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3.55/5 (sur 11 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Béziers , 1949
Biographie :

Danielle Auby, née en 1949 à Béziers, est écrivain et professeur de lettres. Elle a publié une dizaine d'ouvrages dont certains ont été traduits en espagnol et en allemand ou adaptés pour le théâtre.
Danielle Auby est une ancienne élève de l'École normale supérieure de Fontenay-Saint-Cloud, titulaire de l'Agrégation de lettres modernes.
Entre 1982 et 1985, Danielle Auby publie trois récits, puis un livre sur le Chili illustré par le dessinateur Guillermo Ganga.
En 1988, Danielle Auby réside à l'Abbaye de Royaumont, où elle participe à des séminaires de traduction. Elle traduit en français les lettres de Francisco de Goya à Martín Zapater.
En 1989, Danielle Auby écrit Les maisons du sourd, un roman biographique sur la vie de Francisco de Goya.
En 1993, la Forêt des écrivains combattants dans l'Hérault lui inspire Bleu horizon, un roman sur la Première Guerre mondiale, traduit en allemand par Marie-Luise Knott en 1995, puis adapté pour la scène par Pierre Longuenesse, de la Compagnie du Samovar.
Danielle Auby a enseigné le français langue étrangère à l'Université Columbia à Paris et au Centre de linguistique appliquée de Besançon. Elle a animé des ateliers d'écriture en Institut français d'Allemagne, à Francfort-sur-le-Main et Leipzig, ainsi qu'à Sofia, Istanbul, Windhoek et Zielona Góra. Elle a résidé à Dubrovnik au sein de l'Alliance française.
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Source : Wikipédia
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Bibliographie de Danielle Auby   (11)Voir plus

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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Se souvenir qu’il y a dans chaque montagne un gouffre singulier, le chercher, le trouver et y précipiter son corps et tous ses actes, écrits, projets et tentatives, pour les réduire en petits morceaux qu’aucune fourmi à la ronde ne pourra plus jamais rapporter à la fourmilière. Alors seulement, peut-être, en jeune charbonnier que l’on serait devenu en touchant le fond avec lui, on remonterait au jour comme un ludion léger, tout près à redescendre quand le moment serait venu, gagnant à l’exercice agilité et joie.
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La piste des Charbonniers, une fois que l’on s’y est engagé, il faut la gravir tout entière même avec des sacs très lourds, beaucoup trop lourds. Mais qu’est-ce que vous avez mis, là-dedans ? Des pierres ? Oui, justement, des pierres ! Les Charbonniers, ce nom, pourquoi ? Mais parce que tout se referme, s’obscurcit et se gâche, s’empile, se consume, tout va vers l’œuvre au noir d’où rien de bon ne sortira si ce n’est le grand gel des formes, des élans, des désirs. Paroles tranchantes, lancées sans précaution, touchant la cible. Démesure, intrusion, délation, colportage. Mal dégrossis, les langues et les cœurs se heurtent à la façon des pans de glace. Tous capturés dans l’embâcle, emportés dans la débâcle. Les espérances : saccagées. La pierre monte, le gel, la carapace. Hivernage. Le hameau calfeutré. La nuit tombe vite et l’éclairage n’est pas bon. Les mois glissent et se poussent avec les chiffres des jours qui tiennent les comptes comme ils peuvent. À la fin du plus court des mois, les bêtes recommencent leurs échanges et leurs batailles au creux des arbres, sous les rochers. Sur les chemins, les pas s’écrivent : les fins sabots, les quatre griffes, les trois petits points des pattes, là, comme deux haricots en face l’un de l’autre, c’est une chèvre, elle s’est égarée ! C’est un mouflon, un bouquetin ! De légères griffures, des frôlements et par-dessus, les croisillons des semelles qui écrasent les traces d’oiseaux, les crevasses des bottes enfoncées.
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Que restera-t-il des noms de lieux quand nous ne serons plus, qu’il n’y aura plus un seul œil d’homme pour voir le lieu, aucune bouche d’homme pour le nommer et le lancer dans le temps, lui donner forme humaine pour le réduire à notre échelle afin que nous y posions le pied, quand nous aurons cessé de surcharger la terre de noms de lieux et d’étirer les noms en y ajoutant des phrases pour les relier les uns aux autres en une histoire, une légende dont nous sommes les seuls à savoir le fin mot ? Ils resteront un moment comme un halo qui s’évapore, la dernière trace de nous quand tous les noms et les mots que les gens échangeaient, qui étaient dans les livres, toutes les langues auront disparu. Ils resteront puis ils disparaîtront eux aussi et plus personne, jamais, ne pourra les entendre, les lire et les prononcer à son tour. À moins que, durcis, gelés, desséchés, ils ne se soient mêlés à la terre, aux pierres et aux montagnes, pour devenir les os du monde où, après les déluges, les survivants pourront puiser pour faire germer des vies nouvelles.
[…]
...sans peur du ridicule, nous nous plaisons à surnommer en rêvant à des ressemblances, un lieu minime, tout ce qui s’y trouve, pousse, ou passe au-dessus, caillou, branche, feuille, ombre ou nuage et à l’instant où je vous parle, sur ma cheville droite, une plante accrochée, minuscule et cependant ramifiée, prolixe, épandue, rayonnante comme un grand cèdre millénaire. Chaque fois, le geste fait une arche invisible, minime qui nous relie au monde et nous rattache à la nuit des temps. Pour peu que déposant l’orgueil des phrases, notre nom, le désir de nous en faire un et de le porter au pinacle, nous revenons par privilège au jardin des petits baptêmes. Alors, déposant le fardeau personnel, nous sentons passer dans nos gorges et nos bouches l’écho des innombrables voix qui, lentement, souffle après souffle, ont inspiré et expiré le monde pour y former notre demeure.
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Pour nous les hommes de cette mer, de cette plaine, la montagne était une figure attirante et redoutée. La forme lointaine nous engageait dans les chemins imparfaits, tortueux et splendides de nos amours. Toutes les femmes se mesuraient à l’aune de la grande, celle que nous avions reconnue et aimée dans le profil de la montagne. Ainsi plantée depuis toujours au plus intime de notre cœur, la femme de pierre prenait toute la place, interdisant aux autres femmes d’y entrer à leur tour. Nous aimions dans nos amours la distance qui nous en séparait. L’approche et le recul mariait nos désirs et nos peurs, scandaient les chemins de nos vies, alimentaient l’exaltation et sa décrue, mimaient, avec une ampleur lyrique, le va-et-vient des assauts ultérieurs, les véritables, les charnels. Et, lorsqu’elle advenait, l’habituelle gymnastique donnait des munitions à la poésie future. La femme aimée reculait aussitôt, nos phrases la consacraient et pour réamorcer l’enthousiasme, il fallait, au plus vite, la revêtir de son habit de pierre et de grandeur. Lèvres scellées, elle restait immobile, muette, réduite à son secret, sans salut.
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Je la regardai longtemps, les yeux levés, près d’une fontaine éteinte. Je marchai sans souci, tournant au hasard, regardant les maisons et les porches comme si j’entrais dans la ville pour la première fois.
J’allai jusqu’au jardin et m’enfonçai dans une allée sombre comme une autre nuit dans la nuit. Un corbeau passa en criant au-dessus des grands arbres.
Je me penchai sur l’eau du bassin mais je ne parvins pas à distinguer mon visage. Je montai l’escalier de faux marbre qui conduit à la gloriette et regardai longtemps sur un toit du quartier de l’ouest une forme dressée qui paraissait attendre.
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Sur le visage du premier, le coup dans toutes ses acceptions cumulées, simultanées et concurrentes. Le coup, son théâtre, ses effets, ses variantes. La bouche éclatée, la joue emportée et les ravines de la gorge. Toutes les acceptions du coup, en fatras sur le visage, comme si, sur le visage, on en avait greffé plusieurs et de plusieurs espèces.
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Puis elle l'a vidé dans l'évier. Accoudé au comptoir, un homme en blouse blanche l'a regardée et a dit : —Tant va la cruche à l'eau qu'à la fin elle se casse! Puis il est parti. A sa place, il y a maintenant un homme en veste bleue.
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Une ville, des villes, ce sont de vrais phénix, Madolaine ! Une ville, des villes, ça meurt et ça renaît, deux fois, trois fois, cinq fois. Notre ville, par exemple, même si elle risque de mourir, ce n’est pas la première fois, il y en a eu d’autres, même des pires et elle s’en est toujours tirée ! Occupée, meurtrie, mais aussitôt relevée elle recommence à vivre. Pour se sauver, elle se fait petite, sacrifie ses bords, redessine son cœur et tout autour dresse un mur. De ville ouverte elle devient ville forte. Jusqu’à ce que le mur s’effondre sous les coups de nouveaux ennemis. Et cette fois, quelle parade ? Elle fait la morte avant que n’entrent ceux qui viennent pour la tuer. Elle est sauvée. Il y a des villes aujourd’hui qui ne trouvent que ça : faire les mortes. C’est très risqué, évidemment
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Nous nous sommes rencontrées près du théâtre et nous avons tué ensemble les heures qui me séparaient du départ car dans la ville, en ce temps-là, c’était toujours la même chose, je revenais, je ne pouvais m’empêcher de revenir et à peine revenue il fallait que je reparte, c’était le balancier, ici et là, je croyais que j’en avais besoin pour être droite. Je l’ai reconnue si vite que j’ai cru me tromper. J’ai voulu passer mon chemin
mais elle m’a appelée par mon diminutif. En retour, j’ai pris soin de dire son prénom en entier, imaginant qu’à son propos elle était restée chatouilleuse. «Madolaine, criait-elle toujours, pas Madeleine! S’il vous plaît qu’on ne dise pas Mado. Ça serait bien la preuve qu’on confond avec Madeleine.
Madolaine avec o comme Mado et a comme laine.»
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Au commencement, il ne m’est rien venu. J’ai fait : «oui, oui, hm, hm, oui, non, peut-être…» Après seulement, trop tard, les réponses se sont précipitées, mais au bout de quelques-unes la suivante se retournait, avalait ce qui était avant.
Maintenant tout est parti. Je dois reprendre. Il faut absolument que je réponde. Pourquoi le faut-il? Pour que la phrase que j’ai entendue : «Elle meurt, la ville» puisse s’en aller, céder la place à d’autres phrases. Tant que je ne lui trouve pas de réponse, elle reste ainsi, avec «elle» au début et «la ville» à la fin, avec les deux sujets ou bien plutôt la redondance, la virgule et le verbe coincé au milieu et la phrase entrée, plantée en moi comme un harpon dans les profondeurs où ça mord.
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