Claire Castillon

Je me vois mal revenir sur ma décision et demander à maman d'appeler d'urgence la grande Véronique, d'autant qu'Esther déteste me savoir gardée par une autre. La fin de Véronique signifie l'armistice entre ma soeur et ma mère, et je ne dois pas l'empêcher. Je souffre assez de leurs querelles. Et puis toutes mes amies restent déjà seules le soir, depuis plus de trois ans pour certaines d'entre elles, alors il est grand temps que je me dégourdisse.
Nous avons estimé, maman et moi, que pour deux heures de réunion de parents d'élèves je devais réussir à me passer de baby-sitter. L'idée est venue d'elle et, quand elle l'a émise, je l'ai acceptée sans broncher. Puis elle a longuement insisté pour que je réfléchisse et revienne sur ma décision si je me sentais soudain angoissée, mais j'ai tenu bon. Je lui ai promis que tout cela n'était pas une affaire. J'ai même poussé jusqu'à une certaine impertinence, faisant observer à maman qu'elle devait cesser de me demander de lui dire quelque chose contre mon gré. Je-n'ai-pas-peur-est-ce-clair ? ai-je articulé. Et elle n'a pas aimé mon ton.