PRÊTE-MOI TON VISAGE,
QUE J’APPRENNE À ME VOIR
I
Fais-moi voir
demande le Maître zen au disciple
ton visage
avant la naissance de tes parents
La place du peintre est de l’autre côté du visage
Il pose sur ta nuit des copeaux de lumière
: la parure automnale
d’un inconnu
As-tu jamais été épris de toi ? au-delà de toi ?
de moins que toi ?
On est perdu pour soi avant de l’être pour les autres
Celui qu’autrefois en toi tu avais aperçu
tu ne le trouveras plus
Un autre encore t’attend
pris dans les rets de la toile
ou la vérité du bronze
L’art seul capture l’instant
innombrable respir de la mort
Ainsi d’autres toi que toi t’attendent
pour plus de temps que tu n’en auras
au-delà du leurre d’avoir été
Sur le peu le rien qui reste
le nul advenir
le centre du vide
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