Saint Harmachis, protégez-nous ! Rien n'empêche de s'en aller encore rêver à Giza. L'aube brumeuse et humide est propice à la solitude, la méridienne aussi, qui fait redouter le soleil trop blanc ; et quand les rampes lumineuses se sont éteintes, le profil noir du lion à tête d'homme réveille l'émoi qui ne saurait se dire.
Les scribes, images mêmes de l'administration égyptienne, ne manquent pas à l'appel : Toutouia, déjà nommé, Youyou, scribe du double grenier du palais, un anonyme, scribe des travaux dans le temple de Ptah, un prêtre ouab et scribe d'Hathor, dame du sycomore du Sud, Iahmes ; les scribes Tjour, Montouher et Kanakht.
Si familière l'image du Sphinx. Si familière que l'on ne précise même pas le Sphinx de Giza. Si banalisée par toutes les publicités, celles du voyage par excellence. Jour de pluie dans une ville d'Europe du Nord, foule indifférente des couloirs de métro. Fait-il rêver encore ce Sphinx sur fond de pyramides et ciel irrémédiablement bleu, avec chameau, brave bête promenant flegmatiquement le touriste qui accomplit son devoir rituel ?