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Critiques de Clémentine Beauvais (2319)
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Les petites reines

Si j'étais ado, nul doute que j'attribuerais à ce roman la note maximale mais c'est avec mon regard d'adulte que je vous livre ici mon avis.



Le défi de l'auteur est de taille : faire rire de ce qui blesse et faire naître la valorisation de l'humiliation.



Hakima, Astrid et Mireille sont trois adolescentes boulottes qu'un crétin de leur collège a élu "Boudins d'Or, d'Argent et de Bronze", reines de "mocheté" d'un concours de son cru, tout aussi crétin. A l'heure de la génération Z et des "digital natives", cette initiative immorale qui touche selon moi à la maltraitance et au harcèlement, a pourtant tous les atouts pour faire le buzz. Plus ou moins dissimulées derrière leurs pseudos et avatars, des hordes d'ados boutonneux et méchants - comme peuvent si bien l'être des ados boutonneux - lâchent la bride à leurs bas instincts : se moquer, humilier, s'acharner sur un souffre-douleur... Les trois jeunes filles prennent la chose avec plus ou moins de recul mais la blessure est bien là. Quelle réaction adopter pour faire la nique aux cons et pour se protéger ? Relever un challenge et prouver que leur physique disgracieux ne les empêche pas d'être belles d'altruisme et d'intelligence. En quelques jours, elles mettent sur pied un improbable voyage à vélo de Bourg-en-Bresse à Paris, exclusivement financé par la vente itinérante de... boudins.



Nous avons tous été ados, donc nous avons tous été confrontés de près ou de loin à ce type de discriminations. Perso, j'étais plutôt du côté des victimes et j'ai ressenti en profondeur l'injustice et l'humiliation rapportées par cette fiction si proche de la réalité de bien des jeunes gens en milieu scolaire. De tous les harcèlements, celui qui touche au physique compte sans doute parmi les plus douloureux, si tant est qu'on puisse hiérarchiser les différentes formes de persécution. C'est donc consciente de tout ce contexte que je me suis lancée dans la lecture de ce roman jeunesse ciblé adolescence. Merci au passage à petitsoleil qui me l'a procuré.



J'ai trouvé beaucoup de subtilité et d'humour dans le traitement que fait Clémentine Beauvais de son thème : un sujet tabou qu'elle s'acharne à faire tomber et même si parfois les personnages sont un peu outrés, on lui pardonne parce qu'elle s'adresse à un jeune public pour qui la vraisemblance de la narration est peut-être moins importante que l'identification aux personnages. Les chapitres sont courts et s'imbriquent avec logique dans une trame assez fertile en rebondissements. Les personnages sont plus ou moins attachants selon leur personnalité ; on se prend facilement à leur jeu, on les encourage dans leur défi et pour un peu, on partagerait un peu de leurs courbatures.



Pour avoir lu et apprécié "La liste" de Siobhan Vivian qui traite un peu du même sujet, j'ai trouvé chez "Les petites reines" une construction plus originale et davantage de légèreté et de tendresse ; cette même tendresse dont les ados ont tant besoin et qu'ils mettent très souvent toutes leurs forces à repousser.





Challenge Petit Bac 2016 - 2017

Challenge ATOUT PRIX 2016 - 2017

Challenge MULTI-DÉFIS 2017
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Décomposée

Lorsque j'ai été percutée par la beauté des Fleurs du Mal au lycée, La Charogne est le poème du recueil qui m'a le plus fascinée, sidérant de violence inattendue dans les mots d'un poète qui,s'adressant à son amante, lui prédit d'être une jour, elle aussi, mangée par une vermine qui la couvrira de baisers.



Dans ce roman en vers libres, absolument éblouissant, Clémentine Beauvais, donne une voix à la charogne, incarnée sous les traits de Grâce. Elle raconte sa vie à Jeanne Duval, la muse de Baudelaire, lorsque celle-ci rencontre sa carcasse pourrissant au détour d'un sentier. L'auteure s'empare du duo Grâce – Jeanne avec une liberté formelle vivifiante. le récit de poésie narrative ne s'enferre jamais dans un genre, rebondit dans plusieurs. Un anti-sclérose littéraire, tour à tour poétique, théâtral, sociétal, graphique, porté par une écriture savoureuse, à la fois lyrique et crue, narquoise et puissante. le travail sur la langue est remarquable, emplie de sensations, d'images, jouant sur le placement des mots sur la page sans que cela ne sente la pause ou la facilité.



Le texte, découpé en lieux ( « détour d'un sentier », « montagne », « ravin », « tout un monde lointain », « rue de la femme sans tête » etc ), choisit de mettre Baudelaire en retrait pour placer sous la lumière les deux femmes, Grâce et Jeanne. Superbe choix, politique, féministe, qui accouche d'une réflexion très générale sur la condition féminine.



On est très loin des muses du XIXème siècle à l'image figée par le regard masculin des grands artistes. le destin tragique de Grâce, couturière, prostituée, chirurgienne d'instinct, avorteuse puis tueuse, embrasse son désir d'émancipation et les difficultés auxquelles se heurte sa condition sociale défavorisée. Elle évolue avec les conditions de liberté qui lui sont données, minimales. le corps féminin est au coeur de ses tensions, jusqu'à sa putréfaction impudique, au détour d'un chantier.



Pour autant, jamais Clémentine Beauvais ne tombe dans le manichéisme et présente ses personnages féminins avec toutes leurs intrications contradictoires, leur violence aussi. La sororité, elle-même, n'est pas glorifiée comme une utopie souriante mais décrite dans sa complexité, les femmes sachant se faire les bourreaux de leurs consoeurs lorsqu'il faut rentrer dans la norme.



Cette revisite audacieuse, créative et originale du poème de Baudelaire m'a immédiatement plu, dès les premières pages qui m'ont bousculée et touchée , parlant aussi bien à l'intellect qu'au coeur. Réjouissant !



Ps : ce texte est le sixième publié par la collection Iconop ( dirigée par Cécile Coulon et Alexandre Bord ), projet littéraire fort excitant des éditions L'Iconoclaste mettant à l'honneur d'une poésie contemporaine sans entrave.
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Brexit romance

Marguerite, jeune soprano de 17ans, grenobloise, part en Grande-Bretagne, en Eurostar accompagnée par Pierre Kamener, 26 ans, son professeur, agent, protecteur, pour jouer le rôle de Susanna dans Les noces de Figaro. Leur voisine de train, une belle jeune fille blonde, Cannelle Fichin, venant de Lyon leur confie s'y rendre, elle, pour organiser son mariage, un mariage arrangé. Elle va épouser Matt Dodgson, dont la soeur jumelle Justine, tout juste 20ans, a créé une start-up secrète Brexit Romance. Elle leur explique comment, suite aux résultats du référendum sur le Brexit, qui avait décidé de la sortie du Royaume-Uni de l'Union Européenne, voyant que de nombreux Anglais pour rester européens sont prêts à épouser des Français, Justine pense à une application qui permettrait d'arranger des mariages blancs entre Britanniques et Français leur permettant d'obtenir après cinq années de chaste cohabitation, la double nationalité et ainsi de continuer à circuler en Europe.

À leur arrivée, Marguerite se rend avec Pierre à l'opéra, au Covent garden et c'est là qu'elle va croiser un jeune lord anglais, Cosmo Carraway dont la famille est d'extrême droite et donc raciste et europhobe, qui se révèlera être un ami de Justine.

Justine, elle, doit à tout prix finaliser plusieurs mariages pour donner de la crédibilité à sa start-up et surtout pour convaincre d'éventuels sponsors. Mais est-ce aussi simple qu'il y paraît ? Et si les sentiments et l'amour s'en mêlent ?

Un roman ou peut-être une pièce en trois actes, Brexit Romance se révêle comme une extraordinaire comédie où l'humour est omniprésent. Il ne faut pourtant pas croire qu'il s'agit d'une simple comédie romantique, c'est bien plus que cela. Déjà, les thèmes abordés sont multiples. Il est question bien sûr de politique avec ce Brexit, comment il est perçu un an après, en 2017 par les différentes couches de la société, et ses conséquences. Mais la place des femmes dans la société, le racisme, l'utilisation des réseaux sociaux dans la rencontre amoureuse, de la messagerie instantanée parfaitement maîtrisés par la jeunesse, d'ailleurs Matt, lorsque le risque d'être poursuivis sera là effacera par une courte pression du pouce, des milliers de lignes de conversation, "De Dropbox à WhatsApp, de Messenger à Gmail en passant par iMessage", la question des droits LGBT seront également abordés.

En mélangeant les deux langues, les deux cultures et en jouant avec leurs spécificités, Clémentine Beauvais nous offre un roman passionnant, hilarant, très intelligent, avec des personnages attachants et des dialogues sublimes, truffés de jeux de mots, un roman très contemporain.

C'est le premier roman que je lis de cette auteure et j'avoue avoir été un peu déroutée au début, mais très vite, j'ai été happée par cette plume si originale, si riche et si jeune ! Impossible de m'arracher de cette lecture pleine de rebondissements. Un vrai coup de coeur ! Roman jeunesse mais bien plus...


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Les petites reines

Les petites reines de Clémentine Beauvais est un roman jeunesse qui comprend trois parties.

Dans la première, intitulée Bourg-en-Bresse, nous faisons connaissance avec Mireille, Astrid et Hakima qui, à cause de leur physique ingrat, ont été élues respectivement Boudin d'or, Boudin d'argent et Boudin de bronze, au concours de Boudins du collège-lycée Marie Darrieussecq de Boug-en-Bresse. le dit concours est organisé depuis trois ans par l'ancien meilleur copain de Mireille, en maternelle et en primaire, Malo. Entraîné par des potes dès la sixième, ça a commencé par un groupe Facebook, puis tout est allé très vite, jusqu'au lancement de ce concours.

Mais pas question de se lamenter. Elles découvrent en discutant que chacune d'elle pourrait avoir une bonne raison de se rendre à Paris, à la garden-party de l'Élysée pour y taper l'incruste, gate-crasher la petite fiesta annuelle, l'interrompre, quoi. Alors Mireille, suite à une boutade de sa mère, a cette idée géniale : on va y aller à vélo ! Après quelques entraînements et quelques heures passées avec la boîte à outils pour traficoter un pick-up et pouvoir le fixer aux trois vélos, nos trois vilains petits canards vont pouvoir voler de leurs propres ailes. Pour financer le projet, elles vendront, sur le trajet, ironiquement, du boudin. Elles sont escortées par le frère aîné d'Hakima, Kader, alias le Soleil, 25 ans, seul survivant d'un massacre et cet ancien soldat se déplacera quant à lui en chaise roulante.

C'est parti ! Et la seconde étape, La route, nous conte toutes les péripéties du trajet (une carte de l'itinéraire des petites reines est d'ailleurs fort judicieusement placée en début de roman, pour les plus faibles en géographie).

Une dernière partie Paris relate leur arrivée à la capitale et leur accueil à la garden-party.

Vont-elles réussir à réaliser ce qu'elles ont projeté ?

Avec Les petites reines, la jeune autrice Clémentine Beauvais réussit à nous embarquer dans un rocambolesque road-trip, absolument déjanté. Outre le passage à l'abbaye de Cluny ou encore au château de Longuemort, l'un des mérites de ce livre est de nous faire aussi découvrir ces fabuleuses richesses du terroir que sont par exemple à Sancerre, capitale du vin, l'inimitable crottin de Chavignol, fromage préféré de Mireille. Pour ce qui est du boudin et de ses divers accompagnements, ces « succulents boudins frétillant doucement dans leurs poêlons...la compote qui clapote, et les oignons caramélisés s'enroulant sensuellement sur eux-mêmes… la moutarde poivrée, adoucie par la crème... », de quoi faire frétiller les papilles en lisant ces lignes !

Si Les petites reines est une véritable et splendide ode au vélo, c'est aussi un roman sur l'amitié. Ce sentiment puissant né durant leur périple va permettre aux trois filles d'affiner et d'affirmer leur personnalité. Une belle solidarité également les aidera à faire face aux aléas du trajet, notamment quand Hakima aura ses premières règles. Mais c'est aussi de l'amour filial dont il est question dans le livre, et ce toujours avec beaucoup de drôlerie et d'émotions retenues.

La romancière excelle à montrer les nombreuses dérives de la presse et des réseaux sociaux, sans toutefois omettre les quelques côtés positifs, car si tout avait été assez minutieusement préparé, ce que les filles n'avaient pas prévu, c'est que leur périple attirerait une telle attention des médias…

C'est avant tout les diktats de l'apparence féminine que l'écrivaine fustige, le harcèlement qui touche au physique étant particulièrement douloureux à vivre. Ce récit prouve combien la notion de beauté est relative et montre que les gens peuvent se montrer généreux pour peu qu'on leur en donne l'exemple et la possibilité.

Les petites reines n'a d'ailleurs pas été sans me rappeler certaines pensées du Petit prince de Saint Exupéry.

C'est un magnifique roman plein d'énergie et de vitalité qui m'a fait passer d'excellentes heures de lecture (j'étais pliée de rire dès les premières pages) auprès de ces audacieuses collégiennes, prêtes à tout pour aller au bout de leur rêve. Il est un bel hommage à la ville de Bourg-en Bresse « une ville qui nourrit bien ses habitants » et de belles pages lui sont dédiées, qui n'ont pas été sans me faire saliver.

J'avais particulièrement apprécié Brexit romance de cette même autrice et je dois remercier ma petite-fille Jeanne pour m'avoir incitée à découvrir celui-ci.

Non seulement je ne le regrette pas mais je conseillerais vivement aux ados et aux moins jeunes qui ne l'auraient pas encore fait, à découvrir rapidement Les petites reines de Clémentine Beauvais.


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Les petites reines

Troisième roman de Clémentine Beauvais que je lis en quelques semaines… mine de rien , elle est en train de devenir une de mes meilleures "écrivains /amies" … je me sens bien dans ses livres parce qu'ils sont très amusants, frais et complétement farfelus .



Cette année Mireille Laplanche (15 ans ), a été détrônée par Astrid pour le titre de boudin d'or , elle ne sera qu'argent et la petite Hakima (12 ans) fait son entrée à la place de boudin de bronze. Cette compétition est hors la loi, et d'ailleurs elles n' y ont pas postulé , car il faudrait être folle pour aimer être élue "boudin" : la fille la plus moche de l'école…

Mais quand Astrid débarque chez elle, désespérée, Mireille comprend qu'il faut faire quelque chose et être solidaire, la petite Hakima ,à douze ans, n'aura jamais le recul nécessaire pour que cette insulte glisse sur elle comme l'eau sur les plumes d'un canard.

Elles ne savent pas encore, que se rencontrer est ce qui pouvait leur arriver de mieux .

Action / réaction et pas lamentations !

Après moults discussions, elles se rendent compte qu'elles ont un point commun toutes les trois, une personne à voir à la Garden Party de l'Elysée . Ni une , ni deux, les voilà qui décident de se rendre à Paris , sur des vélos et de vendre du boudin sur la route , chaperonnées par Kader en fauteuil roulant , (surnommé le Soleil ) , le frère d' Hakima .

Les "Boudinettes" sont rentrées en rébellion, appelez-les : " Les Petites Reines", désormais !

Dans leur périple, elles rencontreront tout un tas de personnes qui les feront mûrir , jusqu'au bouquet final du 14 Juillet à Paris, où leur quête trouvera le repos et la satisfaction…

Ne comptez pas sur Clémentine Beauvais pour coller à la réalité, son histoire est hautement improbable mais on s'en fout, car : quelle leçon !

Les adolescents y apprendront que même dans l'horreur, le harcèlement, l'humiliation la plus absolue, on peut réagir, qu'on est pas tout seul, que si certaines personnes sont abjectes , d'autres sauront vous tendre la main. On y apprend que l'humour , l'intelligence, la répartie peuvent renverser les choses , que l'union fait la force ,que l'amitié , c'est super important , etc...

C'est donc une histoire qui sous des dehors rigolos, en dit bien plus qu'un long discours, une histoire à placer dans tous les lieux (écoles, médiathèques) où peuvent passer des ados en détresse.

Lire peut sauver des vies et rire peut sauver de tout .

Merci à Clémentine Beauvais , une auteure acidulée et vitaminée ,de rendre le monde plus beau…





Ce roman est en cours d'adaptation cinématographique.
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Songe à la douceur

" Comme des images " m'avait percuté, "Brexit romance" m'a envouté , comme ce " Songe à la douceur, les romans de Clémentine Beauvais n'en finissent plus de me séduire, de me charmer, de m'amuser. Parce que son écriture est inventive ( TRES !) , parce que son écriture est rafraichissante, originale et brillante et ne ressemble à aucune autre plume jeunesse.

Librement inspiré d'un roman d' Alexandre Pouchkine, "Eugène Onéguine" : sur cela , je ne me prononcerai pas, ne connaissant pas l'oeuvre de ce grand écrivain, je ne pourrais pas comparer.



Lorsque Tatiana rencontre Eugène pour la première fois , elle a 14 ans, lui 17. Romantique, elle tombe amoureuse , blasé , il la repousse : elle n'est qu'une gamine [/ "ils finiront par s'ennuyer"]. Une gamine avec laquelle il est plus ou moins forcé de discuter quand son meilleur ami Lensky, rend visite à Olga sa petite amie , la grande soeur de Tatiana. Puis survient un drame et leurs chemins se séparent jusqu'à ce que 10 ans plus tard, ils se croisent dans le métro, et là, la gamine est devenue papillon et Eugène est subjugué.

Histoire d'amour à sens unique , puis histoire d'amour en devenir , puis … Clémentine Beauvais vous attendra , là où vous ne l'attendrez pas … Cette auteur aura le dernier mot !

De rimes, en calligrammes , de passages ultra contemporains en vers , de textes inversés en présentations originales, laissez cette auteure vous surprendre .

Ce livre déversera sur vous , son énergie bouillonnante, un romantisme moderne, une fulgurance, , du réalisme et une bonne dose de féminisme .

Clémentine Beauvais signe ici, un roman complétement différent des autres (son imagination m'épate) , éblouissant et parfaitement maitrisé.
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Les petites reines

J'ai beaucoup aimé ce livre ! Je n'aurais pas forcément eu l'idée de le lire sans les nombreux échos sur Babelio, mais ca m'a intriguée, à la fois le titre, la couverture très sympa, et le côté humoristique, le trio de filles ...



Lu quelques semaines après le livre sur le périple "so british" de Harold Fry (qui personnellement m'avait moyennement plu). J'ai nettement préféré ce livre, plein d'humour donc on l'a dit, avec un trio de filles, mais comme les Mousquetaires il y a quatre personnes, car la famille de Hakima ne les laisse partir que si elles sont accompagnées par le grand frère Kader.



Quatre personnages intéressants, qui vont être de plus en plus complices, qui vont changer, mûrir ... pas seulement en devenant célèbres, plus minces ... même si ca intéresse les journalistes, mais surtout, en relevant leurs défis personnels et leur défi collectif : Bourg-en-Bresse - Paris, à vélo et en vendant des boudins lors des étapes ! Puisque les 3 filles ont été élues "Boudins" lors d'un concours idiot. Une bonne occasion de rappeler que le harcèlement par Internet reste du harcèlement. Une occasion aussi de montrer que ces 4 personnes sont bien plus courageuses que l'organisateur du "concours", on le verra ...



J'ai été touchée aussi par d'autres personnages que les 3 filles, notamment par Adrienne et Kader.

Une lecture plaisir, détente, mais qui aborde aussi pas mal de thèmes sérieux. Une histoire dans laquelle on a une Présidente et beaucoup de mairesses, une blogueuse féministe ... La réflexion sur les femmes et leur corps est présente, même si elle reste divertissante grâce à l'humour et l'aplomb de Mireille.



A découvrir
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Les petites reines

C'est l'histoire de trois nanas.



Trois nanas moches qui partent faire du vélo.



Voilà, merci. Au-revoir.



Bon, je me rends compte que je vais devoir développer !



Elles s'appellent Astrid, Hakima et Mireille. Bon, ce ne sont pas des reines de beauté ces héroïnes là, loin de là. Elles ont même été élues sur Facebook respectivement Boudins d'or, d'argent et de bronze !



Loin de se décourager, elles vont partir à vélo, heu, En vélo ? Bref, à bicyclette, quoi, pour rejoindre l'Elysée et chacune accomplir une quête personnelle, en vendant du boudin à chacune de leur étape !



Je ne connaissais pas Clémentine Beauvais, pauvre naze que je suis, et quelle découverte !



Ce road trip entre Bourg-en-Bresse et Paris fut pour moi une parenthèse enchantée et hilarante ! Ou comment pédaler dans la choucroute, ou plutôt ici dans le boudin, lorsqu'on est une ado au physique ingrat mais qu'on peut quand même être un sacré bout (de boudin ? Je sais, j'suis lourd, là) de femme !



C'est compliqué de faire rire et d'émouvoir en même temps et je décerne le maillot jaune, rouge et vert (je ne sais pas s'il existe) à Clémentine Beauvais. Chaque page souffle un vent de liberté et d'impertinence à la face de notre petite société !



Roman atypique sur des nanas extra très ordinaires, mention spéciale pour les dialogues entre Mireille et sa mère où j'ai ri de bon coeur à chaque fois !

Si tu aimes les anti-héros, les ballades en vélo (à vélo ?) et le boudin blanc, tu dois absolument découvrir ces reines-là.



Et même si tu préfères le rallye, le saucisson et les super héros, en fait, il faut tout simplement découvrir ce roman qui mérite un bien joli petit détour ! Mollets d'acier et crise de rire garantie !


Lien : https://labibliothequedejuju..
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Comment jouir de la lecture ?

Je connais bien Clémentine Beauvais. Enfin, j'avais l'impression de bien la connaitre. C'est une autrice qui réussit à me surprendre à chaque fois que je la lis. Elle ose aborder des genres, des publics très différents, et j'en suis très admirative.



Elle se lance ici dans un petit essai, dans cette collection ALT de la maison d'éditions La Martinière Jeunesse, qui compte déjà une dizaine de livres, tous des essais sous le même format, très courts, qui vont directement à l'essentiel.



A l'intention de la jeunesse, je n'en suis pas sûre. Si le format et le ton subtilement provocateur parfois sont bien des arguments qui penchent en faveur de cette classification, le fond s'adresse plutôt à mon humble avis à des lecteurs expérimentés. Et/ou pourrait être utilisé à profit dans des cours de littérature pour aider les élèves à se poser les bonnes questions.



Car c'est l'intérêt principal pour moi de ce texte : amener le lecteur à se poser des questions, à mieux comprendre ce qui est source de plaisir pour lui dans la lecture, à développer par les réponses qu'il y apporte ces plaisirs, à enrichir ses ressentis, à les partager.

Elle met en mots ce qui est pour moi une évidence depuis que je me livre à cet exercice, commenter mes lectures. Cela a modifié mes gouts littéraires, les a développés, m'a permis d'apprécier des textes que je n'aurais jamais lu. Autre évidence, le partage de ces ressentis, la discussion avec d'autres, là aussi est un enrichissement perpétuel, une source de découvertes.



Je n'ai pas été d'accord avec tout ce qu'elle dit, certaines affirmations m'ont paru des évidences, d'autres m'ont fait réfléchir, certaines m'ont laissée sceptique, mais j'en retire une certitude. Je continuerai à partager sur ce site :-)

Et cerise sur le gâteau, ce texte quoique court est très riche en références, de Proust à Reverdy, auteurs lus récemment par certains de mes amis, entre autres.



Merci à Netgalley et aux éditions La Martinière Jeunesse pour ce partage #Commentjouirdelalecture #NetGalleyFrance
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Les petites reines

C'est le grand buzz du moment ! Trois jeunes collégiennes qui se sont vues attribuer le titre de "Boudins" décident de s'unir. Elles partent à vélo de Bourg-en-Bresse afin de rallier Paris pour les fêtes du 14 juillet !



Chacune a sa propre motivation : rencontrer son groupe fétiche, Indochine, pour Astrid, rendre à sa famille son honneur pour la jeune Hakima et se faire reconnaître par son père biologique pour Mireille.



Elles seront chaperonnée par "Le soleil", le grand frère d'Hakima, amputé des deux jambes mais qui reste pour Mireille beau comme un dieu. Elles vendront tout le long du trajet des boudins afin de récolter de l'argent.



Leur histoire peu banale va très vite attirer l'attention des médias et faire évoluer à la fois leur propre regard sur leur identité et celui des autres...



Un roman pep's, bonne humeur. En dépit de la mauvaise image qu'elles ont d'elles-mêmes, elles ne se départissent à aucun moment de leur sens de l'humour et de l'autodérision.



Si Mireille est la leader du groupe et semble la mieux armée en terme de réparties, elle entraîne dans sa combativité ses deux nouvelles amies d'infortune.



Ce qui est merveilleux dans ce récit, c'est que loin de vouloir changer leur corps ni-même leur apparence générale, elles tentent de s'assumer pleinement et en définitive c'est elles qui regardent le lecteur et l'interpellent !



Le vélo, qui est en quelque sorte l'un des personnages de l'histoire, n'est pas un moyen de perdre des kilos, mais simplement un outil de locomotion.



Outre le plaisir du langage et des répliques, l'auteur ficelle une sorte de conte moderne, optimiste et instructif ! Il est aussi à signaler une réflexion en filigrane sur la famille avec un beau portrait du beau-père...



Alors vous le prendrez comment ce boudin ? noir, blanc ou végétarien ? Dans tous les cas il sera savoureux !


Lien : http://www.nouveautes-jeunes..
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Âge tendre

Aujourd'hui, tous les jeunes doivent dorénavant effectuer, entre l'année de 3e et l'année de 2nde, un Service Civique Obligatoire (SCO), d'une durée de 10 mois au cours desquels ils devront rédiger un rapport, noté en fin d'année par des professeurs. Si les élèves peuvent, en amont, exprimer des préférences quant au champ professionnel et à la région, visiblement, personne ne semble en tenir véritablement compte. Valentin Lemonnier est de ceux, parmi tant d'autres. S'il a souhaité effectuer son serci dans la culture, l'éducation et le social en Bourgogne-Franche-Comté, Auvergne-Rhônes-Alpes et Grand Est, il est évidemment déçu et un brin stressé par ses résultats. Ce sera la santé dans les Hauts-de-France ! Le voilà donc quittant sa sœur, son frère, sa mère et Albi pour s'installer dans une maisonnette, avec 5 colocataires, dont Serge, son tuteur, à Boulogne-sur-Mer centre. Le matin du 1er septembre, il franchit les portes de l'unité Mnémosyne, un centre pour personnes âgées atteintes d'Alzheimer. Dans la Section B où il officiera, il est littéralement replongé dans les années 60. Si tout, à ses yeux, lui paraît négatif et stressant, il va pourtant y passer une année inoubliable...



Ce roman n'est, ni plus ni moins, que le Rapport de Service Civique Obligatoire de Valentin Lemonnier. Et heureusement que ce jeune adolescent est bavard car en nous livrant, sur 378 pages, ses impressions, ses ressentis, ses émotions, son quotidien au sein de l'Unité, ses liens qu'il aura noués, il a largement dépassé les 30 pages dactylographiées demandées. Et, évidemment, toutes ses impressions, pour la plupart, très négatives ou négatives au début de son stage, vont progressivement devenir neutres puis positives. Grâce à ce stage, Valentin va évoluer, grandir, apprendre sur les autres et sur lui-même et reconsidérer certaines choses plus positivement, notamment grâce aux pensionnaires, en particulier madame Laurel qui lui fera connaître Françoise Hardy, à Sola Perré, son encadrante, ses colocataires, ainsi que Serge, son tuteur. Aussi, l'adolescent, plutôt réfractaire, intolérant et peu social va peu à peu s'effacer et s'ouvrir aux autres, devenant par là même de plus en plus attachant et drôle. D'ailleurs, les notes rétrospectives, ajoutées à la fin de son stage, en sont la preuve. Ce rapport, loin d'être gonflant, est très agréable à lire, tant il se dégage d'humanité, de tendresse, de malice, de sensibilité, d'humour et d'émotions.



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Âge tendre

Une fois n'est pas coutume, suite à quelques critiques élogieuses et parce que l'autrice m'a déjà séduite dans le passé, j'ai jeté mon dévolu sur un livre pour adolescent, déjà, doublé d'une dystopie, encore plus rare pour moi. Celle-ci reste légère, quoique jugez, une femme est présidente... Et elle n'est pas d'extrême droite.



Dans ce futur proche, chaque élève doit avant son entrée au lycée effectuer une année de service civil. Il exprime ses choix et une application (cela rappellera des souvenirs plus ou moins heureux à beaucoup de parents) va l'affecter sur un stage. Pour Valentin, ce sera une unité pour patients atteints de la maladie d'Alzheimer, un centre où les années 60-70 sont recréées de toutes pièces.

Le roman est son rapport de stage.



J'ai été séduite par l'humanité qui se dégage de ce roman. L'autrice, ainsi que rappelé dans la conclusion du rapport, a décidé d'occulter les aspects les plus déplaisants de ce service à des personnes âgées. C'est un parti-pris qui est cohérent avec le ton du livre.



Valentin est un surdoué, capable de mémoriser, lui, énormément d'informations en peu de temps, mais quasiment inapte aux relations sociales. Il est même je dirais psycho-rigide, traumatisé par la séparation de ses parents et en veut terriblement à son père qui a refait sa vie. Cette année sera pour lui l'occasion de grandir, de s'ouvrir aux autres et d'appréhender le monde tel qu'il est, plein de nuances, et non en noir et blanc.

Il est entouré de personnes bienveillantes (peut-etre est-ce un peu trop, cela manque un peu de c..) et notamment sa tutrice, au caractère beaucoup plus fantaisiste, qui va d'abord dérouter Valentin, avant que leur relation ne devienne essentielle pour lui et pour elle. Il saura l'aider à surmonter un épisode douloureux.



Je me suis beaucoup attachée à ces deux personnages, j'ai aimé les voir s'apprivoiser, se dévoiler et évoluer pour finalement être capables l'un et l'autre de reprendre leur vie en main, hors de l'atmosphère rassurante de ce centre.



L'autre atout de ce roman pour moi est la forme, un peu surprenante au premier abord. le rapport de Valentin, ou journal de stage, est ponctué de remarques rétrospectives, souvent pleines d'humour, Valentin auto-analysant l'ado qu'il était et qu'il ne trouve pas très aimable.



Un choix de lecture que je n'ai pas regretté.



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Les Facétieuses

Laissez tomber Marx, Bourdieu et Piketty et jetez-vous plutôt sur le dernier Clémentine Beauvais : un ouvrage édifiant qui fait ENFIN la lumière sur des rouages insoupçonnés de la reproduction des inégalités !



C'est un concours de circonstances improbable qui met l'autrice sur la piste de ce qui restera sans nul doute dans les annales comme L'AFFAIRE DES MARRAINES LA BONNE FÉE : alors qu'elle traverse une mauvaise passe, voilà qu'on lui commande un texte sur le destin tragique de Louis XVII (vous savez bien, l'infortuné fils de Louis XVI et de Marie-Antoinette). Clémentine trouve bien l'idée un peu morbide, mais elle a besoin d'argent et se laisse surtout bientôt interpeller par la question dont vous conviendrez qu'elle s'impose : comment la marraine la bonne fée du jeune prince a-t-elle pu l'abandonner à un sort aussi atroce ?



L'enquête conduit Clémentine de librairies confidentielles en placards secrets du château de Versailles, recoins parisiens et farouches bibliothèques. Vers des mondes insoupçonnés où frémissent la limonade à la rose et les plumes de paon, peuplés d'historiens féministes ou réactionnaires, de brocanteurs et même de gardes de la couronne britannique.



Se succèdent les péripéties mirifiques, truffées de quiproquos et de clins d'oeil hilarants à

– L Histoire (une affaire de pain et de brioche, ça vous rappelle quelque chose ?)

– aux contes (what else?)

– au monde de la recherche (savoureux noms d'éditeurs et titres imaginaires d'ouvrages universitaires, plus vrais que nature, foi de chercheuse !)

– et au milieu de la littérature jeunesse (il n'y a qu'un auteur pour avoir depuis l'âge de cinq ans l'idée d'écrire sur un jeune troubadour dans l'Estonie médiévale, non ?).



« Certes, on prétend parfois que la fantasy permet de parler du monde réel depuis l'extérieur, mais personnellement je préfère ne pas me compliquer la vie et rester bien tranquille à l'intérieur. »



Le brouillage des genres, l'irruption de la réalité dans la fiction (à moins que ce ne soit le contraire) instillent le doute. C'est complètement foisonnant et fantaisiste, mais d'une logique imparable : on brûle de connaître le fin mot de l'histoire. Ajoutez à cela une réjouissante dose d'autodérision, et vous obtiendrez un bouquin 100% queer et facétieux qui m'a passionnée et fait éclater de rire à chaque page ou presque. Un must-read !
Lien : http://ileauxtresors.blog/20..
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Brexit romance

Rafraichissant, très drôle et complétement farfelu…



Marguerite Fiorel ( 17 ans ) , jeune soprano et son professeur de chant Pierre Kamenev, rencontrent dans l' Eurostar , une jeune fille française Cannelle qui s'apprête à "commettre" un mariage blanc avec un anglais .

L'heure est grave : l'Angleterre a voté en faveur du Brexit et rien ne sera plus jamais pareil pour les jeunes anglais épris de liberté européenne . Cannelle leur présentera Justine , la créatrice d'une appli favorisant les mariages entre européens et anglais afin que ces derniers puissent vivre et travailler où bon leur semble . Evidemment, l'appli "Brexit Romance" est formellement interdite par la loi, mais ça, Justine et ses copains s'en foutent royalement , Im afraid... .

Mais comme ce sont des petits malins , Justine et son frère jumeau, l'ont doublée d'une appli officielle : " Mariages pluvieux", dont le but déclaré est de faciliter les démarches des couples "mixtes" .

Speed dating , rencontres : Justine fait tout pour grossir son cheptel , mais le coeur a ses raisons que la raison ignore et RIEN ne se passera comme elle l'imaginait au départ .

C'est un roman qui est destiné aux adolescents ou jeunes adultes. Pour ma part, je trouve qu'il est d'une telle qualité , qu'on s'en fout un peu de la classification…

Cette bande de jeunes déjantée vous fera passer un excellent moment dans la veine des plus grandes comédies anglaises, du type "Quatre mariages , un enterrement". Les répliques (que dis-je : un feu d'artifices de répliques ), sont toutes plus brillantes, marrantes, les unes que les autres. Clémentine Beauvais du haut de ses 29 ans , vit en Angleterre depuis 12 ans, elle y est enseignante chercheuse en université , tout ça pour dire qu'elle connait ce pays et ses différences avec la France sur le bout des doigts ! Elle nous régale d'observations amusantes sur la langue anglaise, la traduction, l'étymologie, et on sourit souvent , ( et mine de rien on apprend pleins de trucs… ).

Les personnages sont rafraichissants et terriblement originaux…

Entre Justine (parfaite auto entrepreneuse; fonceuse et so buzzy ) et Pierre ,( jeune communiste un peu distant …) , mon coeur balance .. mais vous craquerez peut-être pour Cosmo (jeune aristo qu'un mariage arrangé arrangerait fortement ) , pour Marguerite la divine soprano ou bien pour ... Marine le Pen qui fait une petite apparition dans ce roman !



Brexit Romance , une comédie pleine d'énergie qui réussit à "choper" l'air du temps et funny , très très funny...
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Âge tendre

(Lu dans le cadre du Prix Littéraire des Lycées Professionnels)



Un roman jeunesse original, tant par le sujet que sur la forme, que j’ai pris grand plaisir à lire même si j’ai été un peu désarçonnée au départ. En effet, il s’ouvre sur une circulaire du Ministère de l’éducation nationale sur le Service Civique Obligatoire (SCO) des jeunes, qui devra s’effectuer entre la 3ème et la 2nde pendant 10 mois et fera l’objet d’un rapport à son issue. Le tout dans le jargon propre à cette institution, jargon qui m’exaspère au quotidien dès que j’ouvre ma messagerie…

Il est bien précisé que le rapport en question ne devra pas dépasser 30 pages.

Celui de Valentin Lemonnier en comptera finalement 378…

Valentin voulait effectuer son année de stage dans le domaine culturel , ou à défaut celui de l’éducation ou du social, et de préférence dans une région pas trop éloignée de sa ville d’Albi. Mais comme trop souvent, ses vœux ne seront pas pris en compte, et il va se retrouver dans les Hauts-de-France, dans le secteur « santé », et plus précisément dans la section B de l’unité mnémosyne de Boulogne-sur-Mer « spécialisée dans la fin de vie des personnes atteintes de démence (et qui) reconstitue de manière minutieuse les environnements de jeunesse des patients ». Et tout au long de cette année particulière, il nous décrira son expérience à travers son Journal de Stage, et nous donnera ses « Impressions Rétrospectives » « de manière à donner à son récit autonarratif une dimension réflexive ». (Vous commencez à comprendre ce que je voulais dire avec le jargon de l’éduc’nat’ ?)

Petites précisions contextuelles : la France est dirigée par une présidente au nom exotique et pas d’extrême-droite depuis deux mandats, et le confort de vie des seniors atteints de maladies type Alzheimer semble nettement amélioré par rapport à ce que nous connaissons. Quant à Valentin, c’est un jeune homme qui souffre de la séparation de ses parents et est sujet à des crises d’angoisse, notamment lorsqu’il se trouve dans un environnement inconnu, ou entouré de beaucoup de gens. Il n’a jamais voyagé ni quitté sa mère et ses frère et sœur. Autant vous dire qu’il est ravi d’aller partager le quotidien de personnes séniles dans un village des années 60-70 reconstitué… Et en plus il va vivre en coloc’ avec quatre autres jeunes un peu plus branchés que lui dans une maisonnette, sous la tutelle bienveillante de Serge.

Ce qui s’annonçait comme un cauchemar pour lui va prendre une tournure inattendue, et il va très vite et si bien s’acclimater à son environnement de travail qu’il en viendra à redouter les vacances. Il fera de belles rencontres, découvrira la culture des Trente Glorieuses, et notamment Françoise Hardy qui jouera vite un rôle prépondérant dans sa vie. Les personnes qui gravitent autour de lui sont pour la plupart étonnamment bienveillantes, ce qui m’a légèrement agacée par moment, parce que dans la vraie vie, on croise aussi des sales c…s, là j’ai parfois eu l’impression d’être un peu chez les Bisounours. Parmi ces personnes, le docteur Sola Perré, son encadrante, avec laquelle la relation est difficile à établir, d’abord parce qu’elle est absente à son arrivée, puis un peu abrupte lors de leurs premiers contacts. Mais bien sûr ça va vite s’arranger !

Cette lecture m’a plu par de nombreux aspects, et notamment cet ancrage dans un environnement années 60-70, même s’il est artificiel. Ce sont les années de mon enfance et mon adolescence, et l’évocation de certains objets, événements ou artistes m’a souvent fait monter un sourire un peu béat aux lèvres. Alors oui, je n’avais pas les mêmes goûts musicaux que les patients de l’Unité Mnémosyne section B, j’étais plus Pink Floyd que yéyés, mais cela m’a évoqué toute une atmosphère plus spontanée et plus enthousiaste que maintenant.

Et puis je l’ai trouvé bien sympa, ce jeune Valentin, avec ses questionnements et ses difficultés, sa volonté de bien faire et son système de valeurs bien à lui. Il pourra paraître complètement décalé à d’autres ados de son âge, mais j’en ai croisé de ces jeunes un peu « à l’ouest » en apparence parce qu’ils ont d’autres critères que ceux de la majorité.

L’écriture alternant journal de bord, notes rétrospectives et dialogues retranscrits (sans oublier les fameuses « consignes ministérielles ») m’a dans un premier temps un peu agacée, mais je m’y suis rapidement habituée, d’autant plus qu’elle colle bien à la personnalité de Valentin. Le bémol s’il y en a un, c’est le décalage entre la situation actuelle dans les unités Alzheimer et le rêve qui nous est vendu là ; mais c’est plutôt que ça m’a un peu fâchée qu’on ne soit pas fichu de donner des moyens pour réaliser des structures convenables et encadrer la fin de vie de nos aînés décemment. Et une autre toute petite critique concerne l’âge des stagiaires qui me semble en décalage avec la maturité moyenne d’un ado en fin de 3ème. Pour moi ils auraient plutôt 16-17 ans, et non 14-15. Mais c’est du détail, dans l’ensemble ce roman m’a conquise, et je vais certainement le proposer à mes lycéens si j’ai encore l’occasion de le faire…



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Comme des images

Tout d'abord un grand merci à Babelio et aux Editions Sarbacane pour l'envoi de cette "image"...



Cela commence par un corps étendu, inerte comme une sculpture, au milieu de la cour...

Au lycée Henri IV se côtoient les meilleurs élèves promis à un avenir brillant. La plupart sont amenés à devenir homme politique ou avocat. Parmi eux, Léopoldine, sa jumelle Iseult et moi. Copines depuis quelques années, je traîne la plupart du temps avec Léopoldine, même si Iseult était ma meilleure amie avant. Jumelles mais au caractère opposé, l'une est réservée tandis que l'autre est exubérante.

Cela a commencé ce matin-là. Léopoldine venait de laisser tomber Aurélien pour Timothée. Depuis le temps qu'elle le regardait à la bibliothèque du lycée et qu'elle proclamait qu'il était adorable, il allait de soi qu'elle allait rompre avec Aurélien, même s'il lui a fallu la pousser un peu. Mais ce dernier n'a pas supporté cette rupture. Il décide de se venger en mettant sur internet une vidéo de Léo particulièrement intime qu'il a envoyé à tout le lycée, y compris les professeurs et les parents. Les messes basses et les regards scrutateurs auront eu raison de nous deux qui n'étions pas au courant. Quand ce professeur nous envoie, Léo et moi, dans le bureau du CPE chercher un mot pour notre retard, celui-ci vacille, balbutie et se rend finalement compte que Léo n'est pas au courant de cette vidéo...



Ce roman de Clémentine Beauvais dénonce implacablement les méfaits d'internet utilisé à mauvais escient mais aussi la terrible pression mise sur les épaules de ces ados où la réussite prime plus que tout. Dans ce lycée H4 où le bac ne semble recevable aux yeux des parents et des professeurs qu'avec mention TB, la tension est palpable et les ados livrés à eux-mêmes. L'auteur réussit, sans avoir à utiliser de mots particulièrement crus, à créer une ambiance malsaine, tendue, parfois étrange où les lycéens au comportement hautain et froid n'ont finalement qu'un seul but: réussir. L'auteur crée une certaine distance avec les jeunes filles en ne nommant jamais la narratrice renforçant ainsi cette impression que ce qui est arrivé à Léo peut arriver à tout un chacun. L'on est plongé dans un monde superficiel où l'amitié prend des airs de faux-semblant mais où la solitude se fait sentir. Les comportements des professeurs et des parents m'ont laissée pantoise et leur inaction incompréhensible. De son écriture brute, presque froide mais efficace, Clémentine Beauvais livre un roman poignant et d'actualité.



Comme des images... pas si sages...
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Songe à la douceur

Tout a été dit , mais quand même!



Encore un livre que l’on m’a prêté

: une histoire d’amour superbe , très agréable à lire, à l’écriture éblouissante et inventive, rafraîchissante, théâtralisée, en vers libres, d’une rare originalité , qui revisite librement l’œuvre d’Alexandre Pouchkine : « Eugène Onéguine » ....

Une couverture accrocheuse rose bonbon ....



Une jeune femme Tatiana rencontre fortuitement Eugène, dont elle était tombée amoureuse à l’âge de 14 ans et lui, trois ans de plus...



Nous lecteurs émus, rions, troublés par la justesse des sentiments , la délicatesse, les émotions , les troubles du cœur et du désir....



Romanesque à souhait , éblouissant , passionnant, universel , fulgurant, ce texte maîtrisé , dit avec humour et légèreté une épopée sentimentale d’à peu près 300 pages où sensiblerie et drôlerie se côtoient avec bonheur pour nous enchanter ...

Remarquable et audacieuse adaptation d’un classique !

«  un amour

plein, frais et rond comme une pomme verte,

un amour

qui tient exactement dans tes deux mains ouvertes :

l’amour que vécurent Eugène et Tatiana

ces deux jours - ci .... »
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Songe à la douceur

Parce qu'à 17 ans, il lui a dit qu'ils s'ennuieraient ensemble, Eugène a rejeté l'amour de Tatiana. Ils venaient de passer l'été dans le jardin de Tatiana, toute jeune adolescente de 15 ans. Jeune fille studieuse et persuadée que les livres nous racontent la vraie vie, elle voyait en Eugène le prince charmant. Mais la vie n'est pas un conte et leurs chemins se sont séparés. 10 ans plus tard, ils se retrouvent tous les deux par hasard dans le métro et se rejoue alors leur amour adolescent...

Quel magnifique roman !!! Quel coup de cœur immense !!! Merci Clémentine de nous offrir ce cadeau, ce livre original, déroutant, envoûtant, poétique, romantique... Les adjectifs ne faiblissent pas pour décrire les émotions que m'ont procuré cette lecture. C'est une histoire, une écriture qui restera longtemps, très longtemps en moi... Encore un immense merci !!! C'est avec ce genre de coup de cœur que je me dis que la littérature est pour moi un vrai trésor...
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Les petites reines

Une grosse déception que ce roman qui a pourtant été primé et a reçu de nombreux avis positifs... mais pour moi, ça n'a pas fonctionné!

Les personnages ne sont pas crédibles et du coup l'histoire ne me touche pas et m'a ennuyée! J'aime les histoires humoristiques décalées cependant ici on est dans le réalisme avec beaucoup d'humour, ce n'est pas la même chose. Le style de l'auteur rivalise de bons mots à chaque phrase et pour moi c'est trop. Je n'ai pas pu croire un seul instant à cette gamine de 15 ans qui parle ainsi à sa mère et son beau père...

J'ai toutefois fini la lecture jusqu'à la dernière page pour en conclure: tout ça pour ça?



Bref je n'en garderai pas de souvenir. Sur le même thème, j'ai lu récemment "la liste" de Siobhan Vivian qui a une toute autre valeur: un roman fort, porteur, bien plus réussi.
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Écrire comme une abeille : La littérature jeun..

L’idée semble simple : apprendre à lire la littérature jeunesse (comprenez : à la lire comme un écrivain) est super utile pour apprendre à l’écrire.



Alors certes, écrire un livre n’est pas spécialement au programme pour moi. Mais que voulez-vous, on ne se refait pas, je lis TOUTES les parutions de Clémentine Beauvais. Toutes sont délicieuses mais aucune ne se ressemble, c’est la surprise à chaque fois. Mes adorables parents, qui savent qu’une abeille vaut mieux que mille mouches, m’ont donc offert cet ouvrage aux allures de joyeux manuel.



En l’ouvrant, je me réjouissais à l’idée de sillonner les sentiers de la littérature jeunesse avec l’une des meilleures expertes, d’avoir un regard nouveau sur des titres connus et l’envie d’en découvrir d’autres… Bref, je pensais être captivée de bout en bout.



Finalement, ça ne s’est pas exactement passé comme prévu.



Attention, n’allez surtout pas imaginer qu’Écrire comme une abeille n’aurait pas été si intéressant. C’est une mine d’informations mirifiques ! Comment ne pas être transportée en réalisant que l’école Durmstrang dans Harry Potter est une contrepèterie du Sturm und Drang, ou en mettant enfin un mot sur les intrigues carnavalesques ? Lovée dans ces pages, on réfléchit à ce qui constitue la littérature jeunesse, on apprend à lire comme un écrivain et à interroger la forme et le genre, le style et le ton, les modes de narration, les types d’humour, la cohérence du système ou les ingrédients d’un bon incipit. On ne voit pas passer les chapitres tellement c’est bien expliqué et illustré avec des extraits de livres variés.



Comment, alors, cette lecture m’a-t-elle donc prise de court ? La vérité est que je ne m’attendais pas le moins du monde à m’amuser autant. Ce qui rend ce livre vraiment génial, c’est la manière dont il incarne les principes évoqués. Clémentine nous donne littéralement à voir ce qu’elle explique. C’est hyper vivant, didactique (je pense que nous autres chercheur.e.s devrions toutes la lire pour apprendre à vulgariser nos recherches !) mais surtout hilarant. Cela faisait longtemps que je n’avais pas autant rigolé – et toute la famille a profité des meilleurs morceaux à voix haute. Ouvrez ce livre par curiosité à n’importe quelle page, je doute que vous résistiez à l’ironie, à l’autodérision, aux exemples désopilants, aux idées qui pétillent. Je vais poster plusieurs extraits en citations, en guise d’amuse-bouche, mais vraiment, OUVREZ-LE !



Qui sait, ce livre généreux en astuces et ficelles pourrait bien vous donner envie d’écrire ?



Pour ma part, je sais en tout cas que je ne lirai plus jamais de la même manière.
Lien : https://ileauxtresors.blog/2..
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