Les livres étaient là. Ils l'attendaient. Juliette avait appris à naviguer entre les piles, souplement, à éviter les angles des cartons, à frôler les bibliothèques sans provoquer d'écroulements. Elle ne ressentait plus cette sensation d'étouffement qui parfois l'avait obligée à quitter la pièce, puis la cour, et à marcher à grands pas dans les rues, bras croisés sur la poitrine pour se protéger du vent coupant.L'amas de volume était devenu une présence amicale, une sorte d'édredon moelleux dans lequel elle aimait prendre ses aises. Elle croyait même, quand elle avait refermé la porte vitrée derrière elle, entendre une sorte de bourdonnement, une vibration plutôt, qui montait des pages, l'appelait.