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Critiques de Danièle Sallenave (97)
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La bataille du rail : Cheminots en grève, écriv..

36 auteurs pour autant de nouvelles, illustrés par les dessins de Mako.

36 auteurs engagés, car cet ouvrage polyphonique n'a qu'une seule ligne éditoriale : celle de défendre les services publics, un certain « idéal de solidarité »

concrétisé ici par le train dans la tourmente de cette nouvelle « bataille du rail ».



36 pierres apportées à l'édifice d'une lutte, puisque les droits d'auteurs sont entièrement reversées aux caisses des grévistes contre cette réforme ferroviaire 2018.

À chacun d'en juger la nécessité bien sûr, mais il fallait le préciser, car il ne s'agit pas ici d'un don seulement caritatif, mais profondément politique.



Bien sûr, ces nouvelles sont très différentes, et parfois inégales, mais toutes réussissent la gageure de parler à nous tous, qui avons en commun cet « imaginaire du rail».

Comme Didier Daenincks dont « le sang noir du monde ferroviaire coule dans [s]es veines. »



Lu en juillet 2018.
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Jojo, le Gilet jaune

Jojo, le gilet jaune - Danièle Sallenave de l'Académie française.

Lu en mai 2019. Paru chez Tracts-Gallimard - 22 mars 2019 - 3,90 €.



Ne reniant pas ses origines relativement modestes, ses parents étaient instituteurs, encore respectés en ces temps là, Danièle Sallenave allant sur ses 79 ans, à l'époque l'instituteur était un personnage important, surtout dans les villages, mon grand-père maternel l'était aussi dans un village en Belgique, l'auteure nous emmène tout au long de ces 42 pages dans le fil de ses réflexions sur le phénomène des Gilets jaunes.

C'est avec une plume fluide qu'elle nous parle de ces "petites gens", ceux "d'en-bas", de leurs demandes de la dérive et de la violence que bon nombre de ces Gilets jaunes condamnent. "Leur mouvement attire, sans forcément les soutenir, des radicaux anti-système et des délinquants ordinaires. Mais il va courir à l'échec s'il se fait régulièrement déborder par des casseurs organisés" page 4.

Casseurs qui s'en prennent aux commerçants, qui détruisent du matériel public, des voitures etc...

Les Gilets jaunes inquiètent, ce mouvement parti de rien et qui a pris une telle ampleur peut évidemment en effrayer certains, surtout dans la population bien plus aisée et bien sûr les élites de la nation.

Mais malgré cela, Danièle Sallenave leur garde le même intérêt qu'à leurs débuts : "A cause de ce qu'il a révélé : la profondeur de la faille ouverte, en France, entre les "élites" et le "peuple". Dont je ne m'accommode pas, ni ne m'accommoderai jamais" page 5.

Elle compare l'ambiance politique et le mouvement de Mai 68 : "Mais il partait des jeunes "d'en-haut", les étudiants" à celle d'aujourd'hui : " les Gilets jaunes viennent "d'en-bas", ils réclament une fiscalité plus juste. La fiscalité a toujours été au départ et au cœur des révoltes populaires. Une amélioration du pouvoir d'achat".

En un mot, ils veulent être entendus.

"Cette manière de parler d'eux, dans la presse, les médias, les milieux politiques, sur les réseaux sociaux ! Une condescendance, un mépris."

Un membre du Cercle Montesquieu (décembre 2018) écrit-elle, a déclaré : "Le pouvoir d'achat n'est pas un droit de l'homme, il ne figure pas dans la Déclaration française des droits de l'homme et du citoyen de 1789, texte sur lesquels sont fondés tous les droits dont jouissent les Français aujourd'hui". ( "Manger est-il un droit de l'homme ?" page 7.

"Les familles du CAC 40 ne se battent-elles pas aussi pour protéger leurs droits acquis ? "

Le président lui-même, fin juin 2018 n'a-t-il pas dit lors d'une rencontre avec des entrepreneurs de la Halle de Freyssinet à Paris: "Une gare, c'est un lieu où l'on croise les gens qui réussissent et les gens qui ne sont rien" et cela après avoir dit publiquement qu'il ne prononcerait plus de phrases méprisantes.

Danièle Sallenave se pose aussi la question suivante : "Le mouvement des Gilets jaunes est-il le point de départ d'une révolution ?"

Certains Gilets jaunes le disent.

Elle met aussi en perspective de manière claire, les événements de ces dernières semaines avec des événements de l'histoire.

L'auteure est allée à la rencontre de ces Gilets jaunes, elle s'est rendue aux ronds-points pour comprendre ce qu'il se passait. Elle dénonce ces petites phrases comme encore celle du président disant "que les médias ne devraient pas accorder autant de place sur leurs antennes à Jojo le gilet jaune qu'à un ministre".

Il est vrai que la violence de quelques-uns a jeté le discrédit sur les Gilets jaunes.

"Nul ne peut prédire l'avenir d'un mouvement de cet ordre, son espérance de vie est sans doute limitée. D'autres cependant suivront et rien n'interdit de penser qu'ils puissent retrouver l'ancienne solidarité active des intellectuels organiques et des artistes, le soutien de leur expérience et de leurs savoirs" page 41.

"La protestation des Gilets jaunes, c'est une demande de plus de justice, de dignité, d'égalité, portée par une catégorie de Français qu'on n'avait pas l'habitude d'écouter ni d'entendre" page 42.

Et pour finir, Danièle Sallenave termine son essai par ces phrases non dénuées de poésie : "Dans les semaines à venir, il m'arrivera sans doute un jour ou l'autre de faire le tour d'un rond-point que je connais bien, et où je me suis arrêtée souvent. Hérissé de bannières et de slogans, il est entouré d'une palissade de palettes. Un feu y flambe en permanence. Je donnerai comme à chaque fois un coup de klaxon en passant. Je ne sais pas combien de temps encore il y aura quelqu'un pour me répondre."

C'est sûr que les Gilets jaunes ont trouvé en Danièle Sallenave, si pas une amie, une personne à leur écoute et qui les comprend.











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Conversations conjugales

Petit recueil de scénettes entre mari et femme, appuyé par des dialogues du quotidien.

On parle de la soirée de la veille , libre cours à la critique des autres :), on parle de ce qui nous énerve chez l'autre, de ses travers quotidien qui font finalement le ciment ente deux êtres . Car vivre avec quelqu'un , c'est explorer ses failles, ses travers et l'aimer à travers toutes ces petites scories.

Les textes auraient pu être prononcés par beaucoup de couples tellement ils semblent universels.

Mais derrière cette façade , il y a beaucoup de non dits , on évite les sujets épineux , où en sont les sentiments dans ce couple que la différence d'âge pourrait éloigner à terme ?

On refuse souvent la critique de l'autre, en le renvoyant à ses propres défauts. Du quotidien , je vous dis ... du beurre, du ménage , de la conduite,d'un achat...

J'ai adoré, même si, on 'impression que l'on aurait tous pu l'écrire , ce petit résumé de la vie quotidienne.
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Jojo, le Gilet jaune

Voilà un petit livre, un livre-tract, tel le titre de cette collection, qui tente de répondre à la question « Pourquoi les Gilets jaunes ?». Au delà des réponses habituelles l'auteure insiste sur le problème culturel. Il n'y a pas de revendication culturelle dans ce mouvement, et pourtant les Gilets jaunes pourraient reprocher à l'école d'échouer à réaliser l'égalité des droits, de ne plus jouer son rôle d'ascenseur social. Par ailleurs l'ambition de politique culturelle de l'après guerre telle que la définissait alors Jean Vilar – le peuple a droit au meilleur – a disparu.

Un regard honnête et empathique sur le mouvement des Gilets jaunes
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La bataille du rail : Cheminots en grève, écriv..

Sortez de votre train-train et prenez avec moi, ce train de nouvelles, d'écrivains solidaires de cheminots en grève. Les droits du livre sont intégralement reversés en soutien aux grévistes.





Prévert écrivait : "Le train m'égare, la gare m'étreint." J'ai aimé le texte de Laurent Binet qui convoque le plus long générique de film, avec l'arrivée en gare, d'un train, d'où descend C.Bronson, dans "Il était une fois dans l'ouest." Tandis que H.Fonda essaie de prendre une locomotive, dans "Mon nom est personne". Cris Evans remonte des derniers wagons, avec des prolétaires révoltés ( les cheminots?) pour " Snowpiercer".



Vous rencontrerez peut être d'autres écrivains, dans les wagons suivants, pendant que "le train sifflera 3 fois". Lisez ce livre, et compostez votre billet " de soutien".
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Parole en haut silence en bas

Cette brochure très récente fait entendre la voix des "innombrables", ceux qui ont d'autres préoccupations que celles des grands de ce monde et du buzz quotidien que fournissent les médias, lorsqu'une actualité est remplacée par une autre.

Danièle Sallenave est une autrice et une philosophe qui exprime en termes simples ce que certains pensent au sujet des assignations péremptoires que subit une partie de la population française.

Je n'ose en dire plus par crainte d'être censurée car cet écrit touche un sujet sensible et brûlant mais je me suis trouvée en total accord avec cette autrice.
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Le don des morts

Très bon livre de Daniéle Sallenave qui nous explique : vivre sans les livres est une privation, un tourment qu'on ne peut comparer à rien. Que restera- t-il bientôt pour les livres dans un univers où la poursuite du bonheur est devenue le rêve commun, quoique inégalement couronné de succès, d'une société en proie à la loi triplement féroce de l'argent, du profit et de la consommation?
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L'églantine et le muguet

Pour persister dans le symbole floral ce livre aurait pu s'appeler également « La rose et le réséda », merci Aragon !

A travers une balade dans son Anjou natal, l'auteure nous fait revivre la fracture encore non cicatrisée issue de la Révolution française et particulièrement vive dans sa province, entre le parti du muguet et celui de l'églantine rouge. D'un côté la tradition, le conservatisme, le poids de la religion, le culte de l'identité. De l'autre, le progressisme, le culte de l'égalité et de la fraternité ici-bas, du rejet de tout obscurantisme par l'instruction.

L'auteure insiste particulièrement sur un point : la République n'est pas exempte de tout reproche, son orgueil l'a lancée dans une entreprise coloniale dont nous payons encore les conséquences.

Un livre superbe et particulièrement bien documenté.
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Discours de réception de Andreï Makine à l'Académie..

Remarquable discours d'Andréï Makine qui évoque son profond attachement à la langue française mais s'interroge sur le sentiment de trahison à ses origines, à son essence propre, qui peut naitre chez un auteur étranger adoptant notre langue pour écrire. Sentiment qui a visiblement habité Assia Djebar dans le fauteuil de laquelle il s'installe, mais dont il semble avoir été préservé car la Grande Catherine de Russie "a laissé aux Russes un trésor inestimable : le privilège de parler français sans se sentir traitre à la patrie et la possibilité de communiquer en russe sans passer pour un patoisant borné, un inculte, un plouc." Et Makine de s'interroger finalement " Une sensibilité littéraire. Serait-elle la véritable clef qui permette de deviner le secret de la francité ?".



Une réponse de Dominique Fernandez non moins remarquable qui dit son émerveillement pour la beauté de la langue française maniée par Makine et se demande comment cette langue, parlée à plus de six mille kilomètre de sa ville natale, a pu le rejoindre et l'envouter au point de le décider à en acquérir une maîtrise qui nous remplit de stupeur et d'admiration.
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Jojo, le Gilet jaune

Danièle Sallenave, Académicienne, prend fait et cause pour le mouvement des Gilets jaunes. Pourquoi un immortel viendrait-il s'épancher sur les gens de peu ? On peut lire dans son ouvrage au moins trois raisons.



Tout d'abord, l'auteure se reconnaît dans l'origine sociale des manifestants. Ses parents étaient aussi d'humbles et invisibles travailleurs. Ensuite, Danièle Sallenave croit toujours à l'idée d'égalité et l'espoir d'un dénivellement social. Enfin, l'auteur croit tout autant au pouvoir de l'éducation populaire, de l'instruction et de la culture pour sortir de sa condition et s'élever intellectuellement sans même chercher une quelconque promotion sociale. A ce propos, elle évoque cette histoire lu dans dans le roman « Démons » de « l'écrivain autrichien Heimito von Dorerer, qui a surpris par son appétit de livres. Sa vie lui convient. Avec des livres. On lui propose de devenir responsable culturel à la mairie ? "Mais non, répond-il. Je veux être un menuisier qui lit."»



Avec ce soutien indéfectible aux Gilets jaunes, aux opprimés en général, on se demande bien ce que Danièle Sallenave trouve comme plaisir à siéger dans une institution aussi conservatrice que l'Académie française ; peut-être est-ce le plaisir d'enrager les plus réactionnaires. Et ce plaisir est partagé.

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Jojo, le Gilet jaune

Un petit livre qui est comme un long article qui invite à la réflexion et propose des éléments d'analyse du mouvement des gilets jaunes et de ces racines. C'est très clair, très intéressant, à lire et relire. L'auteur donne son analyse, son point de vue, tranché et empli de compréhension et nous amène à réfléchir et échanger : nous en avons parlé avec mon libraire, très enthousiaste, qui lui-même en avait parlé avec ses clients qui se sont arrachés ce petit livre. Bref passionnant.
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Viol ; six entretiens, quelques lettres et ..

Dans un appartement d'une cité du Nord, Mado parle à une femme venue l'interwiever.

Son mari Lucien est en prison pour inceste, Mado traîne sa peine, seule dans son F4.

Alors elle raconte: la cité, l'alcool et les filles, celles qui ont accusé son homme, son Lucien...leur père.

Et au détour des confessions, des contradictions, des petits mensonges qui protègent les petites gens, les contours de la vérité se dessinent peu à peu et laissent entrevoir toute l'horreur de l'acte, le viol d'une enfant.



Un roman qui aborde le drame avec originalité par sa construction insolite.

En effet, ici pas de descriptions, uniquement et comme l'indique le sous-titre, six entretiens, quelques lettres et une conversation finale qui vont lever le voile sur le viol d'une fillette.

L'enregistreur se met en marche et c'est tout le drame des cités qui nous saute au visage, l'univers des gens ordinaires, l'indifférence, la lâcheté, l'ignorance...

Sobre, délicat, triste, affligeant, un roman-document qui est hélas bien proche de la réalité...

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L'églantine et le muguet

C’est à une pérégrination toute personnelle que nous invite Danièle Sallenave dans cet essai. Le cadre de ses recherches est tout entier situé dans une partie du Maine-et-Loire où elle avait ses attaches, Angers étant au centre de ce triangle.

Mais si le territoire considéré peut paraître étroit le voyage dans le temps long de l’histoire, lui, est quasiment illimité. Fernand Braudel, qu’elle cite, nous avait démontré que le passé ne passe jamais tout à fait et que ce nous nommons histoire est un empilement de faits marquants, de strates de comportements, qui, en dépit des apparences, influent toujours sur le présent.

Les parents de Danièle Sallenave étaient instituteurs, profondément dévoués aux valeurs de l’école de la République dans une région où ça n’allait pas partout de soi. Notamment à cause de l’emprise encore profonde de l’église catholique sur les mentalités et des ressentiments, encore à vif, des massacres de 1793.

En janvier 2017, mois de grand beau froid, elle s’installe à Savennières, région de vignobles en bord de Loire où elle a passé son enfance, pour sillonner ce triangle formé au nord par la ville de Segré, au sud par les Mauges et à l’est par la ville de Trélazé. Trois lieux très différents par leur passé et leurs habitants. Autant d’occasions d’évoquer les contextes dans lesquels ses parents, alors en poste dans ces lieux, enseignaient.

Danièle Sallenave a visiblement voulu se confronter à l’héritage moral qu’elle a reçu d’eux. Elle fait le point, de façon très nuancée, sur ce qui est toujours d’actualité dans les entraves que met la société à l’émancipation de ses citoyens. C’est donc une sorte de bilan de vie, mais qui n’est jamais passéiste. Tout au contraire car elle n’oublie pas le présent et ses questions les plus brûlantes

Elle fait feu de tout bois, parfois emportée par son sujet. Ses réminiscences sont induites par les lieux visités, donc les époques et les faits se chevauchent parfois dans un apparent désordre, qui pourtant arrive toujours au bout de son raisonnement.

Au final cet ouvrage assez inclassable mais passionnant démontre une fois de plus que c’est aussi par le particulier qu’on atteint à l’universel

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La bataille du rail : Cheminots en grève, écriv..

Nous avons tous un rapport particulier avec le train, des souvenirs d’échappées belles, de rencontres cocasses, de paysages qui défilent, de baisers échangés sur un quai de gare, de voyages qui ont changé une vie…



C’est le cas d’une trentaine de plumes de la littérature française, qui souhaitent intervenir, au moyen de la fiction, en soutien à la grève engagée par les cheminots. Car la lutte des cheminots n’est pas une lutte corporatiste, elle cristallise au contraire l’idéal de solidarité, concrétisé par des services publics, de tout un peuple.

Avec Patrick Bard, Agnès Bihl, Laurent Binet, Geneviève Brisac, Bernard Chambaz, Didier Daeninckx, Abdelkader Djemaï, Bruno Doucey, Annie Ernaux, Pascale Fautrier, Patrick Fort, Valentine Goby, Nedim Gürsel, Hédi Kaddour, Leslie Kaplan, Jean-Marie Laclavetine, Lola Lafon, Hervé Le Corre, Sandra Lucbert, Mako, Roger Martin, Guillaume Meurice, Gérard Mordillat, François Morel, Grégoire Polet, Jean-Bernard Pouy, Patrick Raynal, Alix de Saint-André, Danièle Sallenave, Jean-Marc Salmon, Alain Serres, Shumona Sinha, Murielle Szac, Tardi, Carole Trébor et Philippe Videlier.

Je soutiens le mouvement de grève des cheminots. Je remercie tous les agents qui se battent chaque jour pour notre service public. Si comme moi vous aimez le train, achetez ce livre. Et faites achetez. Moi, j’ai convaincu 3 personnes et vous ?



Je remercie tous les écrivains, animateurs qui s’engagent auprès des grévistes. Ce qui ne gâche rein, la lecture des textes est magnifique !
Lien : https://blogentresoi.wordpre..
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La Fraga

Venise, 1893. Mary Gordon vient d’arriver. Elle accompagne Annabelle, la jeune fille dont elle est gouvernante. Mary est fille d’un pasteur américain. C’est le dernier voyage qu’elle fait avec son élève. A leur retour, Annabelle doit se marier et Mary rentrer auprès de son père. Leurs destins sont déjà tracés…

Pourtant, suite à un malheureux concours de circonstance, Mary est contrainte de rester à Venise. Finalement, c’est par choix qu’elle y restera. A partir de ce moment, elle découvre le gout de la liberté dont elle avait rêvée. Elle rencontre des vénitiens qui l’aident à trouver sa voie, à vivre.

On assiste à une seconde naissance, son questionnement sur sa féminité, sa découverte des hommes, de la maternité, de l’art…

Un beau roman sur l’apprentissage de la vie. Ou comment décider de sa vie et de son destin malgré le poids de son éducation. A travers cette histoire, D. Sallenave nous fait découvrir Venise et sa population. Parfois, on a l’impression d’être entré dans un tableau de Canaletto.

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L'églantine et le muguet

C'est la première fois que je prends en mains un livre de Danièle Sallenave – de l'Académie française – pour la bonne raison qu'il m'a été offert.

Bien des aspects de son engagement politique me sont en effet étrangers, même si nous avons de nombreux points communs : une même génération (elle a six ans de plus que moi), une origine familiale très modeste - un père ayant été premier de son canton lors du passage du Certificat d'Etudes (ma mère le fut aussi) et qui fut prisonnier de guerre comme le mien, la nécessité, au soir de la vie, de revenir aux souvenirs de l'enfance en évoquant le parcours et les valeurs de sa famille.

Ce pavé bourré de références (530 pages avec les annexes) raconte son pèlerinage, une sorte de pérégrination savante sur les routes du pays natal, ce territoire compris entre Segré, Angers-Trélazé et Cholet, si proche de la Vendée militaire au passé si prégnant encore aujourd'hui. Un pays où explose un catholicisme de combat, parsemé de laides églises reconstruites en plus grand au XIXème siècle et de châteaux nés de la rente foncière : autant de souffrance pour cette fille d'un couple d'instituteurs laïques et militants socialistes en pays profondément religieux.

Danièle Sallenave, pur produit de l'élitisme républicain, cherche à comprendre notamment comment s'est reformée l'alliance entre l'ancienne noblesse et les républicains face à l'hystérie des conquêtes coloniales et aux mouvements ouvriers. Son récit de la révolte des ouvriers des ardoisières de Trélazé en 1855, préfigurant la Commune, est riche d'enseignements. Comme le paradoxe des descendants des chefs chouans pleinement engagés dans la conquête de l'Algérie : aucun de ces nobles qui avaient défendu les armes à la main le droit des Vendéens d'être fidèles à leurs traditions et à leur Dieu n'imagine reconnaître ce droit aux Arabes …

Bref (mais c'est une antiphrase vu la longueur de ce texte-testament), il faut bien constater que la France est un pays difficilement amendable, même avec l'appui des vaillants hussards de la République. Ainsi que l'écrivait déjà François Guizot (1787 – 1874) : « La France a toujours renfermé deux situations, deux classes sociales, profondément diverses et inégales, qui ne se sont point amalgamées ni placées l'une envers l'autre dans un état d'union et de paix, qui n'ont enfin cessé de lutter, celle-ci pour conquérir le droit, celle-là pour retenir le privilège. C'est notre histoire. »

Danièle Sallenave continue son combat entre l'école catholique et l'école laïque, redoutant les résurgences actuelles de l'activisme religieux. Un paradoxe cependant puisque ceux qui prônent le libre arbitre, la liberté, contestent aux catholiques les valeurs de leur religion… C'est son combat et je le respecte. Elle écrit bien, c'est la seule raison qui m'a fait aller jusqu'au bout de ce livre de souvenirs et d'hommage à ses parents.

Un dernier élément pour en comprendre le titre : l'églantine rouge est la fleur de la fête du travail (qui sera plus tard transposée dans la rose du PS). Elle fut supplantée sous Vichy par le muguet, la fleur de la Vierge Marie …
Lien : http://www.bigmammy.fr/archi..
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Adieu

Danièle Sallenave, propose un entretien entre un jeune homme et son grand-oncle, qu’il vient visiter durant plusieurs semaines. Pendant que l’homme parle, le jeune homme le prend en photo. Ils parlent de la vie qui passe, de la famille, des voisins…

C’est une confrontation entre deux univers et deux générations. On sent la tendresse du jeune homme pour ce grand-oncle qui n’a pas eu d’enfant et qui vit seul. Le récit est touchant mais pas triste, la vie s’éteint peu à peu, c’est tout.

L’écriture est très visuelle, les lieux et les situations sont décrits avec justesse. On arriverait presque à voir les photos prises par le jeune homme.

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Viol ; six entretiens, quelques lettres et ..

Sophie, la narratrice, rend visite à Mado dans une petite ville du nord. Lucien, son époux a été condamné pour inceste. Au début des entretiens, Mado ne semble pas avoir été consciente de ce qu’il se passait sous son propre toit…

Sous forme d’échanges enregistrés ou de lettres, Sophie tente de percer le secret de cette femme. Au fil des entretiens, une certaine confiance s’installe entre les deux femmes. La narratrice n’est pas toujours convaincue de ce que lui livre Mado, elle essaie de poser les bonnes questions sans la brusquer.

Arrivera-t-elle à percer tous ces mystères ? Jusqu’à la dernière page nous allons de surprise en surprise. Toutes les situations sont envisageables. Danièle Sallenave tient le lecteur en haleine malgré la noirceur de la situation. Un livre poignant dont le titre est, à mon avis, un peu violent et peu engageant. C’est suite à de nombreux conseils que je me suis décidée à le lire.

Ce n’est pas un texte voyeur mais une habile étude du comportement humain, toute en subtilité.

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Sibir. Moscou-Vladivostok, mai-juin 2010

Ayant effectué le même voyage organisé (un peu plus long Moscou-Vladivostok) que Maylis de Kerangal en Transsibérien dans le "cadre de l'Année France-Russie" en 2010 (avec écrivains,journalistes et personnalités) Sibir de Danièle Sallenave (de l'Académie française) n'a rien à voir avec Tangente vers l'est (plus romancé, bien que basé sur du réel et émotionnellement parlant) car il s'agit du récit autobiographique (illustré de photos) de cette aventure sibérienne entre reportage journalistique et promenade (guide touristique en main) relaté de façon très professorale par l'auteur.

Moscou "où l'histoire s'est retirée", triste vie des Russes,"choses dangereuses cachées",remontée dans le passé, visite de monuments, domination de la nature, "tristes symboles d'une utopie déçue", "dangers de l'immigration",promiscuité dans le train mais convivialité entre auteurs (charme de la "résidence sur roulettes" avec lectures mutuelles) et échanges intellectuels, valeurs,idéaux et principes... ce livre a (pour moi) valeur de témoignage sur la Russie actuelle "au charme inexprimable", entre "mafia multimillionnaire" et "simplicité sans chichis", une "idée" qui cherche diffuseur, une immensité entre Europe et Asie....

Un voyage aux temps forts et personnages hauts en couleurs qui incite à ...partir en Transibérien pour découvrir l'âme de la Taïga (entre autres) et bien sûr découvrir le "Baïkal-Amour" paysages vastes qui, je l'avoue m'attirent plus que les vestiges du goulag.

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Les portes de Gubbio

Curieux roman que ce livre, à la fois journal intime et monologue intérieur ou confession, l'action (minimale) étant sensée se dérouler dans un pays d'Europe de l'Est sous un régime autoritaire. Il y est question du rôle de l'art et de la musique en particulier, de la finitude des choses, du sens de la vie et de la mort.

Si le propos du livre est élevé, la forme en est assez déroutante. J'adhère certes, mais à moitié, il m'a manqué le plaisir – essentiel - de la lecture. C'est peut-être de ma faute.
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