Il l’avait trouvée dans un tas de bois mort, au cœur de la forêt. Il y chassait le sanglier, il rapporta une maigre chose blanche de peurs et de privations qui longtemps ne sut qu’agrandir chaque jour un peu plus ses yeux de bohémienne jusqu’à ce qu’elle devint sienne et alors elle les ferma.
C’était la guerre, n’importe quelle guerre, mais la dernière est toujours la plus dure. Echappée de l’enfer, mais comment ?, elle sursautait et partait se cacher dans le foin dès qu’elle entendait un soldat allemand claquer ses talons avec cette exquise élégance qui n’annonce rien de bon, et elle avait raison car elle était juive et même si elle seule le savait, ça se disait, ça se voyait à son air battu.