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Citations de Claude Sarraute (52)


Cette angoisse-là, celle d'un rendez-vous décommandé à la dernière minute, je sais pas si vous l'avez jamais éprouvée, elle vous renverse, elle vous submerge. C'est la peur, la trouille panique du vide qui soudain s'ouvre sous vos pieds. Le gouffre. Vous étiez-là, vous étiez tranquille, vous saviez que le soir vous seriez à deux, pas à un... Et brusquement, plus rien. 2-1 = 0. Le néant. Le grand trou béant. Elle en tremble, Poupette, elle a la gorge nouée, mal au creux de l'estomac... Qu'est-ce que je vais devenir ? Je vais mourir, voilà ce que je vais faire...
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C'est le genre bulldozer, Tatoune. Elle est possessive comme c'est pas permis, autoritaire, exclusive, mais brave, au fond, un brave homme de femme. Bien d'aplomb, bien calée par ses préjugés, elle en a des tas, que dis-je, elle les a tous.
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Question : Son œuvre a été publiée dans la bibliothèque de la Pléïade, en 1996, donc de son vivant, ce qui est rare, non ?
Réponse : Si elle avait su que Duras y serait aussi ! Pour elle, Marguerite Duras, ce n’était pas de la littérature. Juste des romans de gare, des histoires d’amour…
C’est comme pour l’Académie française, autant te dire que maman aurait adoré être la seule et unique femme admise sous la Coupole, mais une fois que Yourcenar a été la première, c’était fini ; il ne fallait plus en parler ! Quand bien même ils n’y ont jamais pensé…
De même, elle aurait aimé que Bernard Pivot l’invite toute seule à « Apostrophes » ou « Bouillon de culture » - il l’avait fait pour Duras- une émission rien qu’avec elle. J’avais demandé à Pivot pourquoi pas maman ? Il m’a répondu ; « Je ne comprends rien à ce qu’elle écrit ! »
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C. Sarraute parle de sa mère

" Ce qu'elle écrivait, c'était quelque chose qu'on avait jamais vu, ça c'est sûr ! Le principe, c'était "les mouvements infimes qui se déroulent en nous, si rapidement que nous n'en prenons pas conscience"...Je t'explique . C'est :"Tu as un cheveu , ici, sur l'épaule, j'au une envie folle de l'enlever, mais je ne le fais pas; qu'est-ce qui se passe en moi, à ce moment -là ? ".
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Et elles sont restées debout devant le distributeur de gobelets, fines, nerveuses, minces, lisses, toutes neuves encore, intactes, Flo et Béa, deux dragées, jolies à croquer. La beurette et la starlette. La brune et le blonde. La ronde et la longue. Les grands cheveux frisés et les longs cheveux raides. La tout en noire, Béa, et la tout assortie, Flo. A la pointe de la mode, l'une et l'autre. Sauf que c'est pas la même selon que l'on s'habille façon Forum ou façon Faubourg. Quoi Forum ? Quoi, Faubourg ? Des Halles et Saint-Honoré, voyons, bande de ploucs.
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- Allô, Pat ? C est moi, Lisa. Tu ne devineras jamais ce que m'a sorti Axelle pas plus tard que ce matin : " Écoute, maman, faut que je te dise, mes seins, ça va pas, mais alors pas du tout. Ils sont beaucoup trop petits, comme si j'en avais carrément pas. Ça me pourrit la vie. Alors, je te préviens, pour mes quinze ans, toi et papa, vous m'en offrez d'autres, des vrais, des gros, des seins de femme, quoi.
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Elle est passée sans transition de l'état de latence à l'état de révolte pour débouler en plein âge ingrat, Abi, si tant et que ça existe encore. Non, c'est vrai, ça a disparu pareil que les vapeurs ! - Ciel, elle s'est évanouie ! - et les envies à partir du troisième mois de grossesse : Oui, je dors, qu'est-ce qu'il y a encore ? Du caviar aux groseilles ? Mais où veux-tu que je ... Bon, bon, très bien, j'y vais.
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Bah, justement, je n'en ai plus. Ma vie est devenue un calvaire. J’enchaîne malaise vagal sur douleurs lombaires. Je
ne tiens plus debout, mes muscles ont fondu vu que la marche m'est fortement déconseillée et depuis que j'ai entrepris d'écrire ce fichu bouquin, le reste du temps je m'ennuie .

p 77
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D'abord, ça n'est pas vrai. Elle est énorme la place que tu occupes dans la vie de Tchatcha, colossale. C'est une place en creux, un gouffre d'amour frustré, d'espoir déçu, de manque affectif et de révolte impuissante, condamnée d'avance.
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Elle est confiante, elle est naïve, Poupette, désarmante. Une vieille , pas si vieille petite fille toujours à se raconter des histoires, des contes de fées... Ils se marièrent et eurent beaucoup... Ça tient à son éducation. Celle que lui ont donnée ses enfants à la mort de leur père. Ils ont acheté tout un tas de manuels : les premiers pas de votre parent. Le parent de trente à cinquante-cinq ans - ils l'ont eue tard. Les difficultés de votre parent. Le parent agité, le parent paresseux, menteur, désobéissant, capricieux.
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Tes parents étaient avocats de quel genre d'affaires?
Avocats d'affaires,justement!Maman ne devait pas être faite pour le pénal;avant de travailler dans le même cabinet que mon père,elle avait plaidé pour un petit voyou et m'a raconté que pendant la plaidoirie,elle s'est aperçue que son sac à main avait disparu!Elle s'est alors tournée vers son client en criant :"mon sac!c'est lui,je suis sure que c'est lui!"
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La nature est ainsi faite et bien faite qu’à force de se résigner, de surmonter les obstacles ou de s’arranger pour les éviter, on finit par s’en accommoder. Dans mon cas, rien ne pouvait expliquer à l’époque cette détresse absolue, soudaine, d’une violence intolérable dont le souvenir, oublié dès le lendemain, me revient dans toute son horreur aujourd’hui.
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Ce que je vous ai sacrifié aussi, c’est la volupté de la paresse, c’est le bonheur chèrement acquis de me vautrer dans ma flemme, de prendre mon temps et surtout de le perdre. Sans aucun remords, sans aucune mauvaise conscience.
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L’amour tout court, pour moi, ça ne veut rien dire parce que ça veut tout dire : l’amour de la nature, de la patrie, de Dieu, du prochain. Rien de bien personnel, avouez. L’amour auquel je pense se pratique le plus souvent à deux et de plus en plus longtemps. La ménopause, la fin de la procréation, pour nous, les filles, ce n’est plus – il s’en faut ! – la date limite au-delà de laquelle nous ne sommes plus bonnes pour la consommation. Au contraire. On se sent libérées. Oubliés les règles douloureuses, la pilule, le stérilet et tout le tintouin. L’amour, on peut continuer à le faire jusqu’à plus d’âge. Question de besoin, de goût, de talent et de faculté d’adaptation.
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Stan est devenu pigiste puis rédacteur à Time Magazine.Plus tard,il a même reçu le prix Pulitzer...Un jour,Revel me tend Newsweek :"regarde,il y a un article sur moi". Je feuillette et je tombe sur un article signé Stanley Karnow,"prix pulitzer".J'étais très fière,j'avais deux de mes maris dans le même magazine!
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Claude Sarraute
Les hommes n'aimeraient pas les femmes indépendantes, les femmes qui gagnent leur vie ? Ils sont ravis au contraire. Comme ça ils ne sont pas obligés de casquer pour s'envoyer en l'air.

Dites-donc !, 1985
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Calcul ? Non simple sens de la réalité. Quand on n'a plus grand-chose à offrir, seules la gentillesse, la tolérance et, oui, les louanges, spontanées bien sûr, peuvent encore vous valoir des signes d'attachement. Et ça, faut-il vous le répéter, aimer, être aimée, dans la tendresse et l'amitié maintenant, j'en ai besoin comme de l'air que je respire.
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Ma juiverie, je l'ai assumée, bien obligé. (...) Mais ma vieillesse, je la refuse. Comment faire? Se battre contre! Contre le vieillissement faire de la gym, se faire tirer la peau, se faire teindre en blonde, essayer que ça se voie pas trop.
(...)
On n'est plus des moutons qu'on mène au crématoire. On est des panthères (...), des panthères grises. (...) On prend exemple sur les panthères américaines qui on obtenu l'abolition de l'âge obligatoire de la retraite.

Il y en a marre des mesures anti-vieux. Déjà le train, le cinéma, sous prétexte qu'on le paie moins cher, on n'y plus accès qu'à certaines heures, certains jours, certaines dates. Bientôt on nous interdira l'entrée des cafés et du métro aux heures de pointes.

Et vous savez comment ça finira? Par coincer les vieux qui essayent de se défiler, de paraître moins que leur âge, on nous obligera à porter l'étoile, l'étoile vermeille.
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J'avais 7-8 ans, c'était juste avant l'Occupation. Avec mes petits copains à l'école, on bouffait du juif à toutes les récrés. On aimait pas. C'était sale, laid, avare, crépu, crochu. Ça sentait mauvais.
Et voilà qu'un jour mon grand-père me gratifie d'une petite mise au point.
Il me balance, solennel: Je suis juif, tu es juive, et Jésus-Christ était juif. Jésus-Christ, je m'en fous, tant pis pour lui, c'est son problème. Mais moi!
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-Qu'est-ce que vous en pensez vous? De quoi? Ben, de ça... De l'insémination artificielle, des banques de sperme, des ventres à louer, des embryons congelés, des mecs enceints, des pères donneurs, des mères porteuses, des bébés-éprouvettes et bientôt des bébés en bocaux? Moi, rien. Enfin, si. Je pense tout comme Aldous Huxley. Un génie. Avec un grand G. Un génie comparé à George Orwell. Pourquoi tout ce foin en 1984 autour de l'anniversaire de son bouquin sur Big Brother, le maître du Kremlin devenu maître de la planète, je ne comprends pas. Il s'est complètement gouré. Il a belle lurette que le petit père des peuples ne règne plus que un glacis de pays satellites épuisés, anémiques, saignés à blanc comme l'Afghanistan. Alors qu'en face, vous avez vu cette poussée démocratique? Elle fait des petits, la liberté, elle lapine jusqu'en Afrique.
Huxley, lui, c'est autre chose. Il a tout vu, tout prévu, tout inventé. Le Meilleur des Mondes, vous connaissez? Non? Alors précipitez-vous. Vous serez estomaqué. Jules Verne, c'est rien à côté. Les tranquillisants, les clubs de gym, les cassettes sous l'oreiller qui permettent d'apprendre en dormant. Les classes sociales α, β, A, B, C, D, E, dénominations déjà adoptées par ces réalistes de British. (...) La reproduction naturelle impensable.
Bon j'arrête, ça me file des complexe. À côté moi, et mes histoires de nanas, ça ressemble à quoi?
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