Citations de Christophe Léon (179)
- Je sais que je suis différent, dit-il.
Tant mieux pour lui. Un bon point. Grand bien lui fasse
Petit
Teigneux
Le poil roux
Le genou cagneux
Les cheveux hirsutes
Des dents plantés de travers
Crache toutes les deux minutes entre ses pieds
Dit avoir quinze ans mais n'en a que treize selon sa
carte d'identité
Pourquoi crois-tu que les curés vous confessent à l'abri d'un isoloir ? Ils ont compris depuis longtemps que l'ombre et le secret sont propices aux aveux. (p. 51)
La pente est parfois rude. Les jeunes doivent user de toutes leurs forces pour la gravir. Batailler avec les épineux qui accrochent leur vêtements. Réajuster les sacs à dos. S'affranchir de la souffrance physique, d'une respiration haletante, de l'envie de tout plaquer, d'envoyer paître l'éducateur et de s'asseoir pour ne plus bouger - jamais.
Ce n'est pas uniquement son histoire, c'est celle des enfants volés de la dictature argentine.
Cette flamme est pareille aux cœurs des réacteurs de la centrale de Fukhushima où je travaille, Noriaki, elle durera éternellement tant qu'il y aura des hommes pour s'en occuper, et elle nous apportera la lumière, la chaleur et la force.
J'aimais les signes, les lettres et les mots, voyez-vous. Je me souviens m'être dit qu'ils étaient le reflet de la réalité. Un chêne n'était plus seulement un arbre planté dans la terre qui se dressait vers les cimes, c'était aussi un mot que je mâchais et remâchais. L'arbre, le seau, la pompe à eau, le puits, la camionette... Oui, tout avait une saveur différente pour moi : le goût des mots. (...)
(....) Je le lisais d'abord en distinguant chaque syllabe, puis de plus en plus vite. A la fin, j'avais le sentiment d'être l'inventeur de l'objet lui-même. Et quand j'apprenais un mot dont la référence visuelle me manquait -par exemple "paquebot"- j'avais l'impression de découvrir un trésor.
Mon innocence ? C'est étrange comme, quand on est un enfant de six ans, les mots sonnent singulièrement. Pour moi, innocence était doux comme du velours. Il glissait en bouche. Il avait une saveur particulière, celle de la réglisse qui noircit les lèvres. Je ne savais pas encore qu'il était synonyme de crime et de châtiment. En 1978, l'innocence n'était pas une valeur à la mode.
"Voilà, Pascal, comment je suis devenu l'un des leurs. Qui ne dit mot consent. Un dicton français, n'est-ce pas ? J'ai consenti. Ai-je renié mes parents ? Ce n'est pas aussi simple. Il ne faut pas juger cet enfant de sept ans, car cet enfant c'était moi, Pascal. Et Ignacio Gutiérrez, c'est aussi moi."
- et puis je suis une négresse !
(....)
- Écoute, avait dit George, si tu es une négresse, alors nous sommes, Phil et moi, des blanchettes. En tout cas , ce ne sont pas de beaux mots dont on ne peut se vanter, et ceux qui les utilisent sont des personnes qui ne se respectent pas elle-mêmes.
( p 28)
La publicité se paie de votre tête avec votre argent.
Un pirate sans cicatrice c'est comme un couteau sans manche , non?
Mon père m'a dit un jour qu'on ne devrait jamais commencer de fumer. " C'est comme de sauter d'un avion sans parachute ". Depuis, quand quelqu'un fume, je m'attends toujours à ce qu'il s'écrase par terre
Phytosanitaires ? Un nom rassurant pour des poisons...
(p 36)
P 135 « Si je suis venue en Argentine pour rencontrer Ignacio, c’est justement parce qu’elle ne s’arrête pas là. Ce n’est pas uniquement son histoire, c’est celle des enfants volés de la dictature argentine ».
J'ai décidé qu'ils sont homme et femme. Pour l'intrigue c'est mieux. ça laisse la porte ouverte à un tas de possibilités. Ils pourront se détester, s'aimer, s'arracher les cheveux...
La suite maintenant.
Nous jouons souvent à des jeux de société parce que grand-père n'a pas de télé chez lui, encore moins d'ordinateur ou de tablette. Quant à son téléphone c'est un antique appareil à grosses touches.
( p 20 )
"Soso amelaka mbuma ekoki na mongongo na ye"... Le coq ne picore que le grain que sa gorge peut avaler. Sinon ses poules mourront de faim, disait [mon père]. C'est pareil pour les hommes. Aujourd'hui, une partie de l'humanité affame l'autre.
(p. 42)
Il s'est levé. Nous nous sommes regardés. Il a pris une enveloppe et me l'a montrée, puis il l'a reposée sur la table de travail. Il n'avait pas encore allumé son ordinateur, ce qui m'a paru bizarre, parce que c'était la première chose qu'il faisait en arrivant le matin. Il s'est dirigé vers la fenêtre et l'a ouverte.
C'est comme ce prénom de Fabienne... Elle y tenait à me rebaptiser ! Mais moi j'ai fait de la résistance. Au début je la reprenais :
- Je m'appelle Fatima
- Pas ici, Fabienne. Ici, c'est Fabienne. On n'est pas chez les sauvages. On est en France.
( p 33 )