Clément MAROT Chansons & Psaumes : concert de musiques réduites au luth (France Musique, 1998)
L'émission "Scène ouverte", par Claudin de Sermisy, diffusée le 4 juin 1998 sur France Musique en direct de Maison de Radio France (salle Sacha Guitry). Présence : Dominique Vellard (chant) et Bernard Revel (luth).
“Tétin de satin blanc tout neuf
tétin qui fait honte à la Rose
tétin plus beau que nulle chose
au milieu duquel est assise
une fraise ou une cerise”
Pourtant si je suis brunette
Ami, n'en prenez émoi :
Autant suis ferme et jeunette
Qu'une plus blanche que moi.
D’être content sans vouloir davantage est un trésor qu’on ne peut estimer.
Jouissance vous donnerai
Jouissance vous donnerai,
Mon Ami, et si mènerai
A bonne fin votre espérance.
Vivante ne vous laisserai ;
Encore, quand morte serai,
L'esprit en aura souvenance.
Si pour moi avez du souci,
Pour vous n'en ai pas moins aussi,
Amour le vous doit faire entendre.
Mais s'il vous grève d'être ainsi,
Apaisez votre coeur transi :
Tout vient à point, qui peut attendre.
Chant de Mai et de Vertu
Volontiers en ce mois ici
La terre mue et renouvelle.
Maints amoureux en font ainsi,
Sujets à faire amour nouvelle
Par légèreté de cervelle,
Ou pour être ailleurs plus contents ;
Ma façon d'aimer n'est pas telle,
Mes amours durent en tout temps.
N'y a si belle dame aussi
De qui la beauté ne chancelle ;
Par temps, maladie ou souci,
Laideur les tire en sa nacelle ;
Mais rien ne peut enlaidir celle
Que servir sans fin je prétends ;
Et pour ce qu'elle est toujours belle
Mes amours durent en tout temps.
Celle dont je dis tout ceci,
C'est Vertu, la nymphe éternelle,
Qui au mont d'honneur éclairci
Tous les vrais amoureux appelle :
" Venez, amants, venez (dit-elle),
Venez à moi, je vous attends ;
Venez (ce dit la jouvencelle).
Mes amours durent en tout temps. "
Anne ma sœur, dont me vient le songer.
Qui toute nuit par devers vous me mène,
Quel nouvel hôte est venu se loger
Dedans mon cœur, et toujours s'y promène ?
Certes je crois, et ma foi n'est point vaine,
Que c'est un
Dieu.
Me vient-il consoler ?
Ah c'est
Amour, je le sens bien voler.
Anne, ma sœur, vous l'avez fait mon hôte.
Et le sera, me dut-il affoler,
Si celle-là qui l'y mit ne l'en ôte.
DE CELUI QUI NOUVELLEMENT A REÇU LETTRES DE S'AMIE
A mon désir, d'un fort singulier être
Nouveaux écrits on m'a fait apparaître,
Qui m'ont ravi, tant qu'il faut que par eux
Aie liesse ou ennui langoureux :
Pour l'un ou l'autre Amour si m'a fait naître.
C'est par un coeur que du mien j'ai fait maître,
Voyant en lui toutes vertus accroître :
Et ne crains, fors qu'il soit trop rigoureux
A mon désir.
C'est une Dame en faits et dits adextre,
C'est une Dame ayant la sorte d'être
Fort bien traitant un loyal amoureux.
Plût or à Dieu que fusse assez heureux
Pour quelque jour l'éprouver et connaître
A mon désir.
DU CONTENT EN AMOURS
Là me tiendrai, où à présent me tiens,
Car ma maîtresse au plaisant entretien
M’aime d’un cœur tant bon et désirable
Qu’on me devrait appeler misérable,
Si mon vouloir était autre que sien.
Et fusse Hélène au gracieux maintien
Qui me vînt dire : « Ami, fais mon cœur tien »,
Je répondrais : « Point ne serai muable :
Là me tiendrai. »
Qu’un chacun donc voise chercher son bien
Quant est à moi, je me trouve très bien.
J’ai Dame belle, exquise et honorable.
Parquoi, fussè-je onze mille ans durable,
Au Dieu d’amour ne demanderai rien :
Là me tiendrai.
Plus ne suis ce que j'ai été,
Et ne le saurais jamais être;
Mon beau printemps et mon été
Ont fait le saut par la fenêtre.
« Sur le printemps de ma jeunesse folle,
Je ressemblais l’arondelle qui vole
Puis çà, puis là ; l’âge me conduisait
Sans peur ni soin, où le coeur me disait. »