Je remercie les éditions Denoël pour l’envoi de ce thriller.
Après des études de lettres et quelques années de recherche sur les rapports texte-musique dans l’opéra, Christine Féret-Fleury fait ses gammes d’éditrice chez Gallimard Jeunesse, avant de se consacrer à l’écriture depuis 2001. Auteure d’une centaine de livres pour enfants et adultes, elle est l’auteure du thriller » La femme sans ombre « publié aux éditions Denoël en ce printemps 2019.
Passionnée de Richard Strauss, elle est restauratrice la nuit et tueuse à gage la nuit. Une couverture qui lui permet de tromper l’ennemi. Ou bien de se tromper elle-même…Elle n’a pas de nom et emploie dans son récit la deuxième personne de singulier, comme si elle te confiait, à toi lecteur, ses secrets.
p. 16 : » Une réussite enviable, ou plutôt un mensonge très bien élaboré. Tu as vécu avec assez longtemps pour oublier, parfois, durant quelques minutes, qu’il n’a rien avoir avec ta réalité. »
Elle est rodée, et s’applique à exécuter chaque contrat avec la même méticulosité, la même froideur. Sauf que, une minute d’inattention lui fait prendre le risque d’être confondue.
p. 33 : » Quand tu bosses, tu n’as pas d’émotions, en principe. Mais la conscience subite que tu es rentrée, une fraction de seconde, dans le champ de la caméra de surveillance. «
Pourtant, elle a été à bonne école. Ils ont été des maîtres en la matière. Mais elle est incapable de les nommer, de leur donner une consistance réelle. Elle est le produit de leur acharnement. Et elle sait que la moindre erreur lui sera fatale.
p. 35 : » Tu le sais, pourtant. Ils te l’ont appris, chacun à sa manière, les deux hommes qui t’ont façonnée, ton grand-père et l’autre. Qui ont changé ton nom, la couleur de tes cheveux, la forme de ton nez, celle de tes pommettes. Qui ont fait de toi une arme de grand prix, affûtée et mortelle. «
Son prochain contrat : une cheffe d’orchestre d’origine rwandaise, Hope Andriessen. Cette femme métisse a assisté , enfant, au massacre de sa famille. Une blessure insurmontable qu’elle tente de cautériser à travers la musique, sa raison de vivre.
p. 57 : » Il n’y avait pas d’autre morale, pensait Hope, que celle-ci : nous avons tous besoin d’une ombre. Cette ombre qui relie notre corps à la terre sur laquelle nous marchons. Impalpable, elle est pourtant bien là, dès que la lumière nous touche. »
Récemment nommée à la tête de d’un orchestre, elle dirigera un opéra de Strauss, La femme sans ombre.
p. 69 : » Pour la main gauche de cette femme, tu éprouves quelque chose qui ressemble à de l’amour. C’est pour cela que tu la suis de capitale en capitale depuis presque dix ans. «
Deux femmes que tout sépare, sauf leur passion pour la musique…
Et si les rôles s’inversaient ? Et si ce contrat était l’occasion de piéger tes commanditaires ?
p. 113 : » Pister ceux qui te suivent. De très près, cette fois. De proie, redevenir prédatrice, un rôle taillé pour toi. «
Haletant, ce thriller a été l’occasion de plonger dans le monde de Richard Strauss, dans La Femme de l’ombre. Le fait de ne pas nommer la narratrice, de la tenir à distance, tout en pénétrant un passé terrible, une sorte de survivante à la » My absolute darling » de Gabriel Tallent, crée paradoxalement un attachement. Une découverte intéressante, qui pique ma curiosité de découvrir d’autres ouvrages de Christine Féret-Fleury.
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