Danièle Sallenave

Ce que j'ai gardé de ce monde, et qu'il est si difficile de retrouver aujourd'hui, c'est une certaine lumière et une certaine qualité de silence. L'obscurité chaude des nuits d'été, quand la lumière ne vient que du ciel, quand tout est éteint, pas de réverbères dans les rues, ni de ronds-points éclairés au néon. Aujourd'hui, il n'y a plus d'ombre nulle part : la Terre vue du ciel est couverte de plaques géantes de lumière, les Etats-Unis, l'Europe... Quant au silence ! Il faut tout faire pourtant pour garder vivant le sentiment de la splendeur du monde sensible.
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Pour le dire d'un mot : c'est dans la pratique théâtrale, travail du texte, travail de l'acteur, que j'ai enfin compris comment le sens se produit à chaque moment de notre vie. Dans cet endroit mystérieux où se rencontrent l'abstraction de la parole et le concret des corps vivants.
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Le peuple a été désapproprié de sa propre culture, rendue illégitime par le progrès technique et, paradoxalement, par l'école obligatoire - c'est ce que Pasolini* a admirablement montré. Mais dans le même temps on se gardait de lui ouvrir un véritable accès à la culture universelle, considérée comme un privilège d'élite. (...) L'art a sombré dans la culture, la culture dans le culturel et le culturel dans le divertissement marchandisé, télévisé.

(…) *l'homme qui a le mieux pensé les trois formes de la déchéance moderne : le peuple livré à la sous-culture télévisée, la fin de la culture grave et austère de la paysannerie, et l'hypersexualisation dès la prime jeunesse de toute une génération
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Nous, les femmes libres, c'est cela qui nous définit : nous n'avons jamais cherché à devenir des veuves.