David Fulmer talks about his new publishing venture, Five Stones Press, at the signing for his book, "The Fall," at Bound To Be Read Books in East Atlanta Village on Friday, March 19, 2010.
A mesure qu'il s'enfonçait dans les ombres insondables des nuits de la Nouvelle-Orléans, il sentit un poids familier lui peser sur les épaules, un nouveau cadavre ayant rejoint le cortège.
Le temps qu'il traverse la rue, le jass avait repris de plus belle, un morceau endiablé dont les notes folles fracassèrent la quiétude du dimanche soir.
Valentin s'était réveillé tant de fois au cours de la nuit qu'il avait perdu le compte. La dernière fois, il s'était assis dans son lit, avait crié : "Ca suffit ! " et avait entendu sa voix rebondir à travers l'appartement désert. Effet inattendu, l'écho lui avait permis de comprendre que c'était bel et bien terminé. Il avait ensuite dormi d'une traite et ne s'était levé qu'après midi.
Alors qu’un surnom était un honneur habituellement réservé aux musiciens établis, les gens s’étaient mis à l’appeler « Kid » Bolden. Puis il avait fait ce qu’aucun autre musicien de La Nouvelle-Orléans, débutant ou confirmé, n’avait jamais osé faire : baptiser son orchestre de son propre nom. Pour lui, pas question de s’appeler Pickwick, Eagle ou Excelsior. C’était le Kid Bolden Band. Et plus tard, le King Bolden Band. Pendant presque deux ans, c’était bel et bien lui le roi de la musique à La Nouvelle-Orléans. Puis la chute avait commencé.
Les choses s’enchaînaient donc ainsi au fil de la semaine, une cascade de bruit et d’agitation qui culminait le samedi soir dans un déferlement de rye, de musique tonitruante, de rires grivois et de corps excités. Il y avait toujours un peu de grabuge, bien sûr : des bagarres éclataient, on sortait les couteaux et les pistolets, et parfois il fallait évacuer un ou deux cadavres. Plus tard, on partageait la recette. Le dimanche était toujours paisible. Puis c’était le calme du lundi matin et on repartait pour un tour.
L'homme était également une figure publique. Il n'avait jamais caché ses opinions et semblait persuadé que sa richesse était directement proportionnelle à son discernement.
Elle était appréciée et ne faisait pas d’histoires. Elle n’abusait pas du whiskey, n’était pas opiomane, ne se crêpait pas le chignon avec les autres filles et ne faisait jamais rien qui obligeât d’appeler la police.