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Critiques de David Vann (1615)
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Sukkwan Island

Ami neurasthénique en quête d'aventures primesautières susceptibles d'apaiser les tourments de ton moi intérieur... passe au large, oublie Sukkwan island et va t'inscrire chez les scouts.



Certes il est ici question de paysages préservés, de vie au grand air, youkaïdi youkaïda, de chasse à l'ours et de pêche au saumon qui pourraient, dans un premier temps, faire passer ce récit pour un hymne paisible à la nature sauvage et rebelle de l'Alaska profonde. Nenni, car paradoxalement, au coeur de ce territoire vaste et pur, prend place un huis clos suffocant, un tête-à-tête mortifère entre un jeune garçon et son père, un peu fragile de la cafetière, le père, on s'en apercevra bientôt. Les paysages pré-cités ne seront plus alors qu'un (magnifique) décor pour de glaçantes péripéties dont j'aurai le bon goût de taire – ne me remerciez pas – le déroulement implacable et l'issue non moins sordide.



Difficile d'adorer un livre à la noirceur aussi... réfrigérante, mais difficile aussi de ne pas l'apprécier tant on devine ce que l'auteur a dû extraire de ses tripes pour livrer une histoire aussi sombre et asphyxiante. Alors, pour ceux qui ne l'ont pas encore lue, faites-vous donc votre propre opinion, mais accrochez-vous un peu quand même, on n'est pas chez les Teletubbies là.




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Sukkwan Island

Je referme ce livre les mains tremblantes. Je suis dans mon jardin, j'ai un peu froid et soudain une branche qui grince sous l'effet du vent me fait sursauter. Le monde réel se redessine peu à peu autour de moi mais je suis encore sous le choc de ce que je viens de lire. Sombre histoire dont il ne faut rien révéler si ce n'est l'intensité et la noirceur des pages qui vous attendent. Une plongée troublante jusqu'aux tréfonds de l'âme humaine.

C'est avec une écriture fine, précise, des descriptions quasi cliniques que David Vann nous raconte le drame de ce père et de son fils partis pour un an sur une île déserte en Alaska. Le père fragile, bien loin du "héros au regard si doux" dont rêvent les petits garçons. Le fils de treize ans, qui parle peu mais qui voit et entend tout. Deux inconnus face à face...

C'est merveilleusement construit, David Vann instillant le poison dès les premières pages du récit. L'angoisse monte peu à peu et nous étreint. Nous sommes captifs, pris au piège de ce roman vénéneux.

A partir de là, rien ne nous sera épargné, ni le sang ni les petits arrangements que chacun fait pour vivre avec ses faiblesses. Une lecture aux frontières du dégoût parfois mais qui nous hypnotise, comme lorsqu'on ne peut détacher nos yeux de l'araignée en train de dévorer sa proie.

Autre témoin privilégié de ce drame, présente à chaque page, la sublime et inquiétante Nature. Cet Alaska qui nous fait tant rêver et laisse entendre la musique d'Into the wild". Nous sommes plongés au coeur de ces paysages grandioses et l'on sent le froid qui peu à peu nous envahit. Lacs et neige évoquent la pureté des origines. Perdu au milieu de cet Eden, un homme qui fuit, qui se fuit, depuis toujours, ayant à jamais perdu l'innocence, sans que jamais il n'y ait la possibilité du pardon.

Ce livre, je l'ai refermé avec tristesse. Combien de romans agréables mais sans plus relirais-je avant de retrouver cet éblouissement? Puissant et envoûtant, Sukkwan Island a la fulgurance des grandes oeuvres, de celles que l'on n'oublie pas...





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Sukkwan Island

C’est après avoir lu « Blizzard » de Marie Vingtras, que j’ai eu envie de lire cet autre huis-clos à ciel ouvert sur les terres hostiles de l’Alaska. J’avais déjà été séduit par « Aquarium » de l’auteur, mais pour une inexplicable raison, je n’avais pas encore lu ce best-seller, Prix Médicis étranger 2010, qui a révélé l’auteur.



« Sukkwan Island » est une île isolée du sud de l’Alaska, où Jim décide d’acheter une cabane, afin d’y passer du temps avec son fils de 13 ans. Conscient d’avoir totalement loupé sa vie et éprouvant le besoin de prendre du recul, il espère pouvoir se débarrasser de ses démons intérieurs tout en renouant avec ce fils qu’il a négligé aux fils des divorces. Un séjour de quelques mois sur cette île déserte qui s’annonce physiquement… et mentalement éprouvant !



Si comme cet homme divorcé vous vous attendez à une bonne dose de nature writing, parsemé de complicité entre un père et son fils pêchant le saumon et coupant du bois pour affronter l’hiver, passez votre chemin car c’est bel et bien un huis-clos particulièrement sombre que nous sert David Vann. Le calme et le silence sont certes au rendez-vous de cette vie au grand air, mais les silences et les non-dits entre cet adulte brisé et cet ado qui se cherche encore créent immédiatement une ambiance pesante qui n’annonce rien de bon… et fait même craindre le pire !



Dès les premières pages, le lecteur se sent mal à l’aise en compagnie de cet homme dépressif et pitoyable, puis accompagne cette descente aux enfers angoissante au cœur d’une névrose qui n’épargne rien ni personne. Malgré le grand air, j’ai terminé ce voyage dévastateur qui nous plonge jusqu’aux tréfonds de l’âme humaine totalement asphyxié. J’ai par contre trouvé que la première partie du roman, dont la conclusion m’a laissé bouche bée, se suffisait à elle-même et que la deuxième partie poussait le bouchon inutilement trop loin.
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Sukkwan Island

Prix Médicis étranger 2010, “Sukkwan Island” de l’écrivain américain David Vann pourrait bien être ma principale déconvenue littéraire 2015 !



Ce petit livre commence alors qu’un homme dans la force de l'âge et son fils de treize ans amerrissent à proximité d’un îlot perdu de l’Alaska, leur nouveau lieu de villégiature.

Jim a éprouvé le besoin de prendre un peu de recul avec son métier de dentiste et est impatient de découvrir en compagnie de Roy cet endroit sauvage peuplé de cerfs, d’élans, de mouflons et d’ours. La cabane achetée en même temps que le terrain est vétuste mais ils ont largement le temps de la retaper avant l’hiver…



L’hydravion est à peine reparti, laissant seuls Jim et Roy, que le lecteur s’interroge déjà sur le peu de cohérence de la situation : les parents de Roy ont en effet divorcé plusieurs années auparavant et sa maman bénéficie depuis lors de la garde de leurs deux enfants. Bien que connaissant mieux que quiconque la fragilité mentale de son ex-époux, elle a accepté que Roy s'isole une année entière avec son père dans cet endroit aussi inaccessible que dangereux.

Qui peut croire une seconde à la vraisemblance d'une entrée en matière aussi farfelue ?



Quel soulagement de refermer trois heures plus tard ce bouquin nauséeux au possible, de quitter un personnage principal antipathique, pleutre, passant une grande partie de son temps à s’apitoyer sur son sort, à pleurnicher et à vomir ! Il n’y a rien de positif dans ce roman truffé d’approximations, d’horreurs et d’ennui.



Un petit conseil, si je puis me permettre, aux jeunes lecteurs : “N’approchez pas des rivages particulièrement malsains de Sukkwan Island !”

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Komodo

Dans cette histoire à double tranchant, le cadre paradisiaque d'une île indonésienne choisie pour des retrouvailles entre une soeur et un frère sous le regard de leur mère, se transforme très rapidement en cauchemar. On est même soufflé par la rapidité de la bascule dans une violence verbale qui laisse bouche bée. Dans une écriture chauffée à blanc, les dialogues se transforment en pugilat, ça fuse de partout en mode rageur, ça cogne dans un festival de vacherie. Et il n'y pas une page sans tension palpable.



David Vann a construit une oeuvre forte, celle d'un écrivain qui excelle à raconter une crise existentielle et des conflits familiaux. La nouveauté dans Komodo est le regard qu'il porte sur la condition féminine à travers le personnage de Tracy. J'ai rarement lu un portrait de femme aussi férocement proposé, dans l'outrance mais aussi dans la justesse pour dire le burn out maternel. Tracy est à bout. Après avoir abandonné sa carrière de biologiste marine pour élever ses jumeaux de cinq ans, elle arrive en Indonésie remplie de colère, rongée par la frustration d'une vie qui ne lui convient pas et d'un corps qu'elle ne supporte plus, dévorée par les rancoeurs à l'égard d'un frère qui a été toujours été le préféré nonchalant et dont elle ne comprend pas la vie, elle qui a l'impression d'avoir raté la sienne. Elle fantasme de passer son mari à la broyeuse et de tabasser ses gosses pour enfin vivre pour elle, prendre sa revanche aussi. C'est très dérangeant, audacieux aussi de miser ainsi sur un personnage principal aussi peu aimable, dont les outrances sont difficiles à comprendre et qui n'a même pas la tendresse de son auteur.



A la mitan du roman, je me suis dit que le roman commençait à ronronner et que les joutes entre Tracy et Roy, certes jubilatoires, se répétaient sans rien apporter de plus. Et c'est là qu'arrive une scène juste hallucinante de puissance, sous l'eau. Tracy et Roy font de la plongée sous-marine, ce qui donne lieu à des descriptions magnifiques et d'une rare justesse pour ceux qui plongent  : la sensation de légèreté et de transparence, entourés de beautés hypnotisantes du monde marin, la descente à l'intérieur de soi, le refuge procurée mais aussi le choc de la remontée dans le « vrai »monde avec ses laideurs. Et puis, le point culminant du récit. David Vann est le virtuose du retournement de situation, maitrisant avec brio l'art de la rupture.



Forcément, après une scène aussi incroyable qui justifie à elle seule la lecture, ce n'est pas facile de rebondir. L'auteur prend le pari, une nouvelle fois, de basculer le dernier tiers de son récit dans une autre direction, centrée cette fois sur Tracy, sans son frère ni sa mère, chez elle, avec mari et enfants. On ne sais pas vers où cela va aller, si Tracy va pouvoir rassembler les morceaux de cette famille pulvérisée. Au départ, j'ai été déçu de la direction prise, jugée fade. Et puis j'y ai lu une autre forme de désenchantement, moins brutal, plus subtil, sans doute plus mature aussi. Si Tracy avait été une des héroïnes de ses premiers romans, sans doute l'aurait-il fait mourir. Ici, tout est beaucoup plus ambiguë. Surprenant encore une fois.
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Sukkwan Island

Comment un homme peut-il s’être aussi mal préparé à vivre en totale autarcie sur une île déserte avec son fils de treize ans ? Quand en plus la malchance s’ajoute au dilettantisme, à l’impression que tout se ligue contre eux, le séjour s’avère encore plus éprouvant physiquement et moralement que prévu. Le retour à la nature, initialement évoqué, tourne au cauchemar pour mieux se transformer en aller simple pour le purgatoire. Bienvenue à Sukkwan Island…



La première partie du roman, qui en compte deux, plante le décor, les conditions de vie, et installe la relation entre le père et le fils. Une relation qui semble inversée tant le père semble immature, instable et peu rassurant. La déception et le découragement vont crescendo jusqu’au choc incroyable, véritable cliffhanger, qui vous pousse vers la seconde partie et ne vous laisse aucun répit jusqu’à la dernière page. Véritable descente aux enfers, voyage dévastateur aux frontières du désespoir et de la folie, qui nous conduit vers une issue qui semble irrémédiablement fatale.



Impossible d’en dire plus au risque de trop en dire, sinon que le drame vécu par l’auteur dans son enfance a incontestablement influencé son histoire. Elle nous donne une idée de toutes les émotions qui ont pu le traverser et le marquer, à cette époque, entre horreur et fantasmes.



Poignant, stupéfiant, addictif, un roman mémorable qui m’a tenu éveillé jusqu’au bout de la nuit.


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Sukkwan Island

Jim a acheté une cabane sur Sukkwan Island, une île isolée du sud de l’Alaska. Il a décidé d’y passer un an avec Roy, son fils de 13 ans. Avant tout, il s’agit pour lui de changer de vie, de laisser le passé derrière lui et de renouer avec son fils. « Quelque part, il y a eu un mélange de culpabilité, de divorce, d’argent, d’impôts, et tout est parti en vrille. » (p. 12) Jim bouillonne de projets le jour, mais il se laisse aller au désespoir toutes les nuits et s’épanche auprès de son fils. Pour Roy, cette isolation est une folie. « Cela semblait impossible. Tout semblait impossible aux yeux de Roy, ils étaient terriblement mal préparés. » (p. 20) Mais le garçon ne veut pas laisser son père, même si sa présence lui pèse. Il pressent qu’un drame va se nouer sur cette île perdue. « Il avait l’impression qu’il était seulement en train d’essayer de survivre au rêve de son père. » (p. 99) Et quand la tragédie survient, l’étouffante Iliade familiale devient une Odyssée funeste et solitaire.



J’ai frémi à la lecture de ce huis-clos sauvage, de cette captivité en plein air. Ce tragique retour à la nature ne s’accommode pas des besoins inassouvis de Jim, ni de ses angoisses. Le plus effrayant, c’est que ces deux naufragés volontaires ne domptent pas l’hostilité de la nature. En fait, ils se révèlent être l’hostilité même. Ils incarnent un danger qu’ils ne peuvent combattre. Étrangement, cette violence m’a fait du bien et j’ai lu le premier roman de David Vann en quelques heures, fascinée par les puissances troubles qui agitent les personnages. Le père et le fils ne font que se manquer et les retrouvailles tant espérées surviennent trop tard. Pour cet auteur, la famille est une entité malmenée, une structure sans avenir, une source de chagrin.



Pour une fois, je suis ravie de ne pas avoir lu avec les romans d’un auteur dans l’ordre. Jim et Rhoda sont les héros de Désolations, le deuxième texte de David Vann, mais l’intrigue se situe en amont de Sukkwan Island. Au moins, les références étaient claires et les fils de l’histoire se nouent sans frustration. Dans Désolations, j’avais été subjuguée par la description de la nature. J’ai compris avec Sukkwan Island que David Vann déploie ce talent dans tous ses écrits. La nature, bien que froide et sauvage, n’est jamais l’élément le plus hostile des romans de l’auteur : ce sont les hommes qui portent et déchaînent le chaos. J’ai aimé ce roman pour sa peinture sans concession des tourments de l’homme. David Vann ne se nourrit pas d’illusions et ses textes ont la puissance des meilleurs romans noirs américains.

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Aquarium

Voici un livre que je ne suis pas prête d’oublier ! Quel maestro ce David Vann ! Je suis scotchée.



Caitlin, douze ans n’a pas une vie facile. Seule avec sa mère dans une maison misérable, elle passe ses après journées à l’aquarium de Seattle. Fascinée par les poissons et ce monde aquatique qui semble vouloir l’attirer afin de fuir ce monde qui l’oppresse. Là-bas, elle rencontre un vieux monsieur et entre eux se tisse une jolie relation autour de ces poissons.

Quand sa mère apprend la nouvelle, c’est l’hécatombe et le début de la folie. Car derrière cet inconnu se cache un passé trouble qui réveille les grands traumatismes de l’enfance.



La mère de Caitlin devient une bête incontrôlable que l’on en vient à détester ou à prendre en pitié. David Vann joue avec nos émotions en nous baladant entre la haine et l’amour. C’est du très grand art.



Alors que le début du livre revêt des allures de contes où le monde aquatique semble aussi envoutant que dangereux, la suite vire dans les abysses de la psychologie humaine terrifiante.

Une enfant prise en otage, une mère qui sombre, des relents de vengeance d’en haut et de pardon d’en bas, on est traversé par une multitude d’émotions bouleversantes. On est littéralement pris à la gorge pour ne savoir qui aimer qui détester. Le pardon est au cœur de ce roman sans qu’il soit facile d’accès. Jusqu’où peut-on aller suite à un traumatisme ? Comment pardonner quand on a souffert à ce point ?



Un roman d’une grâce folle et d’une douleur suintante.
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Komodo

Étourdissant. Hypnotique. Magistral. Je ressors ko de ce dernier David Vann.



Tracy est au bout de sa vie. Épuisée et blasée par son rôle de mère de jumeaux à temps plein, frustrée par un mari déserteur, elle s’accorde une pause pour rejoindre son frère Roy avec sa mère sur l’île indonésienne de Komodo. Là-bas, les tensions sont au paroxysme dés le premier jour. Tracy nourrit une amertume et une rancoeur féroces contre son frère. Ce qui offre des dialogues de haute voltige entre ces deux là ! Tracy ne mâche pas ses mots et se montre sarcastique et tranchante. Roy est béatement plus taciturne. Le pauvre gars encaisse sans broncher. Spectateurs de ces tensions vampiriennes, la mère qui a le don de prendre la défense du frère chéri puis Loïc qui veut manger en paix et décampe aux moindres étincelles. Toutes ces scènes explosent devant vos yeux comme si vous y étiez.



Le plus impressionnant reste pourtant à venir quand ces trois là plongent six pied sous mer. Dans un face à face avec les requins ou les raies manta, les démons de Tracy vont jaillir du plus profond de ses ténèbres.

Le parallélisme entre ce monde sous marin et la noirceur de Tracy est extraordinaire. L’auteur signe des passages très évocateurs et d’une puissance imagée surprenante.

On devine, on ressent même pleinement toute la rage et la déception de la jeune femme sur sa condition de mère-esclave et épouse effacée. Dans les abysses, son imagination est féroce. Des images à vous couper le souffle affluent et vous laissent en apnée.



La dernière partie quant à elle est un réquisitoire jubilatoire sur la folie maternelle, la solitude, le sens de la vie qui fait sens à l’univers sous marin de la première partie.

La fin aurait pu être plus incisive et tranchée selon moi.



Un roman dense, fouillé, imagé à souhait, éloquent et suicidaire avec une héroïne qui n’assume plus ce qu’elle vit mais sait sans conteste cracher à la figure de tous son sentiment d’injustice. Du très bon David Vann.
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Désolations

« On peut choisir ceux avec qui l’on va passer sa vie, mais on ne peut pas choisir ce qu’ils deviendront. »



De David Vann, je n’ai fait qu’une bouchée de Komodo et Aquarium, deux romans certes nature-writing mais qui à mon sens s’attardent davantage à explorer, avec une acuité exceptionnelle, la psyché humaine jusqu’à la folie.



Désolations me laisse sur un sentiment mitigé.



Irène et Gary sont mariés depuis trente ans et parents de Rhoda et Mark. Gary n’a qu’une obsession, construire la cabane de ses rêves sur une île perdue et recluse d’Alaska. Mais on ne s’improvise pas maçon ou charpentier du jour au lendemain. Tandis qu’Irene souffre d’une migraine sans précédent, le couple s’enlise dans les non-dits, les regrets et des pensées de plus en plus autocentrées piétinant l’empathie, l’amour, l’espoir sous des vents des plus glaciaux.



Autour de ce couple gravitent les enfants, surtout Rhoda qui semble être la seule à se préoccuper de ses parents (comme souvent dans une fratrie, il y en a souvent un qui en fait plus que les autres).



L’auteur s’éparpille à mon sens trop autour de ce couple, servant des micro histoires qui desservent la thématique de base. À moins qu’il ait voulu dresser un constat des plus fatalistes des relations sentimentales. Désolations (au pluriel) porte alors bien son nom.



Bien sûr on y retrouve cette fascination pour les grands espaces, ces espaces qui à eux seuls peuvent emprisonner n’importe quel homme sain d’esprit et le rendre fou.



Deux personnages et la nature en reine diabolique c’était largement suffisant pour ma part. L’ambiance aurait pu aussi être davantage travaillée avec une montée progressive et palpable. Les goûts et les couleurs, c’est une affaire bien mystérieuse.
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Sukkwan Island



SUKKWAN ISLAND

Du merveilleux au tragique. De la lumière aux ténèbres. De la blessure incommensurable de l’amour à l’inertie des corps.

L’un s’éveille et l’autre meurt, tandis qu’une force meurtrière inverse la tendance des ondes vitales.

Le fils a dit ‘non’ mais la mère insiste car pour être un bon fils, il convient de dire ‘oui’. Plus tard, c’est le père qui revient avec le même leitmotiv, le même questionnement. Mais là aussi, pour être un bon fils, il faut dire ‘oui’. Oui papa ! Je veux te montrer comme je suis courageux et comme j’aurai la force et l’endurance pour cette épreuve. Même si c’est ton défi. Même si toi-même, tu n’es plus guère capable de le relever...

Mais le fils n’est plus là, déjà... Il est le père. Du haut de ces treize ans, il pense, agit et vit comme un adulte.

Regarde ! Entends ! Dit le père !... Je suis si petit... C’est moi qui pleure la nuit, c’est moi qui a mal, c’est moi qui a besoin de tes conseils. C’est moi qui a besoin que tu m’élèves... Porte le haut ! Ce père... Bon ou mauvais puisque tu l’aimes. C’est ce message qui coule du récit. Bien plus que l’horreur qui s’accroît d’heure en heure. Le réel ou l’irréalité du dialogue intérieur de cet homme qui nous submerge par tant d’incompréhension.

Car ce qui nous émeut, nous envahit, c’est l’image seule de ce garçon qui est privé d’enfance et auquel on inculque, si tôt déjà, cette image sombre de la vie qui n’est en rien égale à son rêve. Un rêve qui s’envole par delà l’horizon, dans un dernier élan...

Ténébreux comme un paysage d’Island, mais riche en écriture David Vann nous emmène en Alaska.

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Sukkwan Island

Ayant lu récemment un livre de Sandrine Collette abordant une thématique proche, avec père et fils comme protagonistes principaux, j’ai été tenté de reprendre le livre de David Vann et de flirter à nouveau avec cette île pour essayer d’y découvrir autre chose que lors de ma première lecture.



Cette nouvelle approche m’a amené vers une vision différente de cette histoire au point d’en revoir mon appréciation et d’en écrire de nouvelles perceptions. Même si ce livre porte en lui un drame humain, j’ai mieux compris les tourments du père en les rapprochant de ceux de l’autre père, celui mis en scène dans « On était des loups ».



Finalement, les deux hommes sont accablés de tourments qui les amène à l’extrême limite, renier ou non leur paternité et devenir les auteurs d’une destinée tragique pour leur progéniture. Les deux enfants sont jeunes, celui de Sukkwan Island a treize ans et peut paraître bien plus autonome que celui de 5 ans, mais pas forcément.



Il reste le talent des auteurs, apprécié différemment par les lecteurs selon leur sensibilité. J’ai finalement du mal à les départager.



Dans Sukkwan Island, on est au coeur des décors fantastiques de l’Alaska, que je souhaitais davantage décrits, avec le même regret pour le cadre du livre de Sandrine Collette. Toutefois, David Vann a choisi l’Alaska pour situer son histoire, Sandrine Collette ne précisant pas les lieux où se développe son roman, mais les deux auteurs ont créé une tension palpable tout au long de la lecture, allant crescendo vers l’apothéose dans le dénouement.

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Sukkwan Island

Autant j’ai été séduite par Aquarium autant je me retrouve perplexe à la fin de Sukkwann Island.



Une première partie au cœur d’une nature sauvage et hostile où un fils et son père se lancent dans une cohabitation solitaire durant un an sur cette petite île de l’Alaska. Ils se connaissent peu et mal. Au départ, les occupations au sein de cette île pour survivre accaparent leurs pensées. Puis doucement, la nature du père vient assombrir cette cohabitation. On sent assez vite que ce père ne tourne pas rond. Il semble obnubilé par sa vie couleurs de regrets. Il en oublie son fils Roy, treize ans et déjà si seul.



Quand arrive la deuxième partie, on se retrouve plongé sans préambule ni préparation dans un tsunami très peu compréhensible. C’est brutal, tranché et surprenant.



Que dire de ce roman ? Qu’il décrit à la perfection une atmosphère des plus mystérieuses. Anxiogène, non pas vraiment. Il y a quelque chose de dérangeant dans ce livre car rien n’est clair. C’est je pense un roman qui doit se laisser digérer après lecture. Il questionne sur beaucoup de thèmes: parentaux, les liens père-fils, l’absence, les regrets, la folie ambiante.



J’aurai pour ma part adhéré davantage à cette histoire si comme dans Aquarium, j’avais ressenti une scission entre la lumière et l’ombre avec un peu plus de clarté. Il faut aimer cogiter sur un livre pour déguster toute la finesse de Sukkwann Island. Je préfère pour ma part quand ça éclôt au grand jour sans vous laisser dans une bouillabaisse de questions. Je salue néanmoins le côté nature-writing qui est exploité avec brio.
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Sukkwan Island

" Je crois que j'ai merdé Roy ". Quoi de plus naturel pour un père de vouloir passer du temps avec son fils . Jim ancien dentiste a acheté l'ile de "Sukkwan Island et part en expédition pour 1 an avec Roy son fils de 13ans.

Attention âme sensible s'abstenir. J'ai vécu un vrai cauchemar avec ce livre de David Vann. L'écrivain ne nous épargne rien, la névrose à l'état pur, la démence au bout du chemin. Je ne m'attendais pas à un tel niveau de folie.

Que dire d'autre, le style ou l'écriture ne m'a pas transporté, bref une grosse déception. J'ai un autre livre de l'auteur qui m'attend dans ma pal " Aquarium"

J'espère avoir plus de chance avec cet autre roman.
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Sukkwan Island

Cela faisait un moment que je me disais qu’il fallait que je lise cet auteur. Liligalipette m’y encourageait notamment et je sais qu’elle me fait souvent découvrir des petites pépites. C’est grâce à elle que j’ai découvert Philippe Claudel (que je vous encourage à lire si ce n’est pas déjà fait). Et la dernière critique de Miss Alfie, autre blogueuse influente, m’a décidée.



Quelle puissance dans le scénario ! J’ai adoré ! Est-ce le fait que cela fasse référence à la survie dans une île ? Ça, c’est mon côté aventurière virtuelle qui ressort. J’aime beaucoup Robinson Crusoé pour cela d’ailleurs. Est-ce le fait que cela m’ait rappelé également un autre livre, Le Poids de la neige (de Christian Guay-Poliquin), dans lequel deux hommes devaient survivre dans le grand froid ? Toujours est-il que j’ai vraiment passé des moments agréables dans cette lecture. Je voulais savoir, arriver coûte que coûte à la fin (c’est toujours quand il ne reste plus qu’une dizaine de pages que vous êtes appelées pour des occupations de la vie quotidienne) de ce roman noir… très noir dans lequel il y a du sang et des larmes.



Si vous aimez les lieux inhospitaliers, les scènes glauques, n’hésitez pas !
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Sukkwan Island

David Vann déroule magistralement cette morne et terrifiante histoire en deux parties.

La toute fin de la première partie m'a glacé. Argh!

Vrai, ça m'a fichu un drôle de coup. Je ne m'y attendais pas!

Je ne savais pas qu'un auteur était capable de faire cela. Ouch!

La mandale pile-poil quand tu regardes ailleurs.

C'est le roman du "trop tard", et c'est ce qui le rapproche de certaine Route post-apocalyptique.

Trop tard pour Jim le looser pathétique qui tente un rapprochement avec ce fils qu'il connaît si mal! Une sorte d'égocentrique dépressif même pas drôle!

Trop tard pour Roy qui a accepté de suivre son père dans une île coupée du monde (en Alaska, l'île!). Un ado, à peine.

Mais qui, vraiment, des deux est l'enfant?

Bon. le lecteur est prévenu par la 4e de couverture: L'aventure va mal tourner. Et dans le saumâtre, David Vann gardera le cap jusqu'à la dernière chute (sic) de son noir roman. Pas de cadeau, t'en as voulu (ou pas) alors tu en auras si toutefois tu vas jusqu'au bout.

Oh, comme je comprend ceux qui ont abandonné le bouquin en cours de lecture!...

Horus fonck, 624e critique, est allé au terme de ce cauchemar en deux parties... Et Sukkwan Island va le hanter quelques temps! Sûr.

Alors, cinq étoiles à mes yeux méritées... Mais cinq étoiles qui me piquent!
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Un poisson sur la lune

Jim Vann est dépressif et semble arriver au bout de sa vie. Criblé de dettes que le fisc lui réclame, divorcé deux fois, notamment à cause de ses incartades, son boulot de dentiste qu'il n'a jamais aimé, il vit dorénavant seul et profondément isolé en Alaska. Mais, aujourd'hui, il est de retour dans sa Californie natale. Comme pour un dernier voyage. Son frère cadet l'accueille à l'aéroport. Il a promis de s'occuper de lui pendant son séjour, notamment en allant rendre visite à ses deux enfants, David et Cheryl et à un psychiatre. Malheureusement, rien ne semble illuminer ses jours bien sombres. Se trimballant toujours avec son Magnum, il n'a qu'une idée en tête, se suicider, et rien ni personne, pas même l'amour de ses enfants ou de ses parents, ne parvient à le dissuader de ce funeste projet. Aux creux des vagues se succèdent des moments d'euphorie...



Peut-on réellement retenir quelqu'un à la vie ? Peut-on comprendre cette envie furieuse, presque viscérale, de mettre fin à ses jours ? Désespéré, dépressif, plus aucun souffle de vie ni d'espoir, Jim Vann est obsédé par la mort. Il n'a plus qu'un dernier plan à exécuter : mettre fin à ses jours. Et ce, malgré ses enfants, son frère qui tente de l'aider ou encore ses parents, impuissants, qui ne comprennent pas ce geste. Dans ce roman qui allie fiction, confession et témoignage, David Vann se glisse dans la peau de son père. Il essaie, autant que faire se peut, de comprendre, d'analyser son état d'esprit, ses moments d'euphorie mais aussi de désespoir, et de se glisser dans sa peau. Outre le contexte familial dépeint avec finesse, l'auteur s'interroge sur la légalisation du port d'armes aux États-Unis, le rapport aux armes et la violence engendrée. Cette immersion dans la tête de Jim Vann est glaçante, percutante, oppressante, saisissante. Et le dénouement, inéluctable. Un événement tragique qui marquera et l'homme et l'auteur qu'est devenu David Vann.
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Désolations

Gary a un projet fou : construire une cabane en rondins sur Caribou Island, un îlot perdu et isolé, dans la péninsule de Kenai. Une cabane qu'il a imaginée de toutes pièces. Sans même une fondation, pas de plan. Et surtout aucune expérience en la matière. Un projet qui est loin d'enthousiasmer son épouse, Irene. Mais, après 30 ans de vie commune, 30 ans de vie sans éclat, elle ne peut que l'aider et l'encourager. Elle donne ainsi une dernière chance à son couple déjà vacillant, proche de la rupture...

Gary et Irene ont deux enfants, Rhoda et Matt. Ce dernier mène une vie de patachon tandis que leur fille, en couple avec Jim, un dentiste plus âgé de 10 ans, attend impatiemment une demande en mariage. Mais son compagnon ne semble guère pressé et veut encore profiter de ce que peut offrir la gente féminine...



Un îlot isolé, vide de toute âme. Un hiver glacial essuyant vent mordant, pluie cinglante et tempêtes de neige. Le couple que forme encore Irene et Gary va, lui aussi, essuyer bien des tempêtes. Des reproches, des moments de solitude, des non-dits et un mal de tête lancinant pour Irene. Un couple complexe qui ne se comprend plus. Autour d'eux, leurs enfants ne sont pas en reste, notamment Rhoda qui oscille entre désillusions et rêves brisés. Cette tragédie ô combien glaçante que nous propose David Vann nous plonge dans une ambiance de plus en plus tendue, glaciale et pesante. Ses personnages, désabusés, désenchantés, aux âmes brisées, aux sentiments obscurs, vont tenter tant bien que mal, au cœur de cette nature omniprésente et tourmentée, d'insuffler la vie. Un roman sauvage, profondément sombre et angoissant servi par une plume lyrique.

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Aquarium

Alors là, voilà un roman qui m’a marquée, bousculée, torturée, et j’en ai été heu-reu-se.

Ca fait longtemps que je n’ai pas été accro à une histoire de cette façon, j’ai d’ailleurs passé une nuit blanche à vouloir l’achever à tout prix.





Cela commence tout doucement, en regardant les poissons.

Bizarre, ces animaux-là, vous ne trouvez pas ? On peut les comparer à des humains, ou du moins on peut facilement s’y projeter.

C’est ce que fait Caitlin, 12 ans, à l’aquarium de Seattle. C’est sa passion, les poissons.

Il est vrai que la pauvre petite n’a pas une vie très folichonne : une mère célibataire entièrement dévouée à sa fille, d’accord, mais qui se tue à la tâche en accomplissant un travail d’homme dans un chantier et en y faisant des heures sup’; un appartement minable en lisière de la voie rapide dans un quartier pourri avec pour tout vis-à-vis des grues et des blocs de béton, pas d’échappatoire lors des congés, une école où elle arrive bien plus tôt que les autres élèves vu les horaires de sa mère.

Elle aimerait tellement avoir une famille, des grands-parents...Malheureusement, sa mère refuse de lui dévoiler tout détail à propos d’eux. Sujet tabou.

Parenthèse de douceur dans cette vie de dingue, elle voue un amour fou à son amie de classe, une petite Indienne arrivée en Amérique depuis 6 mois.

Et puis un jour, elle rencontre un vieux monsieur à l’aquarium. S’engage alors une conversation quotidienne, pleine de sagesse...malheureusement pas au goût de la maman qui va se déchainer.

Et je vous assure que la folie furieuse qui s’empare d’elle fait des ravages. J’en suis encore toute retournée !





J’ai vraiment adoré m’immerger avec Caitlin dans la contemplation des poissons, me plonger dans les dialogues sereins et remplis de bon sens entre elle et le vieil homme, et puis aussi couler dans le naufrage qui s’ensuit. Quel sens de la psychologie, de l’empathie, fait preuve ce David Vann que je ne connaissais pas !





Après l’ouragan, le grand soleil...dit-on.

A vous de découvrir le sens de ce dicton en vous rendant à l’aquarium de Seattle, en compagnie de Caitlin, la toute jeune fille qui sait ce qu’elle veut. Grâce aux poissons ?

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Dernier jour sur terre

À 13 ans, au suicide de son père, David Vann hérite de ses armes, dont le Magnim .300 qui lui servit à mettre fin à ses jours. Dès lors, l'adolescent connait une année de violence la plus totale. Tirer sur des lampadaires en pleine nuit, s'amuser à viser à travers les rideaux des maisons. Il s'imaginait des tas de choses, même tirer sur ses camarades de classe.

Lorsque quelques années plus tard, il lit un article sur Steve Kazmiercazk qui avait tué 5 élèves et blessé 18 autres avant de se suicider, le 14 février 2008, il ne peut s'empêcher d'y faire un parallèle avec son propre vécu. Qu'est-ce qui a fait que ce brillant élève, récipendiaire d'un Deans' Award, en vienne à commettre ces meurtres ? Quels événèments dans son passé ont fait de lui un tueur de masse ? Comment lui-même avait échappé à cette violence pourtant prégnante dans son enfance ?



Ayant eu accès au dossier de police complet, plus de 1500 pages, l'auteur découvre toute l'histoire de ce gamin. Un gamin qui aurait pu échapper à tout cela, un gamin qui se donnait les chances de réussir, qui avait réussi brillamment ses études malgré une enfance malheureuse et des problèmes psychiatriques.

David Vann ne prend pas position mais tente d'expliquer comment Steven est devenu un tueur de masse et voit en son geste un suicide plutôt qu'une tuerie.

Au travers d'une enquête journalistique extrêmement fouillée, précise et riche, il détaille, par le menu, l'enfance de Steve, ses échecs et ses réussites, ses ami(e)s et connaissances, plus précisément ses derniers jours, ses dernières heures, ses appels et mails échangés et le jour de la tuerie.

Tueur de masse ? Victime d'une société américaine qui se protège derrière les armes ? Sans tabou et sans jamais tomber dans le pathos ou le sordide, David Vann dépeint une jeunesse en perdition, fascinée par les armes et la violence. Un essai fort, profondément humain, passionnant et qui donne à réfléchir...
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