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Critiques de Daniel Salvatore Schiffer (28)
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Oscar Wilde : Splendeur et misère d'un dandy

Après avoir dévoré avec un immense plaisir la série de six romans mettant en scène Oscar Wilde, écrite par le talentueux Gyles Brandreth, j’ai eu envie de découvrir un peu plus en profondeur la vie de cet illustre dandy.

Ce documentaire richement illustré est une pépite de grande qualité, il est à la fois passionnant, et pas rébarbatif du tout, ce qui est parfois le cas de certaines biographies.



L’auteur y décortique tous les aspects de la vie d’Oscar Wilde, son enfance et les drames successifs de la perte de ses trois sœurs par exemple (dont deux furent brûlées vives à cause de leurs robes s’étant embrasées en dansant trop près d’une cheminée), ses amours diverses et pas toujours autorisées par la loi et l’époque (il était homosexuel et aimait surtout les hommes très jeunes et très beaux), sa vie familiale (il fut marié et eut deux fils), ses multiples amitiés avec des personnages célèbres (auteurs, acteurs de théâtre, musiciens et autres personnalités), ses excentricités et sa verve, son ascension littéraire et sociale et finalement sa chute inéluctable avec son emprisonnement, la perte de ses proches, sa soudaine pauvreté et la maladie qui l’acheva.



Le document est abondamment illustré de photos d’époque, de dessins satiriques tirés de journaux, de programme de théâtre, de tableaux, de reproductions de lettres d’Oscar Wilde lui-même.

Les sources sont variées et très nombreuses, rendant la biographie attractive et vivante.

Ce documentaire est précieux en ce sens qu’il est complet, très riche de documents d’époque, qu’il brasse tous les aspects de la vie du célèbre dandy, et qu’il donne envie d’aller lire ou relire les œuvres d’Oscar Wilde lui-même.

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Penser Salman Rushdie

Je m'associe à cette belle chaîne de solidarité humaine envers cet homme, cet artiste écrivain qui riait de lui-même avec une courtoisie exquise, sauvagement agressé à New York dont il en réchappe par miracle, non pas sans séquelles. Tel n'était pas son dessein, comme un symbole, la fatwa lancée contre lui n'était pas éteinte après toutes ces années d'errance et de fuite à se cacher sous un anonymat flanqué de policiers comme si c'était lui la honte, oui tel n'était pas son dessein, preuve en est. Il avait certainement relâché sa vigilance pour lui-même en cet août 2022 et celle de la surveillance policière avait à n'en pas douter baissé d'un cran, mais sa vie d'écrivain qui ne militait pas pour un pardon qui valût reniement ne montrait-elle pas dans ses écrits et dans ses représentations la distance qu'il avait prise par rapport à l'événement, même distance littéraire qui avait causé pourtant ce même évènement .. Voilà s'il en était besoin le vrai visage de l'islamisme qui se répand à travers le monde dans sa forme la plus hideuse et obtuse. PG 5 décembre 2022.
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Penser Salman Rushdie

"Penser Salman Rushdie" est un très bel hommage à l'auteur des "Versets sataniques", coordonné par Daniel Salvatore Schiffer : il est composé de 25 articles d'écrivains, philosophes, sociologues, journalistes à la gloire la liberté d'expression face au totalitarisme et à la terreur, plus particulièrement la terreur islamiste.



Il ne faut pas oublier en effet que :



- le terme "islamophobe" est un terme aux origines douteuses, car il a été créé par les Frères Musulmans et curieusement repris par les médias occidentaux ;



- Que les "versets sataniques" (terme occidental) se réfèrent bien à des versets ayant existé mais abrogés et non repris dans les éditions actuelles du Coran.



En effet, au gré de l'évolution de ses intérêts politiques et du rapport de force avec les clans adorant plusieurs dieux, Mohamed aurait accepté des compromis avec le polythéisme, inspirés par l'Ange Gabriel ; puis les aurait rejetés, toujours sous l'inspiration de l'Ange, déclarant que les versets tolérants lui avaient été inspirés par un imposteur, Satan lui-même sous les traits de Gabriel : il importait dorénavant de fricasser les infidèles.



C'est en faisant parler les anges, puis en invalidant leurs propos au gré de ses stratégies qu'il a assis sa légitimité en tant que chef de guerre et chef religieux.



On comprend bien ainsi la colère de Khomeini devant ce rappel des origines conjoncturelles du texte saint qui, si on les récuse, font de Mohamed un être faillible et susceptible de se laisser berner comme un simple mortel (qu'il est).



Fâcheux anneau de Moebius qu'il est nécessaire d'effacer de la mémoire des "croyants" politiquement soumis en le supprimant des textes officiels : on peut se demander si Rhomeini n'aurait pas mieux servi la cause de la discrétion en ne soumettant pas cette oeuvre à une publicité dont Rushdie a fait les frais.



Je ne vais pas plus loin dans mon commentaire : je ne saurais répéter ceux déjà mis en ligne par les soins de Leabhar et PatriceG.



Toute idéologie qui appelle à la haine et à l'assassinat est une idéologie mauvaise : cela semble tomber sous le sens ; encore faut-il avoir la possibilité d'y résister et de ne pas être enrôlés par lavage de cerveau ou par contrainte.



La liberté de penser génère la pluralité des opinions, éloignant ainsi les spectres redoutables des fascismes, communismes et islamismes, tous trois sous le joug de la violence, de la contrainte et de l'unanimité face à la doctrine officielle.

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Divin Vinci. Léonard de Vinci, l'Ange incarné

Attention mon avis est très très subjectif et se base sur la cinquantaine de pages que j'ai tenté d'ingurgiter...



J'ai avec regret renoncé à lire ce livre, pourtant c'est avec plaisir que j'avais postulé pour la dernière masse critique de chez Babelio.



En fait je pense m'être lourdement trompée quant à ce livre. Je m'attendais sans doute à un livre illustré des oeuvres de Léonard de Vinci ou tout ou moins d'un peu d'images de ces tableaux...



Attirée par la belle couverture aguicheuse du sourire du Saint-Jean-Baptiste et de son doigt pointé comme par malice au ciel...



Pour ma part ce sont mes yeux qui se sont portés au ciel. Je joue toujours le jeu dans mes lectures pour les masses critiques et il est très rare que je jette l'éponge. Je suis plutôt taciturne même quand je n'aime pas. Mais là, non pas possible, je n'arrive pas à comprendre le propos, bourrés de références (voir le nombre de notes de bas de pages !).



Avouons que la période des vacances n'a pas été propice à ce que j'accepte de me triturer les méninges. Et puis je me suis trompée sur ce livre qui est plus un essai de la part de l'auteur qui est un philosophe de l'art.



J'ai tenté et retenté mais non ce livre n'était pas pour moi.



Les phrases sont alambiquées, les démonstrations sans doute intéressantes mais je ne les comprends pas... le niveau est trop haut, ou l'écrivain n'a pas su se mettre à hauteur de ses lecteurs...





Ainsi comme dirait Daniel Pennac en tant que lecteur on a le droit d'abandonner ! Alors stop ce sera mon premier abandon sur une Masse Critique...



Je m'excuse auprès de Babelio pour cet abandon.



Pour ce qui est de l'auteur,

j'espère qu'il trouvera son lectorat,

il peut sans problème se passer de moi pour promouvoir son livre.
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Penser Salman Rushdie

J'aime ces mots

" Insolence de la Littérature", " imaginaire",

mots de l'Enfance.

Tels des cerfs volants épris de liberté qui s'amuseraient à narguer ces hommes à longue barbe.



Un profond respect et de l'admiration pour chacun de vous, auteurs et maison d'édition de L'Aube qui osez, avec beaucoup de courage, défendre les valeurs universelles de Liberté, Humanisme, Tolérance...



Penser Salman Rushdie, est un ouvrage collectif où chaque auteur s'érige en pilier, garant de protection pour les générations futures de la libre pensée, de la liberté de parole comme de conscience ou de création, au respect des idées, de la réflexion critique, des droits de la femme et de l'homme.



Regards croisés magnifiquement bien écrit où chacun exprime avec sa propre sensibilité, selon sa formation, son parcours de vie, ce lien qu'il a avec Salman Rushdie.







Le 12 août 2022, Chatauqua Institution, centre culturel dans l'Etat de New York, Salman Rushdie est sauvagement poignardé, 33 ans après qu'une fatwa a été prononcée à son encontre par l'ayatollah Khomeyni.



Emotion tellement forte mêlée de peine, de tristesse, de colère, jusqu'à l'écoeurement. Effrayant.



Des souvenirs qui ressurgissent.

Fin des années 80, mon père, professeur, laissé inconscient, frappé puis piétiné sur le quai d'une gare, sa chemise recouverte d'éclats de verre de tessons de bouteille parce qu'il n'avait pas autorisé une jeune collégienne voilée à entrer dans sa salle de cours quelques jours plus tôt. Moi, encore enfant faisant des allers retours entre cette gare et la pharmacie juste en face pour trouver de l'aide. Mon père a enseigné ses dernières années au Collège du Bois d'Aulne, collège où Samuel Paty a été égorgé.



13 novembre 2015, Frédéric ne reviendra pas du Bataclan. Il laisse ses deux enfants orphelins de père.



Salman Rushdie ce peut être un père, un ami.

Il est surtout un homme libre, d'une force et d'une résistance extrêmes.

Un livre pour comprendre.

Un livre pour défendre aussi... la Littérature.



Merci à vous Dominique Baqué, Shani Benoualid, Véronique Bergen, Jeannette Bougrab, Sophie Chauveau, Catherine Clément Renée Fregosi, Nathalie Heinich, Isabelle de Mecquenem, Véronique Nahoum-Grappe, Christiane Rancé, Valérie Trierweiler

Stéphane Barsacq, Patrick Besson, Tahar Ben Jelloun, Gilles Denis, Emmanuel Dupuy, Eric Fottorino, Pierre Mertens, Edgar Morin, Robert Redeker, Daniel Salvatore Schiffer, Guy Sorman, Pierre-André Taguieff, Michel Taube, Philippe Val, Olivier Weber, Jean-Claude Zylberstein.



La seule façon que j'aie de rendre hommage à la prise de risques de chacun des auteurs est de noter dans l'onglet "citations" un extrait de leur engagement.



Merci à chacun de vous de prendre soin des générations à venir.

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Oscar Wilde

Après quelques romans très prenants, j’avais rassasiée ma faim d’histoires et de péripéties, et j’avais envie d’un texte différent. J’ai donc opté pour cette biographie de Wilde, qui traînait depuis longtemps dans ma PAL.



J’ai beaucoup d’admiration pour les textes de Wilde, aussi bien ses textes courts que son terrible roman Le Portrait de Dorian Gray, ou encore Le Fantôme de Canterville qui m’a fait rire aux éclats il y a une bonne dizaine d’années. Depuis, je découvre ses autres œuvres en langue originale, grâce à un beau livre avec ses Complete works acheté il y a quelques années.



C’était donc une occasion à saisir pour mieux le connaître. Je me disais que si je maîtrisais un certain nombre d’éléments de sa vie grâce à diverses lectures, j’avais sûrement beaucoup à apprendre. Or ce n’était peut-être pas la bonne biographie car une fois refermée, je me suis dit : finalement je n’ai pas appris grand chose de plus.



Après 200 pages où il évacue toute la partie littéraire de sa vie, l’auteur aborde le sujet qui semble lui tenir le plus à cœur : le procès Oscar Wilde, où celui-ci sera condamné à deux ans de travaux forcés pour outrage aux bonnes mœurs (l’homosexualité était un crime en Angleterre, jusqu’en 1898), avec pour résultat l’exil définitif de Wilde en France pour y finir misérablement, la séparation avec sa femme et le changement de nom pour celle-ci et ses deux enfants (il fut aussi déchu de ses droits paternels). Wilde était devenu le synonyme de mauvaise vie et de relations contre nature. Ces relations contre nature semblent pourtant, sous la plume de Schiffer, être en réalité une belle histoire d’amour, en tout cas du côté de Wilde qui est fou amoureux d’Alfred Douglas, Lord, surnommé Bosie.



Or, la manière dont le procès est amené (par une référence toutes les pages) m’a énervé. Le biographe donne l’impression qu’il ne s’est passé que ça dans la vie de Wilde, donnant moins d’importance à son succès littéraire ou à l’analyse de ses œuvres. Le procès est décrit en long, en large et en travers, alors que la partie qui y est consacrée aurait pu être sacrement raccourcie … De la même façon, la longue déchéance de Wilde, durant 3 ans à Paris, occupe beaucoup trop de place dans le texte. Certes on ne peut pas ne pas s’y référer et la décrire néanmoins de longues phrases auraient pu être coupées.



Cette répétition et ces longueurs ont gâché en partie ce texte pour moi, le rendant peu attrayant, alors que pourtant Schiffer use d’une plume très romanesque pour nous rendre compte de cette vie extraordinaire.



Celle d’un homme qui a vécu selon ses convictions jusqu’au bout, et qui apparait comme un excentrique jovial, frappé en plein cœur par la société, et qui déclarait : « Je serai poète, écrivain, dramaturge. D’une façon ou d’une autre, je serai célèbre, quitte à avoir mauvaise réputation. »



Un texte moyen donc, mais un grand écrivain que je vais m’empresser de continuer à découvrir.
Lien : http://missbouquinaix.wordpr..
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Traité de la mort sublime

Un essai étonnant sur l'art de mourir.

Le sujet pourrait paraître bien morbide, mais Daniel Salvatore Schiffer a su le traiter avec tact et délicatesse. De plus, en prenant l'exemple du parcours de vie (et de mort) de David Bowie comme point de départ et fil rouge, il m'avait conquise avant même de commencer l'ouvrage, tout en restant cependant d'une grande exigence, fan absolue oblige ;)



Ce manifeste expose le traitement de la notion de mort, du point de vue de la philosophie "dandy".

Le Dandysme, un état d'esprit, une morale, une manière d'être et... de ne plus être. Selon Baudelaire, « Le Dandy doit aspirer à être sublime sans interruption, il doit vivre et dormir devant un miroir ». L'élégance, l'impertinence, la transcendance du sublime, voilà qui peut nourrir l'idée qu'on se fait du Dandy, mais sans jamais réussir à le définir véritablement. L'auteur ne s'y frotte d'ailleurs pas, il préfère nous dévoiler le dandysme comme une métaphysique, une liberté d'être, une forme d'exigence, une esthétique, à renfort de nombre de citations. Il nous révèle surtout une galerie de portraits impressionnante constituée à partir de leurs réflexions propres sur la mort, j'ai retenu Socrate, Byron, Brummel, Poe, Wilde, Nietzsche jusqu'à Bashung, Cohen. Et Bowie, bien sûr.

De ce livre riche et intense, certains passages traitant de philosophie pure restant cependant exigeants, j'ai retenu des ouvrages à lire, des films et des tableaux à voir, des hommes et des femmes à découvrir, j'ai rarement autant couvert un livre de post-it ! et ceci pour mon plus grand bonheur...

Je garde également le souvenir de la découverte d'un auteur et philosophe, biographe, que j'ai hâte de retrouver par ailleurs.

Un grand merci à Babelio et son opération Masse critique pour ce cadeau et aux éditions Alma.



...je vais peut-être réussir à enfin écouter Blackstar...
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Petit éloge de David Bowie, le dandy absolu

"Station to station" (1976), d'où emerge cet excellent titre qu'est "absolute beginners"." Signalons quand même à l'auteur qu'" absolute beginners" est sorti en 1986, soit dix ans plus tard et qu'il aurait fait légèrement désordre sur "station to station" le magnifique. Cela donne une idée de la profonde connaissance du sujet Bowie par l'auteur de ce texte vain et d'une incroyable prétention. À fuir.
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Oscar Wilde

Pauvre Monsieur Wilde,



Je ne fais pas partie de vos grandes fans... je n'aime guère la poésie et le seul livre que j'ai lu de vous est votre fabuleux "Portrait" que j'ai adoré.



Je trouve que vous aviez beaucoup de talent et votre sens de la fantaisie m'a donné envie d'en savoir plus sur vous.



Je suis partie jusqu'en Irlande, sur votre trace, voir l'endroit ou vous viviez à Dublin et j'ai une magnifique photo de vous et votre papa, sculpture en bronze à mon avis, qui se trouve à Galway.



J'ai voulu en savoir encore plus et, en toute logique, me suis intéressée à votre biographie.



Votre vie n'a pas du être facile tous les jours, Vos jours ont été jalonnés d'envieux, de jaloux.

Il faut dire que vous avez eu, quand même, un peu l'art de vous la compliquer mais vous ne seriez pas un artiste si vous aviez eu une vie monotone.

Ensuite, vous êtes tombé dans les griffes de ce Bosie, pour qui vous avez tout perdu et qui vous a si peu rendu l'amour que vous lui portiez.



Vous avez contracté une maladie vénérienne, que la multiplicité des partenaires peut expliquer entre nous soi dit !



Ensuite, il y a eu ce procès, les amis qui vous tournent le dos, le décès de votre maman et de votre Constance, votre fidèle femme. Il y a eu la ruine, la déchéance, le bagne.



Tout ceci est bien pénible.

Et pourtant, même après votre mort et votre réhabilitation, il vous arrive encore quelque chose de terrible.... Un mauvais biographe !!



Je suis persuadée que vous avez eu une vie haute en couleurs et votre biographe vous le rend bien mal.

Il n'y a rien de plus pénible à lire que cette biographie, remplie de répétitions, d'anachronisme, c'est mal écrit.

Je ne pensais pas en voir le bout.... Du reste il y a plusieurs semaines que je peine dessus et que j'envisage de laisser le livre là mais je déteste abandonner.



Enfin, ouf, j'en ai vu le bout de ces 400 pénibles pages d'un style digne d'un enfant de primaire !



Ceci dit, Monsieur Wilde, rassurez vous, cette mauvaise biographie n'a en rien entaché l'admiration que j'ai eu en lisant le Portrait de Dorian Gray
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Traité de la mort sublime

Merci à Alma éditeur et Babelio pour l’envoi de ce livre.



Avant de rentrer dans le vif du sujet, je m’explique sur le choix de ce livre lors de la dernière Masse Critique de Babelio. Etant une grande fan de Bowie, j’étais particulièrement intriguée par cet essai (ce traité) à propos de la mort sublime et du dandysme comme art de vivre et, avant tout (après tout), comme art de mourir. C’est donc avec beaucoup de curiosité que je me suis lancée dans cette lecture. Manque de bol, avec le virus que j’ai cattrapé entre temps, je n’ai pas pu prendre le temps de bien l’assimiler. Et pour cause, c’est un livre dense et extrêmement poussé en terme de philosophie.

Daniel Salvatore Schiffer est professeur de philosophie de l’art à l’École Supérieure de l’Académie Royale des Beaux-Arts de Liège. Autant vous le dire tout de suite, il s’agit ici d’un livre extrêmement poussé en philosophie. L’auteur s’appuie sur de nombreux courant de pensées et des citations, croise les avis de plusieurs philosophes avant d’analyser l’art dandy, le sublime et l’art de mourir jusqu’à David Bowie. Cet essai ne s’adresse donc pas à tout le monde. Si la philo ne vous a jamais intéressé, ce n’est clairement pas avec ce livre qu’il faut commencer.



Toutefois, bien que je ne sois pas une érudite de la philo, les notions, concepts et abstractions abordées ne m’étaient pas étrangères. J’ai abordé ce livre en tant que néophyte et amatrice. Parfois, l’analyse est un peu complexe et mériterait une relecture et un long moment de réflexion sur chacun des chapitres du livre (par exemple la notion de Transcendance qui est extrêmement particulière, ou celle d’eros et de thanatos associées dans le dandysme – amour et mort -). Je n’ai pas eu le temps mais je pense que c’est un traité que je ressortirai pour me l’approprier un peu plus à l’avenir.



Le fait est que Daniel Salvatore Schiffer est un fan de David Bowie. Cela se ressent dans son analyse qui, inévitablement, a un parti pris. Mais finalement, la philosophie a toujours un parti pris à mon sens. Chaque auteur livre sa propre perception d’une notion. A nous d’en tirer une substance, une réflexion qui va nourrir notre pensée. Pour le coup, l’auteur est convaincu que David Bowie a orchestré sa mort pour en faire une oeuvre d’art. Il me semble difficile de le contredire de mon côté tant j’ai cru, les premiers jours suivant la mort de Bowie, que ce dernier allait ressusciter tel Lazarus, son titre phare. J’avoue adhérer à son propos affirmant que le dandysme, dont Bowie était le parfait représentant, est plus qu’un art de vivre, c’est un art de mourir. De là à calculer sa mort, je ne suis pas certaine… Mais le fait est que le résultat est là. Coïncidence ou pas, la mort de dandys pris comme exemple (Lord Byron, Oscar Wilde, Barbey d’Aurevilly…) sont des morts que l’on retient de par leur misère, leur contraste avec leur vie, leur aspect spectaculaire.

Ce n’est pas un livre à mettre entre toutes les mains, c’est une évidence, car il risquerait de vous en tomber à coup de citations nombreuses et de concepts complexes que l’auteur ne met pas à portée de tout le monde. Quitte à commencer la philosophe, lisez Le monde de Sophie de Jostein Gaarder (d’ailleurs, je compte le relire sous peu), il donne accès bien plus facilement aux bases de la philo et surtout d’une façon tout spécifique de réfléchir.

Toutefois, le propos de Daniel Salvatore Schiffer est intéressant. Il propose une analyse poussée, riche et bien documentée sur le concept de mort lié au dandysme. La mort comme un art. La mort sublime. Depuis les premiers dandys et philosophes jusqu’à David Bowie en passant par Kant, Huysmans et Jean Genet, sans oublier Oscar Wilde, bien évidement. Ce fut un plaisir de découvrir certains auteurs, de redécouvrir d’autres via cet essai. Un livre à relire (ou à siroter) pour se laisser le temps, pour laisser aller sa réflexion, la nourrir, la faire mûrir à propos du sujet le plus universel, un sujet qui nous lie tous en tant qu’être humain, dans notre essence même : la mort et sa finitude.
Lien : https://pauseearlgreyblog.wo..
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Critique de la déraison pure : La faillite in..

Voilà une présentation qui en dit long sur le contenu du livre et chose rare, je suis d’accord. Comme pour beaucoup d’entre nous, le titre m’a fait penser sans hésitation à la célèbre Critique de la raison pure d’Emmanuel Kant et j’ai voulu savoir pourquoi Daniel Salvatore Schiffer avait choisi ce titre. Aussi, quel ne fût mon enthousiasme lorsque Blog-O-Book a retenu ma demande pour ce partenariat proposé par les éditions François Bourin Editeur. A la lecture de Critique de la déraison pure, ce qui m’a séduit dans ce pamphlet car il s’agit bien à mon avis d’un pamphlet, ce sont bien les enjeux soulevés par l’auteur. En effet, si l’on se penche sur la question de savoir ce que sous-entend l’expression "nouveaux philosophes", on peut légitimement se demander quels intérêts ces derniers ont servi pendant ces trente dernières années pendant lesquelles, pour reprendre les termes de Daniel Salvatore Schiffer, le "carré d’as" composé des célèbres André Glucksmann, Alain Finkielkraut, Pascal Bruckner et Bernard-Henri Levy, a occupé le devant de la scène médiatique. La réponse de l’auteur est sans appel : aucun ou presque. Fondant son argumentaire sur des références nombreuses et justifiées, Daniel Salvatore Schiffer démontre de façon indiscutable, la superficialité de ces penseurs modernes. Pourtant, s’il apparait à certains que cet essai peut être le signe d’une vieille rancoeur, il faudra reconnaître qu’il n’y a pas de fumée sans feu. Et l’auteur explique d’ailleurs avec justesse que son livre n’a pas pour objectif le discrédit bête et méchant de cette catégorie d’intellectuels : il n’est pas question ici de faire de la rhétorique mais de réfléchir à l’impact des déclarations faites dans la presse ou aux médias. Car c’est bel et bien dans cette optique que Daniel Salvatore Schiffer met en lumière "la faillite intellectuelle des nouveaux philosophes et de leurs épigones". Car enfin, s’il suffit d’avoir des amis bien placés et de maîtriser l’art oratoire pour être considéré comme nouveau philosophe, alors la philosophie française a du souci à se faire... Or, et cela n’engage que moi, je crois que nous n’en sommes pas encore là...



Si l’auteur nuance parfois ses propos, il se montre souvent cinglant à l’égard de Bernard-Henri Levy qui lui provoque une évidente allergie. Enumérant scrupuleusement les bourdes et les scandales de celui-ci, Schiffer démantèle savamment l’édifice que le philosophe a bâti autour de sa personne. Il n’épargne aucun détail, à commencer par son ouvrage intitulé De la guerre en philosophie paru en février dernier et dans lequel BHL cite Botul, un philosophe imaginaire ! Cette entrée en matière ne peut qu’augurer la suite du livre et le lecteur est averti : pas de pitié pour BHL et Cie. Bref, de scandales en omissions volontaires, le BHL national n’en finit pas de décevoir, voire débecter Schiffer. C’est vrai que ces nouveaux philosophes sont agaçants à envahir les médias et la presse : guerre, religion, philosophie, politique, ils savent tout, parlent de tout, mais que disent-ils en réalité ? Telles sont au final les questions posées par Schiffer. Car le lecteur n’est pas dupe : il est libre de croire ou non les informations que lui servent à outrance les médiias. Non pas que ces nouveaux philosophes ne racontent que des inepties. Juste qu’il ne faut pas oublier qu’il est donné à tout un chacun, philosophe ou non, de réfléchir tout simplement. Vouloir donc "sauver" la philosophie française du naufrage me semble un peu ambitieux. Toujours est-il que cet essai, tout aussi intéressant que documenté, m’a permis de (re)découvrir des penseurs qui ont marqué la philosophie universelle...



Pour l’anecdote, rendez-vous sur cet article de la République des livres de Pierre Assouline pour savoir pourquoi la publication du livre, initialement prévue aux éditions Fayard a été annulée.
Lien : http://embuscades-alcapone.b..
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Critique de la déraison pure : La faillite in..

4 ième de couverture : "Fin des années 70, les "nouveaux philosophes" envahissent les médias. Ils s'appellent André Glucksmann, Maurice Clavel, Jean-Marie Benoist, et surtout Bernard - Henri Lévy. Ils seront suivis d'amis proches sur le plan idéologique dont; au premier rang, AlainGinkielkraut et Pascal Bruckner. Trente ans plus tard, que reste - t'il de leur reflexion? Si les membres de ce courant ont incontestablement marqué la scène publique française, leur héritage fait débat sur le plan philosophique. C'est sur ce terrain que l'auteur a choisi d'exercer son regard critique. Essai aux accents pamphlétaires, "critique de la déraison pure" référence directe au maître ouvrage d'Emmanuelle Kant, dresse un bilan cinglant de la pensée léguée par les "intellectuels médiatiques". Loin de se borner à la mise en cause de leurs postures, ce livre engage, pour la première fois, une réflexion de fond sur les dérives et les manipulations logées au coeur de leur philosophie.



Ce livre est un pamphlet sévère (mais souvent juste) a l'encontre de ses "nouveaux philosophes" qui a défaut d'être de véritables maîtres penseurs ont compris avant les autres l'intérêt d'occuper l'espace médiatique. Ce livre ,sous couvert de parler de ces philosophes, est avant tout une critique dirigée sur l'incontournable B.H.L. Et là on peut dire qu'il en prend pour son grade. Cela est fait de manière construite et intelligence même si comme beaucoup de pamphlet certaines critiques sont outrancières. Cela n'est pas un livre que j'ai pu lire d'une seule traite car cela reste un livre un peu ardu a appréhendé. Mais cela reste un livre instructif sur un philosophe qui a perdu toute la crédibilité qui lui restait avec l'affaire "Botul".
Lien : http://desgoutsetdeslivres.o..
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Le dandysme : La création de soi

Un voyage dans le monde des dandys, d’une exceptionnelle richesse d’informations et d’illustrations : ainsi se présente le superbe album conçu et commenté par Daniel Salvatore Schiffer, professeur d’esthétique à l’Ecole supérieure de l’Académie royale des beaux-arts de Liège.
Lien : http://www.lalibre.be/cultur..
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Critique de la déraison pure : La faillite in..

BHL, ce faux dandy



Il faut beaucoup d’imagination, alliée à une encore plus singulière dose d’ignorance en la matière, pour se piquer de transformer Bernard-Henri Lévy en un dandy, fût-il de « cendre » comme l’écrivait, à son endroit, François Mitterrand dans L’Abeille et l’Architecte. C’est pourtant là ce que fait Renaud Girard dans le très complaisant portrait qu’il dresse, par-delà la fausse note critique de son titre, dans Le Figaro de ce 6 février 2010 : BHL, le dandy le plus détesté de France, ose-t-il titrer son papier, voué tout entier, comme bien d’autres, à tresser les lauriers de la désormais très brinquebalante couronne béachélienne.

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Certes BHL en a-t-il, par certains aspects extérieurs, l’apparence. Mais l’apparence seulement, clinquante et superficielle, arrogante et présomptueuse, dogmatique et manichéenne, plus proche du richissime flambeur - sa fortune personnelle le lui permet - que d’un être réellement flamboyant.

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Les grands et véritables dandys, les dandys historiques tels Brummell, Byron, Wilde ou Baudelaire, n’avaient d’ailleurs que faire, eux, de l’argent, qu’ils méprisaient et brûlaient aussi vite, à l’image de Serge Gainsbourg avec son billet de cinq cents francs face aux caméras de télévision, qu’ils l’avaient gagné. Et puis, surtout : ce qui caractérise le vrai dandy, c’est, paradoxalement, le côté tragique, sinon maudit, de son existence, fût-elle, comme le prônait Oscar Wilde en un de ses plus fulgurants aphorismes, une œuvre d’art.

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Baudelaire, impeccable dandy, l’avait du reste expressément établi : le dandysme, « dernier éclat d’héroïsme dans les décadences », est inséparable de la solitude… ce qui, au vu de la multitude de ses courtisans, n’est certes pas le cas du « plus beau décolleté de Paris », pour reprendre le bon mot d’Angelo Rinaldi. Pis : cette misère dans laquelle les dandys meurent souvent en silence et toujours dans la dignité, BHL ne pourrait même pas se la figurer, lui qui, sur ce douloureux mais sublime sujet, ne connaît que l’indigence philosophique et la pauvreté littéraire.

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Ne pas confondre donc, malgré la ressemblance des termes, les postures dandys avec les impostures germanopratines : « Combien de Français échappent à la vindicte de ce Fouquier-Tinville de café littéraire ? », ironisait d’ailleurs, à son propos, Raymond Aron en ses Mémoires !

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De BHL, sigle que l’on rangera désormais entre BHV (pour son indescriptible bric-à-brac conceptuel) et DHL (pour la vitesse « express » de ses lectures philosophiques), Jean Bothorel en ses Chers Imposteurs, en a parfaitement brocardé, du reste, les faux-semblants, qui ne font même plus guère illusion tant son discrédit, après l’hilarante affaire Botul, est désormais total : « Tu n’es pas non plus un dandy, tu n’en as ni la distanciation ni le cynisme. Tu es un idéologue, un croisé des causes que tu défends. Tu n’es pas dans l’imposture, tu es dans la posture d’un Savonarole de la ‘pensée unique’, d’un Godefroy de Bouillon des Droits de l’homme, avec ce qu’il faut de canaillerie pour manipuler les courtisans. », y observe-t-il très finement en son chapitre ayant pour très emblématique titre Bernard-Henri Lévy ou la posture souveraine. Tout un programme !

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A noter, soit dit en passant, que ce pamphlet de Bothorel fut publié, en 2008, chez Fayard, alors que Claude Durand en était encore l’incontestable et incontesté maître d’œuvre. Je doute très fortement qu’il recevrait, aujourd’hui, un accueil aussi favorable en cette même maison, désormais gérée par Olivier Nora, à la fois ami proche et éditeur de BHL chez Grasset. Il suffit, pour s’en convaincre, de voir avec quel empressement, par-delà son invraisemblable cafouillage, cette nouvelle direction de Fayard vient d’annuler in extremis, alors même qu’elle figure encore sur son propre programme éditorial et qu’elle est toujours annoncée partout, ma propre Critique de la déraison pure - D’une certaine philosophie française et de ses errances idéologiques : essai philosophique dont la cible principale s’avère être précisément, par-delà la clique des pseudo « nouveaux philosophes », BHL !

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Mais, enfin, à Dieu ne plaise. Revenons à nos moutons, fussent-ils de Panurge : on pardonnera certes à Renaud Girard, qui est tout sauf un critique littéraire, encore moins un philosophe, de ne pas connaître, en faits et gestes de dandysme, ces choses-là, peut-être trop profondes. Reste à savoir, alors, pourquoi c’est à lui, à un reporter plutôt versé dans les dossiers de politique internationale, qu’un journal aussi sérieux et réputé que Le Figaro a confié la recension des deux derniers ouvrages - Pièces d’identité et De la guerre en philosophie - de BHL. Preuve de l’incompétence philosophique et littéraire de Girard ? Ce désormais célébrissime Jean-Baptiste Botul, auteur fictif d’une farce (par ailleurs remarquable) intitulée La Vie sexuelle d’Emmanuel Kant, le brave mais inculte « grand reporter » du Figaro ne le vit même pas passer, pour autant qu’il ait effectivement lu cette insipide Guerre en philosophie, sous ses yeux par trop aveuglés de lecteur pour le moins inattentif.

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Et le doute, dès lors, de s’installer : c’est ce même Renaud Girard qui, se rangeant systématiquement là sur les positions béachéliennes (l’angélisation des Musulmans et la démonisation des Serbes), couvrit, pour ce quotidien, toute la guerre en ex-Yougoslavie, de la Bosnie au Kosovo… preuve définitive, si besoin en était encore, de l’existence d’un indiscutable réseau politico-éditorial à la solde, servile comme jamais, de BHL !

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Mon "affaire" fait désormais grand bruit en Italie. Elle s’étale dans les pages "culture" du premier quotidien national, "La Repubblica".

Le meilleur de la presse européenne (une véritable armada) répercute objectivement désormais l’information : Le Soir (Belgique), la RTBF, le Jeudi (Luxembourg), La Repubblica (Italie) qui a traduit l’article, de l’italien, en français, anglais, allemand, espagnol et polonais ; cela est également souligné par "Le Monde des Livres" par Alain Beuve-Méry, petit fils d’Hubert Beuve-Méry, Siné Hebdo consacre une pleine page, avec une interview, en outre, de Frédéric Pagès. D’autres pays à venir.

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Et, surtout, les plus grands esprits en France me soutiennent : pour le bien de la philosophie française, de grande tradition (Sartre, Merleau-Ponty, Deleuze, Lyotard, Derrida, Ricoeur, Levinas, Jankélévitch, Bergson, Aron, Althusser, Foucault, Canguilhem, Badiou, Gauchet...), qui mérite mieux que l’horrible réputation que ce BHL est en train, malheureusement, de lui réserver, à la risée du monde entier. Il faut en finir avec cet imposteur et débattre enfin sur le fond : telle est la véritable "guerre en philosophie" !



- http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/bhl-ce-faux-dandy-70200
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Critique de la déraison pure : La faillite in..

L'expression « la nouvelle philosophie »



est à l'origine le titre d'un dossier des Nouvelles littéraires paru en juin 1976, dont la rédaction fut confiée par Jean-Marie Borzeix au jeune agrégé de philosophie et éditeur Bernard-Henri Lévy.

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Ceux que l'on appelle depuis les « nouveaux philosophes » appartiennent au courant philosophique que Bernard-Henri Lévy a tenté d'incarner depuis le milieu des années 1970, après son éloignement des courants maoïstes. Ce sont notamment Jean-Paul Dollé, André Glucksmann, Jean-Marie Benoist ou Gilles Susong.

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Ce mouvement, qui a donc autoproclamé sa nouveauté et sa dignité philosophique, consiste essentiellement en une double dénonciation : celle des États totalitaires, comme phénomène dominant l'époque contemporaine, et celle de la responsabilité supposée des intellectuels dans l'émergence et la survie de ces États.

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L'équilibre entre ces deux intentions peut sembler cependant problématique, à tel point que, comme l'a écrit récemment un historien des idées, « l'opération s'apparente à une mise au pas du champ intellectuel. Car Lévy semble plus hargneux envers l'« idéologie du désir » deleuzo-guattarienne qu'à propos des camps soviétiques, et Glucksmann citant Hegel assène que « penser, c'est dominer », imputant nazisme et stalinisme aux grands philosophes allemands ».

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Cette mise en accusation de la philosophie critique dans son ensemble a été diversement reçue par ses représentants les plus influents, de l'indifférence à l'ironie la plus mordante.

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Gilles Deleuze, par exemple, dit à leur propos : « [...] Je crois que leur pensée est nulle. Je vois deux raisons possibles à cette nullité. D'abord ils procèdent par gros concepts, aussi gros que des dents creuses, LA loi, LE pouvoir, LE maître, LE monde, LA rébellion, LA foi, etc. Ils peuvent faire ainsi des mélanges grotesques, des dualismes sommaires, la loi et le rebelle, le pouvoir et l'ange. En même temps, plus le contenu de pensée est faible, plus le penseur prend d'importance, plus le sujet d'énonciation se donne de l'importance par rapport aux énoncés vides (« moi, en tant que lucide et courageux, je vous dis..., moi, en tant que soldat du Christ..., moi, de la génération perdue..., nous, en tant que nous avons fait mai 68..., en tant que nous ne nous laissons plus prendre aux semblants... »).

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Avec ces deux procédés, ils cassent le travail. Car ça fait déjà un certain temps que, dans toutes sortes de domaines, les gens travaillent pour éviter ces dangers-là. [...] »

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Mais tout autant qu'un nouveau discours, la Nouvelle Philosophie est un nouveau dispositif médiatique, dont le centre de gravité réside dans la force éditoriale qu'a réussi à acquérir Bernard-Henri Lévy au milieu des années 1970, avant même d'être trentenaire, grâce aux Éditions Grasset, qui lui offrent en particulier la direction de la collection « Figures ».

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Jean-François Lyotard ironisait sur ce dispositif dès 1977 : « Vos gens mangent beaucoup à la table des media. Encore une fois, prenez garde davantage aux postures et moins aux significations. C'est l'humour de la pragmatique narrative que vos récits de protestations contre les horreurs du pouvoir, elle les divulgue grâce à des réseaux de pouvoir. »



Certains des « nouveaux philosophes » de 1976, comme Christian Jambet et Guy Lardreau, ont critiqué le courant qu'ils avaient d'abord paru cautionner. Lardreau, Jambet, mais aussi Michel Guérin, ont en effet publié plusieurs de leurs premiers livres dans la collection de Bernard-Henri Lévy « Figures » chez Grasset en 1975-1978, peu de temps avant de polémiquer publiquement contre le mouvement initié dans les médias par leur ancien camarade normalien.
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Divin Vinci. Léonard de Vinci, l'Ange incarné

Pour le 500ème anniversaire de la mort de Léonard de Vinci, les parutions pullulent. Parmi elles, l'essai de Daniel Salvatore Schiffer offert par Babelio et les Editions Erick Bonnier que je remercie.

Ecrit par l'un des spécialistes du dandysme, il aborde son personnage et son œuvre sous les angles philosophique et psychanalytique dévoilant une partie du « mystère » Léonard.

Dans un style à la fois érudit et un brin désuet, Daniel Salvatore Schiffer, s'appuyant sur moult citations, fait une synthèse exhaustive de la littérature (Baudelaire, Nietzsche, Oscar Wilde...) sur le génie italien, y compris celle que le maître a livrée dans ses « Carnets ».

Il s'appuie notamment sur le « Voyage du Condottière », recueil de textes écrits entre 1910 et 1932 par André Suarès qui soulignait que Léonard était supérieur à sa production précisément parce qu'il avait fait de sa vie une œuvre d'art. Comme tout dandy qui se respecte !

Pour l'auteur du « Divin Vinci », la gageure est rien de moins que d'expliquer sa vie par son œuvre et réciproquement.

« Incarnation des diverses tendances intellectuelles de la Renaissance », selon Edward MacCurdy, Léonard est un « être total » en ce sens qu'il unit « l'art et le génie scientifique et technique » (Thomas Mann).

En qualifiant Vinci de divin, l'essayiste se réfère aux écrits du maître qui expliquait : « le caractère divin de la peinture fait que l'esprit du peintre se transforme en une image de l'esprit de Dieu ». Plusieurs siècles plus tard, Hugo affirmait : « l'art est à l'homme ce que la nature est à Dieu ». Et, parmi tous les arts, la peinture a la première place car elle « absorbe, relie et complète toutes les activités de l'esprit ».

Universaliste, Léonard serait un précurseur. Du surréalisme avec sa théorie de l'esquisse informe qui jaillit de l'inconscient pour donner naissance au fameux sfumato que les impressionnistes n'auraient pas renié. Mais aussi de l'art abstrait qui, selon Kandinsky, souligne la présence de « spirituel dans l'art et dans la peinture en particulier ». Par cette assertion, il rejoint les préoccupations du « père » de la Joconde.

Et celui qui assigne un pouvoir extraordinaire à l'art a laissé paradoxalement une œuvre à la fois mince (une quinzaine de tableaux seulement) et inachevée. Parce que la perfection ne peut être atteinte dans le monde terrestre et fini et que Léonard était un éternel insatisfait ? Pis. Certaines de ses œuvres n'ont pas résisté à l'épreuve du temps. Comme la fresque « Bataille d'Anghiari » dont la fragilité souligne la finitude et la précarité de l'homme. Le qualificatif de philosophe-artiste si souvent donné à Léonard prendrait alors tout son sens. Sa démarche exprimerait « tout simplement » la quintessence de la nature humaine, à savoir l'imperfection...

Heureusement, il reste des chefs-d'oeuvre fort bien conservés qui soulignent combien le peintre était à la fois un créateur de mondes et un imitateur de la nature comprise comme perfection divine.

Et pour mieux comprendre celui qui nous a laissé tant de merveilles, l'auteur n'hésite pas à convoquer Freud qui, dans « Souvenir d'enfance de Léonard de Vinci », écrit qu'il a réussi à sublimer sa libido (homosexuelle, précisons-le) en appétit de recherche. Là « serait le noyau et le secret de sa personnalité intime ». Dans la même veine, le père de la psychanalyse explique que « seul un créateur ayant eu une telle enfance a pu peindre la Joconde et la Sainte Anne en tierce ». Il fait référence aux figures de deux femmes qui ont énormément compté : Catarina, la mère, et Donna Albiera, la belle-mère. Schiffer n'hésite pas alors à affirmer qu'il est un « Oedipe transformé en Narcisse » et qu'il a transcendé son homosexualité. En peignant, entre autres, des personnages androgynes, quintessences de la sensualité et de la spiritualité, du vice et de la sainteté. « Chacun d'entre nous contient en lui le Ciel et l'Enfer » écrivait Oscar Wilde dans « Portrait de Dorian Gray ».

Pour Schiffer, l'oeuvre de Léonard n'est pas belle. Elle est sublime car elle fait sortir l'homme de sa condition naturelle en l'élevant au-dessus de sa finitude par la confrontation avec la mort. Elle va même plus loin car, comme l'a souligné Georgio Vasari, le biographe contemporain du génie italien, la « grâce divine » est indissociable de l'attrait pour le monstrueux, la violence et le chaos, expliquant la fascination de Léonard pour l'art de la guerre. César Borgia le nomma même ingénieur en chef en 1502.

Avec une passion, parfois excessive, Daniel Salvatore Schiffer, en puisant dans la littérature consacrée au protégé de François 1er,

livre une analyse souvent étonnante et pertinente de son œuvre et de sa vie.
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Le dandysme : La création de soi

Vous ouvrez ce livre, magnifiquement illustré, et vous êtes surpris de voir se lever devant vous une foule de disparus sublimes. Toute une histoire est là, noyée désormais dans une normalisation générale. Plus de grandes figures dérangeantes : le Spectacle avale tout, aplatit tout, uniformise tout, mais il y a eu ces réfractaires de génie, pour qui la vie n'était rien si elle n'était pas ultra-singulière.
Lien : http://rss.nouvelobs.com/c/3..
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Critique de la déraison pure : La faillite in..

lu en partenariat avec Blog-O-Book et les éditions Bourin...

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Voilà, enfin terminé ce livre... 368 pages... j'ai bien cru ne jamais y arriver ! et dire que c'est moi qui ai voulu le lire... plus de mon âge ce genre de lecture... mais tellement curieuse...



il faut dire aussi que ce long pamphlet contre les "nouveaux philosophes"... n'est pas si facile a lire d'une traite, bien que quelques passages amusants...



Au final, bien l'impression que l'auteur règle quelques comptes avec notre très médiatique BHL... et qui peut l'en blâmer... le personnage est assez déplaisant et envahissant... heureusement, son côté "ridicule" amuse toujours... mais l'entendre assener sa pensée a longueur d'ondes, on s'en lasse vite...



J'ai donc voulu voir ce qu'en disait la blogosphère... pas vraiment trouvé grand chose, hormis sur l'Agora Vox...



Vu également l'avis élogieux d'un autre lecture du livre sur amazon...



Pour moi, ce sera très certainement le dernier livre de philo pour cette année...
Lien : http://mazel-livres.blogspot..
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Lord Byron

La biographie d’André Maurois consacrée à Byron est extrêmement littéraire et étoffée, celle-ci est concise et allégée . Elle est également passionnante, résumant la vie tumultueuse d’un des plus grands poètes Anglais avec un joli rythme et un style en rapport. Pour découvrir Lord Byron, son entourage proche, ses amis et bien sûr son œuvre et ses aventures, c’est un livre idéal. Aucun temps mort dans cette biographie ( illustrée de surcroît ), l’auteur maîtrisant bien son sujet.

Cette collection biographies poche est décidément à adopter, elle est excellente .
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Le dandysme : La création de soi

Très intéressante approche du sujet. Belle iconographie. Ce livre apporte plein de perspectives et inspire à aller plus loin. Redécouverte d'auteurs un peu oubliés qu'il faut décidément relire.
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Qui a écrit ça ? [3]

QUEL ROMANCIER A ECRIT CES PHRASES: « Nous disons bien que l’heure de la mort est incertaine, mais quand nous disons cela, nous nous représentons cette heure comme située dans un espace vague et lointain, nous ne pensons pas qu’elle ait un rapport quelconque avec la journée déjà commencée et puisse signifier que la mort — ou sa première prise de possession partielle de nous, après laquelle elle ne nous lâchera plus — pourra se produire dans cet après-midi même, si peu incertain, cet après-midi où l’emploi de toutes les heures est réglé d’avance » ?

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