Dialogues, 5 questions à Christophe Mory
http://www.librairiedialogues.fr/livre/2302358-marquise-ou-la-vie-sensuelle-d-une-comedienne-christophe-mory-les-ed-du-moment 5 questions posées à Christophe...
Les détracteurs ne manquent pas et s'appuient sur deux arguments : l'auteur a copié de façon effrontée sur les Anciens ; il imite des gens connus dont il montre les travers.
Ces deux critiques demeurent, même si les intensités s'estompent avec le temps puisque les "modèles" ont disparu. Sur les sources et les copies, nul ne peut le nier. Les érudits se régalent de trouver tel ou tel vers recopié ou telle scène reprise de Plaute, Térence ou de ses contemporains comme Cyrano de Bergerac (ainsi la phrase de Scapin : "Qu'allait-il faire dans cette galère"), Rotrou ou Scarron, des auteurs italiens et espagnols, aussi. Ce type de recherches est passionnant ; il révèle les intertextualités et permet d'exhumer des textes que Molière a finalement écrasés par son jeu, sa verve. Oui, Molière vole arguments, caractères, situations, intrigues et vers, et il transforme ses larcins à l'aune de lui-même, donnant une unité à toutes ses pièces, unité qu'on appelle œuvre. Cette unité est son génie.
Mieux, il avait mis en scène au théâtre du Palais-Royal une pièce de Racine, "La Thébaïde ou les Frères ennemis" l'année précédente, sous la protection du duc de Saint-Aignan, le plus à même de parler de lui en haut lieu. La pièce n'avait pas eu grand succès. Molière ne découragea pas Jean Racine ; au contraire, il lui proposa de monter une nouvelle œuvre. Racine écrivit "Alexandre". Molière lut. L'aida-t-il ? Lui prodigua-t-il quelques conseils pour intensifier le drame, pour le rendre plus vivant, moins statique ? Possible. Boileau, qui versifiait comme on respire, put donner quelques rimes. Il n'importe, Molière avait le sentiment de porter Racine sur les fonts baptismaux de la gloire théâtrale. On apprit les rôles, on travailla la mise en scène, on réalisa des costumes magnifiques, selon l’habitude et le métier de chacun. Racine observait, écoutait, notait les inflexions et les déplacements.
On attendit le roi pour les premières représentations. Il ne vint ni à la première, le 4 décembre, ni à la deuxième, ni à la troisième, et se manifesta le jour suivant... à l'Hôtel de Bourgogne ! Oui Madame, oui Monsieur ! Racine y donnait son "Alexandre" et avait fait répéter sa pièce par les deux troupes pour s'assurer du succès, voire pour choisir la meilleure des deux productions ! Du jamais-vu ! Voilà bien une belle trahison pire que les attaques habituelles entre comédiens. Intolérable.
La déception que provoque aujourd'hui encore ce transfuge et que Molière, si investi affectivement, reçoit comme une gifle, montre la cruauté de cette concurrence marquée par les fausses amitiés. Mais n'en rajoute-t-il pas un peu, Molière, avec une presque évidente mauvaise foi ? N'est-il pas jaloux de Racine qui triomphe avec un répertoire atemporel qui fera l’œuvre ? Qui ne rameute pas le public par des imitations et des portraits mais des personnages à l'épaisseur psychologique et dramatique considérable ?
La divulgation d’œuvres parlées était nécessaire. Dit en public, un texte transmet un langage. Joué à Paris, le théâtre rassemble en un lieu, en un temps, un public épars. Diffusé en province, il donne les bonnes manières de la syntaxe dont Richelieu avait confié le code à l'Académie française. La grammaire, alors constituée du vocabulaire, de la syntaxe et de la prononciation, pouvait s'imposer par le théâtre.
Il y a d'abord un constat simple : qu'avons-nous à montrer ? Vient ensuite la question : qu'est-ce qui serait excitant ? Alors, on dispose un certain nombre de tableaux par terre, on regarde et le thème peut surgir naturellement. Il arrive aussi que des idées vous surprennent, dans le train par exemple, ou en montagne où tout est plus facile parce qu'on est dans la légèreté.
J'aime la petite ville de Bâle pour son humanisme, son carnaval avec sa force originale, le culot, l'esprit, l'invention et la fantaisie. Bâle n'est pas dotée d'un joli lac, mais elle est située sur un fleuve qui pousse le regard vers la mer, vers l'éternité.
Tout art est religieux, tout art véritable. Le peintre sert ou adore ce qu'on appelle "bon" parce que créant, il célèbre. Il n'a donc pas besoin de souligner son acte par un thème d'histoire religieuse.
C’est bien dans la distance que tout me devient étranger, que je deviens moi-même un étranger, que je suis un passant, que je suis un Wanderer. La vie ne m’est plus qu’un voyage dont le but demeure refusé ou magnifié : la mort. Alors la musique n’exprime plus : elle comble un manque, un vide. Elle supprime les distances et, par voie de conséquence, me rend enfin familier des autres et du monde.
Elle avait été élevée par sa grand-mère maternelle mais il n'est pas impossible que Jean-Baptiste, plus tard, la revoie et l'aide