Citations de Claude Lévi-Strauss (420)
Le monde a commencé sans l’homme et il s’achèvera sans lui.
Le barbare, c'est celui qui croit à la barbarie.
Il faut beaucoup de naïveté ou de mauvaise foi pour penser que les hommes choisissent leurs croyances indépendamment de leur condition.
Après tout, la cuisine, c'est la nutrition, et la nutrition, c'est l'activité essentielle par laquelle l'homme est en rapport avec son milieu et par laquelle il la transforme.
Le Japon est un pays qui m'attire, où tout me séduit : la nature, la culture et les gens. Probablement parce que c'est un système comparable à notre système, mais inversé.
L'humanité s'installe dans la mono-culture; elle s'apprête à produire la civilisation en masse, comme la betterave. Son ordinaire ne comportera plus que ce plat.
Ce n'est pas seulement pour duper nos enfants que nous les entretenons dans la croyance au Père Noël : leur ferveur nous réchauffe, nous aide à nous tromper nous-mêmes et à croire, puisqu'ils y croient, qu'un monde de générosité sans contrepartie n'est pas absolument incompatible avec la réalité. [...]
Et voici, devant moi, le cercle infranchissable : moins les cultures humaines étaient en mesure de communiquer entre elles et donc de se corrompre par leur contact, moins aussi leurs émissaires respectifs étaient capables de percevoir la richesse et la signification de cette diversité.
Un esprit malicieux a défini l'Amérique comme un pays qui a passé de la barbarie à la décadence sans connaître la civilisation. On pourrait, avec plus de justesse, appliquer la formule aux villes du Nouveau Monde : elles vont de la fraîcheur à la décrépitude sans s'arrêter à l'ancienneté. [...]
Certaines cités d'Europe s'endorment doucement dans la mort; celles du Nouveau Monde vivent fiévreusement dans une maladie chronique; perpétuellement jeunes, elles ne sont pourtant jamais saines.
Le barbare, c'est d'abord l'homme qui croit à la barbarie.
Le Brésil : Comme si une civilisation entière conspirait dans une même tendresse passionnée pour les formes, les substances et les couleurs de la vie.
Je voudrais avoir vécu au temps des vrais voyages, quand s'offrait dans toute sa splendeur un spectacle non encore gâché, contaminé et maudit.
C'est dans la mesure même où l'on prétend établir une discrimination entre les cultures et les coutumes que l'on s'identifie le plus complètement avec celle qu'on essaye de nier. En refusant l'humanité à ceux qui apparaissent comme les plus sauvages ou barbares de ses représentants, on ne fait que leur emprunter une de leurs attitudes typiques. Le barbare, c'est d'abord l'homme qui croit à la barbarie.
Ce n'est pas seulement pour duper nos enfants que nous les entretenons dans la croyance au Père Noël: leur ferveur nous réchauffe, nous aide à nous tromper nous-mêmes ...
Citation de Roger-Pol Droit dans "7 philosophes qui ont fait le siècle":
En fin de compte, si Claude Levi-Strauss demeure un explorateur de l'humain, ce n'est pas pour avoir parcouru le Mato Gosso, campé à la dure ou visité le Japon. Ce n'est pas non plus pour avoir parlé, mieux que personne, des mariages, des totems , des mythes ou des masques. Ni pour avoir conjugué, de la plus rare façon, les rigueurs du travail théorique et les élégances du style. C'est pour avoir mis au jour, avec une netteté tenace, les mécanismes symboliques essentiels, inaperçus jusqu'à lui, dont sont tissés les vies, les récits, les créations et les émotions des êtres humains.
Nous ne nous sommes pas suffisamment avisés que langue et culture sont deux modalités parallèles d'une activité plus fondamentale: je pense, ici, à cet hôte présent parmi nous, bien que nul n'ait songé à l'inviter à nos débats: l'esprit humain.
[U]ne société porte son art comme l'arbre ses fleurs, en raison de leur enracinement dans un monde que ni l'un ni l'autre ne prétend faire totalement sien.
Après s'être repu d'or, le monde eut faim de sucre, mais le sucre consommait lui-même des esclaves. L'épuisement des mines - précédé d'ailleurs par la dévastation des forêts donnant le combustible aux creusets - l'abolition de l'esclavage, enfin une demande mondiale croissante orientent São Paulo et son port Santos vers le café. De jaune, puis blanc, l'or est devenu noir . Mais, malgré ces transformations qui on fait de Santos un des centres de commerce international, le site reste d'une secrète beauté...
Aucune société n'est foncièrement bonne ; mais aucune n'est absolument mauvaise
Dans quelques centaines d'années, en ce même lieu, un autre voyageur, aussi désespéré que moi, pleurera la disparition de ce que j'aurais pu voir et qui m'a échappé. Victime d'une double infirmité, tout ce que j'aperçois me blesse, et je me reproche sans relâche de ne pas regarder assez.