POÉSIE ANTIQUE Qui est la Sibylle de Cumes ? (France Culture, 1978)
Lémission « Lautre scène ou les vivants et les dieux », par Claude Mettra, sous-titrée « la parole du souterrain », diffusée le 4 septembre 1978 sur France Culture. Présence : Claude Gaignebet. Lecture : Catherine Laborde et Catherine Salviat.
Durer, au fond, semble ici poursuivre une rêverie personnelle sur le mot même de "mélancolie". [...]
Paisibles sont toutes ces images de sphère, toutes ces lignes courbes qui occupent l'espace pictural. [...]
La rêverie qui est au fond du regard de l'ange, c'est une rêverie qui est à la fois une rêverie d'acquiescement à la création et une rêverie vers le futur, vers la métamorphose dont le creuset est un peu le symbole.
[Durer et l'ange de la mélancolie, 1982, (5)]
Kriemhild, en elle-même, se préservait de l’amour.
La charmante jeune fille vécut ainsi maintes journées,
Sans connaître personne qu’elle voulût pour mari ;
Mais ensuite elle épousa en grand honneur un vaillant chevalier
Kriemhild hielt im Mute / von Minne frei den Sinn
Sie lebte, die viel gute, / manchen Tag dahin,
So dass sie niemand wusste, / den sie wünschte zum Mann,
Bis sie doch mit Ehren / einen kühnen Ritter gewann
L’amour, je ne sais pas ce qu’il est, il ne m’a jamais été donné, mais je sais ce qu’est l’absence d’amour et c’est l’enfer. Et il me faudra longtemps errer dans le domaine des ombres et traverser bien des vis nouvelles pour me laver de cette malédiction.
Car, au coeur même de l'étreinte la plus intensément partagée, nous ne possédons rien : tout au plus pouvons-nous espérer être dépossédé d'une partie de nous-même, de cette partie d'ombre qui nous empêche d'apercevoir la lumière.
Au fur et à mesure que le temps s'écoule, le vieil homme rajeunit, son corps s'allège, le désir de la conjonction amoureuse l'habite et son angoisse se dissout, tandis que s'approfondit son dialogue avec le végétal et l'animal. Et, peu à peu, il redevient enfant, s'emplit de cette lumière paisible qui est absence de toute crainte et de tout souci et, perdant sa singularité sexuelle, participe à cette étreinte indifférenciée qui embrasse, dans un geste d'amour sans partage, l'ensemble de tout ce qui, à sa façon, respire.
Il est étrange que ce visage de la possession dont la géographie psychique se situe du côté des forces mauvaises se soit maintenue, à travers le langage quotidien, dans la relation amoureuse, ce qui en dit long sur l'usage singulier que les hommes font de la sensualité.
L'écrit chasse presque clandestinement toute la qualité de l'oral.
[Durer et l'ange de la mélancolie, 1982, (3)
"L'encrier du diable"]