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Critiques de David Foster Wallace (105)
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L'infinie comédie

Comment parler de ce roman-monde démesuré ? Il m’a bien fallu 90 jours de lecture pour en faire le tour et en venir à bout. Ce roman est l’œuvre d’un cerveau un peu dérangé qui prend un malin plaisir à torturer le lecteur, à le balader dans tous les sens. Mais quelle jubilation d’être ainsi traité de main de maître !





David Foster Wallace est un bricoleur avant-gardiste qui multiplie les expériences de toutes sortes mais son roman reste lisible et compréhensible. Certes l’entame du livre est déstabilisante et la chronologie est dans un premier temps totalement incompréhensible. Ecrit au milieu des années 90 et publié en 1996, le roman se situe dans un futur proche, mais les années de notre calendrier n’existent plus. DFW nous plonge dans un système d’années portant le nom de sponsors. Ainsi une grande partie du roman se déroule au mois de novembre de l’année des sous-vêtements pour adultes incontinents Depend, comprenez 2008 ou 2009. Comme le récit n’est pas du tout linéaire mais passe d’une période à une autre par de multiples flashbacks et allers-retours, le lecteur est donc en chute libre jusqu’au moment où il commence à se raccrocher aux branches et à comprendre un peu comment est construit le livre lorsqu’est livrée la clé de ce calendrier inédit en page 311. Et une fois la dernière page lue, vous retournez au début et vous comprenez que le livre commence par la fin et par la scène la plus tardive.





DFW déstabilise également son lecteur par de multiples récits et personnages. Le roman est construit sur trois fils narratifs principaux :

. l’histoire de la famille Incandenza

. l’histoire d’un établissement de désintoxication

. l’histoire de séparatistes québécois et de leurs adversaires des services secrets.

Les récits finissent par se rencontrer et se croiser mais en partie seulement.





Le premier fil nous présente la famille Incandenza :

. le père, auteur notamment d’une œuvre de cinéaste expérimental et fondateur d’une académie de tennis, cadre d’une bonne partie du roman

. la mère, directrice de l’académie en question

. les trois fils : Orin le joueur de foot professionnel, Hal interne à l’académie de tennis et Mario le simple d’esprit.

Il est possible d’y voir une référence au roman de Faulkner Le Bruit et la Fureur et aux destins des trois frères Compson mais aussi aux Frères Karamazov de Dostoiëvski, roman cité de manière explicite par DFW.



Le deuxième fil est celui de Ennet House, établissement de soins pour alcooliques et drogués, situé tout près de l’académie de tennis dont il est question plus haut et fonctionnant sur le principe des Alcooliques Anonymes . DFW commence par nous présenter de manière erratique divers personnages échoués dans cette maison avant leur admission à Ennet House. Le lecteur voit ainsi apparaître successivement de nombreux personnages sans comprendre immédiatement la finalité de ce foisonnement. Un point commun à tous : l’extrême déchéance dont ils sont issus. Parmi les pensionnaires, Joëlle , l’ex petite amie d’Orin Incandenza et actrice dans plusieurs films du père. DFW a effectué un véritable travail de terrain pour décrire cet univers et a passé je crois de longs moments à assister aux réunions d’une association d’aide aux alcooliques et aux personnes dépendantes.





Le troisième fil est celui des terroristes séparatistes québécois, poursuivis par les services secrets d’un état fédéral nord-américain regroupant Etats-Unis, Mexique et Canada et dirigé par un ancien crooner, obsédé par l’hygiène. Les Québécois cherchent à se rendre maître d’une arme terrible, un film réalisé par le père Incandenza (L’infinie comédie), ayant le pouvoir d’annihiler toute volonté chez les personnes qui le visionnent. La piste de ce fil également suivie par les services secrets mène à l’académie de tennis, à la famille Incandenza et à certains pensionnaires de Ennet House.





Le roman peut se déchiffrer de plusieurs manières. C’est un tableau effrayant, dystopique, du futur proche d’une Amérique noyée sous les divertissements , le culte de la performance et les psychotropes. Aucun personnage n’est vraiment ‘normal’. DFW nous dépeint une galerie de monstres de cirque, le cirque étant devenu la norme. Le pouvoir politique est tourné en ridicule. DFW nous livre un tableau critique très complet de l’Amérique contemporaine et de ses dérives. Le roman fait penser dans sa construction aux grandes fresque de l’histoire de la peinture, très fouillées avec de multiples scènes et personnages, comme celle de Giotto à Padoue, ou celle de Tiepolo à Würzbourg.





Au-delà de la critique politique, je vois aussi ce livre comme la peinture du mal-être de l’individu contemporain, de l’impossible communication entre les êtres (notamment dans les scènes où les personnages semblent se parler mais ne s’écoutent pas ou ne se comprennent pas). Le thème de la filiation, de la transmission entre générations et de la relation père-fils (ou plus généralement enfant-parent) est omniprésent dans le roman. Ne serait-ce que par le titre, tiré de Hamlet et de la scène du cimetière où Hamlet se retrouve face au crâne du bouffon Yorick. Hamlet, le fils sans père. Un autre passage du roman fait référence à la scène du spectre du roi dans la pièce de Shakespeare. Certains passages font également référence au mythe de Méduse qui avait le pouvoir de tuer tout mortel qui la regardait ; on peut penser aussi à Orphée et Euridyce, mythe où le regard signifie la disparition et la mort.





Le roman de DFW est aussi un exercice formel sur le langage. DFW multiplie les niveaux de langage différents, du plus recherché et du plus philosophique au plus relâché et au plus trivial. Certains passages prennent la forme de lettre, d’article de presse, de dissertation, de dialogue de théâtre. L’inventivité lexicale est foisonnante. DFW pose la question de la façon dont il est possible de décrire la réalité (par les mathématiques ? par la littérature ? par une prose fonctionnelle et objectiviste ?).



Autre exercice formel : la malice que met DFW pour perdre son lecteur entre le corps du texte et les renvois à la fin du livre. Il y en a 380 au total. Certains ont la longueur d’un chapitre entier et sont manifestement des passages du texte principal que l’auteur a simplement déplacés là pour forcer le lecteur à se balader entre les différentes parties du livre.





Quel que soit le style utilisé, l’écriture de DFW est toujours très précise, quasi-chirurgicale. Et son roman est d’une drôlerie irrésistible. Certains passages m’ont fait éclater de rire. La scène finale du règlement de compte entre truands est un sommet digne d’un Tarantino, baroque et excessif.





Ma critique est très longue comme le fut ma lecture ! Je ressors totalement enthousiaste de ce roman foisonnant et très riche, qui fait partie de ceux que l’on n’oublie pas. Un monument.

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La fonction du balai

Dans ce roman de David Foster Wallace entre délire, absurdité et iconoclasme nous entrons dans un monde digne des frère Coen.

Pour Léonore Beadsman fille à papa, standardiste dans la maison d'édition " frequent&Vigorous" rien ne va plus. Sa perruche "Vlad l'empaleur" se met à parler et dire des choses extravagantes qui vont intéresser une radio évangélique. Rien de surprenant dans cet état de l'Ohio où la devise est " avec dieu tout est possible ".

Quand le standard de la maison d'édition perd la boule et reçoit des commandes de pizzas ou des rendez-vous au " château " haut lieu des plaisirs sado-masochiste la pauvre Léonore ne sait plus à quel saint se vouer.

La goutte qui fait déborder le vase c'est la disparition de son arrière grand-mère de la maison de retraite en compagnie d'une vingtaine de pensionnaire, bref un remake de la grande évasion.

sans compter son petit ami Rick Vigorous amoureux jaloux et patron de Léonore.

Au fil des pages on rencontre des personnages névrosés à la limite du border line, des histoires à dormir debout.

voila un roman jouissif où David Foster Wallace démystifie les psys, se moque des évangélistes, ridiculise les groupes agro-alimentaires.

Cet auteur que j'aime pour sa folie, parti trop tôt laisse un vide dans cet art qu'est l'écriture.

Voila un roman que je recommande pour celles et ceux qui veulent sortir des sentiers battus.

Un cinq étoiles s'impose rien que pour les séances chez le psy de Léonore et Rick.

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L'infinie comédie

Roman d'anticipation écrit dans les années 90, L'Infinie Comédie a déjà rejoint notre réalité. L'action se situe en effet dans un monde où les loisirs occupent une place de premier plan, et la technologie ne sert qu'à rendre le divertissement plus accessible, avec, notamment, les vidéos à la demande.



Ces dernières modifient considérablement le comportement des citoyens : débarrassés désormais du carcan de l'attente, du rendez-vous imposé à heure fixe, ils veulent tout tout de suite, sans rien planifier, sans se soucier des conséquences et implications de leurs décisions. Les problèmes de dépendance explosent. Et lorsqu'une vidéo émerge de nulle part, qui apporte tellement de plaisir que ses spectateurs meurent peu de temps après le visionnage, la peur s'installe : car malgré toutes les belles idées sur la raison et le libre arbitre, l'espèce humaine se rend compte qu'elle pourrait bien se suicider devant son petit écran.



En plus de cette intrigue, on suit deux groupes d'individus : la famille du réalisateur de la vidéo mortelle, dont chaque membre est un peu cinglé à sa manière, toujours au bord de l'explosion ; et un centre de désintoxication, où se mêlent joyeusement alcooliques, héroïnomanes et adeptes d'autres substances qu'on ne manquera pas de vous détailler.



Alors, comment résumer mes impressions sur ce roman ? Disons que je me sens comment après un banquet qui a duré 2 jours, comporté 3 entrées, 7 plats principaux et 4 desserts. Faut-il retenir l'incroyable explosion de saveurs qu'on m'a offert, ou la terrible indigestion qui a suivi, me faisant jurer de ne plus me nourrir que de carottes cuites à l'eau et de pain sec pour le restant de mes jours ?



L'écriture est assez déstabilisante, avec un vocabulaire très soutenu, mêlant plusieurs styles différents, abusant des notes de fin de livre, que vous ne devez pas négliger puisque des chapitres entiers s'y trouvent. Mais plusieurs jours après avoir refermé le livre, je préfère me souvenir des meilleurs moments : des scènes glaçantes sur la dépendance, des situations délirantes mais jubilatoires, des réflexions cinglantes sur nos contemporains et des discussions délicieusement absurdes.



Une petite déception sur la fin tout de même, qui n'en est pas vraiment une, et laisse l'ensemble de l'histoire et des personnages sans point final. À croire qu'après quelques mois d'écriture, l'auteur en a soudain eu assez et a transmis le manuscrit sans le terminer.



Les critiques sont généralement divisés en deux camps : certains crient au chef-d’œuvre, d'autres au roman terriblement prétentieux. À mon sens, il est peut-être bien les deux, mais ma foi, c'est un mélange qui me réussit plutôt bien.
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C'est de l'eau

« Votre éducation est le travail d’une vie et elle commence maintenant. »



C’est un tout petit livre, économe de mots mais riche de contenus. C’est de l’eau, de David Foster Wallace est une traduction par Francis Kerline d’un discours culte de l’auteur face à de jeunes étudiants de l’Ohio.



Sortant des obligations de l’exercice, Wallace évite le sermon ou le classique éloge de la vertu, pour inviter ces hommes et femmes en devenir à « apprendre à penser » en s’affranchissant de la configuration humaine par défaut autocentrée, « qui voit et interprète tout à travers le prisme du moi. »



Prônant l’éveil à l’altérité et l’attention accrue à son environnement, il les appelle – et nous avec - à « décider en toute conscience de ce qui a du sens et de ce qui n’en a pas. » Un manifeste à se préparer à un parcours qui ne fait que débuter, pour ceux qui sortent avec la certitude d’avoir désormais la tête armée pour affronter la vie.



C’est un peu philo, mais pas trop. Un peu intello, juste ce qu’il faut. Un peu liquide mais c’est de l’eau…

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L'infinie comédie

on sent que c'est génial. Il m'a fallu cette deuxième lecture pour mieux l'appréhender. C'est génial mais on ne sait pas si on adore ou si on est mitigés.

Il y a tant de styles, tant de récits, tant de personnages, tant de trames que l'on en deviendrait presque fous à garder chaque détail en tête.

La critique sociale de l'abêtissement généralisé, nous y sommes et nous le vivons, la victoire des médias, la victoire d'un système, le combat pour résister à l'inertie sont des choses, des contextes que nous appréhendons aisément. Le trouble qui s'en dégage, l'angoisse qui s'en généralise nous la ressentons également.

L'auteur semble se délester de son sac de pierres afin de nous le transmettre. C'est bien lourd, c'est ardent, c'est acerbe et mélancolique. C'est splendide.

Je ne peux en dire plus c'est un livre délicat à décrire. Si vous n'avez pas peur de cette richesse et de cette épaisseur lisez le, n'hésitez pas.
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L'infinie comédie

Et si nous donnions une chiquenaude à la réalite?

Voilà le défi que David Foster Wallace s'est donné dans cette oeuvre gargantuesque, en cours de traduction française.

Une chiquenaude qui déplace le monde d'aujourd'hui jusqu'à ses limites. Un monde devenu grotesque, névrosé, entraîné dans la démesure de l'entertainment, du divertissement, dans lequel évoluent des personnages pleins, loufoques, profondément tristes et pourtant délicieusement cyniques.

Le monde de demain, où, comme dirait Neil Postman, on se distrait à en mourir.

En plus d'un cadre spatio temporel extraordinaire, si loin et pourtant si proche de nous, Wallace joue, flirte, drague avec les mots, et passe du slang des ghettos de Harlem au français québécois soutenu, qu'il réinvente pour notre plus grand plaisir.

On passe d'une réunion d'Alcooliques Anonymes, aux élucubrations d'un adolescent aisé, joueur de tennis, aux plans terroristes de clans québécois extrémistes, le tout dans un style parfait, virevoltant.



Et dans tout ce souk, une cassette, de l'entertainment parfait, qui, une fois enclenchée, provoque la mort de son audience par passion. Une fois visionnée, cette cassette rend tout risible. d'ou vient-elle? Que contient-elle? Impossible de le savoir.



Attention, intense.

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L'infinie comédie

D’abord, je tiens à signaler que je n’avais pas vécu une expérience de lecture comme celle-là depuis un moment. Le narrateur est omniscient. Il nous fait passer du récit d’un personnage à l’autre. Il n’y a pas de vrai héros à mon sens, mais une galerie de personnage. La psychologie est détaillée pour tous, une véritable toile d’araignée où les personnages principaux ou secondaires se croisent forcément au cours des 1300 pages.

Le fil rouge, c’est la famille Incandenza, le père James brillant physicien optique qui a crée et dirigeait une école de tennis, avant de se tourner vers le cinéma. Sa femme Avril, mère possessive et intelligente. Hal, jeune prodige du tennis. Mario handicapé moteur, qui est le caméraman du centre d’entrainement. Mais aussi Orin, qui est un brillant punter au football américain. Hal est un personnage important. Il est obsédé par le tennis et ses performances, un véritable robot qui deviendra plus intéressant au fil du récit. Sa seule distraction, c’est de fumer de la drogue en cachette. On se prend d’affection pour ce gamin surdoué du langage mais incapable d’exprimer ses émotions. La famille est liée à un mystérieux film fait par James dont je parlerai plus loin. Une grande importance est accordée au sport et notamment au tennis dont l’auteur nous décrit le système concurrentiel, mais aussi la camaraderie, les règles, la quête de célébrité et la peur de décevoir. Le roman se déroule dans le futur, les EU ont établi un vaste protectorat (fédération entre EU-Mexique, Canada appelé la Grande concavité). Un nouveau territoire des EU a été dessiné par le président américain Gentle, ancien crooner, obsédé par l’hygiène. Il a décidé d’abandonner des parties de son territoire au Nord Ouest, à proximité du Canada. Celui-ci sert de décharge à ciel ouvert polluée, par les déchets ménagers. Il y a donc une réflexion politique sur la société de consommation, le rêve américain, la nation. Mais aussi sur la liberté et le libre arbitre. L’auteur parsème sa fresque de nombreuses références littéraires, de séries. Il décrit de manière très précise les nouvelles règles de cette société. Dans celle-ci, le temps est sponsorisé par des marques, les émissions sont disponibles à la demande et en temps réel. On finit par être totalement immergé par celui-ci. Un monde foisonnant, complexe où l’ombre domine.

Un autre fil rouge du roman est la recherche du mystérieux dernier film de James Incandenza. Une histoire d’espionnage se développe alors, avec les personnages de Marathe et ses associés, qui sont des assassins en fauteuil roulants. Les EU avec Steeply et les séparatistes québécois cherchent ce mystérieux film. Celui ci provoque une addiction extrême et ceux qui le regardent sont obsédés par lui. Où est-il ? Dans quel but a-t-il été crée ? Cette enquête prend une part importante dans le roman et donne envie de le poursuivre pour savoir ce qu’il y a sur ce fameux film. L’univers décrit est centré sur la violence, la drogue. L’auteur critique la société du spectacle, l’américain moyen toujours en quête de plaisir et de divertissement. C’est un monde de fantasmes et d’obsessions autour des médicaments, de l’herbe. Ce monde de la drogue est hyper décrit, les phénomènes de manque, la dépendance et ses conséquences sur le corps et le mental avec les personnages de Lenz, Poor Tony. La violence est aussi présente comme l’inceste et le viol qui sont au cœur de la vie de plusieurs personnages. Les relations familiales compliquées sont disséquées à travers cette fresque de personnage, l’image de la femme, de l’être humain n’est pas très positive. Ils luttent tous contre leurs démons intérieurs, la maladie, la dépression. On a la sensation d’être enfermée dans un cerveau enfiévré et malade. C’est une véritable expérience de lecture, extrême parfois.



L’auteur décrit et analyse aussi l’obsession pour les nouvelles technologies et la dépendance qu’elle crée. Ce récit est donc très visionnaire car il a été écrit dans les années 1990. Il brosse un portrait sans concession de notre monde moderne, obsédé par le plaisir et les nouvelles technologies. Parallèlement à cela, la maladie, les handicaps physiques comme celui de Joëlle , défigurée après un accident et ancienne petite amie d’Orin, sont aussi un thème lancinant dans le livre. Les descriptions des corps, des sensations, du décor sont très importantes. J’ai eu l’impression de me retrouver dans un tableau du peintre Jérôme Bosch digne de l’enfer par moment, ce qui est assez déroutant. Le style de l’auteur est parfois vulgaire, ou hyper pointu, ce qui est parfois déstabilisant. Mais il fait réfléchir à ses propres démons intérieurs et obsessions, à cet enfer comme celui de Dante dont le titre français du roman fait écho. J’ai eu l’impression de descendre avec les personnages « au fond du trou. »

Les récits sont parfois difficiles à suivre par leur densité, des conversations qui s’entremêlent et une confusion entre réalité et hallucination. Le style est exigeant et demande une attention soutenue pour ne pas perdre le fil. Mais au fil des pages, on s’habitue à cette folle construction et à ce style. Je n’ai qu’un conseil à vous donner : partez pour une expérience de lecture non identifiée si vous aimez être dérouté et surpris sinon passez votre chemin.
Lien : http://eirenamg.canalblog.co..
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L'infinie comédie

"Infinite Jest" est un roman complexe (et volumineux !) écrit par David Foster Wallace et publié en 1996. Considéré comme l'une des œuvres majeures de la littérature américaine contemporaine, ambitieux. L'histoire se déroule dans un futur dystopique aux États-Unis et se concentre sur plusieurs personnages, dont Hal Incandenza, un jeune homme talentueux qui joue au tennis dans une prestigieuse académie, et Don Gately, un ancien toxicomane en cure de désintoxication.

De nombreux thèmes sont abordés, notamment la toxicomanie, la dépression, l'aliénation, l'absurdité de la vie moderne (la société de consommation et de la culture du divertissement, les dérives de la technologie).

Et la recherche de sens et de satisfaction dans un esprit de satire sociale, en toile de fond d’un monde littéraire dense, fascinant, où se côtoient des personnages complexes.

Le titre est direct et sans ambiguïté.

David Foster Wallace explore de manière subtile, et cela est remarquable, les désirs humains, les échecs de communication, et la recherche éperdue de satisfaction dans un monde hyper stimulant et… déshumanisé.

Une lecture exigeante est nécessaire et le lecteur ne doit pas faiblir au vu des digressions narratives, des multiples notes de bas de page complexes et du style d'écriture riche en références culturelles et en jeux de mots.

Ce qui peut intimider ou…faire perdre le fil !

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La fonction du balai

[b]La fonction du balai[/b]



Quasi impossible de faire un commentaire sur cette oeuvre. Je vais essayer mais je risque d'extrapoler des choses ridicules.

Style génial, sommet de ce que j'ai pu lire quasiment. On a de tout, le style théâtral, le style poétique, le roman moderne, toutes les formes de récit sont maîtrisés sans que cela ne fasse catalogue.

J'ai été impressionné par le changement de style dès que le narrateur changeait, c'était fluide et chaque style appartenait vraiment à la personnalité du personnage qui narrait. Assez incroyable.

Un vocabulaire très riche, mêlant courant, soutenu et familier. Une oeuvre complète, pleine, totale, on dirait même absolue.

Roman chorale et même opéra tant les décors varient de façon inattendue.

Je ne peux raconter l'histoire elle est trop riche et complexe, voire absurde par moment.

Malgré l'humour j'ai trouvé ce récit tragique, avec pour seule leçon la vacuité existentielle, c'est un roman qui m'a un peu enlevé l'envie de sourire bien que je sois émerveillé par le talent de ce romancier trop vite disparu.

Il m'a touché sans que je ne sache pourquoi et je ne sais quel sujet en particulier, mais je n'en suis pas ressorti indemne. J'ai pris autant de plaisir que j'ai souffert.

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L'infinie comédie

Je viens de commencer, je ne suis qu’à la page 80, et je dois dire …… que je ne comprends rien pour le moment. Le style narratif est particulier, je ne sais même pas si je lis des phrases réelles, les descriptions sont interminables, j’ai du mal à cerner les personnages, à suivre un fil conducteur ? C’est un Mystère pour le moment.

Mais bon je vais persister. D’après les critiques c’est un chef d’œuvre du XXème siècle alors on va essayer d’avancer, et si je passe à côté et bien tant pis ! ........ J'ai essayé de lire le début, j'ai eu un faible espoir en comprenant 2 chapitres à la suite, mais malheureusement je suis retombée dans la complexité du style narratif.

J'arrête. Mais je ne me sens pas vaincue, je le reprendrai plus tard. Dans quelques semaines, quelques mois ..... on verra bien.

Pas le bon moment, pas le bon roman.
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L'oubli

Il n'est pas toujours facile d'exister dans la société moderne. Une formalité administrative à remplir ? Un petit ticket vous rappelle que vous serez le 56e à vous présenter aujourd'hui devant une employée blasée. Au boulot, votre place dans la hiérarchie, à 20.000 lieues sous une chaîne interminable de chief executives en tout genre, vous confine à des travaux que tous trouvent sans intérêt, y compris vous-même.



Alors que se passe-t-il quand l'individu trouve finalement une petite faille dans laquelle s'engouffrer pour prouver son unicité? Ce n'est pas toujours très joli ; tout ce qui a été trop longtemps contenu explose, en laissant des traces et quelques dégâts un peu partout.



Les quelques nouvelles qui composent ce livre donnent une vision assez sombre de la vie, à travers des personnages dont on ne sait s'ils sont fous, ou si c'est le monde qui les entoure qui l'est. La plupart des protagonistes ont quelques tics ou particularités qui paraissent anodins au premier coup d’œil, mais qui se transforment lentement en quelque chose de malsain et d'oppressant.



Toutefois, si j'ai été rapidement happé par toutes les nouvelles, la conclusion m'a souvent laissé sur la fin. Trop souvent, l'auteur nous laisse en plan juste avant le dénouement final, avec un goût d'inachevé désagréable. C'est visiblement une de ses caractéristiques d'écriture, puisque c'est déjà quelque chose que je lui reprochais dans L'infinie comédie. Dans un roman, ça se pardonne facilement, mais dans un recueil de nouvelles, ça se reproduit régulièrement au point de devenir désagréable.
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La fonction du balai

Lenore Beadsman est une jeune femme d'une vingtaine d'années. Elle vient d'apprendre que son arrière-grand-mère qui a le même prénom qu'elle, s'est échappée de sa maison de retraite en compagnie de vingt-cinq autres pensionnaires et que le standard téléphonique de son travail déraille. Si ce n'était que ça... sa perruche se met à répéter tout ce qu'elle entend et devient la star d'une chaine chrétienne sans compter son patron-petit ami qui est très jaloux et complexé...

C'est un roman très surprenant, on passe d'un personne à un autre, d'un type de narration à l'autre, on pourrait s'y perdre facilement (ça arrive par moments) mais la magie et l'humour opèrent à merveille. On passe d'un échange verbal à un long monologue du patron sur les histoires que lui envoient ses étudiants (ou les siennes ?) en passant par des rêves grotesques... Impossible de tout résumer. Ça part dans tous les sens, on en oublie presque la trame principale : retrouver l'arrière grand-mère de Lenore.

Les séances avec le psychologue sont aussi dignes d'intérêt ! C'est un roman dense, foisonnant, on s'y perd un peu mais c'est pas grave car on passe de bons moments sans parler des critiques sous-jacentes de certaines personnes... (Une petite déception : la fin, trop rapide) Vraiment à découvrir !

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L'oubli

L’oubli de David Foster Wallace

Huit longues nouvelles.

Novembre 1995 la société Mister Squishy a réuni les panels de consommateurs triés sur le volet pour tester un gâteau fort en chocolat destiné aux supérettes, 27 de ces gâteaux sont disposés sur un plateau tournant. On les avait nommés Petits Délits. Les gens du panel sont au sommet d’un immeuble avec de grandes baies vitrées par lesquelles , au même moment , ils peuvent apercevoir des badauds la tête levée observer un homme assis sur une corniche à 70 mètres d’altitude…

Colombus fin des années 50.

Lui, Frankie, Mandy et Chris furent surnommés « Les 4 otages occasionnels », car ils n’avaient pas fui la classe d’éducation civique en même temps que les autres élèves. Lui étant rarement attentif se souvient vaguement qu’il neigeait et que c’était Johnson qui avait remplacé la prof habituelle, des chiens couraient à l’extérieur et que c’est en parlant du treizième amendement que ça s’est produi, il avait écrit au tableau TUE…

Il vit la casserole d’eau brûlante répandue, le bébé hurlant dans ses couches, il l’enveloppa dans une serviette, il était sûrement trop tard mais l’enfant avait déjà appris à sortir de lui même…

Un homme raconte ce qu’il a entendu d’une conversation en avion entre deux passagers devant lui. Le récit parlait d’un enfant né dans un village paléolithique primitif sans plus de précision, peut-être une jungle en Asie ou Amérique du Sud. L’enfant semblait doué d’un QI exceptionnel et malgré son très jeune âge on le consultait sur des sujets complexes qui mettaient en jeu l’existence même de la tribu. Il répondait aux questions tous les 29,518 jours synodiques et la tribu fit bientôt des sauts quantiques sans fin mode de vie suscitant la jalousie et l’inquiétude des tribus voisines restées à des stades moins développés…

Toute sa vie il a été un imposteur essayât de projeter une image de lui sur les autres. Il avait essayé la psychanalyse mais il avait manipulé Gustavson (qu’il aimait bien) qui s’en moquait, il touchait ses 65$. Il lui avait parlé du paradoxe de l’imposteur…

Sa mère avait fin un peu de chirurgie esthétique pour ses pattes d’oie, il l’avait ratée, en voulant corriger ce fut pire on aurait dit la Fiancée de Frankenstein quand elle découvre son promis. Il l’amène chez un avocat en bus…

L’orage les avait chassés des greés et ils étaient au Club House en face du 19 ème trou avec le beau père de Hope, sa femme, cadre médical. Il veut lui parler du conflit qu’il a avec elle, elle prétend qu’il ronfle alors que pour lui, elle dort et rêve qu’il ronfle!!…

Atwater au téléphone essaye de convaincre son directeur adjoint à Style d’inclure dans le magazine une exposition sur la »merde humaine » une œuvre d’art d’un artiste génial pour lui ce que son interlocuteur ne semble pas partager de prime abord, arguant du fait que ce n’était pas cohérent avec la ligne éditoriale de Style. L’artiste s’appelait Brint Moltke, sa femme, ne parvenait pas à être repoussante, Atwater imaginait qu’elle était l’image que les canidés voyaient quand ils hurlaient à la mort….

Ce ne sont pas tant les sujets des nouvelles qui font l’intérêt de ce livre mais le style. À la fois flux de conscience, on est dans la tête, souvent malade ou pour le moins perturbée du héros qui délibère avec lui même, mais aussi une forme de « naming »à la Brett Easton Ellis en plus détaillé et en plus savant. Le roi de la digression intelligente. C’est à mon sens une écriture unique qui ne peut laisser indifférent, soit on adhère rapidement et on se laisse porter par le style, soit on n’adhère pas et une quinzaine de pages de lecture suffiront à passer à autre chose. Une œuvre dans des tonalités assez sombres.

Foster Wallace est né en 1962 s’est suicidé en 2008.
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Le sujet dépressif - Petits animaux inexpress..

Le Sujet dépressif de David Foster Wallace suivi de petits animaux inexpressifs.

Elle était incapable de mettre en mots sa souffrance alors elle utilisait les exemples, celui de son enfance où ses parents divorcés, riches, l’utilisaient pour régler leurs différends, les frais d’orthodontie dont elle avait besoin, ce que chacun reconnaissait mais qu’ils refusaient de payer estimant que c’était à l’autre de le faire suite à une « ambiguïté byzantine » dans le jugement de divorce. Il firent appel à un « Spécialiste en résolution de conflits » à 130$ l’heure plus les frais pour régler le problème. Elle était suivie par une thérapeute appartenant à une école qui préconisait pour chaque dépressif un « Échafaudage émotionnel » composé de six femmes « bienveillantes et généreuses »auprès desquelles elle pourrait se tourner sans avoir à mentionner ces épisodes d’enfance avec ses parents. Elle ne prenait en ce moment que du Prozac et savait qu’elle était un fardeau pour ses amies. Elle avait assisté à un »Week-end de retraite » thérapeutique expérientielle centrée sur l’Enfant intérieur pendant lequel lors d’une »Rage cathartique » elle avait touché au »Noyau profond de sa problématique de ressentiment ». Et puis sa thérapeute était décédée d’une combinaison de coupe faim homéopathique et de caféine…

Julie fait l’amour avec Faye, elles se connaissent depuis presque deux ans, elles échangent leurs souvenirs, ce qu’elles aiment ou détestent. Julie déteste les insectes, John Updike et curieusement aime Dee, sa mère qui l’avait abandonnée au bord d’une route avec son frère quand ils étaient jeunes, Faye travaille au département Recherche du jeu Jeopardy alors que Julie est la championne de Jeopardy depuis plus de 700 émissions…

Deux nouvelles typiques de l’esprit de cet auteur, humour et analyse psychologique des personnages, une bonne façon d’aborder l’unique Foster Wallace. Avec lui pas de demi mesure, on adore ou c’est illisible…
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L'infinie comédie

Dommage que ce titre français ne soit pas "Plaisanterie infinie", ou "plaisanterie sans fin", ou "blague infinie", ou "blague sans fin". Parce que de un le titre anglais-américain est "Infinite Jest" et en deux parce que ça condenserait exactement ou le moins inexactement possible ce qu'est ce livre.

Livre de fou. Livre de génie. Livre extrême. David Foster Wallace pousse les curseurs quasi au maximum dès qu'il parle de quelque chose, il creuse et érudite (si je peux dire) son sujet, dépiaute, donne et donne tant et plus, beaucoup trop, indigeste. La blague indigeste, pourrait aussi être son titre, tiens.

Où en suis-je ? Oui, qu'il parle d'une académie de tennis, des cordages de raquette, de la créativité et de la filmographie d'un personnage mégalo, de partis politiques, d'inventer une nouvelle Amérique du Nord, avec une politique de rejet des déchets, d'une secte d'ados qui jouent à sauter devant les trains finissant en gang des fauteuils roulants; qu'il s'agisse de décrire une maladie ou des effets d'une drogue, de drogues, de toutes les drogues, catalogue inclusif, déroulé... Trop... Overdose...

L'écriture ne s'arrête jamais. Il y a bien quelques blancs très brefs entre des paragraphes ou des chapitres mais oubliez les respirations, la mise en page est aussi dense que le contenu du texte.

De la violence, pas trop de sexe, plein de drogue, de l'alcool, dont il décrit tout le fonctionnement et le vécu de résidents d'un centre résidentiel de rehab (il n'appelle pas ça comme ça), le fonctionnement de séances des AA, des NA, mais pas n'importe lesquels, de beaucoup, il évoque les différences entre groupes (évoquer n'est pas le bon terme)...

Tout ça c'est un peu voire beaucoup du vécu de cet homme dingue et énorme, il a joué au tennis, il a été alcoolique et toxicomane. Il s'est suicidé. Ben, tiens. Mettant fin à l'infinie farce qu'est la vie humaine sur terre ? Il n'y a pas de questions, enlevons ce point d'interrogation, D. F. Wallace l'a embarqué avec lui. Et au risque de divulgacher (terme apprécié du Québec, dont il est beaucoup question d'ailleurs, même si j'ai oublié d'en parler), il n'y a pas une fin, ni en happy end, ni rien, on reste totalement sur sa faim, le destin des personnages n'est pas scellé ni gravé dans le marbre, ni celui d'une tombe, ni d'une tablette en-dessous d'une oeuvre qui donne un titre ou une explication.

Ah, mais si il y a un titre... L'infinie comédie aka Infinite Jest.

Courage pour ceux qui oseront s'embarquer sur cette galè.. le jeu en vaut-il la peine, presque autant que d'embarquer sur un Ulysse de Joyce ou sur l'Albert Haudoulin (cherchez un peu).
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L'oubli

J'ai découvert David Foster Wallace avec L'Infinie Comédie, ce grand classique américain enfin traduit en France grâce aux éditions de l'Olivier. La maison d'édition remet ainsi cet écrivain à l'honneur avec toute son œuvre dont L'oubli, un recueil de nouvelles.



Comme vous le savez peut-être, cela fait depuis peu de temps que je suis devenue une adepte des nouvelles mais je me régale à rattraper mon retard en lisant les classiques du genre et en découvrant les grands de demain. Les recueils de nouvelles permettent souvent de faire un condensé, résumé de l'œuvre d'un auteur, de pouvoir appréhender son style, son univers et ses thématiques préférées. Ainsi si vous souhaitez découvrir David Foster Wallace sans pour autant vous attaquer à son classique -qui est un pavé assez impressionnant- je vous conseille de lire L'oubli !



Le recueil de nouvelles est le genre noble en littérature américaine de la même manière que le roman est le genre phare en France. Nous ne sommes certes pas habitués à lire des histoires courtes mais je peux vous dire qu'il suffit de lire les bonnes pour comprendre à quel point c'est vraiment le genre parfait pour transmettre la substantifique moelle d'un personnage, d'un fait, d'une idée.



Avec L'oubli, David Foster Wallace dépeint des protagonistes anéantis, conditionnés, portés par la société capitaliste du XXIème siècle. Des personnages tourmentés à l'image de leur auteur comme le souligne leurs questionnements perpétuels, leurs réflexions pessimistes, leurs introspections fatidiques. C'est ainsi que la folie, la mort ou le désespoir semblent les seules issues face au non-sens de la vie. Un peu pessimiste pour la période mais parfait pour lire après les fêtes !



En définitive, un recueil sombre et percutant qui met en avant tout le talent de Wallace !
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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La fonction du balai

Lenore est plutôt attachante. C’est une fille un peu perdue, issue d’une famille riche, mais dont chaque membre est vraiment très bizarre : un père tyrannique, une arrière-grand-mère qui a besoin d’un environnement à 37°C pour survivre et adore les jeux de langage, un frère, toujours sous l’emprise de substances et qui considère sa jambe synthétique comme un être à part entière… Ajoutons-y un petit ami et patron par la même occasion terriblement jaloux et on comprendra que la jeune femme se sente étouffée et manipulée. Elle cherche à comprendre si elle peut avoir une volonté propre, qui ne serait dictée par rien ni personne, ou si elle n’est au final qu’un personnage de fiction.

Alors, lorsque son arrière-grand-mère disparaît, que sa perruche commence à parler en mélangeant insanités et versets de la Bible, que les lignes téléphoniques ne tournent plus rond, on comprendra alors aisément que la demoiselle soit perturbée !

Ça part dans tous les sens, et j’aime plutôt ça en général. Mais par contre, je n’aime pas le côté absurde, qui m’a ici parfois profondément ennuyée. Pourtant, il n’aurait pas fallu grand-chose pour m’intéresser réellement. Pendant toute ma lecture, j’ai été en permanence sur le fil, entre ennui et intérêt, attendant le petit détail qui me ferait accrocher et avancer avec plaisir dans cette histoire bizarre. La fin notamment, m’a complètement perdue : je n’ai pas compris ce qu’il se passait. Le lecteur est laissé sans explication sur ce qui est advenu de l’arrière-grand-mère...
Lien : http://nourrituresentoutgenr..
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L'infinie comédie

La note parle.



Conseils à ceux qui vont le lire: En plus du foisonnement maladif, il y a plus de 200 pages de notes à la fin du livre. Elles vous paraitront au début agressives, voir franchement décourageantes (surtout quand on en arrive à la filmographie de J. Incandenza), n'hésitez pas à en sauter quelques-unes, le temps d'entrer vraiment dans le livre, vous y reviendrez ensuite avec plaisir (et certaines sont carrément des chapitres à part entière), donc oubliez vos mauvais souvenirs d'une lecture de Dostoïevski en Pléiades, où les notes vous rappelaient chaque fois votre inculture (comment, vous n'avez pas lu Schiller dans le texte !?) ou votre prof de Lettres...



Au passage, c'est le plus grand livre sur les addictions.



"Anyone who finds David Foster Wallace a literary genius has got to be included in the, Literary Doucebag-Fools Pantheon" (Bret Easton Ellis)

Y en a un qui aurait mieux fait de la fermer...
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Brefs entretiens avec des hommes hideux

Cet ensemble de textes courts est décoiffant et a l’énorme avantage de nous offrir 23 David Foster Wallace pour le prix d’un. Certains textes sont proches de l’expérimental avec une inventivité lexicale débordante et sont parfois difficiles à suivre ; d’autres sont moyennement réussis mais on trouve dans le lot d’excellentes nouvelles, étranges mais excellentes.



Il est impossible de résumer un tel foisonnement en quelques lignes. De façon générale, on peut dire que DFW a une prédilection pour des personnages bizarres, mal dans leur peau, dont le cas relève de la psychiatrie ou peu s’en faut (comme dans le texte sur une femme dépressive). Il dépeint un monde de solitudes, où la communication et la compréhension entre les gens est une épreuve permanente et source de tension, un monde où les émotions submergent les individus et les empêchent de trouver la sérénité. Certains textes font penser au Houellebecq de l’extension du domaine de la lutte. Ses personnages noyés dans leur mal-être s’expriment dans une forme de logorrhée obsessionnelle, parfois délirante tout en restant tout à fait cohérente néanmoins, dans laquelle ils interrogent la représentation qu’ils ont d’eux-mêmes, des autres et le regard supposé des autres sur eux. DFW s’interroge sur les sentiments humains dans les circonstances étranges ou extrêmes (comme le viol ou le face à face avec un père exhibitionniste). Il décrit des mondes intérieurs.



DFW a le sens de la formule comme celle-ci pour parler d’un toxicomane : « les liens diplomatiques entre R.Ecko et la réalité étaient pour ainsi dire rompus ». Ses récits sont souvent drôles. Ils sont écrits avec une précision toute chirurgicale. La richesse de votre vocabulaire s’en trouvera améliorée après avoir croisé « l’effulgence pulsatile de la cathode », « les blandices parthénopiennes » , ou encore « l’éparchie recombinante » et les « brûleuses de lingerie cataméniales à poil ras ». Bravo aux traducteurs.

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L'infinie comédie

L'Infinie Comédie est un livre culte qui, eu égard à ses dimensions, à la diversité des thèmes abordés, aux techniques narratives mises en oeuvre et à l'univers tragico-comique dans lequel surnagent les nombreux personnages qui l'animent, défie toute tentative de résumé chez le lecteur moyen, sobre, apte à passer un contrôle antidopage inopiné.



Le roman relève à la fois de la dystopie, de la satire et du burlesque. L'excellence et l'ambition côtoie la déchéance et la déréliction dans un univers reconfiguré où chacun s'adonne à son plaisir égotiste, esclave trop souvent de son addition exclusive.



Conscient du caractère nébuleux de la présente critique votre serviteur avancera comme plaidoyer pro-domo le fait que l'Infinie Comédie représente pour un gros lecteur un bon mois de lecture environ. Le caractère foisonnant et déjanté de l'objet ajoute à la difficulté de la tâche. David Foster Wallace a séjourné dans des instituts spécialisés pour ses troubles comportementaux et a suivi des cures de désintoxication pour finalement mettre fin à ses jours par pendaison (procédé transparent, piteuse tentative d'explication du scripteur de la critique). Ce grand oeuvre, dernier roman achevé, est un véritable testament littéraire où l'apport autobiographique n'est certes pas à négliger.
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