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Critiques de David Joy (396)
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Nos vies en flammes

À l'épreuve du feu.

Comment un père peut sauver son fils de la drogue qui le consume, quand sa vie est déjà un champ de braises et alors que tout brûle autour de lui ? Les Appalaches ressemblent à l'enfer dans ce nouveau David Joy au plus près des sans-grades. Une plume précise et généreuse. Un livre magnétique. 



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Un grand merci à Babelio et aux éditions Sonatine...



Il n'en a que faire, Darl Moddy, de la saison de la chasse. Alors même s'il a deux mois d'avance, il ne va pas le louper, ce cerf majestueux qu'il voit passer depuis deux ans de la ferme des Buchanan aux bois du vieux Coon Coward. D'autant qu'il sait ce dernier absent pour une semaine. Tard, un soir, alors que le soleil est déjà couché, armé de son fusil, il se cache dans les bois, certain que le cerf va bientôt se montrer. Malheureusement, ce qu'il prend pour l'animal n'est autre qu'un homme. Gisant sur le ventre, la chemise rendue presque noire par le sang. Que faisait ici, en pleine nuit, Carol Brewer, ce simple d'esprit, sur les terres de Coward ? Paniqué, il appelle aussitôt son meilleur ami, Calvin, lui demandant de se pointer vite fait avec sa pelleteuse. Si celui-ci accepte de l'aider, les deux hommes savent pertinemment que rien ne sera plus comme avant, d'autant que le frère du défunt, Dwayne, une vraie terreur de la région, va rapidement s'inquiéter de la disparition de celui-ci...



C'est au coeur des montagnes Appalachiennes, ces immensités à la fois majestueuses et dangereuses, que David Joy plante le décor de son dernier roman. S'inspirant d'un fait réel, à savoir un homme qui en a tué un autre, le confondant avec un sanglier, il tisse une sombre histoire de vengeance. Si Darl et Moddy ne voient en Dwayne qu'un homme violent et rustre, ils n'imaginent pas un seul instant le lien très fort qui le lie à son frère. Blessé, meurtri, presque amputé, Dwayne n'a, semble-t-il, pas d'autre choix que de venger ce dernier, un homme simple d'esprit qu'il aura tenté de protéger toute sa vie. David Joy dépeint, avec force et intensité, la face sombre des hommes. Et s'il est question de vengeance, de culpabilité, de survie, il aborde également les liens qui unissent les hommes, l'amitié et l'amour. L'on ressent, à travers ses mots, qu'il connait les gens et les histoires qu'il raconte, qu'il traverse lui aussi ces décors de montagnes si tragiquement dépeints. À la fois sombre et lumineux, ce roman, servi par une plume magnifique, nous plonge, avec une justesse remarquable, au coeur de l'Amérique miséreuse...
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Sur l'étal, ce roman ne peut pas échapper à notre regard ni manquer de susciter notre curiosité. La couverture , déjà, ne rutile pas , non , plutôt sombre , grise , esthétiquement superbe avec des dégradés obscurs ...Pas forcément attirants , ces dégradés, mais bigrement intriguants , voire menaçants ....Une belle réussite, à mon avis , et déjà porteuse d'une ambiance dans laquelle il va bien nous falloir nous immerger . Les Appalaches . Un nom qui fait rêver, un nom qui fait frémir, lieux de liberté, lieux nourriciers aussi , là où abonde un gibier salvateur pour les populations en quête de survie , braconniers , " cultivateurs " de produits interdits .

C'est dans ces lieux et ces contextes qu'un braconnier , confondant sa victime avec un animal sauvage , devient un criminel....

Triste événement, aggravé par l'affolement , l'appel à un ami , la dissimulation du corps dans des terres glaiseuses , loin d'être aussi salvatrices qu'auraient pu le croire ceux qui y avaient " confié " un corps indésirable . Deux hommes dans une galère, bientôt rejoints par un troisième, le frère de la victime , bien décidé à retrouver et venger "son petit- frère Sissy " . Un rustre ?

La force de l'auteur est de " donner de la hauteur " à son récit en analysant les pensées des personnages , décortiquant au scalpel leurs pensées profondes , mettant " à nu " leurs personnalités. Est- ce la présence obsédante d'une nature luxuriante , mais actions et réflexions se succèdent pour donner au récit beaucoup de " corps " et un intérêt dramatique de premier plan , intérêt d'autant plus prégnant que le nombre de personnages sera extrêmement restreint et focalisera toute notre attention . J'ai adoré cette implication obligatoire et , finalement , pas si " facile " du lecteur dans cette sordide histoire .

La traduction , même si c'est toujours délicat à dire , me semble bien " coller au projet " et le roman se lit avec avidité.

Personnellement , cet auteur est désormais " dans mon fichier " , j'avoue avoir été séduit mais , si j'en crois certaines critiques , je sens que l'équipe des " fans " va vite s'étoffer.

C'est un roman noir , très noir , avec des passages difficiles bien maîtrisés afin de ne pas rebuter le lecteur mais , plutôt, de laisser la porte ouverte à tous pour provoquer la réflexion. La fin du roman est juste.....Vous verrez bien. Le chemin sera long , ardu , désespérant mais ...peut- être pas ..désespéré. Bonne lecture et ...bon courage .





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Nos vies en flammes

Dans ce coin des Appalaches - déjà ravagé par le chômage et l’exode - que les incendies de forêt menacent désormais de faire partir en fumée, Raymond Mathis, garde forestier retraité, s’accroche à sa ferme, où il vit seul depuis qu’un cancer a emporté sa femme et que son fils s’enfonce toujours un peu plus dans la drogue. Un jour qu’il se voit forcé par les dealers de régler les lourdes créances de son fils en échange de sa vie, il décide de prendre les choses en mains en lieu et place de la police.





L’Amérique de David Joy est celle des oubliés et des défavorisés, ceux qui, rivés à une région économiquement moribonde, ne connaissent que la dureté d’une vie sans espoir, le combat quotidien pour, au mieux, une poignée de dollars qui n’assurera qu’à peine les besoins fondamentaux d’une vie dépourvue d’horizon. Cette Amérique est devenue le terreau des addictions en tout genre, alcool, médicaments et drogues, seules fenêtres ouvertes sur quelques instants d’oubli et de respiration. Des opioïdes bon marché prescrits sur ordonnance aux méthamphétamines et à l’héroïne, ces habitants sont de plus en plus nombreux à se muer en ombres squelettiques que l’on retrouve un jour sans vie au coin d’une rue, la seringue encore au bras, venant grossir les statistiques accablantes que le comté affiche sur des panneaux au bord des routes.





Le fils de Ray est l’un d’entre eux, embarqué sur un toboggan vers l’enfer, au fur et à mesure que l’oubli temporaire exige toujours plus de doses, toujours plus d’argent, et que, pour entretenir la combustion intérieure qui le détruit progressivement, il se retrouve réduit aux pires extrémités. Impuissant, Ray assiste à la lente et irrépressible déchéance de son fils, qui, avant de le mener inévitablement vers la mort, le place à la merci de la violence de trafiquants tellement sûrs de leurs collusions au sein de la police et des autorités que rien ne semble pouvoir les arrêter. Faisant frissonner le lecteur d’effroi et de dégoût, la narration laisse monter le désespoir jusqu’au paroxysme qui déclenche la révolte de Ray, subitement las de trop subir.





Classiquement nouée autour d’un trafic, de victimes et d’une vengeance, l’intrigue s’enroule de manière violente et accablante autour de personnages qui crèvent les pages. C’est qu’ils sont partiellement nourris par le propre vécu de l’auteur, issu d’une ces familles pauvres des Appalaches, jeune consommateur de comprimés en tout genre qui a su ensuite éviter les drogues dures, contrairement à un entourage aujourd’hui décimé. Sa révolte à lui, c’est dans son roman et ses articles qu’il l’exprime, tel celui qui figure en postface, où il dénonce la responsabilité de laboratoires pharmaceutiques dans le développement de la crise des opioïdes aux Etats-Unis depuis les années quatre-vingt-dix. Marketing à tout crin, sous-estimation intentionnelle des risques d’addiction : la cupidité a mené – et continue à mener – chaque année à la mort plusieurs centaines de milliers d’Américains, en tête desquels les plus pauvres et défavorisés.





Peinture sociale en même temps que roman policier, un livre noir, dont les personnages, découpés sur le fond d’incendies menaçants et rampants, semblent les victimes d’un monde en perdition, sur la brèche d’un enfer prêt à l’engloutir.


Lien : https://leslecturesdecanneti..
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Le poids du monde

Depuis que son père a tué sa mère devant lui avant de se suicider, Aiden McCall vit avec Thad et sa mère, April. Devenus comme deux frères, les deux gamins grandissent ensemble dans un mobile home, juste à côté de la maison d'April et son compagnon d'alors. La vie va cahin-caha pour les deux amis. Thad, combattant au Moyen-Orient, revient handicapé et traumatisé. Le chômage ne cesse de toucher la population suite à la crise économique. Aiden et Thad se démerdent comme ils peuvent, de petites embrouilles, notamment le trafic de cuivre, leur permettent de quoi s'acheter de l'alcool et de la came. Un jour, alors qu'ils se trouvent chez leur dealer, ce dernier, s'amusant avec son flingue, se met une balle en pleine tête. Évidemment, sa maison regorge d'un attirant pactole : fric, dope et armes. Une découverte qui pourrait bien les aider à s'en sortir et quitter Little Canada...





L'un est orphelin et a fui son foyer d'accueil. L'autre est rejeté par le compagnon de sa mère qui, elle-même, ne semble guère réussir à l'aimer. Ces deux âmes solitaires et cabossées par la vie sont devenues inséparables. Aujourd'hui âgés de 25 ans, Thad et Aiden tentent de s'en sortir dans ce village de Little Canada où le chômage sévit. Aussi, lorsque tout cet argent et cette dope leur tombent presque du ciel, comment ne pas résister à l'envie de le garder pour enfin quitter les Appalaches. C'est sans compter évidemment que toute cette thune allait en attirer plus d'un. À travers le portrait de ces deux amis, David Joy dépeint avec noirceur et cynisme une Amérique profonde, désenchantée et miséreuse. Entre espoir fou et désillusions, ce roman nous plonge dans une atmosphère accablante, pessimiste et terriblement sombre au cœur de laquelle les personnages, profondément humains et à fleur de peau, espèrent entr'apercevoir la moindre lueur. Un roman violent, saisissant, d'une intensité rare portée par une plume percutante.
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Nos vies en flammes

Un grand merci à Babelio et aux éditions Sonatine...



Lorsque Raymond Mathis rentra chez lui, ce jour-là, la porte de la maison était grande ouverte. Sans surprise, il se doutait que c'était son fils, Ricky, qui était venu se servir, encore une fois, de tout ce qui pourrait se vendre. Quelques malheureux couverts dépareillés manquaient, le garçon ayant eu la décence de ne pas encore voler les bijoux de sa femme, Doris, décédée trois ans auparavant. Mais, le soir venu, alors qu'il fumait tranquillement son cigare et sirotait son whisky, un appel le fit sortir de sa torpeur. Au bout du fil, son fils. La voix gémissante, c'est à bout de souffle qui lui dit qu'ils allaient le tuer. Sauf si, aux dires de ses ravisseurs, Ray pouvait s'acquitter de sa dette, soit 10000 dollars. Et même s'il ne voulait plus jamais entendre parler de tout ça, s'il se demandait combien de fois il pourrait encore sauver Ricky, Ray n'eut d'autre choix que de rouler vers la Qualla Boundary, l'argent en cash à côté de lui. Certain que, même en menaçant ce dealer de ne plus faire affaire avec celui-ci, ce sera sûrement un autre qui se chargera de lui vendre la dose de trop...



C'est dans une Amérique en proie aux flammes, écrasée par cette chaleur étouffante, se débattent, vaille que vaille, des hommes et des femmes consumés, accros, perdus ou désespérés. Denny Rattler qui vole dans les maisons pour se payer sa dope et sa sœur qui ne sait plus quoi faire pour l'aider ; Ricky Mathis, junkie lui aussi, accro à tout ce sur quoi il pouvait mettre la main (herbe, cachet, meth) ; Ray Mathis, veuf et retraité du service des forêts, qui, suite au drame survenu, va tout faire pour se venger ou encore les flics du comté (quand ils ne sont pas corrompus) qui tentent de démanteler les membres du réseau de drogue qui sévit partout. Des personnages forts, marqués par la vie. Une fois encore, David Joy dresse le portrait sombre d'une Amérique désenchantée, perdue (aussi bien face à la misère sociale, à la drogue qu'au dérèglement climatique) et livrée à elle-même. Un roman, âpre, viscéral, puissant et sans concession. Des portraits croisés déchirants et une plume poignante...
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Là où les lumières se perdent

C'est le genre de premier roman où toi lecteur, tu te dis que tu tiens un auteur brillant , un auteur que tu suivras .

C'est un genre de roman qualifié de noir, très noir ...

C'est le genre de roman qui prend racine dans un coin paumé des USA, là où les touristes ne foutent jamais les pieds et pour cause . Quand tu es né là-bas , devenu adulte , il vaut mieux fuir .

Caroline du Nord, Les Appalaches . Un bled et son parrain local , un certain McNeely , hyper violent , hyper malin, hyper dangereux et son fils , Jacob.

C'est le genre de roman noir, où un gentil gamin est le fils du méchant , où ce gosse est englué dans une vie de merde et ne sait pas comment s'en sortir . Il aimerait bien se barrer d'ici , avec sa Maggie , changer de vie, sauver son âme . Mais a-t' il vraiment le choix ?

C'est le genre de roman où toi lecteur, tu t'attaches au gamin. Tu as envie de lui crier :" fais pas ça , malheureux !

- Mais tu vas m'écouter à la fin ? "

Sauf que le gamin , il t'écoute pas , ni au début, ni au milieu, ni à la fin ..

C'est le genre de roman où l'auteur te retourne le moral , te montre son coté sombre et éteins les lumières en partant .

Et le plus drôle dans cette histoire très noire, c'est que l' auteur s'appelle Joy ... David Joy .
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Nos vies en flammes

Pout tout vous dire , le choix de ce roman s'est imposé à moi , tout d'abord pour sa puissante couverture , sa quatrième et , surtout par la promesse de " retrouver" une atmoshère à la Ron Rash , ami de l'auteur que , en ce qui le concerne , je ne connaissais pas.

Pas de déception dans ce choix , pas de vrai dépaysement non plus puisque la région des Appalaches où se passe l'intrigue n'avait guère de secret pour moi .

Comme montré sur la couverture , les feux dévorent une contrée socialement si sinistrée que l'on a l'impression de mettre les pieds en enfer .

Dans cet univers de désespérance , impossible de discerner la moindre once d'humanité .Le chômage gangrène tout , les hommes comme l'environnement .Vols . Crimes .Corruption .Trafics en tous genres et surtout de drogue .Règlements de comptes . Comme dans un cauchemar , le vieux Raymond , veuf et retraité assiste , impuissant , à l'inexorable et douloureuse déchéance de son fils , déchéance comme ignorée par une police par trop laxiste .

Les évènements s'enchainent ...

Une extraordinaire vitalité dans ce roman trés bien écrit et agrémenté de dialogues utilisés avec parcimonie , juste ce qu'il faut pour rendre leurs forces à des personnages qui n'en manquent pas . La situation , grave , teintée d'amertume , de rancoeur , de désir de vengeance,s'avère aussi trés touchante et si les personnages ne donnent pas " tout à voir " ils n'en demeurent pas pour autant trop neutres , suffisamment dépeints pour nous toucher .

Oui , il y a du Ron Rash dans ce texte mais qu'on ne se méprenne pas , ce n'est pas du Ron Rash , mais bien du David Joy .Lui oublie " un peu " la nature ( qui brûle ! ) pour se pencher sur les fléaux qui touchent une population à qui la situation désespérante n'offre aucune porte de sortie favorable . Et oui , hélas , là -bas comme ailleurs , l'espoir est fragile .

Un trés bon roman noir , bien noir dont les amateurs vont , si ce n'est déjà fait , se repaître .

A bientôt , amis et amies , pour de nouvelles aventures .
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Le poids du monde

Les trois personnages principaux , Thad , Aiden et April vont vous marquer à jamais dans un roman d'une éblouissante noirceur, un très beau roman dont le cadre se situe dans les Appalaches, au coeur d'une Amérique qui fait peut -être rêver mais rappelle que ce rêve s'est souvent transformé en perpétuelle "descente aux enfers " pour tous ces gens marqués par une histoire si compliquée qu'elle ne laissait jamais entrevoir que des situations chaque fois un peu plus dramatiques . En pénétrant dans ce récit

on pénètre dans une zone d'ombre où jamais le moindre rayon de soleil ne parvient à rendre la situation optimiste , au mieux de la brume ,ou du brouillard ,mais plus encore une sorte de nuit perpétuelle dans laquelle se meuvent des esprits dont on ne peut craindre que le pire.Du grand art , vraiment , que cette plume âpre , rugueuse , précise qui campe devant nous une situation et des personnages à l'unisson , sans jamais nous laisser vraiment croire à une possibilité de s'en sortir.C'est brutal , abrupt , sans concession , voire très violent dans certains passages .Du roman noir , du vrai , bien maîtrisé avec un talent incontestable et si c'est le premier ouvrage de cet auteur que je découvre ,mon intuition me dit que ce ne sera pas le dernier.

Par contre , âmes sensibles , passez votre tour , personnes sensibles au désespoir, tournez - vous vers d'autres textes plus légers , ici , vraiment , " noir , c'est noir , il ne reste plus d'espoir ".

Les amateurs du genre ne peuvent pas rester dans l'ignorance , c'est un incontournable , rien à dire de plus , si ce n'est " bienvenue....on ne sait trop où mais...bienvenue quand même dans les tréfonds de l'âme humaine ...et à bientôt , peut - être.
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Là où les lumières se perdent

Voici un roman que tout amateur de polar noir devrait avoir lu .Un sacré " putain " de bon roman qui a été présenté vendredi par une amie , membre du groupe de lecture auquel je participe . Enchanté par ses propos aussi avisés qu'élogieux , et intriguants , c'est avec enthousiasme que j'ai sorti ce volume qui patientait sagement dans ma PAL , attendant que...ben voilà, c'est fait .

L'action se passe en Caroline du Sud , dans une région perdue des Appalaches. Charles McNeely règne en maitre sur les lieux et le monde glauque de la drogue .Individu violent , despote , il voit en Jacob , son fils , son futur successeur . Mais le jeune homme est trop romantique et doit se battre en permanence contre ses démons qui le déchirent entre la lumière entrevue avec la délicieuse Maggie , la fille qu'il aime , et les ténèbres dans lesquelles pourrait bien l'entraîner ce père tout puissant . Love story ou destin tragique le choix semble évident, non ? Pourtant , c'est un être déchiré dont nous allons suivre les tragiques épisodes de vie . La mère pourrait peut être lui apporter......pas grand chose , hélas . Seul , tout seul, Jacob est tout seul ....

Livre terrible de noirceur , peu de personnages mais quels personnages ! .On se prend à rêver pour Jacob même si ...Sans arrêt , la dualité entre un monde ou l'autre . Noir ou blanc . Blanc ou noir , faites vos jeux .Les événements nous porteront ici ou là avec le héros. La nasse menaçante se referme un peu plus de chapitre en chapitre de pages en pages , à moins que....Et si ....

Roman noir très bien pensé , destructeur , très bien construit dans lequel la violence , l'oppression sont omniprésentes mais distillées avec finesse , tact et intelligence . La traduction est , à mon avis , de très belle qualité et le récit est addictif au point que , comme l'avait dit mon amie lectrice , il est impossible de lâcher prise . Ajoutons que le roman n'est pas très volumineux , je vous l'assure , vous risquez fort le réveil difficile si vous le commencez au coucher . Une très bonne pioche que ce premier roman qui marque la naissance d'un auteur prometteur. Une lecture que je recommande , sans risque de me tromper .
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Là où les lumières se perdent

Comté de Jackson, Caroline du Nord. Dans cette région perdue des Appalaches, s'appeler McNeely signifiait quelque chose. Jacob est le fils de Charlie McNeely, un homme pour le moins violent, influent, intouchable et manipulateur. Un homme qui règne en maître sur le marché local de la drogue. Jacob, à 18 ans, ne doute pas un seul instant de son avenir qui semble tout tracé, Charlie ne manquant pas de le tremper dans ses affaires juteuses. Mais, ce jeune homme, trop tendre, peu impliqué, attristé mais résigné de voir sa mère, accro à la meth, dériver de jour en jour et amoureux de Maggie, une jeune fille qu'il a quitté afin de la protéger, rêve et espère d'un tout autre avenir. Mais, lors d'un règlement de comptes régenté par son père, les choses ne se passent pas comme prévu. Jacob, déjà empêtré dans une bagarre qui a mis son adversaire dans un piteux état, voit peu à peu les choses s'engluer...



David Joy nous offre un premier roman d'une force incroyable et d'une noirceur profonde et nous plonge dans une ambiance étouffante, oppressante. Dans cette partie des Appalaches, Jacob McNeely est confronté à un choix cornélien : suivre les traces de papa, subir le poids paternel et devenir un homme de pouvoir et d'influence ou s'échapper, laisser derrière lui son passé et vivre enfin comme il le souhaite. Quelque soit son choix, il ne se fera qu'au prix du sang. Ce roman fait la part belle aux notions de liberté, de rédemption, de relation père/fils, de fatalité. La galerie de personnages qui s'agitent autour de ce jeune homme, terriblement attachant, est d'une trempe féroce et sans concession, notamment le père, personnage sournois et ayant la mainmise dans la région. Un premier roman remarquable, violent, noir et d'une intensité rare. Une écriture riche qui décrit brillamment les paysages immenses, empreints de liberté, l'ambiance sinistre et les sentiments qui habitent Jacob.
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Un chasseur sachant chasser sans...

Visiblement, non.



Darl Moody vient de commettre l'irréparable.

Un truc tout con qui pourtant survient régulièrement.

Confondre un animal traqué avec un être humain.

Ballot. D'autant que le plus souvent, c'est la balle qui gagne.

D'autant plus bêta lorsqu'on connait le frangin du défunt, un mec que l'on souhaiterait croiser le moins souvent possible pour la pérennité de son assurance-vie.

Darl se retrouve donc avec un léger problème.

Plutôt que d'en avertir Houston, c'est à Calvin, son "best friend for ever", qu'il échoira de le tirer de cette fosse à purin.



Tu aimes la nature et une certaine rugosité dans les rapports humains ?

Alors ce Joy tu adoreras.



Les Appalaches en toile de fond.

Une misère sociale et affective, comme moteur, couplée à un évident manque de bol, et c'est avec un brio implacable que l'auteur avance des pions qui, à n'en pas douter, devraient être bien peu nombreux à passer la ligne d'arrivée.



Joy fait dans la psychologie sans jamais être chiantissimement démonstratif.

Il assoit une dramaturgie solide et crédible en tablant sur l'humain et ses choix de vie... ou de mort.

Des dilemmes conscientisés, véritables supplices psychiques, où bien et mal se livreraient à un combat sans merci en usant de votre boîte crânienne comme d'un octogone de MMA.

De fait, ici, point de véritable victime, ni de parfait salaud, mais bel et bien deux êtres en perdition face à leurs contradictions, leur sens respectif de la justice et ses répercussions collatérales.

C'est violent, terriblement désespérant mais d'une effroyable justesse de ton et de narration.



Un grand Joie porteur d'une immense Joy !

Et vice-versa...
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Nos vies en flammes

David Joy aime les sujets de poids. Pour lui faire ouvrir sa trousse ou son IPad il faut au minimum 7000 hectares de forêt qui crament ou un cou gracile lesté d'une seringue, il est comme ça David.

De fait, on a du copieux : à ma droite, l'addiction aux opioïdes , souvent créée par le système de santé américain et entretenue par la misère; à ma gauche, les descendants des Cherokees , zombies d'une civilisation anéantie et qui doit se parodier pour survivre.





Que du noir, on y va pour ça d'ailleurs chez David Joy, pas de coupure-pub avec des dentistes bi-fluorés en blouse blanche ou le dernier SUV à 2dollars 6 cents, non, tu vas t'embourber dans le sombre pendant 340 pages et réjouis-toi si 'il te concède une bouée sur le coin de la joue juste avant les derniers borborygmes.





Dans ces contrées des Appalaches où la misère se goinfre dans une replète autarcie, les vies tournent en boucle sur elles-mêmes sans jamais trouver la touche escape.



Ray, père d''un toxico, rumine son impuissance à le sauver; il ne lui restera que la vengeance pour assouvir une colère à la mesure de son besoin de rédemption .



Ceci dit certaines questions joyennes ne nécessitent pas d'habiter les Appalaches pour s'y frire le cerveau : dans quelle mesure est-on responsable du mal-être de ses enfants; jusqu'à quel âge et jusqu'où faut il aller pour leur sauver la peau; cela est-il simplement possible ? Plus d'amour ? Moins de compromis ? Bonne chance Armance.

.



Bon, un titre qui ne m'aura malgré tout pas entièrement mis le feu à la baraque d'un point de vue émotionnel, car les caractères m'ont semblé esquissés à trop grands traits pour s'en imprégner totalement. Des êtres absents à eux-mêmes , ils se sont désertés et il n'est pas facile de coller au fil d'une personnalité à travers ses lambeaux. C'est peut-être le risque d'un récit constitué de bras cassés qui ont lâché la rampe depuis bien longtemps.



En tout cas Joy est un bon auteur car la tension chez le lecteur monte plus vite que la violence réelle. On a rarement eu autant hâte de sortir d'un mobile-home.



Merci à babelio et aux éditions Sonatine pour cet arc-en-ciel du gris au noir qui fait paraître bien riante la petite brume bretonne.
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Quand un chasseur -braconnier croit , en pleine nuit dans les Appalaches en Caroline du nord, voir un sanglier, et tire sur un autre braconnier, ça peut , s'il prend la mauvaise décision, avoir de terribles répercussions...

Et Darl prendra la mauvaise décision, qui est de ne pas aller voir la police... C'est que le frère du défunt n'est pas un gentil garçon, et il adorait son frère...

Un petit coup de fil qui finit en grosse avalanche de violence, le tout enveloppé dans un papier cadeau XXL... Celui des grands espaces, celui de la chasse , nature , pêche et dureté de la vie; celui d'un monde où la moitié de la population a un flingue (au moins) chez lui, celui de la nature sauvage.

Bref, le monde dans lequel baigne l'auteur , puisqu'en plus d' être un jeune brillant écrivain , il vit dans ce cadre grandiose que sont les Appalaches, il y chasse et il y pêche, ce qui donne une authenticité à son histoire, qui ne peut être feinte.

j'ai lu , le petit portrait que mettent à notre disposition, les Editions Sonatine, David Joy a été l'étudiant d'un autre écrivain célèbre Ron Rash, qui l'a encouragé... Merveilleuse Amérique , qui voit sur le berceau des "aspirants écrivains inscrits en master des métiers de l'écrit", des "parrains-la bonne fée" aussi illustres que cela, je ne suis pas sûre qu'en France, ce soit le cas...

David Joy nous délivre un roman qui parle de violence, de vengeance, du curseur entre le bien et le mal, de dureté de la vie mais qui est peut- être, le plus optimiste de son oeuvre , sur la fin (en cherchant un peu et en se penchant pour y trouver le bon angle ...).

Joy , le bien nommé, nous fait voyager, prendre des bouffées d'air pur au delà de nos petits 20 kms autorisés en cette période de confinement, et ça mesdames et messieurs, cela n'a pas de prix ! Merci Mr Joy....
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Nos vies en flammes

Comme son nom ne l'indique pas , David Joy ne fait pas dans la joie. A lui, les sujets sombres, les territoires perdus de l'Amérique, les laissers pour compte, les pauvres, les pauvres bougres, les paumés, les toxicos...



Dans la région des Appalaches, Ray qui vit seul avec son chien, depuis que sa femme est partie dans un autre monde, reçoit un coup de fil : son fils toxico doit une grosse somme à un dealer ... Cette fois-ci est la dernière, après, Ray n'aura plus d'argent de côté. Ray en a marre, les toxicos, sont souvent décevants, ils promettent d'arrêter et puis pffft... Son fils a déjà dépassé ce stade, il ne promet rien. ♫ Noir, c'est noir, il n'y a plus d'espoir... ♫

Ailleurs, plus loin, la forêt brûle.

Dans cette partie d' Amérique, des Amérindiens . Dans cette partie d'Amérique, tout le monde se connait plus ou moins , mais ça se perd. Avant était mieux qu'aujourd'hui , les gens étaient plus solidaires entre eux. C'est une région où la misère s'étale, qu'elle soit économique, sanitaire, intellectuelle, culturelle, et souvent tout ça va ensemble comme un gros paquet cadeau (d'emmerdes en prévision). Quand tu n'as rien, autant s"extasier" et partir dans un autre monde, pour vingt dollars, mais plus dure sera la chute.

Pour l'heure , Ray a décidé d'agir , quitte à bouleverser quelques plans... ♫Il suffira d'une étincelle... ♫



David Joy tout doucement trace son sillon, dans cette terre qu'il connait bien, celle de son enfance. Ce roman qualifié de " noir", pour moi tend vers le western , un western d'un nouveau genre, ♫un Nouveau Western♫. Des Amérindiens , des paysages grandioses, des gentils et des méchants, des policiers à la place des shérifs, un infiltré, des dealers , des piliers de bars ( enfin, de point de deal ) et, en lieu et place du saloon : quelques caravanes , chacunes spécialisées dans un traffic quelconque.

On dirait presque un documentaire, tellement l'histoire est sobre. Les mots sont forts et percutants.



Je vous conseille à la fin, de lire , après les remerciements , la postface.

C'est un article de David Joy publié en 2020 dans la revue America . Un témoignage grandeur nature sur sa vie en Caroline du Nord, son enfance, ses copains décédés... Aux USA, les médecins appuyés par des labos ont prescrit des opioïdes pour tout et n'importe quoi, jusqu'aux enfants , créant une dépendance chez toute une génération ... 93 331 morts par overdose /année 2020. ["Sur les quinze états qui ont enregistré la hausse la plus importante, neuf d'entre eux sont situés dans les Etats du Sud ou les Appalaches." ]

Le titre "Nos vies en flammes" prend alors tout son sens , un sens qui va au délà d'une poignée de personnages, et une ampleur dévastatrice...
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Le poids du monde

Encore une fois, David Joy gagne par knock out.

Je suis par terre cherchant mon air.

Comment cet auteur peut-il aussi puissamment évoquer cette lourde noirceur, cette opacité écrasante sans y avoir touché lui-même ? Voilà le talent! Cette puissance évocatrice des mots qui touchent, qui marquent et qui cicatrisent peu.

Des personnages hantés à jamais par leur vécu, des hommes pour qui la culpabilité donne des sueurs froides et où la petite lueur d'espoir au fond de l'oeil peine à rester allumer et finit par s'éteindre.

Pour les trois principaux personnages, Aiden, Thad et April c'est le poids du monde accablant dès la naissance. C'est la colère rentrée, la survie , la fuite dans des paradis plus qu'artificiels, c'est LA fatalité qui n'entrevoit aucune rédemption.

David Joy nous parle d'une Amérique de paumés, d'êtres affligés, d'une fraternité de looser avec une sincère franchise . Il nous parle d'une tragédie mais heureusement, je sens qu'il me tient la main.
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Nos vies en flammes

Attention ! Livre inflammable, pour ne pas dire incandescent...

Nous sommes dans les montagnes de la Caroline du Nord, à l'extrémité sud des Appalaches, là où vit, là où écrit David Joy dont j'ai eu le plaisir de découvrir l'univers romanesque dans le poids du monde. Son dernier roman, Nos vies en flammes, ne parle rien d'autre que du décor qu'il connaît si bien, des histoires qui parlent de drogue, de violence, de pauvreté, de déracinement, de déplacements, de promesses non tenues. Bref, la vie en Caroline du Nord, quoi !

David Joy convoque tout d'abord ce magnifique et attachant personnage qu'est Raymond Mathis, désormais veuf et retraité, dont le métier naguère était de s'occuper des forêts. Seul dans sa ferme des Appalaches, il survit tandis qu'autour de lui des incendies dévastent depuis quelques jours les chères forêts qu'il aime, par milliers d'hectares. Il attend son fils Ricky qui ne viendra pas ce soir...

Raymond Mathis oscille entre le souvenir douloureux de sa femme qui n'est plus et son impuissance à aider son fils à s'en sortir, Ricky, aujourd'hui junky à bout de souffle qu'anime la quête quotidienne de l'argent nécessaire à sa prochaine dose.

« Ce qu'il avait vraiment oublié, c'était la simplicité qui avait rendu si belle leur vie ensemble. »

Parfois un sentiment de culpabilité étreint Ray.

Il ne lui reste plus dans son existence que ce fils qui part en lambeaux comme les forêts autour de lui ainsi que les souvenirs de l'amour de sa femme.

Un jour, Raymond décide de réagir lorsque son fils, devenu la proie des dealers, franchit un pas insoutenable, pour lui, pour son père, pour les autres...

C'est le pas de trop et c'est le doigt qu'on met dans l'engrenage, le geste qu'il ne faut surtout pas commettre...

C'est alors que l'intrigue prend le pas, mais rien ne nous empêche de continuer à effleurer les beaux personnages de ce roman, tandis que la police s'active et que Raymond est aux manettes...

Un récit peut en cacher un autre. Derrière un polar aussi noir soit-il, aussi bien ficelé soit-il, moi ce qui m'intéresse, ce sont les histoires de femmes et d'hommes qui tirent ou tentent de tirer des ficelles qui leur échappent, cherchant un sens à tout cela. Pour peu qu'il y ait une réalité sociologique, culturelle, historique en arrière-plan, je jubile.

Ici j'ai été davantage séduit par l'arrière-pays que pour l'intrigue, certes qui se tient et nous embarque, mais qui n'a rien d'exceptionnel. La beauté du roman est ailleurs, dans son désespoir et son humanité.

Nous sommes sur les terres des Cherokees, qui brûlent aujourd'hui, et leurs descendants expriment comme ils peuvent des douleurs anciennes et actuelles, qu'on veut éteindre à coup de narcotiques.

On pourrait dire : « Noir c'est noir il n'y a plus d'espoir ». Car l'univers de David Joy n'a rien d'une bluette. Sa prose est sombre, sa propre est noire, il n'écrit pas dans la dentelle mais avec ses tripes. Il y a cependant une part d'humanité dans cette lucidité crasse... Et c'est ce que j'aime chez David Joy, la petite lumière qui finit par se faufiler dans les profondeurs abyssales...

Entre le noir des tréfonds de l'âme et le gris des cendres qui retombent du ciel dans un paysage crépusculaire, ce roman offre une magistrale palette de nuances, où la conclusion n'est pas forcément pessimiste, j'y reviendrai...

Ici la forêt des Appalaches brûle et le hasard a voulu que je lise ce roman au moment où nos forêts brûlaient elles aussi, brûlent encore. Hasard ? Pas forcément, plutôt un rendez-vous avec la réalité mondiale à laquelle il faudra douloureusement s'habituer... Mais là c'est une autre histoire, quoique, pas tout à fait, je pense à cela lorsqu'un romancier tel que David Joy offre la parole à des descendants du peuple Cherokee pour lesquels la terre, la nature, les éléments, existent et ont un sens dans cette trajectoire qui les amène à aboutir à leur destin.

Mais ce qui brûle ici est bien autre chose.

Ici viennent les sans-grades, les laissés-pour-compte, l'Amérique qui a voté Trump. Cette Amérique oubliée sur laquelle on éteint des feux comme des canadairs, on balance du rêve à coup d'opioïdes.

David Joy a cette manière impromptue d'inviter l'Amérique blanche et l'Amérique amérindienne dans un même récit, ces deux Amériques qui se regardent, qui se côtoient, qui se confrontent.

Mais David Joy en fait un récit où ils agissent ensemble brusquement.

Ici, dans ce désastre humain, parmi les personnages multiples et attachants, je me suis épris de Denny, ce junky ébouriffé, et sa soeur Carla qui découvre qu'elle a une grave maladie, tous deux descendants d'un peuple ayant tout perdu.

Denny, brûlé par les soleils de son âme, qui a ce sursaut, non pas pour lui, lui et son corps percé par les seringues, ce corps imbibé d'héroïne et de meth, pour lui c'est fichu c'est déjà trop tard, mais ce sursaut, cette évasion de ses démons, c'est important, c'est essentiel, ne serait-ce que pour sa sœur Clara qui se bat elle aussi mais contre d'autres démons qui n'ont rien à voir...

Les personnages de ce roman sont comme des lapins qui fuient dans la trajectoire des phares d'une voiture traversant le paysage à toute vitesse. On dirait des phalènes qui cognent leurs ailes dans les flammes d'une bougie.

Ce roman dit un monde désespéré à la dérive, une perte de sens, la perte d'un endroit et d'un peuple, la mort annoncée d'une culture, tandis que des femmes et des hommes se consument à petits feux.

Regarder vers ce qui reste de soleil, se dire qu'il y a encore de la lumière malgré le crépuscule qui vient, malgré des lambeaux de nuages qui filent derrière les étoiles.

« Désormais, tout le monde était là à regarder les dernières lueurs danser comme un coucher de soleil, sans voir ni comprendre que quand la nuit finirait par tomber, la lumière ne reviendrait pas. La nature même des choses exigeait qu'arrive un moment dans l'histoire où l'espoir serait synonyme de naïveté, où la situation serait trop désespérée pour être sauvée. Raymond le savait, et c'était ça qui lui mettait le coeur en lambeaux.

Mais il y avait toujours des gens disposés à unir leurs efforts pour défendre le bien commun. »

Nos vies en flamme est un chant déchirant et presque désespéré. Presque.



« La joie nécessitait bien souvent qu'on la cherche ».

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Le poids du monde

Aiden McCall a douze ans lorsqu’il voit son père tuer sa mère, retourner son revolver dans sa bouche et s’exploser la boite crânienne. Placé dans un foyer, il s’en échappe et est recueilli par Thad Broom, un ami. La mère de ce dernier, April, n’a jamais aimé Thad, il est le fruit du viol dont elle a été victime dans sa jeunesse. Il vit relégué dans un bungalow au fond du jardin en totale autarcie.

Douze années se sont écoulées. Thad est revenu traumatisé de son séjour en Afghanistan comme marines. Lui et Aiden passent leurs journées à fumer, boire et se shooter à la meth. Un jour qu’ils rendent visite à leur dealer, Wayne Bryson, celui-ci fait un faux mouvement avec son arme et se tire une balle dans la tête. Son argent, sa dope sont à leur disposition…

« Le poids du monde » de David Joy est un abîme sans fond vers lequel tous ses personnages vont se perdre tour à tour. La noirceur de ce roman ne connait aucune limite et la rédemption n’y a pas sa place. Les personnages sont maudits, leur destinée est marquée du sceau du malheur.

« le poids du monde » est un roman qui sort des sentiers battus, une histoire qui n’a pas de fin, comme une légende effrayante que l’on pourrait se transmettre pour qu’elle serve la moral des gens « biens ».

Un très bon roman qui remue les tripes et à la lecture addictive.

Traduction de Fabrice Pointeau.

Editions Sonatine, 10 :18, 309 pages.

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Nos vies en flammes

J'ai ce faible pour les auteurs américains contemporains qui nous parlent des États-Unis à la dérive avec amour pour leurs compatriotes et surtout, nous en parle sans concession ni jugement.

David Joy est de ceux-là.

On le sait, les opiacés font des ravages aux É.U. Les opiacés oui mais aussi la meth, les pilules, l'herbe et l'héroïne. L'arrivée des big pharma n'a rien arrangé à la situation. Et certaines régions en sont plus affectées que d'autres. Que devient une région lorsque les industries, les usines, les exploiteurs de forêts et autres décident de fermer les portes mettant ainsi au chômage des milliers de personnes? Que deviennent les enfants de tous ces ouvriers se retrouvant sans emploi? La pauvreté, la détresse, l'avenir en noir c'est tout ce qui reste. Qu'est-ce qui pousse les gens vers les drogues ? "Quand tout ce qu'on a, c'est un billet de vingt dollars, vingt dollars ne repoussent pas les avis d'expulsion. Vingt dollars ne vous procurent pas une assurance-maladie. Vingt dollars ne suffisent pas à rembourser le prêt pour la voiture. Vingt dollars ne permettent même pas d'avoir de la lumière. Mais vingt dollars peuvent vous faire quitter ce monde pendant un petit moment. " (p. 333)

Quand les profits de ces grosses compagnies se font au détriment des populations...pour David Joy ça devient une crise des valeurs.

Nos vies en flammes n'est pas un roman policier traditionnel. C'est le triste portrait d'une situation, de gens, de réalités déchirantes, portrait majestueusement rendu par la plume de l'auteur. Attention c'est d'une noirceur terrifiante, plus que sombre et parce que basée sur des faits déchirants ça devient d'autant plus cauchemardesque.

Avec comme décor de fond les incendies de forêts qui ravagent les montagnes des Appalaches en Caroline, on comprend vite l'allégorie des vies qui se consument avec la prise de stupéfiants.

On lit bien la détresse, le désarroi, l'affliction qui sont humainement décrites par la plume plus que crédible et vraie de David Joy.

Digne disciple de Ron Rash qui est son mentor, je crois que David Joy n'a plus rien à lui envier.

Un auteur que je porte particulièrement dans mon coeur.
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Le poids du monde

Ce que j’ai ressenti:

…Un nuage de désespoir…

Parce que le ciel est d’un gris sinistre et que la pluie de malchance a déjà déversée plusieurs fois son lot de désolations sur le destin de ces deux paumés des Appalaches, tout Le poids du monde m’est tombé dessus, comme un seau d’eau glacée. A vivre ainsi, dans une caravane, au gré des intempéries et des tumultes de la vie, Aiden et Thad, deviennent des frères de misère, pour lutter contre l’acharnement des cieux. Quelle est triste leur vie, à en pleurer des larmes de sang, parce qu’il n’est pas concevable que cette agonie d’immobilité forcée et tous ses rêves étouffés soit, le quotidien de jeunes de 24 ans…



Troublant. Electrique. Désespérant.



On le voit s’amonceler ce mauvais temps, ce maudit karma des laisser-pour-comptes. On aimerait leur tendre un parapluie de mille couleurs, pour contrer un tant soit peu, cette tempête de noirceur qui semble s’accrocher à eux…Mais malheureusement, pour certains, la vie est un rebut de l’enfer…



« La seule chose qui différenciait une personne d’une autre, c’était le fait d’avoir quelqu’un pour sauter à l’eau et vous empêcher de vous noyer. »



…Et le ciel s’obscurcit encore…

« L’argent ne fait pas le bonheur, mais il contribue…« …Foutaises, que ce dicton! Si le sang t’a marqué et que l’argent tombe du ciel, il est plus que probable que c’est encore un mauvais tour du destin, une bonne vieille blague du diable, tiens! Déjà qu’ils les accumulaient les emmerdes, Aiden et Thad dans un effet boule de neige dramatique, alors là, ça ne va pas s’arranger de sitôt, avec cette malchance poisseuse…La malédiction du sang entache irrémédiablement leurs galères et même, s’ils sont si près de toucher un peu du doigt cet espoir d’envol, la chute n’en sera que plus lourde, plus fracassante encore que tous les coups de tonnerre du monde.



Éclair de feu. Tempête d’adrénaline. Brouillard de blanche.



Jouer avec les démons n’a jamais été aussi dangereux et ne pas suivre le bon chemin dans ces montagnes, peut vous emmener vite, sur les chemins de la perdition….Il sonne comme une urgence dans ce roman, mais face aux résonances de l’alcool, de la violence et de la drogue, rien ne semble pouvoir laisser entendre les plaintes dissimulées dans les failles de chacun…Et il te reste, à la fin de ses pages, un goût de fer en bouche…



« Au bout du compte , c’est toujours le sang qui parle. »



…Pour un roman des plus Noirs…

C’était Le roman que j’attendais avec le plus d’impatience en cette rentrée littéraire! Le roman que je souhaitais lire le plus ardemment, après l’excellent Là où les lumières se perdent. Et c’est donc Le roman qui m’aura le plus captivée pendant ses derniers jours, tellement il a une aura de désespérance, une noirceur pesante qui annihile tout futur lumineux…Alors, il ne tient qu’à nous de lire ce roman, parce que ensemble et unis, porter Le poids du monde, ne devrait plus être un si lourd fardeau…. Enjoy for David Joy! Faites tourner l’immense talent de cet auteur, portez le aux nues!



« J’essaie juste de survivre chaque jour sans me tirer une balle. »



Ma note Plaisir de Lecture 9/10
Lien : https://fairystelphique.word..
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