tout ce passe comme si le statut juridique de réfugié effaçait toute autre identification possible – la perte de l’identité est d’ailleurs quasi systématiquement postulée comme connexe au déplacement – et comme s’il y avait désormais une identité de réfugié, dans le sens premier d’identique puisque les différentes populations concernées sont regroupées sous cette appellation englobante censée engendrer une communauté de destin, voire de culture
La mémoire de la terre est un outil pour produire du sens au quotidien et tenter de forger ce dernier à l’image du passé tel qu’il est perçu depuis ce présent
Je terminerai donc ce travail sur une note pessimiste tant il me semblait que le risque était considérable, en 1998, que la mémoire collective ainsi instrumentalisée ne permette plus à la communauté éparse de s’imaginer comme unie ni, la mémoire étant une ressource fondamentale pour l’action, de lutter pour le recouvrement des droits.
Les femmes, en revanche, sont chargées de reproduire cette mémoire non plus par rapport à leur participation au travail de la terre mais uniquement par rapport à la sphère domestique dont elles endossent ce rôle "traditionnel" (mais partiel) valorisé dans le présent
doublement réduits au silence : en tant qu’acteurs, puisqu’ils sont déshistoricisés et paradoxalement dépolitisés, et tant que narrateurs, puisque leurs récits sont systématiquement tus ou disqualifiés au profit d’une expérience de réfugié uniformisée.
doublement réduits au silence : en tant qu’acteurs, puisqu’ils sont déshistoricisés et paradoxalement dépolitisés, et tant que narrateurs, puisque leurs récits sont systématiquement tus ou disqualifiés au profit d’une expérience de réfugié uniformisée.
Les femmes sont le plus souvent perçues comme des présences, des soutiens ou des courroies de transmission de la culture et non comme des actrices nationalistes à part entière.
Mémoire et identité forment donc une dialectique dynamique par laquelle elles se fécondent mutuellement.