"Au revoir grand-mère ! Au revoir grand-père ! Si ces enfants ne doutent pas de nous revoir c'est qu'ils nous connaissent depuis toujours. Enfants nous ne voyons pas les adultes vieillir ; c'est grandir qui nous intéresse, nous autres, et les adultes ne grandissent pas, ils sont confits dans leur maturité. Les vieillards non plus ne grandissent pas, eux ils sont vieux de naissance, la nôtre. Leurs rides nous garantissent leur immortalité. Aux yeux de nos arrière-petits-enfants, Mona et moi datons de toute éternité et vivrons par conséquent à jamais. Notre mort les frappera d'autant plus. Première expérience de la fugacité."
Daniel Pennac, Journal d'un corps, p.368 (86 ans, 10 mois, 6 jours)