Une fois qu'on a assumé qu'en été il fait chaud,
qu'en hiver, plein froid,
qu'en amour il y a aussi la solitude,
qu'en amitié on est parfois déçu,
qu'il y a des jours d'abondance,
d'autres de dépouillement,
que le temps passe et qu'on vieillit,
assumé qu'à la fin la mort survient,
mais qu'au début on peut aussi allumer une vie.
Assumé les départs, les adieux,
mais aussi les fêtes et les fous rire.
Une fois le tout assumé,
on dirait que le reste marche tout seul.
Écrire pour me sentir en vie.
Dès lors appréhender ma propre
absence et aussitôt cesser d’écrire.
Écrire pour renaître. Maudit soit le
paradoxe de l’inexistence.
"Dans ce livre, tout est vrai. Seuls les noms, les circonstances, les dates, les années et les histoires ont été changés."
Je l'ai embrassée, me suis rhabillé, suis sorti avec cette allure du gars qui part mais qui reviendra bien sûr, lui faisant un clin d’œil complice et un tendre sourire, comme ceux que je faisais quand je ne revenais pas.
Non, tous les silences nocturnes
ne se ressemblent pas.
J’entends les tapages
qu’un homme entendra
au cour de sa subsistance,
les forges et les scieries,
les cris et les pleurs,
les larmes et les reproches.
Je faisais de l’auto-stop
sans trop savoir si j’en avais envie ou non.
Je me plantais au bord de la route,
espérant que
parmi la cohorte des bolides
l’un d’eux freine sa course
et me fasse monter.
Pourtant, qu’est-ce que cette émotion suscitée
par le roc en regard de celle
causée par la plus magnifique des filles ?
Appelons ça peut-être
la dyslexie des sentiments.
Jour.
Récupérer le sommeil perdu,
égaré dans les fuseaux horaires,
m’éveiller puis m’endormir à nouveau
sans jamais bouger,
en demi-conscience, en demi-rêve.
J’aime à être à l’intérieur de
moi comme sous un
édredon doux et chaud.
Je n’ai jamais eu peur de ma solitude.
Je l’ai toujours acceptée,
comme cet homme handicapé assumant
son infirmité, la faisant sienne
et la nourrissant de singularités,
aux limites de l’arrogance.
Malgré novembre,
malgré ma tiédeur habituelle
qui tendait vers le froid,
malgré ma grande glaciation,
une congère en forme de coeur,
mes yeux comme une aire de curling
avec ses cercles aux extrémités.