maintenant on va à Chicago sans bien savoir pourquoi pour le comment c’était rouler pour le pourquoi peut-être l’envie de croiser Al Capone son ombre blanche sur les pavés qu’on voulait noirs de sang séché l’envie d’aller au Nord et le Nord pour nous c’était droit Chicago on verrait bien envie de voir le lac voir de grandes eaux puisqu’à Sardinia, État de New York, États-Unis, n’étaient que des ruisseaux et deux ou trois étangs planqués derrière leurs arbres trop verts
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envisagez votre famille comme une arme de destruction massive
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n’hésitez pas à faire demi-tour lorsque la sortie est proche restez à contre-jour brûlez vos tickets de métro pincez-vous d’heure en heure pour ne pas vous endormir affûtez votre crayon de papier il pourrait vous sauver la vie sachez entendre le murmure des murs les comprendre découpez votre visage sur les photographies de votre enfance effacez des registres vos noms prénoms numéro matricule taille poids stature etc.
(Cantique A1)
soudain nous étions noirs évadés des plantations suants épuisés de fatigue et la peur manquait nous faire nous pisser dessus quand on entendait les chiens derrière pataugeant cherchant aboyant enrageant gueules ouvertes bonne viande de nègres à bouffer déchiqueter on flippait derrière le bruit massif des chevaux et les hommes dessus plus effrayants que leurs chiens bien pires bien pires la route elle toujours pareille grise jaune
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on a trouvé une rue morte un grand décor et dans le jour éteintes glauques dégoulinantes d’ennui les grandes enseignes tristes à mourir ...
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nous droits perçant ce grand mur noir encore encore encore plus rien dessus le ciel était lui noir aussi et dedans nous dans les moments où les rires cessaient aussi par petites poches se levait l’immense peur sombre de l’inconnu mais ça ne durait pas...
ces mauvais cahiers dont les couvertures aux couleurs criardes mal posées sur le croquis central, un chevalier sur une monture cabrée je crois, leur texture au toucher, ressemblaient un peu à la peau qu'attrapaient les vieux paysans après leurs années passées sous les caresses vives du vent, du soleil, de la pluie et, plus souvent encore, du gel qui faisait éclater dans les bois certains arbres affaiblis, fendus déjà et par les fissures desquels l'eau s'insinuait peu à peu jusqu'à en atteindre le coeur pour y attendre que des températures bien largement égatives la fassent se figer, gonfler, se gonfler jusqu'à ce qu'elle parvienne, cette eau changée en glace, à opposer sa dureté minérale à celle plus tendre du bois, puis à vaincre cette dernière en la faisant littéralement exploser
Cette ville n'existe pas sinon en quelque conte en quelque terre montée de tous ceux de nos mots qui demeurent une fois que nous avons couvert de cris et de colère de bruit et de fureur les murs du couloir.
Je pensais aussi, faut dire, aux autres, à ceux qui dans d’autres coins du département prenaient les mêmes autocars ou presque pour eux aller dessous la terre, rejoindre les puits qui sur la ligne horizontale (quand tu regardes ce pays, le mien, tu vois ces deux lignes, une Nord-Sud, l’autre Ouest-Est, et tout du long, vers le haut c’est l’acier, vers la droite plutôt le charbon, on aime les choses bien rangées dans la région) étaient comme des sortes de fanaux, des points d’ancrage.
Dans la nuit à présent pleine, alors que la soutane ne se devinait plus derrière la tache blanche du papier, nous comprîmes que le prêtre ne s'occuperait pas de cela, qu'il ne voulait pas de ça, ces papiers-là, ces phrases-là, et qu'il nous les rendait, nous rendant dans le même mouvement à nous, nous signifiant que nous n'avions plus qu'à nous démêler de cela seuls puisque, le plus souvent, nous réglions nos histoires sans l'aide de personne, sans foi, ni loi et, surtout, sans lui