Christophe Hondelatte

(Le juge) s’intéresse tout particulièrement au travail de Marcel (le valet) à la ferme. C’est ainsi qu’il découvre que Marcel travaillait beaucoup, pour son âge. De 5 heures du matin jusqu’à 10 heures du soir, sans pause à part pour les repas. Dix-sept heures de travail par jour, à quinze ans !


*Meurtrier à quinze ans*

A propos du concours de Miss France :
• « C'est la caricature de l'émission sexiste. C'est indigne. »
(LExpress.fr, 13 décembre 2014)
• « C'est une émission en total décalage avec les évolutions de la société française (…) Je ne crois pas que, de manière durable, on continuera de juger des femmes sur leur physique à la télévision. Je pense que c'est une incongruité qui perdure par habitude mais l'incongruité va sauter aux yeux des diffuseurs de télévision assez rapidement. »
(ozap.com, 2019)

Peu à peu, "l'affaire de la Josacine" s'éloigne. Elle aura mis au jour deux univers : celui des notables, regroupés autour de l'un d'entre eux. Et celui des victimes, doublement victimes : par la perte d'un enfant et par l'attitude d'un certain public. Plus que jamais, il y a la justice d'un côté, et la rumeur de l'autre.
La première tranche, la seconde corrode

Pour les parents d'Émilie, morte un soir de juin 1994, cette histoire n'aura jamais de fin. Les ballerines de la petite fille qui rêvait de devenir danseuse sont aujourd'hui dans une boîte où est gravé son prénom.

La sympathie n'a jamais été un facteur d'innocence.
Un mauvais caractère n'a jamais été preuve de culpabilité.

Il reste, de cette affaire sordide, le spectacle d'une débâcle de la justice, d'un naufrage de la vérité. Et surtout, le souvenir d'un enfant mort. Comme le disait sobrement le président Simon :
- J'ai une dette envers quelqu'un. J'ai une dette envers le petit.
Cette dette, nous l'avons tous.

Le doute plane, le soupçon demeure. La tristesse devant la mort d'un enfant, crime impuni, est encore là. Aujourd'hui, Grégory Villemin serait un adulte. Il ne reste que le souvenir d'un gamin, lâchement assassiné.

Chaque jour, le petit cimetière de Lépanges voit affluer les curieux en débardeur et en short, l'appareil photo en bandoulière, et la tombe de l'enfant au visage d'ange devient l'un des monuments les plus courus dans les Vosges. Pendant tout l'été, puis pendant les années suivantes, des curieux venus de toute la France, de Belgique, de Suisse et d'ailleurs feront un détour pour voir, humer comme Duras, l'atmosphère du lieu. On visite le crime comme on visite les ruines gallo-romaines. Le sang attire les mouches.
Les mouches ne s'en vont donc jamais ?

À revoir les images de cette époque, on est simplement atterré. Comment expliquer ce déchaînement de haine ? Et pourquoi s'en prendre aux Tanay ?
Voici une mère qui a perdu sa fille, qui est traitée comme une pestiférée. Voici un père assommé de douleur, qui est couvert de crachats. La pire France, celle des rumeurs, de la lie, des haines douteuses, vient de renaître. Bientôt, ce sera pire...

Dès les premiers jours, la vallée de la Vologne devient méconnaissable. Soixante journalistes ont pris leurs quartiers dans les hôtels et les restaurants des villages, et ils sont à l’œuvre : ils s’immiscent dans les familles, colportent de l’une à l’autre les avancées de l’enquête, soutirent les confidences, propagent les ragots et, dans leurs voitures collées à celles des gendarmes, parcourent à tombeau ouvert les routes de la région. Dans ce déballage à ciel ouvert, les gendarmes fébriles s’accrochent tant bien que mal à leur enquête, tandis que le juge Lambert, bercé par ce ballet journalistique qui le fascine et le flatte, perd toute maîtrise.

Le bon sens est une denrée de plus en plus rare.