Quand je suis dans le bus, j'aime bien regarder les gens et essayer d'imaginer leur vie.
Il m'arrive parfois de penser que certaines personnes consacrent une bonne partie de leur temps à se préparer à affrontre le jugement d'inconnus curieux comme moi.
C'est alors que commençaient les baisers, les murmures, les caresses qui sentaient les fruits, les paroles au bon goût de mer, jusqu'à ce que l'horloge leur indique que leur petit monde à eux devait laisser place à l'autre, celui du reste des humains.
Ils laissaient là leur jeu, qu'ils reprendraient le soir, la pensée du retour à la maison les aidait à entamer une nouvelle journée pourtant monotone.
Elle s'habillait lentement, comme pour s'habituer peu à peu à la réalité pendant qu'il l'observait, encore tout engourdi par les baisers.
Il la regardait ensuite partir. Elle avait à moitié recouvré sa froideur, lui disant au revoir, fâchée et sérieuse comme une petite fille sur le chemin de l'école en hiver.
Chaque jour, une fois levé, il lui pressait des oranges et épluchait pour elle des fruits exotiques afin de nourrir la douceur de son caractère, bien cachée dans un tout petit coin de son cerveau
J'ai fait la connaissance d'une femme très très grande et d'un homme très très petit. Je n'avais jamais vu des gens s'aimer autant malgré les centimètres qui les séparaient, quatre-vingt pour être exact.