté mendiante du brahmane est ici l'enfer de l'insignifiance et le rebut. Or ce n'est certes pas la vieillesse qui nous détruit mais l'image que nous nous en sommes faite.
L'idéologie contemporaine, qui dénie à l'esprit tout pouvoir, permet tout au plus, dans un tourbillon d'actions, de traverser, sain et sauf, l'âge adulte ; en aucun cas, la vieillesse.
Car dans ce dernier épisode de notre vie terrestre, deux violons mènent la danse : l'esprit et le pouvoir de l'imaginaire. Nous nous pencherons sur leur musique.
Attardons-nous d'abord à un premier constat. Pour qui s'attend à la déchéance, il n'y a pas d'illusion possible : elle sera au rendez-vous.
Celui qui, sa vie durant, a creusé le tombeau de son âme l'y couchera.
Rien d'heureux ni de malheureux ne nous advient jamais dont nous n'ayons en nous préparé le nid.

Peut-être un fait divers illustrera-t-il, mieux que des propos abstraits, la force de l'esprit dont il est question ici. Un employé des chemins de fer se trouva malencontreusement enfermé dans un wagon frigorifique. Lorsqu'on vint l'en "délivrer" douze heures après, il était mort. Sur la paroi de métal, on trouva ces mots griffonnés à la craie : "Le froid m'envahit. Je me meurt." Ce sort épouvantable ne prend sa signification que lorsqu'on y ajoute un détail : le système de réfrigération n'était pas branché. Son corps révéla à l'autopsie tous les symptômes d'une mort due au froid. Il n'en va pas autrement de la vieillesse. Une seule différence : ce n'est plus un fait divers mais un fait de civilisation aux conséquences généralisées et dévastatrices.
La représentation même de la déchéance entraîne irrévocablement sa venue. Nous venons et mourons de nos images.
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En cours d`existence nous devenons réalistes, concrets, effectifs, c`est-à-dire que nous perdons contact avec la complexité et la diversité de la réalité qui est par essence, sacrée. Pourquoi croyez-vous que certains vieillards finissent par ne se souvenir que de leur enfance? Elle seule a le poids, l`épaisseur du réel; l`âge adulte retourne à son irréalité, à la brume des valeurs abstraites, arbitraires et datées auxquelles il a tout sacrifié."
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Christiane Singer
L'amour est visionnaire.Il voit la divine perfection de l'être aimé au-delà des apparences auxquelles le regard des autres s'arrête...
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Louer le mariage!
Louer le serment que se font deux êtres... de ne plus jamais changer d'avis... d'envie... de vie! Existe-t-il serment plus mortifère?
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Christiane Singer
Je me sens comme en plein océan dans une barque qui prend l'eau, et chacun tente de boucher à sa manière un trou, tout en sachant qu'elle va sombrer. C'est touchant d'affairement et d'impuissance.
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Christiane Singer
Chaque matin, les hommes et les femmes qui prennent soin de la parcelle du réel qui leur est confiée sont en train de sauver le monde, sans le savoir.
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Ton entrée intempestive en moi, le furieux déferlement de mille vagues, les chevaux fous lâchés dans un fracas d'écume... Non, Abélard je ne me tairai pas, tu m'as suppliée maintes fois de transcender ce passé - et je me suis fait violence pour te plaire. Aujourd'hui je retourne à la source de ma vie. Ton acharnement à cogner en moi, à ébranler portes et vantaux, le bélier féroce de tes assauts répétés ! Nos cheveux s'engluent de salive et de sueur, tes dents me broient, ta langue ouvre mes plaies. Et je me retrouve de l'autre côté du rivage, démâtée, éparse au sol, toutes voiles déchirées, radieuse, au havre de tes bras. Mon sacre ! Non, je ne me tairai pas !
Et ton désir de moi ruisselle sur mes hanches, fouaille mes entrailles, multiplie en moi les espaces sertis de ma chair. Jamais je n'eusse cru que l'amphore de mon ventre recèle tant d'antres secrets qui, forcés, révèlent encore, dans un déclic suave, d'autres antres, d'autres encore. Et plus avant où tu pénètres, tous ces mois où nous ne fîmes que nous aimer, plus se multiplient les profondeurs dont je suis le vigile. Parfois, quand je marche dans les rues, je suis bercée entière de résonances et d'échos comme le corps d'une viole dont, longtemps après que la musique a cessé, palpitent les éclisses et les ouïes. Parfois j'ose à peine respirer, et j'avance lentement, très lentement, comme une reine sous un dais brodé d'étoiles et de lances. Parfois aussi, l'espace résonne en moi comme une église - et mon émotion est si profonde que les larmes coulent jusqu'aux coins de mes lèvres sans même que m'alerte le sel sur ma langue. Parfois, de longues heures après que tu m'as aimée, je te sens remuer en moi doucement comme un passager clandestin.
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"Celui qui a vu son ombre est plus grand que celui qui a vu les anges." Celui qui a touché ses abîmes et qui a pourtant choisi la vie met le monde debout.
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Je voudrais te dire tant de choses !
Mais vois-tu, les mots ont trop de poids, trop de gras tout autour,
pour une réalité qui, elle, en a si peu :
une brise, un souffle ténu sur nos yeux ouverts
J'attends l'été, Yvan, notre été !
ta mère Liliane
j'ai refermé l'écritoire
autour de moi, la nuit retient son souffle.
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"Les choses ici ne sont pas seulement belles; elle son aimées. Leur rayonnement est bénéfique."
Puis après un silence, elle a ajouté: "Moi aussi, j`aime les choses avec lesquelles je vis; ma main et mon regard les enveloppent et les frôlent. Et, quand il m`arrive de rentrer chez moi, épuisée, après le travail, les choses me rendent l`énergie que je leur ai donnée; au bout d`un court moment les forces me sont restituées.
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Que tu aies eu une famille ou qu'elle t'ait été refusée, son pouvoir reste le même.
Célébrés ou avortés, les vieux rêves sont en nous.
Indélébiles.
Etre ensemble autour d'une table dressée.
Ensemble.
Comme autour d'un feu.
Sur chaque assiette, dans chaque verre, soigneusement roulé dans chaque rond de serviette, sel dans la salière et sucre dans le sucrier, bougie dans le chandelier, pain dans la corbeille, vin dans la carafe, partout sous toutes les apparences, dans le pli de la nappe, au bout des fourchettes, au creux des cuillères, sous la lame des couteaux, dans l'explosion de mille formes, partout, huile et vinaigre, pomme et poire dans la coupe, miettes sous la table : l'amour partagé, mangé et bu ensemble. Et dans chaque bouchée que tu portes à ta bouche, dans chaque gorgée sur la langue, une certitude : tu es aimé(e) !
Laisse-nous pleurer le plus vieux rêve, laisse-le-nous rire, laisse-le-nous grelotter, laisse-nous nous y brûler les doigts, laisse-le-nous danser et le reprendre sur les genoux, le plus vieux rêve ! Etre aimé(e). Sans raison. Sans mérite. Comme ça.
Au milieu d'eux.
Ensemble.
La famille, quand elle est vivante, elle est l'inespéré. Ce qui s'y passe n'a pas d'explication.
Non que tu sois soudain à l'intérieur de son orbe quelqu'un d'autre ; tu es le même.
Mais l'énigme est ailleurs.
Elle est dans la magie du kaléidoscope.
Au départ tu as des morceaux de verroterie de toutes les couleurs.
Puis un cylindre de carton fermé d'un côté et ouvert de l'autre sur un rond de verre. Et par l'habile disposition d'un petit miroir angulaire le long du cylindre, voilà que surgit la merveille des merveilles : cette rosace rutilante qui se fait et se défait quand tu tournes lentement l'objet entre tes doigts.
Si tu cédais à l'envie de le démonter, tu ne trouverais que des morceaux de verre coloré, un éclat de miroir, soit un petit tas de débris, rien de plus.
Ainsi la famille.
Au départ tu as des êtres tout dépareillés - petit, grand, maigre, gros, beau, moins beau, jeune, vieux - comme les morceaux de verre de toutes les couleurs.
Mais l'essentiel c'est la forme qui les recueille, le contenant, le fourreau d'une simplicité extrême qu'il faut seulement tenir dans la lumière, levé vers le ciel, pour qu'il fasse miroiter sa magie.
L'ordre est à l'amour ce que le cylindre de carton est au kaléidoscope : le support de mystère, sa condition. Sans contenant, le contenu coule au sol et se perd.
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Nous connaissons dans notre occident deux voies
quand nous sommes dans un état d'étouffement, d'étranglement :

l'une, c'est le défoulement, c'est crier,
c'est exprimer ce qui était alors rentré.
Il y a de nombreuses thérapies sur ce modèle
et c'est probablement quelque chose de très précieux
pour faire déborder le trop-plein.
Mais, au fond, toute l'industrie cinématographique
est fondée sur ce défoulement, cette espèce d'éclatement
de toute l'horreur, de tout le désespoir rentré,
qui, en fait, le prolonge et le multiplie à l'infini.

L'autre réponse , c'est le refoulement :
avaler des couleuvres, et devenir lentement ce nid de serpents
que nous sommes si souvent, ces nids de serpents sur deux pattes.

Et le troisième modèle qui nous vient de l'Orient et qu'incarnait Dürckheim :
s'asseoir au milieu du désastre, et devenir témoin,
réveiller en soi cet allié qui n'est autre
que le noyau divin en nous.
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Et si l'essentiel d'une vie consistait à accueillir l'ébranlement, la secousse, le dérangement causé par l'autre ?
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Seul celui qui a osé voir que l'enfer est en lui y découvrira le ciel enfoui. C'est le travail sur l'ombre, la traversée de la nuit qui permettent la montée de l'aube.
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Christiane Singer
Un livre se prépare en moi. Il sera constitué de toutes ces brides que je griffonne jour et nuit et qui s'organisent d'elles-mêmes comme limaille de fer sur un champ magnétique. Plusieurs titres trottinent devant moi.
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