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Citation de EffeLou


Scène VI

La porte s’ouvre : Louis, Jacques et Paul entrent.
BLANCHE. – Ah ! quel bonheur ! mes cousins !
LOUIS. – Bonjour, mes bonnes cousines ! Pourquoi êtes-vous enfermées par ce beau temps ?
LAURENCE. – Toujours à cause de Gizelle ; ma sœur veut que nous travaillions pour la poupée.
JACQUES. – Vous êtes bien bonnes, par exemple ! Allez vous promener et laissez là Gizelle et sa poupée !
BLANCHE. – Et comment veux-tu que nous nous promenions ! Il n’y a qu’une bonne pour nous trois ; elle fait toutes les volontés de Gizelle pour flatter Léontine et pour en soutirer des présents.
PAUL. – Et vous allez passer toute la journée enfermées ?
BLANCHE. – Il le faut bien, à moins que Gizelle ne veuille sortir ; alors nous sommes obligées de l’amuser avec les amies de son âge qu’elle rencontre aux Tuileries.
LOUIS. – Mais c’est insupportable ! Il faudrait l’envoyer promener !
BLANCHE. – Et ma sœur donc ? Que dirait-elle ?
JACQUES. – Écoute ! j’ai une idée ! Nous voici en force maintenant ! Si nous jouions un tour à Gizelle ?
BLANCHE. – Ce ne serait qu’une vengeance inutile et méchante.
JACQUES. – Mais non, ce serait pour la corriger.
BLANCHE. – Qu’est-ce que tu voudrais donc faire ?
JACQUES. – Je ne sais pas encore. Nous pourrions nous consulter.
PAUL. – C’est cela ! Nous pourrions nous couvrir de choses noires effrayantes et nous jeter sur elle comme des ours.
BLANCHE. – Non, je ne veux pas de cela, parce que cela lui ferait trop peur.
JACQUES. – Eh bien, si nous nous cachions pendant qu’elle sera avec vous deux Blanche et Laurence ; vous l’agacerez un peu ; et quand elle sera méchante, nous nous jetterons sur elle et nous la fouetterons avec nos mouchoirs.
BLANCHE. – Non, non ! il ne faut pas lui faire mal.
LOUIS. – Mais alors, si tu ne veux pas qu’on lui fasse peur, si tu ne veux pas qu’on lui fasse mal, comment veux-tu la corriger ?
BLANCHE. – En donnant une leçon qui lui fasse comprendre que c’est vilain de nous faire gronder, de toujours se plaindre de nous, de nous forcer à faire ses volontés, de faire de nous ses esclaves enfin.
LOUIS. – Et tu crois qu’elle comprendra ? Une méchante petite fille gâtée ne se corrige que par les punitions. Il faut que ce soit sa maman qui la punisse et qui la gronde.
BLANCHE. – Ah ! par exemple ! Léontine trouve tout ce que fait Gizelle charmant et parfait ; elle croit tout ce que Gizelle lui dit ; elle veut que tout le monde lui cède. Et mon beau-frère est encore pis que Léontine.
LAURENCE. – Écoute ! j’ai une idée. Disons à Gizelle de demander à Léontine un bon goûter. Laissons-la manger toute seule sans s’inquiéter que nous n’ayons rien, nous autres. Elle sera honteuse, et ce sera une leçon qui lui profitera.
LOUIS. – Je ne demande pas mieux ; seulement, je crois qu’elle n’en sera que plus méchante.
JACQUES. – Et puis, ce qui est très ennuyeux, c’est qu’elle mangera tout et ne nous laissera rien.
PAUL. – Et puis, sa bonne et sa maman ne la laisseront pas trop manger, de peur qu’elle ne se rende malade.
LAURENCE. – Oh ! quant à cela, je te réponds qu’elle mangera tout ce qu’elle voudra et tant qu’elle voudra. Pour nous autres, je demanderai à Pascal de nous réserver en cachette notre part du goûter ; il servira devant Gizelle de quoi faire de très petites parts à chacun ; Gizelle les mangera toutes et c’est ce qui fera la leçon.
LOUIS. – Je ne crois pas que ce soit une très bonne leçon, mais nous pouvons toujours l’essayer.
JACQUES. – Oui, très bien ! Maintenant que nous sommes sûrs d’avoir notre part du goûter par Pascal, nous ne risquons rien de laisser Gizelle dévorer tout ce qu’il servira.
LAURENCE. – Chut ! Je l’entends ! Soyons tous charmants, pour la maintenir de bonne humeur.
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