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Critiques de Christine Féret-Fleury (771)
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Le Pays aux longs nuages

De moments douloureux aux bonheurs les plus simples sur fond de recettes de cuisine toutes plus délicieuses les unes que les autres, Le pays aux longs nuages, de Christine Féret-Fleury, m’a emporté de Syrie en Italie.

Acia et Kamar s’expriment chacune à leur tour, à un rythme régulier. Si la première est un peu paumée, parle italien mais rêve en français, l’autre vit de terribles journées après avoir connu les horreurs de la guerre que les hommes s’ingénient à créer ou à entretenir.

Kamar n’est pas seule. Elle est avec sa fille, Hana, qu’elle protège avec le plus grand soin. Toutes les deux, elles ont fui un pays bouleversé par les bombes, les snipers qui sèment la mort. Assâad, le mari de Kamar, parti chercher de l’eau, n’est jamais revenu.

Maintenant, à Izmir, en Turquie, Kamar et Hana cherchent à fuir pour gagner l’Europe de l’Ouest. Elles qui n’ont jamais vu la mer, sont effrayées, ont peur qu’elle les avale.

De son côté, Acia se trouve à Naples où le restaurant qui l’employait, a fermé. Elle qui rêvait de s’exprimer en cuisine, ne le pouvait pas à cause du patron, Fabrizio, un macho de première catégorie. À 37 ans, elle se retrouve au chômage depuis trois semaines. Alors, elle décide de partir à l’aventure avec sa Fiat, accompagnée d’un Chat qui a imposé sa présence.

À Izmir, Kamar et Hana vivent ce que des milliers de réfugiés ont vécu ou vivent encore : les passeurs qu’il faut payer grassement, un bateau peu sûr où elles sont entassées avec d’autres hommes, des femmes et des enfants.

Hélas, l’aventure n’est pas un succès car un garde-côte les intercepte et les voilà enfermées dans un camp. Une cuillère en bois sculptée par sa grand-mère est l’objet le plus précieux qu’elle préserve jalousement. Pour survivre, elle a son amour pour sa fille, pour Assâad et les recettes de cuisine de cette même grand-mère qu’elle se répète inlassablement.

Je ne peux dévoiler la suite mais simplement dire que le roman de Christine Féret-Fleury est plein d’une sensibilité à fleur de peau. C’est aussi un bel hommage aux femmes qui font preuve d’un courage extraordinaire tout en accomplissant les actes les plus simples.

L’alternance entre Kamar et Acia m’a attaché au sort de ces deux femmes qui… Leurs confidences, leur récit, leurs souvenirs sont complétés par une certaine Nebbe. Elle vit sur fauteuil roulant, à Palazzo, près d’Assise. Son osteria se trouve dans un état lamentable. Vivant seule, elle a rangé quantité de souvenirs dans une chambre, à l’étage.

Avec un sens du suspense bien maîtrisé, par petites touches révélatrices, Christine Féret-Fleury me conduit peu à peu vers un dénouement que j’espère positif et toujours avec quantité de recettes de cuisine italienne et orientale qui m’ont bien mis l’eau à la bouche. Qu’est-ce que j’aurais aimé déguster cette salsiccia, saucisse sèche, spécialité des Pouilles ! Il y a aussi les carciofi alla giuda (artichauts à la juive) qui doivent être servis dès qu’ils sortent de la friture ou encore le mutabel shawandar (purée de betteraves syrienne) qui rappelle à Kamar ses journées d’anniversaire ou ses pique-niques d’étudiante…

Quant au vin, le trebbiano d’Abruzzo, bien frais, serait le bienvenu en ces temps de canicule. Dans Le pays aux longs nuages, il y a bien d’autres recettes mais aussi quantité de souvenirs souvent malheureux que Kamar et Acia font remonter à la surface.

Grâce à Babelio et aux éditions La Belle étoile que je remercie, j’ai pu découvrir un roman très actuel aux péripéties souvent décrites dans l’actualité mais avec des surprises et une tendresse parfaitement écrites. Bref, comme les vieux de Palazzo, je me suis régalé !


Lien : https://notre-jardin-des-liv..
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Le Pays aux longs nuages

Je ne vais pas m’étendre sur ce roman plus que de raison, je suis passée à côté. Une histoire polyphonique où s’entremêle le destin de trois femmes : Kamar migrante qui fuit la Syrie, Acia fraîchement sans emploi et Nebbe à son fourneau.



L’histoire certainement a de quoi séduire mais je suis restée hermétique tant au fond qu’à la forme que j’ai trouvée anormalement mielleuse et poétique malgré la gravité des thèmes abordés. Je ne suis pas parvenue à m’attacher à aucun des personnages. Ce fut pour moi, trop enrobé, trop rempli de phrases un peu bateau (bateau pour moi, sûrement magnifiques pour d’autres).



« Les petites joies ne font pas de bruit, elles ne s’annoncent pas à grand fracas de cuivres comme les réussite éclatantes, mais elles sont là, blotties dans les interstices, entre deux échecs, une rupture et un licenciement, une humiliation et une gifle, au revers de la vie, en quelque sorte. Si discrètes qu’il faut les débusquer, les prendre contre soi, les protéger du vent. Si fugaces qu’elles nous laissent dans la mémoire qu’une ombre de douceur. Mais c’est avec ces douceurs-là qu’on réussit à survivre. »



Que ce passage vous inspire ou vous séduise. Certains rendez-vous littéraires se ratent, il ne faut pas se formaliser ni se fier à un avis mitigé. Car tout est question de sensibilité, de timing, d’humeur.



Merci à Babelio et aux éditions La belle étoile de m’avoir adressé ce livre dans le cadre d’une masse critique privilégiée.
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Le Pays aux longs nuages

Un grand merci à Babelio , à l'auteure , Christine Féret- Fleury et aux éditions " la belle étoile " pour l'envoi de ce livre qui, recu dans le cadre d'une masse critique privilégiée ....Bon , stop ! Pas de " bla - bla " ,y'a pas MMA mais .... Débuté dés le passage du courrier , j'avais terminé cette lecture AVANT le passage du courrier du lendemain ..c'est dire . Me débarrasser pour écrire ma critique et passer à autre chose ? Mais ça va pas ? Non . Bien que " plongé " dans une période plutôt moyenne au niveau de la lecture , ce livre a su me séduire au point de ....Ah , ça faisait longtemps .....Ben oui , amies et amis , j'ai aimé. Adoré ? Peut être pas , mais , vraiment , il n'est pas mal ce bouquin . Il y a Acia , une femme qui , obligée de quitter son emploi , trouve un livre de cuisine sur un banc et ...un chat , plus loin .

. Oui , un chat dont on va entendre parler , croyez - moi .Ça, c'est en Italie mais ça aurait pu être ailleurs .... Bon , ensuite , il y a Kamar et sa fille Hanna : Syrie , Bachar , péril , fuite "grâce " à de " généreux " passeurs ( ordures ....mais j'assume , vous aussi bientôt ) vers l'Europe salvatrice .Deux récits parallèles. Pas larmoyants , non , dignes ....Et puis , Nebbe ...Alors là , difficile à définir, hein , Nebbe . Tantôt vachement désagréable, tantôt vachement sympa mais , dans sa cuisine , c'est l'odeur du bonheur qui va s'installer ....Des histoires , des drames, et trois femmes réunies par une passion sous le regard de la petite Hanna , frappée l'aphasie jusqu'à....Compliqué ? Raconté par moi , pas de problème, c'est pas terrible , je reconnais et j'assume ....Mais raconté par Christine Féret-Fleury , c'est beaucoup , beaucoup mieux : touchant , émouvant , sans pathos et la fin , sans vous laisser sur votre faim ( ça fait longtemps que je la cherchais , celle - là ) , laissera travailler votre " moi intérieur " .Beaucoup de femmes dans cette histoire .Trop ? Ben non , voyons . le contexte l'exige . Et puis, l'un des ( rares ) hommes cités disparaît avec....la caisse du magasin . Livre pour " filles " ? ( j'ai du mal à accepter de vieillir ) , non . Une sorte de " beau , très beau conte " qui vous retient dans ses filets , pour moi , une belle découverte, facile à lire , plus profonde qu'elle n'en a l'air.....Je me suis laissé porter et j'ai dérivé vers ....un monde que l'on dit disparu ... Ou en voie de disparition ..

On peut voir ce que l'on veut , ce que l'on regrette , ce que l'on espère. Présent, passé, futur constituent une trame multicolore qui fait ...le sel de la vie.

J'ai beaucoup aimé. Que dire d'autre ? Mon avis ne représente que moi mais je pense que ce livre pourrait " embarquer " nombre de mes amies et amis babeliotes. Quels beaux portraits de ....femmes . " Femmes, je vous aime " chante Julien Clerc .Celles de ce roman , sans aucun doute ,vous allez vous lier à elles , les aimer , elles sont ...sublimes ( pas faciles non plus , hein , faut pas exagérer ) et , forcément on les aime ...pardon ...on les adore , vraiment .

Encore merci à tous pour cette belle découverte et ...ce bon moment de lecture et d'évasion.
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Le Pays aux longs nuages

Le pays aux longs nuages, c'est l'Italie, plus précisément l'Ombrie : « ce pays où les nuages ressemblent à de lents vaisseaux, peu pressés d'arriver au port. », et en Ombrie, le village de Palazzo, non loin d'Assise, Assise où un certain François parlait aux oiseaux, ceux-là même que l'on retrouve sur les assiettes de l'osteria, du village. C'est là que vont se trouver réunies trois femmes venues d'horizons bien différents., par le hasard, ou par le destin, ou plutôt par un chat, le Chat « Un chat des bas quartiers, qui en a vu des vertes et des pas mûres, qui trône sur la pierre lézardée comme si celle-ci avait été le socle d'une statue antique ».



L'ancienne, c'est Nebbe, la patronne de l'osteria. Elle est en fauteuil roulant. Blessée au bras, elle ne peut plus cuisiner et l'auberge se délabre. Je l'ai tout de suite imaginée, cette vieille femme, sèche, un peu rabougrie, au fond de son fauteuil, mordant plus souvent qu'à son tour, pour cacher sa bonté. C'est sans conteste celle que j'ai préférée.

Celle qui arrive ensuite, c'est Acia. Plus de travail, elle ne sait où aller. C'est elle que le chat adopte en premier, pour la mener à ce mystérieux cahier de recettes, qui la conduira à Palazzo, dans l'osteria de Nebbe.

La dernière, Kamar, n'est pas seule. Elle est accompagnée de Hana, sa fille qui ne parle plus, pas par timidité, mais parce que les mots ne veulent plus sortir, après trop de malheurs. Elles sont syriennes, ont connu la guerre, la mort, l'exil, les passeurs, la traversée de la mer dans une embarcation de fortune, un camp de réfugiés, qu'elles ont pu fuir par miracle.



Il y a beaucoup de hasards dans ce livre, ou devrait-on dire à l'égal de Paul Éluard, des rendez-vous. Ces trois femmes vont ensemble redonner vie à l'osteria et se redonner de l'espoir. Elles y avaient rendez-vous, il faut croire.

Elles sont toutes les trois cuisinières, chacune nous livre quelques-unes de leurs recettes fétiches, qu'elles vont réaliser pour les vieux de Palazzo. J'aurais aimé être petite souris pour gouter à ce repas, quoique petite souris avec ce chat qui trône, ce n'est peut-être pas une bonne idée.

Cuisiner, c'est se souvenir des recettes apprises, c'est réveiller en soi l'enfant qu'on a été et qui léchait les plats, c'est retrouver l'héritage de sa famille et de ceux qui nous ont croisé, avec qui on a partagé des repas. Cuisiner, c'est donner de l'amour.

Un immense merci à Babelio et aux éditions La Belle Étoile pour ce beau cadeau reçu lors d'une masse critique privilégiée.

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Le Pays aux longs nuages

Deux jeunes femmes, l'une syrienne qui fuit la guerre avec sa fille de 9 ans désespérément mutique, l'autre en errance en Italie après avoir perdu son emploi dans une osteria à cause d'un patron indélicat. Un chat obstiné, un livre de recettes écrit par de multiples cuisinier(e)s, une cocotte, une cuillère en bois sculpté, une Fiat hors d'âge qui va nous emmener jusqu'en Ombrie, au pays de Saint François d'Assise, celui qui parlait aux animaux. Voici quelques-uns des ingrédients de ce roman où les saveurs orientales vont croiser les petits artichauts italiens, où les herbes aromatiques méditerranéennes vont emporter nos sens et accompagner les voyages bien différents d'Acia l'italienne et de Kamar la syrienne.



C'est avec Kamar que commence la longue route qui va nous mener d'Alep à Izmir, puis en Italie. Une route jalonnée de terreur, terreur sous les bombes qui lui ont pris son mari tant aimé, terreur dans ce frêle canot gonflable censé les amener en Grèce, mais qui n'y parviendra jamais, terreur des garde-côtes, sauveurs ou ennemis ? Puis terreur des camps où il ne faut jamais se déplacer seule, tant de prédateurs y rôdent...

Pendant ce temps, Acia poursuit elle aussi son chemin, elle qui voudrait tant se fixer quelque part et exercer ses talents de cuisinière paisiblement. Mais hélas, la vie n'a pas été tendre avec elle non plus, même si son histoire n'est de loin pas aussi tragique que celle de Kamar. Le livre de recettes abandonné sur un banc qu'elle a récupéré a décidé de son itinéraire : elle ira à Palazzo, retrouver le dernier contributeur de ce mystérieux ouvrage. Et le Chat a décidé de l'accompagner, et on ne contredit pas un chat, toute personne partageant sa vie avec un de ces êtres le sait bien.



Je ne vous dévoilerai pas le reste de l'histoire, sachez juste qu'une troisième femme, surnommée Nebbe, et pas franchement amicale de prime abord, va jouer un rôle primordial dans la destinée de nos héroïnes. D'hommes il ne sera pas souvent question, mais l'Italie réserve parfois de belles rencontres !



L'écriture est primordiale dans ce roman, elle fait appel à tous nos sens et nous immerge complètement dans le vécu d'Acia et de Kamar. Je suis très sensible à cette poésie dans les évocations culinaires, certains d'entre vous l'ont peut-être déjà remarqué dans de précédentes critiques. Et ici, c'est bien souvent des souvenirs de recettes concoctées avec amour en famille qui fait "tenir" dans les moments difficiles. Il n'y a qu'à voir ce que chacune de ces femmes va emporter dans son périple : pour Kamar, une cuillère en bois sculptée héritée d'une lointaine ancêtre et donnée par sa tante. Pour Acia la cocotte en fonte de sa grand-mère qui l'a accompagnée dans toutes les épreuves. Hautement symbolique !

Les chapitres sont courts, donnant la parole à Kamar et Acia tour à tour. Le rythme est soutenu, pas de temps mort. Pas de larmoiement non plus, même dans les épreuves les plus tragiques, Kamar n'a qu'une idée en tête : sauver sa fille Hana à tout prix, pas le temps de s'apitoyer sur son sort. Acia connaît des moments de découragement, mais elle aussi avance sur la route comme dans sa vie, opiniâtrement.



Je n'ai pas réussi à m'attacher complètement à ces femmes, il m'a manqué un petit zeste de quelque chose, peut-être parce qu'elles sont tellement isolées des autres pendant une bonne partie du récit, sans interaction autre qu'avec Hana pour Kamar, avec le chat pour Acia. Ce qui explique l'étoile manquante, pour ce livre qui aurait pu être plus approfondi, plus marquant, comme par exemple "L'apiculteur d'Alep" l'avait été pour moi.



Une belle découverte cependant, dont je remercie Babelio et La Belle Etoile.
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La fille qui lisait dans le métro

Un einième livre... avec comme noyau central la passion des livres, de lalecture et celle encore plus grande de "transmettre et partager" !



Une jeune femme , Juliette,dans une sorte d'existence bien rangée,bien planifiée prend le métro quotidiennement, la ligne 6, le métro aérien; elle a un plaisir "caché": celui d'observer les passagers qui lisent, d'imaginer leurs vies, et par là-même, à travers ces inconnus lecteurs, elle s'évade de la sienne... qu'elle trouve trop "plate" !



Un jour, elle change son itinéraire habituel... et son existence va être bousculée par une rencontre insolite...Elle tombe sur une haute porte

de métal rouillé, maintenue "ouverte" par un livre qui la maintient ouverte... En plus de cette observation, elle décrypte une plaque de métal émaillé, qui l'intrigue, annonçant un univers prometteur et plein

de mystère , "LIVRES SANS LIMITES"



Elle se retrouvera chez Soliman, passeur de livres et poète, élevant seul sa petite fille, Zaïde... qui va l'entraîner dans son domaine d'activité d

des "Livres-voyageurs"



Je n'en dirai pas plus long; lecture qui fait du bien, s'accorde parfaitement au temps ensoleillé du moment, et le jardin de Vendée ... où je le termine

en ce lundi de Pâques !...



Lecture faussement légère car on accompagne Juliette dans ses questionnements, coups de coeur en livres [ ce qui nous vaut des suggestions de lectures variées et sympathiques, sans oublier une proposition de bibliographie, in-fine, qui m'a

d'autant plus accrochée, que j'ai retrouvé des auteurs adorés , dans des temps lointains, comme Anna kavan, Maya Angelou, Ahmadou

Kourouma, Janet Frame, etc]



Ce roman m'a rappelé une très agréable lecture sur un autre passeur de livres, fort sympathique, celui de "La Tournée d'automne" de Jacques Poulain..., auteur canadien, dont j'affectionne l'univers et la mise en avant des livres, et de leur magie...



-" (...) Vous nous voyez comme ça, des... espèces de médecins de l'âme (...)

Comment lui dire que oui, c'était un peu ça ? Qu'elle avait fini par croire, non, par acquérir la certitude que dans l'épaisseur des livres se cachaient à la fois toutes les maladies et tous les remèdes ? Qu'on y rencontrait la trahison, la solitude, le meurtre, la folie, la rage, tout ce qui pouvait vous prendre à la gorge et gâcher votre existence, sans parler de celle des autres, et que parfois pleurer sur des pages imprimées pouvait sauver la vie de quelqu'un ? Que trouver votre âme soeur au beau milieu d'un roman africain ou d'un conte coréen vous aidait à comprendre à quel point les humains souffraient des mêmes maux, à quel point ils se ressemblaient,et qu'il était peut-être possible de se parler- de se sourire, de se caresser, d'échanger des signaux de reconnaissance, n'importe lesquels-pour essayer de se faire un peu moins mal, au jour le jour ?" (p. 152)
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Au nom de nos rêves

Un roman choral qui réunit 11 écrivains qui font parler des acteurs ( étudiants ou animateurs) d'une association d'aide aux étudiants en difficulté matérielle qui s'occupent en toute discrétion de l'Association Liens Publics qui fournit des vivres et un lieu pour se rencontrer.

En difficulté car les versements trop insuffisants de leurs parents ou d'une aide publique tardent à arriver ou ne suffit pas à les nourrir, les vêtir correctement.

Le confinement , qui a isolé les étudiants dans leurs chambrettes, a été catastrophique pour les liens sociaux dont ils ont besoin.

Gros souci pour cette association bien utile animée par Espérance ; le propriétaire des lieux veut vendre les locaux.

Nola, jeune étudiante qui a besoin d'aide pour boucler ses fins de mois, voit apparaître le nom de son grand-père en tant que propriétaire. Est-ce bien lui ? Il y a bien longtemps qu'elle ne l'a pas vu. Il a la réputation de ne penser qu' à lui et d'être très radin.

De page en page, d'auteur en auteur ou d'auteure en auteure, nous vivons avec ces jeunes et leur réalité pas toujours rose. Si en plus d'étudier dur et sec, on doit encore se batailler pour son bien-être, c'est bien difficile.

Et pourtant ça existe de telles situations. Les médias nous ont assez sensibilisés pendant le confinement.

Une très belle initiative à laquelle 11 écrivains ont participé en reversant leurs droits d'auteur à Linkee : la première association française de distribution alimentaire aux étudiants.



Merci à Babelio et aux éditions ScriNeo pour m'avoir permis de lire le roman. On peut le nommer " roman " car les onze auteurs ont fourni un travail de coordination pour nous livrer un récit qui a bien un début, une fin, des rebondissements et une suite logique après chaque prise de plume des écrivains.

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Chaân, tome 1 : La rebelle

Le roman se passe au néolithique, 3500 ans avant notre ère.

Chaân, le personnage central est une jeune fille de 12 ans.

Son peuple est installé au bord d'un lac avec des habitudes semi-sédentaires. Ils élèvent des animaux, cultivent des céréales et du lin.

Quand une terre n'est plus fertile, ils changent d'endroit.

Les femmes cousent, restent avec les enfants, préparent la nourriture.

Quant à Chaân, elle adore chasser mais les filles ne peuvent pas accéder à cette activité.

Elle est rejetée par sa famille, par son frère qui la jalouse, par la majorité de son peuple et est prise en charge par Jaron, un maître de chasse.

Jaron a une fille handicapée Lûn avec qui Chaân se lie d'amitié.

Les réactions des humains de cette époque sont très curieuses, étonnantes et intéressantes pour nous et surtout pour un jeune ado.Cela crée l'intérêt du livre.

La lecture se termine au moment où on a envie d'en savoir plus.

Je l'ai lu après mon petit-fils de 13 ans qui a ce livre en lecture scolaire.

Ce n'était pas trop long pour lui, facile, avec des chapitres courts, avec des ouvertures vers la vie de nos lointains ancêtres, leur façon de vivre, de réagir.

Bien sûr, ce n'est qu'un roman mais bien documenté, il me semble.

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Le Pays aux longs nuages

Un roman choral à trois voix, trois femmes, trois portraits émouvants, Acia, Kamar et Nebbe.

Ils sont nombreux entassés dans la fourgonnette, dont Kamar et sa fille Hana. Ils fuient leur pays ravagé par les bombes. Les passeurs n’ont aucune pitié. La traversée dans un canot, la peur de se faire arrêter par les gardes-côtes.

À Naples, le patron du restaurant où travaille Acia est parti avec la caisse, à 37 ans elle se retrouve sans emploi, sans domicile fixe avec pour seul bien une vieille Fiat et pour seul compagnon d’infortune un chat rencontré par hasard.

Nebbe, dans son fauteuil roulant est une vieille restauratrice. Un vrai cactus, ses épines sont longues, mais en dessous c’est doux et sucré.



Un récit magnifique porté par une écriture très douce et belle malgré l’évocation de sujets difficiles. La guerre en Syrie, les tortures, les viols, l’exil. Le camp de réfugiés, les bâches en plastique pour abri, la boue, la puanteur. La douleur de la perte d’un enfant né non viable et dont les cendres ont été mélangées aux déchets de l’hôpital. Une fille dont la mère est sans nouvelles depuis trop longtemps. Un roman sur la destinée où un livre abandonné sur un banc, un simple recueil de recettes va changer le cours de la vie de ces trois femmes écorchées. Ces moments où le simple fait de préparer un repas panse les blessures, apaise la tristesse, sont tout simplement sublimes tant l’auteure sait parfaitement décrire les ingrédients, les couleurs, les odeurs mais aussi les états d’âme. Une bien jolie histoire très bien écrite.

Merci infiniment aux éditions la belle étoile et à Babelio pour leur confiance.

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Au bois dormant

Ce que j’ai ressenti:…Un compte à rebours sanglant…



Demande-toi ce que tu as envie d’être.



Je suis fan de contes et complètement fana des thrillers….Donc un conte revisité en thriller, évidemment que ça m’interpelle!!!!!Il me faisait terriblement envie parce que je trouvais original d’avoir personnifié le rouet de la Belle au Bois Dormant, et d’en faire un tueur en série…Non franchement, je ne pouvais pas décemment passé à côté de ce livre!!!!



Ce fut une lecture rapide et très agréable. Un bon petit Jeunesse qui se lit presque tout seul , une petite friandise toute mielleuse pour commencer cette nouvelle année…L’auteure prend quelques libertés pour réinventer la Douce Endormie, et un assassin impalpable pour donner aux adolescents, leur premier frisson. Il y a quelques jolies mises en scènes et une certaine ambiance, qui rend cette lecture plaisante, et il reste toujours le petit suspense qui tient toutes ses promesses jusqu’aux toutes dernières pages….



Je pense que l’ensemble est plutôt pas mal, mais ça ne sera pas le livre qui me laissera un souvenir impérissable, dans la mesure, ou bien j’admire, l’idée de départ de l’auteure, j’aurai aimé qu’il colle un peu plus au conte dans ses représentations , qu’il est une touche un peu plus fantastique, et que le flic soit plus crédible…Certes, on s’attendait à quelques « douceurs » étant donné la tranche d’âge, mais il me semble que cet adulte manque trop de charisme et qu’il y ait aussi quelques éléments un peu trop faciles dans l’intrigue pour l’amatrice thriller que je suis…



Si la colère avait un goût, la médiocrité avait une odeur. L’absence d’espoir, aussi. Reconnaissable entre toutes. Lourde. Poisseuse. Un jour, elle vous enveloppait et ne vous lâchait plus. Et tout était fini. Cette saleté sortait de chaque pore de votre peau, imprégnait vos vêtements, vous marquait à jamais.



Ce ne sont que des bémols, car comme je vous le disais c’est une réinterprétation et en même temps, une histoire originale, mais pour le public visé, je pense qu’ils découvriront une jeune fille qui ne se laisse pas envahir par la peur, affronte son destin et essaye de passer à l’âge adulte avec la bonne attitude: en somme un joli modèle… Un livre à confier aux jeunes qui veulent se faire un peu peur, tout en gardant un pied dans l’enfance…Le livre-départ, sans doute du « virus » de la lecture policière….



C’est un cadeau que je me suis fait à moi même. J’ai décidé de ne plus attendre ceux des autres. Désormais, je vais prendre soin de moi. Je vais m’offrir tout ce que je désire.


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Le Pays aux longs nuages

Les recettes de plusieurs vies



Dans son nouveau roman plein de saveurs, Christine Féret-Fleury imagine la rencontre entre deux femmes qui espèrent conjurer un sort qui leur est défavorable et se construire un avenir plus serein avec l'aide de leur patrimoine culinaire.



Acia erre dans les rues de Naples sans vraiment savoir de quoi sera fait son lendemain. Elle a perdu son emploi dans le restaurant qui l'hébergeait également et ne dispose que d'un petit pécule pour voir venir des jours meilleurs, d'une vieille Fiat et un chat trouvé qui va devenir son compagnon d'infortune. Et si la misère est moins pénible au soleil, elle n'en demeure pas moins un lourd boulet à traîner.

À des milliers de kilomètres de là, Kamar fuit sa Syrie natale. Après avoir perdu Assâad, son mari, tué par la guerre fratricide qui a embrasé le pays, elle s'est résignée à prendre la route avec sa fille Hana, sans toutefois pouvoir préjuger des difficultés rencontrées le long de ce chemin vers l'exil. Après avoir laissé une grande partie de sa fortune aux passeurs et avoir été entassée dans une embarcation de fortune, elle va voir son périple stoppé net par une patrouille qui intercepte les migrants et les mène dans un camp de rétention avant de décider de leur sort.

Pour tenir, elle s'attache à l'espoir d'offrir un avenir à Hana et s'accroche à cette cuillère en bois sculptée par son grand-père, symbole de l'héritage familial également fait de valeurs et de…saveurs qui ont accompagné l'enfance de Kamal et des recettes de cuisine de sa grand-mère qu'elle récite comme une incantation : «Dans un grand bol, tu mélangeras l'oignon, le bourghol et le sel, l'eau et la viande, et tu travailleras le tout jusqu'à ce que tu obtiennes une pâte souple, n'oublie pas de mouiller tes mains, ma fille.»

Un patrimoine culinaire qui va constituer le lien entre Acia et Kamar qui, vous l'aurez compris, vont finir par se retrouver après leur errance respective dans un petit village près d'Assise joliment baptisé Palazzo. C'est là que vit Nebbe, dans une Osteria qui tombe en ruine.

En vous laissant découvrir par quel subtil jeu de piste elle sont atterri dans la campagne de l'Ombrie, j'aimerais souligner combien l'écriture de Christine Féret-Fleury est riche d'odeurs, de couleurs, de saveurs, en communion avec le savoir-faire de ces trois femmes qui n'auraient, à priori, jamais dû se rencontrer. Sensible et sensuelle, cette écriture accompagne trois destins que la vie n'a pas épargnés. Les amateurs de cuisine italienne et orientale y trouveront aussi quelques délicieuses recettes, même si la plus importante d'entre elle est bien la recette pour conduire son existence, comme un doux soleil au bout du tunnel.




Lien : https://collectiondelivres.w..
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Le Pays aux longs nuages

Reçu le 18 juillet 2022



Déjà 10 jours depuis la belle découverte de ce livre et de cette auteure-éditrice, que je lisais pour la toute première fois...



Un immense Merci à Babelio et aux éditions La Belle Étoile, jeune maison d'édition créée en 2019....pour l'envoi de ce beau roman, en vue d'une rencontre avec l'auteure, Christine Féret-Fleury, le 7 septembre prochain !



Une lumineuse lecture, m'ayant toutefois mise à plusieurs reprises, les larmes au bord des yeux...



Deux personnages féminins centraux: Acia et Kamar...



Acia, jeune femme célibataire, vivant en Italie dans une situation professionnelle et sentimentale, proche du néant!



Elle finit par se retrouver dans une situation des plus précaires, après le départ de son patron avec la caisse du restaurant, où elle travaillait....Elle n'a pas même reçu son salaire; il lui faut donc trouver au plus vite trouver une idée pour sortir de cette mauvaise situation..

Elle erre dans la rue , en réfléchissant, elle tombe à la fois sur un gentil matou, aussi perdu qu'elle et sur un cahier manuscrit de recettes, déposé sur un banc.Elle y trouve le nom d' un village: Palazzo...Elle n'a plus grand-chose à perdre...et puis elle y voit un signe; elle-même adorant " cuisiner", elle se donne comme but de tenter de se rendre dans ce village pour rendre ce précieux cahier de recettes familiales à son ou sa propriétaire ...



Et voilà notre première héroïne et son nouveau copain, le Chat, en partance pour une nouvelle vie; Acia l'espère très fort !



Parallèlement, très loin de là, en Syrie, une autre femme, Kamar, veuve, avec une petite-fille de huit ans, Hana, doit tout quitter pour survivre et fuir la guerre . La voilà, quittant son oncle, sa tante, son pays, tout ce qui lui était familier...et si cher !



Le récit, dans un premier temps, va alterner entre les deux voix, celle d'Alicia et celle de Kamar....

Puis la narration va se fondre dans le point de rencontre de ces deux femmes dans le fameux village de Palazzo...et une autre femme va s'adjoindre à elles-deux, Nebbe, la propriétaire de ce cahier- trésor de recettes où on imagine aisément, les femmes de sa famille se transmettant leur savoir-faire "aux fourneaux"....Car la Cuisine, pouvoir préparer des recettes, un bon repas sont bien au-delà des mots et du quotidien.C'est retrouver un espace de PAIX, d'échanges, de convivialité, de partages de saveurs et de souvenirs d'enfance( le plus souvent), etc.



Et ces trois femmes, aux parcours différents, mais chacune bien malmenée, surtout Kamar, qui a vécu l'assassinat de son mari et la guerre...terrible, vont "renaître"..!



Ces trois- là vont s'épauler .À travers l'auberge de Nebbe et différents projets liés à ce lieu qu'elle ne peut plus tenir seule, chacune va trouver grâce à leur solidarité, leur union dans les difficultés et leur amour de la cuisine, le chemin pour se reconstruire et "se réparer"...



Stop ! Je n'en dis pas plus, pour laisser la surprise des rebondissements et des aventures de notre trio irrésistible !



Sans oublier Hana, la petite fille de Kamar, retrouvant après les traumatismes de la guerre et de l'exil, son enfance et la diminution de la terreur qui la submergeait....et enfin, l'ange- gardien de tout ce petit monde: Monsieur le Chat !



Ce livre, en dépit de la narration des épreuves très lourdes de ces trois femmes, offre, par leur rencontre , leurs projets, leur affection grandissante un vrai moment de lumière, de bienveillance de couleurs, de saveurs et d'odeurs jubilatoires, avec pour chacune , l'espoir d'une vie meilleure et enfin plus sereine !



J'ai abondamment souligné ce livre, mais je me contenterai de finir ce billet par un seul extrait significatif de ce " noyau protecteur" que ces trois femmes ont réussi à créer, à travers " leur cuisine"...



"-Ce que je raconte, Hana, se passe dans une cuisine. Un soupir de soulagement m'échappe. Si "guerre" est un arche d'acier, "cuisine" chante comme un oiseau perché sur le rebord d'une fenêtre ouverte.C'est un mot rouge, joyeux et chaud; on peut s'y loger et laisser la tempête se déchaîner au-dehors."( p.159)
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Le Pays aux longs nuages

Lorsque Kamar, une veuve syrienne qui a fuit le régime de Bachar El Assad avec sa fille Hana, parvient en Italie et pense "Ici, la chaussée est lisse, sans cratères laissées par les bombes", elle croit être sortie de son cauchemar, mais non, l'aspect lisse de la route, l'horizon de ce pays nouveau, ses très longs nuages, provoquent chez elle un déchirement.

"L'horizon. Qui ne l'a pas perdu ne peut savoir ce que renferme ce mot."

Le pays perdu, sa douceur détruite, l'incompréhension de ce qui lui est arrivée résonne et résonnera en elle à jamais, plus que la traversée périlleuse dans des embarcations surchargées, l'appât du gain des passeurs ou l'inhumanité des camps de transit.

Christine Feret Fleury a fait le choix de nous parler de l'émigration subie sans faire référence aux dimensions géostratégiques, politiques ou au marchandage européen autour des quotas de migrants.

Elle souligne l'inhumanité des solutions mises en oeuvre en racontant le parcours individuel de trois femmes dont les histoires finissent par se croiser.

Kamar la Syrienne et sa fille, Acia une italienne paumée qui rêve dans une société où le rêve n'a plus sa place, Nebbe une veille femme survivant dans le village italien de Palazzo.

Pour autant, même si au début de la lecture j'ai pu être sceptique voire désarçonné par l'approche retenue, l'auteure évoque, au détour de l'histoire de Kamar, les agissements mortifères des états prédateurs "Les pierres taillées et assemblées par la main de l'homme, si belles, se sont effondrées elles aussi, alors qu'elles avaient résisté au passage des siècles, aux pillards, aux éléments."

De la même façon, Nebbe évoque le sort réservé aux vieux par le maire du village, il a "(...) fermé la salle où ils se réunissaient. Une question de normes de sécurité - un prétexte (...). Les vieux ne lui rapportent rien. Le profit avant tout. Bande de vautours !"

C'est autour de leur amour commun de la cuisine que les trois femmes vont se retrouver échangeant Mutabal shawandar contre Alliciotti coll'indivia.

"Si "guerre" est une arche d'acier, "cuisine" chante comme un oiseau perché sur le rebord d'une fenêtre ouverte."

J'ai hâte de rencontrer l'auteur le 7 septembre pour lui poser toutes ces questions et lui demander si, comme je le pense, le message que délivre son roman est celui d'une révolte contre les clichés des nationalités et la recherche de la dimension universelle de l'humain dans sa relation à l'autre fut-il étranger.

Une belle découverte. Merci Babelio et les éditions Marabout.

Je ne saurai terminer cette chronique sans mentionner la différence entre une ratatouille et une bohémienne, telle que la donne Nebbe à la page 135 :

"Pas une ratatouille, une bohémienne (...) Tu n'as pas mis de poivrons, et tu as tout jeté dans la cocotte en même temps ! Pour la ratatouille, chaque légume doit revenir dans une casserole différente (...)"

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Le Pays aux longs nuages

Tout commence par les paroles de Kamar. Elle ne trouve pas de mots ni de gestes pour l'adieu à son oncle. Pas de larmes non plus tellement le vide de ce départ, de cette fuite avec sa fille Hana semble abyssal et assèche tout son corps.

De la petite gourde dans laquelle l'eau du puits a été parfumée par sa tante avec une feuille de menthe, l'auteure a magnifiquement su y faire jaillir l'attachement de Kamar à cette maison qu'elle doit quitter. L'image est superbe, très poétique et d'une douceur poignante.

La préoccupation de Kamar est de soustraire sa fille à ce pays, à cette Syrie de douleurs, de peurs, de guerre. Elle doit s'armer de courage pour ne pas reculer, ne pas renoncer à monter dans cette embarcation qui fait davantage penser à un tombeau qu'à une bouée de sauvetage providentielle vers un là-bas plus sécurisant pour elles deux. Les mots du cahier de recettes de sa mère appris par coeur défilent dans sa tête, la soutiennent, en éloignant l'angoisse.



Acia, elle, nous parle de ses larmes qui se mêlent à la pluie napolitaine alors qu'elle fait ses adieux au restaurant où elle travaillait. Trente-sept ans, une vieille Fiat 500, un sac de sport, une antique cocotte en fonte héritée de sa grand-mère, et, à la traîne, toutes les désillusions d'une vie qui ne l'a pas franchement gâtée. Elle roule pour un ailleurs, pas tout à fait seule puisque le Chat, fourrure toute rousse et allure obstinée, s'est invité pour le voyage.



Les sujets, la forme chorale du roman n'ont rien de bien nouveaux. Pourtant, Christine Féret-Fleury a su immédiatement capter mon attention de lectrice en partant souvent de petits riens, d'une goutte d'eau, d'un chat errant, d'une cuillère en bois, d'une marmite, d'un livre, de cartes postales ou d'un éclat de verre pour glisser vers des souvenirs, des sentiments, des accrocs ou des joies de la vie. Pour retracer ce qui est perdu, ce qui a manqué, ce qui fait encore avancer, en souvenir de temps meilleurs qui peuvent aussi revenir. Elle introduit poétiquement les coïncidences, les méprises, découvertes, hasards qui convergent vers un avenir différent et surtout un espoir.



Kamar, c'est la voix de l'abominable sort des migrants, de son mari défunt qui restera pour toujours son amour, d'une mère qui vit pour sa fille et ranime l'espoir, des mets colorés et parfumés de son pays.



« Je me croyais blasée, et je me découvrais fermement accrochée à la vie » Acia, c'est la voix d'un caractère docile qui ne pouvait pas s'affirmer dans une enfance chaotique, les coups durs d'une vie sans attaches, le besoin d'enfin trouver un chez-soi pour y déposer sa marmite et son amour pour la cuisine.



Comme toujours dans ce style d'histoires parallèles, on se doute dès le début que la définition mathématique ne s'appliquera pas ici et qu'une convergence va mener vers un point commun. Il viendra d'un village perdu de l'Ombrie, d'un restaurant moribond avec Nebbe, improbable vieille femme toute maigre, au teint gris, tassée dans son fauteuil roulant mais dotée d'une personnalité de cactus !



En superposant ces souffrances bien différentes, l'auteure ne juge pas, chacun vit ses propres déchirures et le temps est là pour atténuer, polir les douleurs et laisser la place à de nouveaux instants savoureux qu'il faut reconnaître et saisir dès qu'ils apparaissent.

Ici, plusieurs fils suivent leur chemin et visent une destination ; l'un, émouvant, tourbillonne sur les relations mère-fille, un autre se parfume de la cuisine italienne et syrienne, un troisième, déterminé, suit les pattes de velours du Chat alors qu'un suivant étire les nuages dans le ciel italien…



Cette lecture est à l'image du risotto et des poires au marsala préparés par Acia, savoureuse et consistante, avec sa pointe d'amertume et sa note sucrée. Et quels personnages ! Christine Féret-Fleury a su leur donner une si belle authenticité que l'on n'a aucun mal à faire ce bout de chemin avec eux. N'hésitez pas à les suivre à votre tour.

Merci à Babelio et aux éditions La Belle Étoile pour cette si belle rencontre.

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La fille qui lisait dans le métro

Cela faisait longtemps que ce livre était dans ma PAL et j'ai enfin eu l'occasion de le lire. Un joli feel-good sur le plaisir de lire et de donner cette envie aux autres. Bien sûr, il y a des tas de livres sur cette thématique mais celui-ci m'a beaucoup plu. Etait-ce le bon moment de le lire ? Une envie de douceur et de bien-être, comme enveloppée dans un plaid à côté d'une source de chaleur.

Juliette prend le métro tous les jours à la même heure pour se rendre à son travail, et ce qu'elle aime plus que tout, c'est d'observer "les gens" qui lisent et bien sûr quels livres lisent-ils...C'est un de ses seul plaisir, avec la lecture qu'elle s'accorde. Elle travaille dans une agence immobilière mais sans aucun entrain. Un matin, elle descend deux stations plus tôt et croise une petite fille Zaïde. Cette rencontre va changer sa vie qui jusque-là était plutôt morne.

Un livre qui fait du bien, fantaisiste et amusant. Je vous le conseille bien volontiers.
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Le Pays aux longs nuages

J'ai moyennement accroché à ce roman choral pourtant plein de bons sentiments.



La Syrienne Kamar a fui son pays et la guerre en compagnie de sa petite fille Hana.

Elle débarque dans un camp de réfugiés en Italie d'où elle s'échappe en se cachant dans une camionnette de livraison qui va la mener à Palazzo.

Palazzo où vit Nebbe, vieille aubergiste invalide.

C'est l'arrivée d'Acia, jeune femme sans projet ni attache depuis que son patron est parti avec la caisse de l'osteria où elle travaillait, qui va faire bouger les choses.

Ensemble, elles vont faire appel à leur savoir culinaire et leurs meilleures recettes pour remettre l'auberge de Nebbe en activité.



Kamar la taiseuse, Nebbe la bougonne et Acia la paumée apprennent à se connaître et se découvrent des points communs qui vont sceller leur amitié.



Une belle histoire de résilience, racontée très simplement et agréable à lire.

Elle a le mérite de nous rappeler l'enfer que vivent les réfugiés lorsqu'ils décident de tout quitter dans des conditions précaires, dangereuses et insalubres.



Merci à Babelio et aux éditions La belle étoile pour ce livre !
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La fille qui lisait dans le métro

Ce roman m'a été offert. Ce n'est pas souvent qu'on m'offre un livre, même si beaucoup de personnes de mon entourage savent que je lis énormément. C'est tellement personnel un livre !

Celui ci est un cadeau d'une amie très très chère à mon cœur. Alors, merci ma Diane pour ce présent.



Ce roman est une histoire de livres. Une histoire de partage, de passation de livres, de mots, qui nous parlent, au gré des rencontres, suivant les moments de notre vie.

Cependant un petit quelque chose que je ne saurai définir m'a fait passer à côté de cette histoire. Et je n'arrive pas à mettre le doigt sur ce petit quelque chose. Dommage !
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La femme sans ombre

Je remercie les éditions Denoël pour l’envoi de ce thriller.

Après des études de lettres et quelques années de recherche sur les rapports texte-musique dans l’opéra, Christine Féret-Fleury fait ses gammes d’éditrice chez Gallimard Jeunesse, avant de se consacrer à l’écriture depuis 2001. Auteure d’une centaine de livres pour enfants et adultes, elle est l’auteure du thriller » La femme sans ombre « publié aux éditions Denoël en ce printemps 2019.

Passionnée de Richard Strauss, elle est restauratrice la nuit et tueuse à gage la nuit. Une couverture qui lui permet de tromper l’ennemi. Ou bien de se tromper elle-même…Elle n’a pas de nom et emploie dans son récit la deuxième personne de singulier, comme si elle te confiait, à toi lecteur, ses secrets.

p. 16 : » Une réussite enviable, ou plutôt un mensonge très bien élaboré. Tu as vécu avec assez longtemps pour oublier, parfois, durant quelques minutes, qu’il n’a rien avoir avec ta réalité. »

Elle est rodée, et s’applique à exécuter chaque contrat avec la même méticulosité, la même froideur. Sauf que, une minute d’inattention lui fait prendre le risque d’être confondue.

p. 33 : » Quand tu bosses, tu n’as pas d’émotions, en principe. Mais la conscience subite que tu es rentrée, une fraction de seconde, dans le champ de la caméra de surveillance. «

Pourtant, elle a été à bonne école. Ils ont été des maîtres en la matière. Mais elle est incapable de les nommer, de leur donner une consistance réelle. Elle est le produit de leur acharnement. Et elle sait que la moindre erreur lui sera fatale.

p. 35 : » Tu le sais, pourtant. Ils te l’ont appris, chacun à sa manière, les deux hommes qui t’ont façonnée, ton grand-père et l’autre. Qui ont changé ton nom, la couleur de tes cheveux, la forme de ton nez, celle de tes pommettes. Qui ont fait de toi une arme de grand prix, affûtée et mortelle. «

Son prochain contrat : une cheffe d’orchestre d’origine rwandaise, Hope Andriessen. Cette femme métisse a assisté , enfant, au massacre de sa famille. Une blessure insurmontable qu’elle tente de cautériser à travers la musique, sa raison de vivre.

p. 57 : » Il n’y avait pas d’autre morale, pensait Hope, que celle-ci : nous avons tous besoin d’une ombre. Cette ombre qui relie notre corps à la terre sur laquelle nous marchons. Impalpable, elle est pourtant bien là, dès que la lumière nous touche. »

Récemment nommée à la tête de d’un orchestre, elle dirigera un opéra de Strauss, La femme sans ombre.

p. 69 : » Pour la main gauche de cette femme, tu éprouves quelque chose qui ressemble à de l’amour. C’est pour cela que tu la suis de capitale en capitale depuis presque dix ans. «

Deux femmes que tout sépare, sauf leur passion pour la musique…

Et si les rôles s’inversaient ? Et si ce contrat était l’occasion de piéger tes commanditaires ?

p. 113 : » Pister ceux qui te suivent. De très près, cette fois. De proie, redevenir prédatrice, un rôle taillé pour toi. «

Haletant, ce thriller a été l’occasion de plonger dans le monde de Richard Strauss, dans La Femme de l’ombre. Le fait de ne pas nommer la narratrice, de la tenir à distance, tout en pénétrant un passé terrible, une sorte de survivante à la » My absolute darling » de Gabriel Tallent, crée paradoxalement un attachement. Une découverte intéressante, qui pique ma curiosité de découvrir d’autres ouvrages de Christine Féret-Fleury.
Lien : https://missbook85.wordpress..
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La fille qui lisait dans le métro

La vie de Juliette se résume simplement : métro, boulot, dodo. Aussi morne qu'insipide. Dans le métro, elle observe les passagers ainsi que leurs lectures et se plait à leur inventer une vie. Une vie qu'elle n'a pas.

Pour rompre avec cette monotonie, elle décide un jour de descendre deux stations plus tôt et de se rendre à l'agence à pied en empruntant un chemin inconnu. Ses pas la guident vers un lieu insolite où l'entrée est maintenue ouverte grâce à un livre. Elle y fait la rencontre d'une petite fille bien perspicace, Zaïde et de son père Soliman. Ce dernier est passeur de livres ... Le bon livre offert à la bonne personne peut-il changer une vie ?



Sympathique, mais sans plus. Roman construit autour d'une passion immense pour les livres. Les références littéraires y sont d'ailleurs très nombreuses.

L'idée de départ est vraiment intéressante. Nous suivons le voyage initiatique de Juliette qui parvient, peu à peu, à sortir de sa prison imaginaire en offrant des bouquins.

La plume douce et légère de l'auteure nous guide agréablement. Cependant, au fil des pages, le récit devient monotone de par son manque d'actions et de "peps". Ce qui au final donne la sensation d'attendre quelque chose en vain. Dommage. Je reste sur ma faim/fin.

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Le Pays aux longs nuages

Un grand merci à Nathan de Babelio et aux Editions La BELLE ETOILE qui m’ont envoyé ce livre magnifique dans le cadre de la masse critique privilégiée.

Une très jolie couverture colorée et agréable. Une question vient de suite à l’esprit mais de quel pays s’agit-il ? On ne le découvre pas tout de suite mais on le comprend très vite : l’Italie !

Il s’agit d’un roman choral, des voix de femmes, trois pour être plus précise :

- KAMAR, jeune femme syrienne, veuve, qui fuit son pays en guerre avec sa fille Hana, âgée de neuf ans. Elles embarquent, via Izmir en Turquie, sur une frêle embarcation, surchargée de personnes qui, comme elles, fuient la guerre. Cette traversée est un calvaire mais elles arrivent vivantes et sont dirigées vers une jungle comme il en existe beaucoup (trop !). Hana, traumatisée, ne parle plus, elle reste attachée à sa mère mais plus un son de sort de sa bouche.



Elles arrivent à s’enfuir et se retrouvent en Italie où elles sont hébergées chez Nebbe.



- ACIA, trente-sept ans, italienne a vécu en France jusqu’au décès de sa grand-mère qui l’a élevée. Elle travaille à Naples dans un restaurant mais son patron est parti avec la caisse alors, du jour au lendemain, elle se retrouve à la rue. Il lui reste sa vieille Fiat, un peu d’argent, quelques objets et un chat qui l’a adoptée et la suit partout. Alors elle part au hasard.

Le matin, à 5 heures, fatiguée et affamée, elle s’arrête sur la place d’un village et en attendant que le café du village ouvre, elle trouve sur un banc un livre, dans ce livre des recettes y sont notées parfois à la main, parfois dactylographiée. A la fin du livre juste un mot : « Palazzo ». Elle se rend donc à Palazzo, petit village près d’Assise. C’est là qu’elle fait la connaissance de :



- NEBBE, vieille femme italienne habitant Palazzo, elle se déplace en fauteuil roulant et vit dans un ancien restaurant, le sien. Cette femme qui paraît rebelle montre rapidement qu’elle a un cœur d’or car elle recueille Acia, Kamar et Hana……….sans oublier « le chat ».

Que va-t-il advenir de ces trois femmes, qui sont durement marquées par la vie ? Il faut le lire !

Quel beau roman ! quelle belle écriture a l’auteure : Christine Féret-Fleury ! J’ai ressenti beaucoup d’émotions tout au long de ma lecture. La quatrième de couverture conclut : « deux vies en écho. Une Histoire de cuisines, d’amours, de départs, de deuils. Et de joies. » C’est tout à fait vrai mais j’y apporterais une petite modification : non pas deux vies mais trois car celle de Nebbe peut également faire partie de cette description.

Il y a une telle intensité dans ce roman que j’ai du mal à exprimer ce que je ressens, ces trois femmes ont eu un parcours différent chargé d’embûches, elles ont une passion commune : la cuisine, mais leur force de caractère et leur ténacité les mènent ensemble vers la joie et l’espoir !

Un très bon roman que je recommande.

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