Christine Levisse-Touzé

Le groupe Rochambeau a été attaché à l’un des quatre groupements tactiques de la 2e DB. Le groupe a été très bien accueilli par ces jeunes combattants, satisfaits peut-être de constater que leur général était assez ouvert et moderne pour admettre trente-six femmes au milieu de ses quinze mille hommes. Quant au 13e bataillon médical, avec lequel nous allions travailler et dont nous dépendions, nous l’avons trouvé très réticent, pour ne pas dire hostile. À tel point que nous pensions que l’adjudant et les sous-officiers qui nous commandaient avaient reçu mission de nous décourager. Ce fut en tout cas une vaine tentative, seul notre objectif comptait : servir à la 2e DB.

Comme l’a très justement écrit Lucie Aubrac, « c’est la participation des femmes qui a donné à la Résistance son extension et sa profondeur. Parce que les hommes étaient absents, parce qu’au début de l’Occupation, il y avait un million huit cent mille prisonniers de guerre, les femmes se sont trouvées en première ligne face aux injustices, aux arrestations »

Pour comprendre ce qui fait le propre de la campagne de 1940 dans l'histoire , il convient d'en mettre en lumière trois paramètres majeurs:
-Une campagne foudroyante , aboutissant à la victoire totale de l'un , à la défaite totale de l'autre;
-Une campagne stupéfiante (au sens propre de source de stupéfaction et d'étonnement) tant son caractère totalement imprévu a eu pour effet de secouer l'ordre mondial dans son ensemble;
-Une campagne entraînant une véritable commotion mentale.

Le retour de l'Allemagne sur sa propre histoire s'organise selon deux axes. Le national-socialisme et les crimes commis en son nom continuent d'être le point de repère négatif de toute tentative d'établissement des fondations historiques de la République fédérale agrandie. Contrairement à ce que l'on a pu penser un certain temps, après 1989, au cours de la mise au jour du passé de la République démocratique, le souvenir du système d'injustice organisée qu'était l’État du parti socialiste unifié d'Allemagne, n’éclipsera pas celui, rémanent, du IIIe Reich. En clair, cela veut dire que, dans le long terme, si elle veut se définir comme une communauté démocratique et comme une société ouverte, et asseoir ainsi sa légitimité, la République fédérale devra d'abord se rapporter aux agissements de l'époque nationale-socialiste. Cela vaut tout autant pour la perception de l'Allemagne par ses voisins européens, par Israël ou par les États-Unis. La puissance économique de la République fédérale, ses actions de politique extérieure qui comprennent ses interventions militaires, ou encore son attitude à l'égard des minorités, seront toujours perçues, pour une part, par référence aux événements de la période 1933-45.

Les Africains au secours de la métropole, le salut de la France par l'Empire, est un épisode sans précédent dans l'histoire. Cette participation ainsi que le rôle de l'Afrique du Nord pendant la Seconde Guerre mondiale représente à bien des égards un événement très à contre-courant dans l'évolution historique générale. C'est le seul moment dans l'histoire ou l'intervention de l'Empire a été décisive dans le rétablissement national.("L'Afrique du Nord dans la guerre ", Albin Michel, 1998)