Elle regarde discrètement autour d’elle. Personne ne fait attention. Elle doit être prudente et pense aux séries policières de la télé. Surtout pas d’ADN et pas d’empreintes. Elle ouvre son sac et attrape son chouchou en laissant bien la poche ouverte. Puis elle noue ses longs cheveux noirs en une sorte de boule difforme. Comme ça, ils ne risquent pas de tomber. Pour les empreintes, elle va faire attention de ne pas toucher l’étagère. Son cœur bat la chamade. Bien-sûr, elle a l’habitude des petits délits sans importance mais jamais elle n’a volé quoi que ce soit. C’est pour la bonne cause, se dit-elle. Elle jette un dernier coup d’œil discret, saisit en un éclair la bouteille convoitée puis la range d’un geste rapide dans son sac à dos.
Elle était la plus belle femme au monde, la plus douce et la plus merveilleuse des épouses. Elle le couvrait de tendresse et d'amour. Elle le rendait heureux. Puis, l'arrivée de Leïla les avait comblés de bonheur. Il revoit la petite fille aux yeux noirs et profonds, les mêmes que lui. Pour le reste, elle est le portrait de sa mère, aussi belle qu'Élisabeth. Mais cette forte ressemblance rend le deuil de Lionel plus difficile encore. Il ne parvient pas à oublier son chagrin. Pourquoi la maladie les a-t-elle séparés ?
Seuls le tabac et l'alcool lui donnent l’impression d’oublier mais ce n’est qu’éphémère. Il n'en peut plus. Il n'est plus qu'une ombre, un robot. Il aimerait surmonter son chagrin mais n'y arrive pas. Ils étaient si heureux tous les trois. Mais le cancer et la mort ont tout détruit.