"Pourquoi les femmes ont-elles un vagin ? Pour qu'on accepte de leur faire la conversation."
C’était quelque chose qu’il appréciait chez elle, cette dévotion pour l’éphémère. D’ailleurs, il y avait beaucoup de choses qu’il appréciait chez elle. Elle avait grandi entourée d’hommes forts – élevée par les loups, comme elle disait – et elle était jolie comme peuvent l’être les intellectuelles : avec ses longues jambes, ses cheveux blond vénitien et ses lunettes à monture dorée. D’aucuns auraient sûrement été rebutés par ses grandes dents, ses mains masculines et ses longs pieds maigres, mais lui trouvait qu’au contraire ces détails ne faisaient qu’ajouter à son charme. Ces petits défauts contribuaient à la rendre unique. Parfaite.
Pour surfer, il n’y avait pas de meilleur moment qu’au lever du soleil ou en fin d’après-midi. C’est là que l’océan était le plus lisse et les vagues les plus belles.
Dans un monde parfait, tout le monde serait gentil et altruiste, personne ne manquerait de rien, les morveux prêteraient leurs jouets, les bergers s’allongeraient aux côtés des agneaux, et tout et tout. Mais pour l’heure, les règles du jeu n’étaient pas les mêmes car les gens qui faisaient bouger les choses – ces gens à qui il servait de garde du corps – se révélaient bien souvent des salopards de la pire espèce.
Tous les enfants grandissent en sachant qu’il y a un fossé entre la vie qu’ils souhaitent avoir et la vie qu’ils auront vraiment.
Il se remémorait le moment profondément érotique où elle avait ôté ses lunettes, et gardait en mémoire sa voix grave et langoureuse. Si elle n’était pas l’amour de sa vie, elle avait réussi à devenir l’objet d’une ardente obsession. Plus il la cherchait, plus il ressentait le besoin de la revoir, et plus l’échec de sa quête le faisait souffrir.
« La pauvreté, c’est un état d’esprit, les entendait-on parfois dire, une mentalité de victime, une culture du reproche – si tu n’as pas un rond, que tu ne sais ni lire ni écrire et que tu passes ton temps à te faire arnaquer, c’est de ta faute. Fais preuve d’initiative. Au final, tu verras, le système fonctionne très bien.
David Corbett a été pendant plus de quinze ans détective privé dans l’une des plus grandes agences de San Francisco avant de devenir avocat et de se consacrer à la défense des cas sociaux. Une certaine vérité est son premier roman publié en France. Il a été élu meilleur thriller de l’année par le
Washington Post.
Le monde est un endroit impitoyable, y vivre est une épreuve de tous les instants. Le bonheur est peut-être une vertu, comme disaient les bonnes sœurs, mais survivre nécessite d’avoir un peu de venin dans les veines. Trop, on devient mauvais. Pas assez, on se fait marcher sur les pieds.
On fait ce qu’on peut du mieux qu’on peut, on défend ceux qu’on aime, et si on foire – ce qui ne manque jamais d’arriver –, on essaie de se rattraper auprès des gens qu’on a niqués, parce que c’est la seule chose qu’on puisse faire.