une petite présentation bio rapide de Christine Adamo
Même que quand je sens son odeur mais qu'il n'est pas là pour de vrai, mon cœur gonfle dans ma gorge tellement fort qu'il écrase tout dans ma tête jusqu'à mes yeux qui se pressent pour sortir. Et ça fait des larmes.
Maman, je veux pas l'appeler non plus Marie-Cé ou Maricil, comme ses copines disent, c'est vraiment trop bête. Alors je l'appelle maman. Même quand ma langue a envie de rester collée contre mes dents quand je dois le dire.
Maman aussi est docteur, mais elle, c’est en maths et ça se voit. Rien que pour me mettre un suppositoire, elle doit d’abord prendre une pilule qui calme et je me demande comment elle a fait pour me fabriquer avec papa si elle a jamais voulu voir son derrière.
Mais après, j'ai vu ses yeux qui ont l'air de tout deviner, même les idées qu'on cache loin derrière les oreilles plutôt que juste derrière les yeux, et j'ai eu un peu peur.
Donc il faut que je trouve une solution pour aller le retrouver et c'est pour ça que j'écris vu que les virgules et les points, ça oblige mes idées à se mettre dans le bon ordre.
Les Echelles, c’est drôlement difficile comme promenade vu que c’est entre Rochehaut et Frahan. Même qu’en général, à la place de marcher entre les deux villages, les gens préfèrent sauter en parachute. Il y a que ceux qui veulent se suicider qui l’oublient, leur parachute. Du coup, c’est pas un endroit pour les gens-vieux et il faut faire méga-attention où on met les pieds, sinon on tombe de vingt mètres et on se casse tout.
Quand, à travers les arbres dénudés, elle aperçoit les trouées lumineuses des fenêtres. Bouche-bée, elle regarde. La somptueuse sobriété des intérieurs. Les gens à l’allure facile, à la décontraction innée… Ostensible discrétion d’une richesse que des décennies de pratique ont patinée, donnant à leurs détenteurs l’assurance tranquille que le monde n’attend qu’eux.
Ses yeux virent à peine les lignes blanches qui apparaissaient sur l’écran. « … démiurges capables de donner la mort comme de ramener la vie… »
« Blabla habituel ».
Et son esprit se mit à dériver.
« Avatar, incarnation, transformation ».
Il fit la moue.
« Ennuis, enquiquinements, emmerdements… »
Cela suffisait pour aujourd’hui. Il avait eu son compte. Sans se donner le temps de réfléchir davantage, il avança la main vers le clavier.
Fermer cette foutue connexion internet.
Mais une sonnerie assourdie le prit de vitesse. Et l’icône de téléphonie se mit à clignoter.
Il jura mais, presque par réflexe, cliqua dessus.
La fenêtre web disparut. Pendant qu’une voix résonnait à ses oreilles.
Il ne vit donc pas l’animation virtuelle disparaître. Pas davantage le film qui se mettait en route.
Le verre tombe à la verticale. Explose sur le carrelage.
"Mais qui a permis à cet enfant de venir ici ? Sa mère ne l'envoie plus à l'école sous prétexte qu'il est fragile, elle ne lui coupe plus les cheveux parce qu'elle aurait voulu une fille... et vous, vous le faites boire ? Mais vous allez en faire non seulement un âne, mais aussi un sdomite et un ivrogne ! Un..."
Sans réfléchir, l'enfant saute de son perchoir, se glisse sous le comptoir, dans cette caverne sombre qui sent l'ammoniaque. Le seul refuge qu'il puisse trouver en cet instant. Et paupières closes, mains sur les oreilles, il se replie sur lui-même, le plus loin possible des vociférations de Jupons-Noirs. De son regard.
Le jeune doyen relève la tête. Nom de Dieu. Ce qu'il peut détester ce tympe. Avec son air d'en savoir plus que tout le monde, sa dégaine étudiée de chercheur qui se fout soi-disant des apparences. Il serre les dents. En général, il réussit à maîtriser les antipathies de cette sorte - antipathies qui ne sont pas censées entrer en ligne de compte dans leur milieu. Mais là...
"McLeod ! Qu'est-ce que vous foutez ici ?" rugit le directeur du laboratoire d'informatique.
Pas mécontent de voir son adversaire déstabilisé, Hammond plante son regard dans le sien.
"Ce que je fous ici ? J'essaie d'en savoir plus sur ce que vous prétendez m'imposer, Dr Sherman !"