Essaie sur moi les herbes qui donnent la force,
efface mon visage et conduis-moi aveugle
aux arbustes, aux rhombes et à cette épine
où réside l'Esprit Saint.
Je sacrifie pour Toi et la Mère, pour le Fils
les ivresses, la danse dans la mémoire,
le sommeil dérobé par ruse au pavot
et l'empreinte du cœur dans la glaise.
Je ne veux point T'asservir à coups de sceaux et de sorts,
je veux être ta servante dans le parfum des ordres,
essaie sur moi les herbes, permets à ma bouche
de boire le suc de celle qui donne la force
comme gardienne, comme dormeuse, comme tueuse.
Inflige à mon âme l'ordre suivant,
de décapiter : L'arbuste ? – le rhombe ? – L'épine ?
De respirer la fumée, de boire l'huile,
de manger la cendre ? Et Toi, mange mon cœur,
ce gardien, ce dormeur, ce tueur.
Oui, le Lenz s'y connaissait en tout. Il savait comment on conjure l'éclair, connaissait le chemin de la vielle rebouteuse ; et celui que, les nuits, des morts venaient tourmenter, n'avait qu'à lui demander son aide. Trois jours étaient à peine passés, après qu'il était entré au service de Feidel-Peter, qu'il avait été capable de dire à Wrga que son enfant était un changeon.
Comme il est exact, le désespoir…
Comme il est exact, le désespoir !
A la même heure jour après jour
il apparaît sans ruse aucune
et me châtie d’un coup.
Des étincelles volent autour de moi,
mon cœur appelle tous les anges,
mais le ciel est une mer
et Jésus dérive dans une barque
très loin à l’autre bout du monde,
où sont tous ceux qui aident,
et mon dernier espoir aboie
sur le rivage, à contre-vent.
Je sens alors que personne ne m’entend,
je ramasse en silence les étincelles,
mon cœur – qui me conjure en crépitant –
lentement se transforme en une pierre à feu.
Ne pense à rien, sinon qu’il existe des mers
qui reprennent sans cesse leur grand souffle
et dialoguent avec la force de la lune ;
ne pense pas à toi, à rien savoir sur ton destin,
mais seulement à tout ce qui vient de la vie
pour être mis sous la tutelle de la mort
où ni lune ni mer n’ont plus rien à dire.
La parole ne s’ancre que peu souvent dans la chair.
Sans pépins, les cœurs tombent de l’arbre
de la douce connaissance, tombent, livrés
à des essaims de guêpes, de frelons
pendant les nuits d’automne
L'artère du coup, cousine de la lune,
coupe chaque mot en deux, en quatre,
le cerveau tremble de famines