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3.57/5 (sur 27 notes)

Nationalité : Belgique
Né(e) à : Quaregnon , le 09/10/1903
Mort(e) à : Saint- Josse-ten-Noode , le 15/05/1969
Biographie :

Constant Malva de son vrai nom Alphonse Bourlard (9 octobre 1903 à Quaregnon (Belgique)-15 mai 1969 à Saint- Josse-ten-Noode (Belgique), mineur et écrivain prolétarien belge.

Dans ses romans à caractère autobiographique, fortement marqués par la mine, il dénonce les conditions de vie pénibles des mineurs (qu'il appelait les « héros du sous-sol ») et décrit le choc entre les sociétés bourgeoise et ouvrière. La plupart de ses ouvrages sont des témoignages sur la condition ouvrière de l'époque.

La littérature va le conduire à fréquenter le milieu surréaliste. Il entre en contact avec Achille Chavée, André Breton, Albert Ayguesparse.

Il meurt le 15 mai 1969 à Saint- Josse-ten-Noode(Belgique) des suites de la silicose.

Source : Wikipedia
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Citations et extraits (8) Ajouter une citation
Il y a environ trois ans, mon équipe fut chargée d'entreprendre l'accrochage de 450. Nous avons poussé plus de mille mètres de bouveau, chassage et autres travaux préparatoires. Les chefs pensaient y faire leur beurre; ils jouent de malchance. On recoupe une couche, on la met en exploitation, ça va un mois, six semaines, puis faille, faille à la coupure, faille au troussage. La production se restreint. Autre complication : il arrive qu'on « troue » à eau dans d'anciennes exploitations.
On nous a fait faire un chassage de trois cent vingt mètres dans la couche dite « pouilleuse » et un bouveau parallèle d'autant, pour essayer de nous placer en avant des failles et des eaux. Un très bel ouvrage avec arcades en fer, un ouvrage en grande section : deux mètres cinquante sur deux mètres cinquante. Cela n'allait pas toujours comme sur des roulettes. Parfois, tout s'emplissait de gaz. Quand on songe que nous étions alimentés en air par une colonne de canards de cinq cents mètres et plus sur les fins !
Le but était d'aller percer à la Grande Garde, troisième couche à recouper et la seule importante encore en exploitation. D'abord, nous avons recoupé l'Angleuse, belle couche elle aussi. Mais impossible de la mettre en exploitation; il fallait établir l'aérage qui nécessitait bien des travaux.
De l'Angleuse à la Grande Garde, en terrain réglé, il y a soixante à soixante-dix mètres. À quatre-vingts mètres, rien encore. Pourtant, avant d'arriver à la Grande Garde, nous devions d'abord recouper la Petite. Pas un indice. Un terrain bouleversé avec çà et là des taches, des nids de charbon. Quand ce n'était pas l'ingénieur, c'était le divisionnaire, chef porion, porions qui venaient faire le relevé des terrains.
Ils enlevaient une pierre.
- Ça, c'est du mur, disait l'un.
Ils en enlevaient une autre à une place différente :
- Ça, c'est du toit.
Ils se contredisaient d'un jour à l'autre, changeant le mur en toit et vice-versa.
Enfin, un embranchement de layettes failleuses. Plusieurs convinrent que c'était la Grande Garde.
- Il faut monter ici.
- Non, là.
Et chacun expliquait, prouvait ou niait que c'était la Grande Garde.
Le chef porion :
- Allè, Bourlard, c'est hue, attaque-moi le montage ici.
Et nous sommes montés.
Veine tout à fait irrégulière : « enfoncements » , « redressements », « étreintes », plus de terre que de charbon. Arrivés à trente mètres de hauteur, faille complète. Il ne s'agissait pas tant de charbon mais de communiquer avec les autres pour avoir de l'air.
On s'est trompé. On a monté non pas dans la Grande Garde mais dans la Petite. On entend le bruit que font les autres avec leurs marteaux-pics, mais très loin.
Faut bouveler encore. Un petit bouveau : un trou d'homme. - Allè, Bourlard, c'est hue bouveau ! Que ça aille vite. Fais brûler le perforateur. Que nous percions, bon Dieu ! Que nous soyons sauvés !
Faire des trous, les emplir de poudre, les faire sauter et, chaque fois, descendre les trente mètres de montage ; remonter aussitôt, atteler d'autres mines dans les poussières, dans les fumées encore chaudes ; ramper dans les « étreintes » en s'agrippant aux boutants.
C'est moi qui ai eu l'honneur de percer, deux ou trois jours plus tard.
Après quelques rondes de mines, nous découvrons la veine. Un trou de sonde de trois mètres et nous avons percé au fleuret. Maintenant, il faut monter au marteau-pic. De l'autre côté, les autres descendent vers nous. Deux porions, quelquefois trois, sont constamment près de nous. Je tape, puis c'est au tour de mon compagnon de taper dans la veine très dure.
L'un des porions s'impatiente. Quand on n'a qu'à regarder les autres travailler... Puis il voudrait avoir l'honneur de percer lui-même. Je lui dis :
- Vous voulez avoir l'honneur d'enlever la dernière brique? Allez-y.
Il tape un peu. Mais c'est un poussif. Il souffle comme un phoque. Dame, on n'est pas là comme dans le ventre de sa mère.
Je reprends l'outil.
- C'est moi qui vais percer, dis-je. C'est mon habitude. C'est toujours moi qui perce.
Je tape. J'entends le poinçon de l'autre qui gratte, là tout près. Je tape. Il tape. Nos fers se touchent. Ça y est! Nous avons percé. Un petit trou comme pour passer le poing. On sent l'air frais arriver. Porions et ouvriers emmêlés s'insultent de chaque côté, pour rire.
- Hé! vaches!
- Hé! veaux!
- Hé! cochons!
Nous avons agrandi le trou. Les uns y descendent, les autres y montent. Quelle cohue!
Nom de Dieu! Nous avons troué, nous avons établi l'aérage après avoir avancé de six cents mètres en ferme. À une moyenne de deux mètres par vingt-quatre heures, voilà un an que nous sommes en route.
Nous avons percé à la Grande Garde par la Petite. Nous avons établi l'aérage, c'est très bien. Mais ce n'est pas seulement cela qu'il faut, il faut également la Grande Garde recoupée en pied. Une riche couche, comme un tas, et entre deux durs, encore.
Alors, on nous a dit:
- Faut poursuivre le bouveau de 450.
Nous poussons dix mètres, vingt, trente, rien.
Ingénieurs, porions, chef porion viennent à nouveau inspecter. Comment s'y reconnaître? Terrains déréglés, bouleversés, à bancs inégaux avec, çà et là, quelque chose de noirâtre, ni terre ni charbon.
- Mais où diable est la veine en ceci?
Quelques-uns conseillent de faire un bouveau montant. Cette idée n’est pas, à mon sens, la meilleure. Ne sachant jusqu’où vient la couche, on sera ou en avant ou en arrière.
Moi, je pense (et d'autres le pensent avec moi) que notre bouveau n'est pas poussé assez loin. Tout ce terrain mort, tout ce terrain bouleversé et à galets, c'est du terrain en trop qui est venu se placer entre la Petite et la Grande Garde. En terrain réglé, il y a une vingtaine de mètres de bouveau à creuser; ici, il faut peut-être creuser le double, plus encore. L'Angleuse et la Petite Garde passent en pied, pourquoi pas la Grande?
L'ingénieur nous a dit:
- Si nous nous étions établis à 440 plutôt qu'à 450, nous n'aurions pas eu tous ces ennuis ; à 460, nous n'aurions rien vu du tout.
Nous sommes juste sur les pointes des failles.
Je connais un moyen qui nous permettrait de savoir jusqu'où vient la veine. Ce serait de s'enfoncer en vallée du dessus. Si nous venons jusqu'à 450, tant mieux; si nous venons moins bas, alors quelques mètres de bouveau plantant, et on perce. Ah! je sais que ça n'ira pas tout seul. C'est plus de difficultés pour enlever les marchandises. Il faudra établir un treuil. Et ça ne va pas si vite en descendant qu'en montant. J'en ai quand même fait part au chef porion un jour qu'il était venu sur l'ouvrage.
Il ne m'a pas répondu. Peut-être se disait-il à part lui que j'étais un imbécile. Ou bien il réfléchissait.
(3 juin 1937).
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Les hivers passent, et pas de poste.
Tout le monde en a, même les plus crétins. Ils s'en servent pour s'abêtir encore davantage. Et à moi, à qui il serait si utile pour parfaire mon éducation, impossible de me le payer.
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À l’armée, comme partout ailleurs, le Jambot se fit remarquer tout de suite. Que ce fût au manège, à la gymnastique ou au tir, il était supérieur aux autres. Un jour, un ancien, ayant fait une prouesse, invita, goguenard, les bleus à l’égaler. Ce fut le Jambot qui se présenta. Non seulement il réalisa cet exploit, mais il en fit d’autres où l’ancien échoua. À dater de ce jour, il eut l’estime de ses camarades et de ses chefs. Et, quand ces derniers avaient besoin d’un sujet d’élite pour quelque compétition, c’était toujours lui qui était choisi. Il eut aussi des congés supplémentaires. Alors il s’empressait d’écrire à son bon Sot de beau-frère, le priant de courir porter la lettre à Flore à qui il fixait rendez-vous. Les retours lui furent encore facilités parce que son régiment, ou une partie du moins, vint prendre garnison à Liège. C’est là, dans une salle de danse, qu’il fit connaissance de Lise. S’il n’avait pas tant aimé la Crollée, sa vie aurait pu changer du tout au tout. Les parents de Lise, fille unique, étaient riches, en tout cas fort aisés: ils possédaient, entre autres propriétés, un magnifique hôtel-restaurant. Le Jambot ne toucha plus au manger de la caserne et il lui arriva de coucher à l’hôtel. Ses rapports avec Lise ne furent pas que platoniques. Cependant, il fut loyal envers elle. Il lui avait dit qu’une maîtresse, de qui il ne pourrait jamais se séparer, l’attendait au village. Cela n’empêcha pas la jeune fille de l’aimer follement. Elle revint même une fois chez lui avec ses parents. Le Jambot dut avertir le Sot de son retour et le prier de n’en rien dire à Flore. Il repartit sansl’avoir revue afin d’éviter des complications. Il s’en maudit pendant longtemps. Coucher avec une autre, tant qu’il était loin, il jugeait cela normal, mais revenir et repartir à l’insu de sa maîtresse, il considérait cela comme la pire des trahisons. Au congé suivant, quand il la revit si aimante, si confiante, il en eut le coeur meurtri. Le Jambot eût donc pu avoir son avenir assuré et se retirer des fosses. Plus, il eut à se défendre des sermons des siens et des supplications de sa maîtresse de garnison. Flore sut tout cela plus tard. Et tout en étant vexée, peinée de l’infidélité de son amant, elle eut aussi la fierté et la joie de se savoir si fortement aimée.
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C'est malheureux de devoir le dire : Je méprise mes semblables.
je reproche aux forts d'opprimer les faibles.
je reproche aux faibles de se laisser opprimer par les forts.
je reproche aux clercs de tromper le simples.
Je reproche aux simples de se laisser tromper par les clercs. (p.26)
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Constant Malva (1903-1969), mineur de fond en Wallonie pendant vingt-trois ans, est un resté une des plus authentiques et des plus émouvants écrivains prolétariens de langue française. Malgré tout, Malva sera peu connu jusqu'à ce que, en 1947, l'attention des milieux littéraires soit attirée sur lui par la publication par Jean-Paul Sartre, dans les -Temps Modernes-, de larges extraits de "Ma nuit au jour le jour", l'un des plus remarquables textes de Malva, écrit en 1937.
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Préface de Marcel Moreau:

J'avais quinze ans, et le mépris de mon patron pour ceux qui "crachent dans les trains et s'allongent impudemment sur les banquettes" ressemblait très fort , à mes yeux, à une damnation. Ce qui n'était pour lui que du bétail flamand, sale et grossier, m'atteignait comme esclavage et injustice. Sa pitié allait aux chevaux aveugles, ma haine à son aveuglement.
J'ai frémi au seul nom de Marcinelle. Un tel ensevelissement fait tombe de toute espérance... Il ne suffit pas que le ciel manque aux habitants de l'ombre, il faut encore que l'ombre excelle à les retenir à elle. La mort du mineur a la violence de plusieurs morts. C'en est une que de vivre sans pouvoir s'éblouir.C'en est une autre quand c'est le sépulcre même qui tue. La troisième, souvent, c'est l'ingratitude diurne, ou alors les compassions fugaces, ces hommages du fond de la gorge et à fleur de portefeuille qui durent ce que durent les fléaux. Je lui connais toutefois une lumière, à ce destin du bout de la nuit: l'émouvante, la rugueuse solidarité des maudits.
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Les patrons font des affaires en or. Indirectement, nous travaillons pour la guerre.
-- Du charbon ! Du charbon !
Du charbon pour faire des obus et des canons.
Aujourd'hui, nous nous tuons à travailler pour qu'on forge les armes qui nous tuerons demain.
Et dire qu'on le sait et qu'on ne peut empêcher ça.
Et si ! on le pourrait, mais...
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Une formidable détonation secoue la fosse entière et, devant les quatre yeux exorbités des deux hommes à l'abri, un torrent de feu passe avec fracas, renversant et brûlant tout sur son passage.
Le bruit s'atténue. On perçoit quelques râles, des éboulements, des fuites aux tuyaux à air comprimé, le pétillement des bois qui brûlent lentement.
Les deux hommes affolés se regardent longtemps, puis ils éclatent en sanglots et s'embrassent.
- La Madone nous a été favorable, dit Mario.
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