Un beau désastre de
Christine Eddie emporte le lecteur sur les pas du jeune M.-J., au coeur d'un quartier de bouts de chandelles et de briques fanées. Narrée par la comédienne de Québec Éva Daigle, cette histoire de bitume et d'espoir prend vie grâce à la musique créée spécialement pour ce projet par Miriane Rouillard et Martien Bélanger.
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On s’imagine souvent que l’amour doit jaillir avec fougue, s’entourer d’un trouble désarmant et s’épanouir avec fracas. Pourtant, l’amour s’avance aussi à pas feutrés. (p. 49)
Douglas parla du bonheur qui se tient caché si longtemps qu’on finit par ignorer son existence. Puis il arrive sans prévenir avec ses cheveux noirs et bouclés
(Alio, p. 77)
Quand une flaque de soleil traverse la forêt, il m’arrive d’avoir envie de croire en Dieu.
(Alio, p. 132)
Je ne me suis jamais senti le droit d'exiger le monopole de l'amour, tout juste celui d'être actionnaire majoritaire.
Les poèmes courant comme des assoiffés vers un ruisseau. Des mots pleins de solitude couvraient les pages d’un souffle forcené. Des mots qui marchaient dans le noir et que Daphnée n’avait sans doute encore laissés s’échapper pour personne. Des mots fatigués, mais qui rayonnaient d’un élan majestueux, comme une brûlure.
Au fond, je n’ai qu’une envie. Courir avec elles dans un champ de myosotis, leur en cueillir d’énormes bouquets et rentrer ensemble les bras chargés de fleurs. En espérant que quelqu’un songe à leur apprendre que myosotis, en anglais, se dit forget-me-not.
Le travail de réviseure, bien qu'il soit parfois carcéral, me va comme un gant. J'aime la logique des mots, des accents et des virgules et je ne suis jamais aussi rassurée que lorsque tout ce petit monde trouve sa place.
Trente-cinq ans, c’est jeune pour arrêter de marcher, de nager, de pédaler, de ramer, de patiner, de filer sur une planche à neige, de slalomer sur les pentes et de rentrer, les joues rouges d’une excursion en raquettes. À partir du moment où j’ai emménagé dans mon fauteuil, tout le monde est tombé sur les genoux dans un fossé, les mains jointes. Quelque fois, je demande à Népenthès de s’occuper aussi des autres. (p. 39)
je peux garantir que les prénoms de nos enfants sont des morceaux de ciel qu'on remet cent fois sur le métier avant de les tailler sur mesure.
« A l’hôpital, ils ont examiné Francesca de long en large. A soixante-dix-neuf ans, les causes de la perte d’équilibre sont infinies, m’a expliqué gentiment une infirmière aux yeux très bleus pendant que je patientais dans le couloir du service radiologique. J’essayais de rester zen et, pour une fois, je bénissais Feng Shui de m’avoir collé un catalogue médical le mois précédent parce que la moitié des mots qui sortaient de la bouche du personnel avaient plus de quinze lettres, ce qui leur conférait un aspect redoutable. » (p. 35)