Dans son film "Robuste", la réalisatrice Constance Meyer donne à voir un Gérard Depardieu têtu, fragile et tout en nuances. le personnage qu'il incarne, Georges, cherche à échapper aux contraintes. Il n'a plus goût à rien et, comble pour un acteur, n'aime plus jouer. "J'en ai marre de faire le guignol", dit-il à son agent. Il faut l'arrivée d'un élément perturbateur, une nouvelle garde du corps qui est aussi, comme elle le prédit dès le début du film, "sa baby-sitter", pour lui redonner le plaisir de vivre.
La scénariste et réalisatrice Constance Meyer capte avec une infinie délicatesse les gestes du quotidien et les moments de solitude. La complicité entre la star et son agent de sécurité passe par les regards et la curiosité. "Je n'ai pas choisi de faire un film sur une histoire d'amour ou d'amitié. Ce que je voulais raconter ce sont des rencontres qui changent les trajectoires des gens."
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Plus tard, à vingt ans, je m'installe dans mon premier appartement, un studio dans le 11ème. Je suis excitée par ma nouvelle vie. Je ne me rends pas compte de ta solitude alors. J'aurai dû insister pour passer plus de temps avec toi. Je ne connais ni la maladie ni la mort. Ou, en tout cas, pas de près. Je n'ai compris que bien plus tard. Tu me préservais et parlais peu de tes problèmes avec moi. À présent que je vois à mon tour le temps qui passe, la peur de la maladie resurgit, parfois de manière un peu forte, ayant été trop tôt à son contact et de manière si violente. Il est assez rare, à vingt et un ans, d'avoir un amoureux qui meurt.
A peine de retour chez moi, je me fais couler un grand bain. Puis je prends mon Ciao et fonce aux studios de Boulogne-Billancourt, où je sais que Serge tourne Charlotte for ever. Je parviens à entrer, trouve le plateau et l'attends à l'extérieur. Il sort bientôt, me voit, toute bronzée, et me fait un clin d'oeil. Il m'emmène et je passe la nuit avec lui à l'hôtel Raphaël, à côté de l'Etoile, où il loge pendant le tournage. Un palace tamisé et raffiné. Dans sa suite, au bout du salon, il y a une porte derrière laquelle Charlotte dort avec une copine.
Le lendemain matin, la porte s'ouvre d'un coup, Charlotte saute dans la pièce en criant : "Coucou", étonnée quelques secondes à peine de ne pas trouver son père seul. Serge est content de nous présenter. Charlotte me regarde et sourit. Nous prenons le petit-déjeuner ensemble dans la salle à manger de l'hôtel, avec l'amie de Charlotte, Emmanuelle, qui l'accompagne durant le tournage, et un type de la régie qui fait office de chauffeur. Le repas finit en fou rire général, Serge plantant sa cigarette dans un bol de céréales, telle une île déserte au milieu de l'océan. Nous partons ensuite tous les cinq sur le tournage, où j'observe, dans mon coin, les premières scènes de la matinée.
Il nous parle de l'émotion qu'il ressent en voyant les gamins allumer leurs briquets sur "La javanaise". A chaque concert, cela lui fait monter les larmes aux yeux. Il nous raconte aussi qu'au mois de mai il est allé au Japon pour donner un concert et qu'à la fin il a remercié le public e japonais : "Aligato", et s'est amusé à rajouter : "Au chocolat". Un jeu de mot qui lui plaît. Histoire de faire une blague aux japonais qui le vénèrent. Du reste, aucun japonais n'a compris.
S'il me fallait écrire un livre sur la chanson française, je prendrais un cahier d'écolier. Sur les pages, j'inscrirais les noms de tous les artistes. Et, dans la marge, à l'encre rouge, je mettrais Gainsbourg.
Après la disparition de Serge, je cesse peu à peu d'écrire. L'inspiration est partie en même temps que lui. Je ne veux plus être écrivain, ne souhaite pas écrire s'il ne peut plus me lire. Il était à la fois mon inspiration, mon destinataire, mon supporter et mon admirateur.
Il me fait découvrir des peintres tel Francis Bacon, des musiciens comme David Bowie (en particulier l'album "Ziggy Stardust" don't il m'achète un jour la cassette au drugstore Saint-Germain), Billie Holiday ou Elvis Presley. Je l'ai vu pleurer dans son salon en ecoutant "in the ghetto".
Quand Gainsbarre se bourre, Gainsbourg se barre.