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Citations de Christine Angot (349)


Il est assis sur la lunette en bois blanc des toilettes, la porte est restée entrouverte, il bande. Riant à l’intérieur de lui-même, il sort de son papier une tranche de jambon blanc qu’ils ont achetée à la supérette du village, et la place sur son sexe. Elle est dans le couloir, elle sort de la salle de bain, elle marche, elle prend la direction de la chambre pour aller s’habiller, il l’appelle, lui dit de pousser la porte.
- Tu as pris ton petit déjeuner ce matin ? Tu n’as pas faim ? Tu ne veux pas un peu de jambon ?
(Première page)
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Il est là mon plus beau collier. C’est les deux bras de ma petite fille.
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Page 103
- Voyons. Comment t’expliquer ? L’amour pour son enfant, c’est un amour très très grand. Immense. Sûrement le plus grand, si vraiment on devait dire quel est le plus grand. Mais il n’est pas de la même nature.

- C’est quoi les différences ?

- Tu te souviens du poème de Victor Hugo ? « Oh l’amour d’une mère, amour que nul n’oublie… Chacun en a sa part et tous l’ont tout entier… ? » Bon. Ca, c’est l’amour entre une mère et son enfant. Il ne meurt jamais. Il ne finit jamais. C’est un amour éternel. L’amour entre un homme et une femme c’est autre chose. Il peut ne pas être éternel. Mais il est très fort aussi.
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Je ne sais plus ce qu'il faut faire, je ne sais plus ce qu'il faut dire. Je vais raconter cette anecdote, je ne suis pas Nietzsche, je ne suis pas Nijinski, je ne suis pas Artaud, je ne suis pas Genet, je suis Christine Angot, j'ai les moyens que j'ai, je fais avec. Il y aura une anecdote, tant pis, la description d'un déclic, ce sera Noël, ce sera descriptif. Ma folie sera décrite à travers un déclic. J'en étais à peine consciente, jusqu'à la page précédente. C'était pire.
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C'était des yeux marron, avec des reflets jaunes, dorés. Lui, ç'a été sa couleur préférée pendant huit ans. C'était quelque chose qui illuminait. C'était une lumière.
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"Physiquement, mon père ne correspondait pas aux goûts de l'époque.On aimait les hommes grands aux cheveux coupés en brosse. Il était de taille moyenne, plutôt maigre, il était très myope, il avait les yeux un peu globuleux, des verres de lunettes épais,et n'était pas soucieux d'élégance vestimentaire. Mais il avait un charme, une assurance, un sourire, qui faisait que les autres hommes n'existaient plus pour elle. Ceux qui les voyaient marcher main dans la main voyaient une très belle jeune femme accompagnée d'un homme sans intérêt ......"
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Ce regard.Ce regard doré. Irisé sous certaines lumières. C'a été ce regard pendant longtemps qui le portait.
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— La semaine dernière, il y avait une émission à la télévision, je ne sais pas si vous l’avez regardée…
— De Jean-Luc Delarue. Oui, en partie.
— Plusieurs victimes reconnaissaient avoir éprouvé du plaisir…
— Ah ben… il faut bien participer un peu au bla bla, et à la vulgarité ordinaire, de la plupart des conversations sexuelles, surtout à la télé, sur le mode « on va pas se mentir », « il faut dire ce qui est », et compagnie. Ces victimes, alors qu’elles sont vues comme des pestiférées, vous croyez qu’elles avaient envie d’ajouter cette honte-là à leur palmarès ? Elles pouvaient faire autrement, vous pensez, dans leur situation, que d’essayer d’avoir l’air cool, avec la sexualité, comme tout le monde, comme celui qui les interrogeait, les gens qui regardent, etc. Pour se sentir un peu intégrées. C’est la question qui est obscène. Ça m’a révoltée. L’inceste est une mise en esclavage. Ça détricote les rapports sociaux, le langage, la pensée… vous ne savez plus qui vous êtes, lui, c’est qui, c’est votre père, votre compagnon, votre amant, celui de votre mère, le père de votre sœur ? L’inceste s’attaque aux premiers mots du bébé qui apprend à se situer, papa, maman, et détruit toute la vérité du vocabulaire dans la foulée.
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Quand je plaisais à quelqu’un qui me plaisait, et que je me l’avouais, j’étais heureuse mais tellement impatiente que ça se fasse, je voulais en être sûre trop vite, je faisais tout rater. J’étais incapable d’attendre que les gestes viennent au bon moment, j’étais trop angoissée. Je préférais partir ou poser une question brutale avant que les choses arrivent naturellement, une question sur un ton tragique et énervé, en disant que je ne pouvais plus dormir et qu’il fallait qu’on arrête de se voir. Les choses légères prenaient alors les proportions du drame, il n’y avait plus de fluidité, de souplesse, de liberté, l’autre était coincé et moi aussi, la question était réglée. A contraire, quand je n’admirais pas, je trouvais érotique de craquer sous la pression au bout de plusieurs semaines ou de plusieurs mois. Ca ne me dérangeais pas, je n’étais pas stressée.
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Les gens veulent l'amour conjugal parce qu'il leur apporte un bien être, une certaine paix. C'est un amour prévisible puisqu'ils l'attendent , qu'ils l'attendent pour des raisons précises. Un peu ennuyeux, comme tout ce qui est prévisible.
La passion amoureuse, elle, est liée au surgissement. Elle brouille l'ordre, elle surprend.
Il y a une troisième catégorie. Moins connue que j'appellerai... la rencontre inévitable. Elle atteint une extrême intensité et aurait pu ne pas avoir lieu. Dans la plupart des vies elle n'a pas lieu. On ne la recherche pas, elle ne surgit pas non plus. Elle apparaît. Quand elle est la on est frappé de son évidence. Elle a pour particularité de se vivre avec des êtres dont on n'imaginait pas l'existence , ou qu'on pensait ne jamais connaître. La rencontre inévitable est imprévisible, incongrue, elle ne s'intègre pas à une vie raisonnable. Mais, elle est d'une nature tellement autre, qu'elle ne perturbe pas l'ordre social puisqu'elle y échappe.
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C’est le pouvoir ultime du patriarcat. C’est le sceptre. L’accessoire par excellence. Le signe, absolu, d’un pouvoir privé qui s’exerce sur le cercle, et qui est respecté au-delà du cercle, par tous ceux qui s’inclinent devant le rapport d’autorité.
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La surveillance ne changeait rien. Les gestes avaient lieu. Surveillance. Barrages. Contrôles. Quand ils arrivaient, il fallait faire semblant que ce n’était pas grave. Faire semblant est devenu une attitude générale. Un automatisme. Applicable à tout. Qui imprégnait toutes mes relations. L’attitude que je devais adopter avec lui déterminait ma façon de parler de lui aux autres.
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Ensuite. Le lendemain. Il revient. On passe comme ça plusieurs jours, à se revoir, il me téléphone la journée, un peu, on se voit. Rien n'est difficile. Je ne sais pas raconter ça. Ca glissait. Enfin. Ca glissait enfin. Enfin quelque chose qui allait. Quelqu'un qui allait. Qui pouvait aller.
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La sincérité n’existait pas. Il y a toujours un moment où on finissait par apercevoir le fond où ça s’écrasait, il ne restait rien entre les gens, aucune parole ne restait vraie, rien ne tenait. Personne ne disait jamais rien de vrai, les vérités étaient valables par secondes. Je pensais la même chose, moi qui avais cessé d’aimer tous ceux que j’avais aimés les uns après les autres, j’en avait fait le tour.
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C'est pas un arrangement personnel, c'est un arrangement social auquel tout le monde participe, y compris toi. C'est l'histoire d'un rejet social. Et de la sélection.
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C'est fort, ils sont forts. Tu approches quelqu'un tout près du but qu'il atteindra jamais, et au dernier moment, tu le mets K.O. En lui disant, avec ton pied sur la poitrine, que tu lui avais dit depuis le début qu'il ne pouvait pas gagner. Que c'est lui qui a voulu se mettre en compétition. Tu lui rappelles, au dernier moment, qu'il est qu'une merde.
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Ce livre va être pris comme une merde de témoignage. Le Codec, Le Touquet, la sodomisation, la voiture, le sucer orteils et pieds nus dans la voiture, lui manger des clémentines sur la queue, tendue, le voir aux toilettes, l'entendre pousser sa crotte, les pharaons d'Egypte, Champollion, le jour où on n'est pas allés à Carcassonne. Je vais essayer dans cet ordre.
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Je me sentais bannie du groupe des femmes quand l'une d'elles faisait allusion à la sexualité. J'avais l'impression d'être une petite fille. Je pensais que je n'avais rien à offrir sexuellement. Qu'une partie essentielle de ma vie m'avait été retirée. Il y avait le vague espoir, au fond de moi, que ce ne soit pas définitif.
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J’avais deux méthodes de survie, avec deux objectifs opposés. J’étais partagée entre les deux.
Parler. Briser le silence. Pour ça, il fallait voir les choses. Les savoir. Les faire exister dans sa tête. Se les représenter mentalement. Supporter les images. Vivre avec elles. Trouver les mots qui leur correspondaient. Les exprimer.
Se taire. Ça permettait de ne pas avoir d'images dans la tête, de continuer à faire semblant. De ne pas savoir vraiment, de ne pas avoir peur, de ne pas donner corps à l'inquiétude, de ne pas donner de réalité à l'impression d'avoir une vie gâchée.
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Tu sais quand je pense au passé, je me demande où tout ce monde est parti. Et s'il a vraiment existé. Je me dis :"Mais où est ce monde que j'ai connu ?"
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