Zedelghem
le 16 août 1931,
Sixmith,
L’été a pris un tournant sensuel : la femme d’Ayrs et moi sommes amants. Ne t’emporte pas ! L’affaire est purement charnelle. La semaine dernière, un soir, elle a pénétré dans ma chambre, poussé le verrou derrière elle, et s’est déshabillée sans mot dire. Je ne veux pas me vanter mais je m’attendais à sa visite. En fait, j’avais laissé la porte entrouverte en songeant à elle. Essaie donc, Sixmith, de faire l’amour dans un parfait silence. Si l’on se tient coi, le tapage habituel se transforme en béatitude.
Quand on ouvre à soi le corps d’une femme, toutes les confidences qu’il contient en jaillissent (tu devrais essayer toi aussi ; les femmes, j’entends). Serait-ce en rapport avec leur inaptitude aux cartes ? Après l’amour, je préfère rester allongé, immobile, mais Jocasta parlait de manière compulsive, comme pour enterrer notre grand secret sous un tas de petites confessions. (Lettres de Zedelghem)