AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

4.29/5 (sur 12 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Claude Thiébaut est professeur à l'Université d’Amiens.

Il est l’auteur de divers articles sur Saint-John Perse, Francis Jammes et la Guadeloupe, ainsi que d’un ouvrage historique, Guadeloupe 1899, année de tous les dangers, L'Harmattan, 1989.

Chez Gallimard, deux volumes sur Kafka, l'un sur l'homme et l'oeuvre, dans la collection Découvertes, l'autre, dans la collection Foliothèque, sur "La Métamorphose" et d'autres récits publiés de son vivant, comme "Le verdict".

Ajouter des informations
Bibliographie de Claude Thiébaut   (2)Voir plus

étiquettes

Citations et extraits (4) Ajouter une citation
"GERTI WASNER".
"Au sanatorium, je suis tombé amoureux d'une jeune fille, une enfant, dix-huit ans à peu près, une Suissesse, mais fixée près de Gênes en Italie, sans maturité remarquable, pleine de valeur malgré son caractère maladif, et vraiment profonde. Pour s'emparer de moi dans l'état de vide et de désolation où j'étais alors, il aurait suffi d'une jeune fille beaucoup plus insignifiante."
[Lettre à Felice, 29 décembre 1913]
A Riva, Kafka connaît un des rares épisodes amoureux qu'il ait pris au sérieux. "Pour la première fois, j'ai compris une jeune fille chrétienne et j'ai vécu presque entièrement dans sa sphère d'activité." Il a trente ans et la mystérieuse "G.W." est encore "à moitié une enfant".
Par opposition avec l'aventure sensuelle qu'il a eue avec une autre pensionnaire du même sanatorium, et avec celle qu'il aurait pu avoir avec une troisième, en opposition aussi avec les tensions contradictoires des douze derniers mois, Kafka joue à l'amour sur le mode mineur : " Cogner au plafond de ma chambre - elle habitait au-dessus de moi - en observant une espèce de code que nous n'arrivâmes jamais à mettre définitivement au point : j'attendais sa réponse, je me penchais par la fenêtre, je la saluais, tantôt je recevais sa bénédiction, tantôt je me saisissais d'un ruban qu'elle laissait pendre jusqu'à moi, j'écoutais chacun de ses pas dans sa chambre, j'interprétais chaque coup fortuit comme un signe de connivence, je l'entendais tousser et chanter avant de s'endormir. " Apparemment aucun châtiment du bonheur d'être, si peu que ce soit, ensemble.
Kafka tiendra sa promesse de ne jamais mentionner le nom de la jeune fille, dont on n'a longtemps connu que les initiales.

[Claude THIEBAUT, "Les métamorphoses de Franz Kafka", 1996 , éd. Gallimard (Paris), coll. "Découvertes", 1996 - chapitre III. "LE MALHEUR DU CELIBATAIRE", pages 69-70]
Commenter  J’apprécie          100
[Franz] va s'attarder, de décembre 1918 à mars 1919 à Schelesen, près de Liboch, dans la pension Stüdl.
LA JEUNE FILLE ET LE MENTEUR SINCERE.
Julie Wohryzek séjourne dans la même pension. Kafka l'évoque en ces termes à Max Brod le 6 février 1919 : "Une jeune fille malade, mais pas trop j'espère." Apparemment, il n'a pas complètement abandonné l'idée de se marier un jour et veut croire qu' "il n'est pas absolument criminel pour un tuberculeux d'avoir des enfants". Alors, pourquoi pas Julie Wohryzek ? " Pas juive, pas non-juive, pas allemande, pas non-allemande." Ils se reverront à Prague au cours de l'été, où Julie a ouvert un salon de modiste. Kafka a le sentiment de n'avoir jamais autant ri qu'avec elle ; elle l'étonne par sa vitalité. Il éprouve pour elle plus de pitié que d'amour, et une certaine irritation pour sa naïveté. Cependant, c'est lui qui, le premier, parle de mariage et parvient à convaincre Julie qui d'abord était réticente. La cérémonie est prévue pour novembre. Cette fois encore, il s'agit d'un projet mûrement réfléchi.
BALAYEE D'UN REVERS DE MAIN.
"Je suppose qu'elle a mis quelque corsage choisi avec recherche, comme les Juives de Prague s'entendent à le faire, et là-dessus, naturellement, tu as décidé de l'épouser. Et cela le plus vite possible, dans une semaine, demain, aujourd'hui même. Je ne te comprends pas, tu es pourtant un homme adulte, tu vis dans une ville, et tu ne trouves pas d'autre solution que d'épouser sur-le-champ la première femme venue. N'y a-t-il vraiment pas d'autres possibilités ? " Ainsi réagit Hermann Kafka quand il apprend la nouvelle. et le père proposer à son fils d'aller l'aider à rompre.
Kafka abasourdi voit se réaliser le scénario qu'il craignait le plus, et depuis longtemps =: il prête à son père les mêmes mots, à peine moins vulgaires, qu'il avait fait dire dans "Le Verdict", sept ans plus tôt, au vieux Bendemann, à propos de la fiancée du fils : " C'est parce qu'elle a retroussé ses jupes, parce qu'elle a retroussé ses jupes comme ça, cette oie répugnante [...] que tu l'es mis avec elle... "
LA "LETTRE AU PERE".
Jamais dans son souvenir son père ne l'avait humilié aussi profondément. Il ne s'est pas borné à protester contre une mésalliance (Julie était la fille d'un cordonnier, simple serviteur la synagogue). La blessure pour Kafka est d'un autre ordre : morale. La longue lettre qu'il écrit aussitôt - rappel circonstancié par Kafka, de l'incompréhension qui a, dès l'enfance, caractérisé ses rapports avec son père - a été conçue pour aboutir à la question de ses fiançailles avortées. [...]
FAITE POUR ETRE ECRITE ET NON POUR ETRE LUE.
Mais la lettre qui invitait ainsi son père à lire ses livres ne lui a pas été remise... Et d'ailleurs, Hermann Kafka l'aurait-il lue ? L'aurait-il seulement posée sur son chevet, comme il l'avait fait lorsqu'il avait reçu "Un médecin de campagne", qui lui était pourtant explicitement dédié ? L'aurait-il comprise, et ses rapports avec son fils auraient-ils pour autant changé ?
Au moment où il en commençait la rédaction, Kafka croyait naïvement pouvoir, par cette lettre, rendre à son père et à lui-même "la vie et la mort plus faciles". Au fil de sa rédaction, il a pris conscience de ce qu'aucun mot ne pourrait abolir les malentendus d'une vie entière car "la vie est plus qu'un vie entière" et "les choses réelles ne peuvent s'assembler comme les preuves dans ma lettre ". Pour autant, la rédaction de la "Lettre" a permis à Kafka de survivre, à la différence de Georg Bendemann. Il aurait pu en dire ce qu'il dira bientôt de son dernier roman : qu'elle "n'existait que pour être écrite, pas pour être lue".
Quant à Julie... La séparation d'avec elle aura lieu, mais progressivement : en novembre, Kafka renonce à l'épouser mais continue à la rencontrer. Des lettres sont échangées dont on ignore tout. La rupture définitive n'interviendra qu'en juillet 1920, la moins brutale possible, avec l'aide de la femme [Milena Jesenska] qui, à cette époque, illumine son existence.

[Claude THIEBAUT, "Les métamorphoses de Franz Kafka", 1996 , éd. Gallimard (Paris), coll. "Découvertes", 1996 - chapitre IV. "SURVIVRE", pages 92-93, 98-100]
Commenter  J’apprécie          63
Son travail à l'Office d'assurances, qu'il a repris tant bien que mal en août, le détourne un peu plus de la création. Seul texte qu'il achève à cette époque : Première souffrance. Cette histoire de trapéziste obsédé par la perfection au point de vivre sur son trapèze, qui s'est coupé des hommes et en souffre, qui inquiète son imprésario (Max Brod ?), est encore un autoportrait.
Commenter  J’apprécie          50
Mais comment concilier le mariage et l'écriture ? Pour Kafka, la littérature n'est plus depuis longtemps un moyen d'occuper ses loisirs ou de briller en société : "Cesser d'écrire, je ne le peux pas."
Commenter  J’apprécie          50

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Auteurs proches de Claude Thiébaut
Lecteurs de Claude Thiébaut (28)Voir plus

¤¤

{* *}