AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de lanard


(...) comme le dit volontiers une certaine "élite", un certain nombre de français ne se sont pas dépris de l'idée que la diffusion du français, ou sa vocation de langue d'importance mondiale, est celle d'une langue qui a accompagné des épisodes de domination coloniale inacceptable. Soit. Ceci n'est pas complètement faux. Mais cette vision n'oublie qu'une chose, capitale: c'est qu'au moment où le gouvernement, celui de de Gaulle, au début des années 1960, a entrepris des négociations d'indépendance avec les Etats de ce qui n'était pas encore l'Union française, et où ces négociations ont finalement abouti à leur indépendance, il s'est produit un phénomène très étrange. C'est que ceux là même qui avaient combattu la France pour accéder à l'indépendance, tels L. S. Senghor, H. Bourguiba et d'autres, ont ensuite défendu le français. De Gaulle, vite informé dans les années 1960, de ce qui se construisait a réagi très prudemment, en soulignant dans un bref discours: "la France voit d'un très bon oeil votre entreprise, et vous apporte sa solidarité." Il avait très bien compris que si, dans le contexte de la décolonisation, il s'était engagé de manière véritable, indiscrète, insistante dans ce qui commençait à être une promotion du français par ceux là même qui avaient combattu la France, il aurait été immédiatement suspecté de s'en saisir comme d'un levier de néocolonialisme; et par conséquent, toute son oeuvre aurait été vouée à l'échec.
C'est la raison pour laquelle, par un paradoxe de l'Histoire, la lutte francophone est totalement autre que française. Elle a été inventée, engagée, et continue largement d'être portée, par soixante-dix Etats et régions, dont la France fait aujourd'hui naturellement partie. Car beaucoup plus tard, elle a compris qu'elle ne pouvait pas être absente d'une organisation dont le but est la promotion d'une langue qui a pour berceau la France. Dans ce contexte là, quand on entend certaines élites françaises parler du français comme d'un fardeau et s'en défendre parce que c'est une langue coloniale, la réponse que je leur donne est; écoutez, vous pourriez avoir raison, mais comment expliquer, dans ce cas, que ce soient précisément des pays coloniaux à peine décolonisés qui soient les artisans de l'entreprise de promotion du français? Ce sont eux qui ont agi, et non pas la France, qui, encore une fois, s'est tout d'abord tenue tout à fait à l'écart de cette initiative. Dans ces conditions, nous voyons bien, je le répète, que le "pays où l'on aime le moins le français, c'est la France".
Commenter  J’apprécie          90





Ont apprécié cette citation (2)voir plus




{* *}